|
 |
Louis-Pierre Wenes
membre du Comité
de Direction Générale, en charge du pilotage de la transformation et de l'activité
opérationnelle en France France
Télécom | | Louis-Pierre
Wenes "Notre
objectif : 150.000 à 200.000 clients raccordés en fibre fin 2008"
Orange lance "la fibre",
sa première offre grand public d'accès Internet par la fibre optique. Louis-Pierre
Wenes, en charge de l'activité opérationnelle d'Orange en France, détaille les
ambitions de l'opérateur sur ce nouveau marché.
(15/02/2007) |
|
|  |
(Article
modifié le 15/02/2007, à 19h00).
JDN. Orange lance "la fibre",
une offre d'accès à Internet très haut débit à domicile
via la fibre optique. Est-ce le coup d'envoi d'un plan
de déploiement commercial à l'échelle nationale de la
technologie FTTH de France Télécom ?
Louis-Pierre Wenes. Non, après la phase pilote,
qui a débuté en juin 2006, nous entrons dans une phase
de pré-déploiement de la fibre optique, car il n'existe
pas encore de demande forte de la part des clients. Le
déploiement commercial réel aura lieu, je pense, plutôt
vers fin 2008-début 2009.
Lors de la phase pilote, l'offre
très haut débit était proposée à un prix unique de 70
euros, tous services inclus. Pourquoi avoir réintroduit
un modèle de base avec options payantes pour l'offre "la
fibre" que vous lancez au 1er mars ?
L'offre du pilote était une offre fermée et haut de gamme,
avec un prix d'entrée de 70 euros par mois. Dans cette
phase de pré-déploiement, nous avons conçu une offre modulaire
afin de continuer à tester les préférences et usages
des clients.
Qui
va pouvoir bénéficier de cette offre ? Comment déterminez-vous
les zones de déploiement de la fibre ?
Le pré-déploiement de la fibre optique se poursuit dans
les zones du pilote. Au 1er mars, l'offre "la fibre" sera
disponible dans certains immeubles des quartiers de Paris
et de cinq communes des Hauts-de-Seine. Notre approche
est d'étendre rue par rue, quartier par quartier, le fibrage
des immeubles. Au cours du premier semestre 2007, l'offre
sera ainsi progressivement étendue à d'autres quartiers
de ces mêmes communes, dont trois arrondissements sur
Paris, à trois nouvelles communes de la région parisienne
et à cinq communes de province : Marseille, Toulouse,
Lille, Lyon et Poitiers.
Quels ont été les critères
de choix des zones pour le pilote et pour les villes de
province dans lesquelles vous allez étendre l'offre au
1er juin 2007 ? Les collectivités locales choisies
doivent-elles apporter une contribution financière ?
 |
 |
100.000
kilomètres de fibre déployés
dans le cadre du pilote." |
|
Les zones du pilote ont été déterminées selon une approche
géomarketing : nous avons choisi des quartiers et communes
où Orange possède déjà un important cur d'abonnés, à
forte densité d'immeubles - plus le nombre de clients
potentiels est élevé, moindre est le coût de raccordement
par abonné -, ainsi que des communes de profil plus
pavillonnaire.
Quant au choix des cinq villes de province, nous avons
fait le tour d'une trentaine de villes et avons choisi
celles qui avaient le plus d'appétence pour la fibre optique,
hors celles qui sont déjà engagées bien sûr dans un projet
d'initiative publique avec une composante fibre. Les discussions
ont notamment porté sur la mise à disposition des infrastructures
de génie civil. Aucun apport financier des collectivités
locales n'a été demandé.
Quelle est la taille aujourd'hui
du réseau de desserte des immeubles en fibre optique de
France Télécom ? Combien de foyers sont-ils raccordés
à ce réseau ?
Nous avons déployé dans le cadre du pilote 100.000 kilomètres
de fibre optique, soit environ 14.000 foyers raccordables,
dont 800 foyers raccordés aujourd'hui.
 |
 |
1.000
à 1.500 euros de coût de raccordement
par abonné hors génie civil." |
|
Quel est le coût de raccordement
d'un abonné en fibre optique pour Orange ?
Hors coût de génie civil, entre 1.000 et 1.500 euros en
moyenne par abonné.
Combien visez-vous de clients
FTTH au terme de cette phase de pré-déploiement ?
Notre objectif est de 150.000 à 200.000 clients raccordés
sur un million de clients raccordables fin 2008.
Quel sera le délai de raccordement
des nouveaux clients ?
15 jours pour les foyers situés dans un immeuble où la
fibre passe déjà dans la colonne montante, cinq à six
semaines environ pour les foyers situés dans les zones
fibrées jusqu'au pied de l'immeuble. Sachant que le plus
compliqué n'est pas de tirer la fibre jusqu'au pied des
immeubles - c'est un métier dont France Télécom a
l'expérience - mais d'amener la fibre jusqu'au foyer
en passant par la colonne montante des immeubles. Pour
cela, nous allons systématiquement discuter avec les syndics
afin d'obtenir leur accord.
Comment gérez-vous les discussions
avec les syndics ? Quelles sont les conditions nécessaires
pour parvenir à un accord ?
Nous avons mis en place au sein du groupe une cellule
qui devrait compter à terme une centaine de personnes
et dont l'essentiel de l'activité sera consacré aux relations
avec les acteurs de l'immobilier. Notre approche est d'aller
à leur rencontre, de leur présenter l'offre très haut
débit et surtout de les rassurer sur la durée des travaux,
les nuisances sonores, etc. Aujourd'hui nous comptons
environ 700 accords signés avec des syndics.
 |
 |
Nous
sommes ouverts au dégroupage de la
fibre au pied des immeubles." |
|
Alors que Free a opté pour
la technologie P2P Ethernet pour son plan FTTH, France
Télécom a choisi la technologie GPON. Quelles sont les
différences ? Pourquoi avoir opté pour le GPON ?
L'architecture GPON permet de relier 64 abonnés sur une
même fibre, contrairement au P2P qui relie une fibre à
un abonné unique. En termes de déploiement et de coût
de génie civil, le GPON est plus rentable, notamment dans
les zones moins denses. D'ailleurs, le GPON a été adopté
par les principaux opérateurs de fibre optique dans le
monde, Verizon aux Etats-Unis, en Corée, au Japon, etc.
Cette architecture a été conçue pour un marché de masse,
en ligne avec l'ambition de France Télécom qui est de
raccorder en fibre optique non pas des milliers, mais
des millions de clients, d'ici plusieurs années.
Les partisans du P2P Ethernet
reprochent au GPON de ne pas être dégroupable. Le choix
de cette technologie serait-il un moyen de ne pas ouvrir
cette nouvelle infrastructure d'accès Internet à la concurrence ?
C'est faux. Le GPON permet de connecter en très haut débit
jusqu'à 64 abonnés à partir d'une même fibre. France Télécom
est ouvert au partage de cette fibre à l'intérieur de
la colonne montante des immeubles. Nous sommes disposés
à ouvrir l'équipement optique situé en bas de l'immeuble.
Ce en quoi nous sommes en accord avec la position du régulateur.
 |
 |
Dépasser
l'objectif de 4 millions de clients raccordés
en fibre d'ici 2012." |
|
C'est-à-dire ? Quelle
est votre position en termes de régulation de la fibre ?
L'Arcep [Autorité de régulation des communications
électroniques et des postes, ndlr] a identifié
deux problématiques pour la régulation de l'accès Internet
via la fibre optique : la colonne montante des immeubles,
à laquelle France Télécom souhaite que tous les opérateurs
aient accès, et le génie civil. Sur ce point, France Télécom
est prêt à co-investir avec des opérateurs ou avec des
collectivités locales pour financer les travaux de génie
civil, notamment pour le déploiement de la fibre dans
les trottoirs.
Au-delà de la phase de pré-déploiement,
combien Orange vise-t-il d'abonnés FTTH ?
Le ministre délégué à l'Industrie François Loos a annoncé
un objectif de quatre millions d'abonnés raccordés sur
fibre optique d'ici à 2012. France Télécom entend bien
tenir, voire dépasser cet objectif pour sa part de marché.
A combien s'élève l'investissement
pour raccorder 4 millions de clients en fibre optique ?
Hors coûts de génie civil, entre 10 et 12 milliards d'euros.
Il s'agit d'un montant global pour l'ensemble des opérateurs
de fibre, qui sera probablement financé en partie par
les collectivités locales.
Combien France Télécom a-t-il
déjà investi dans le déploiement d'un réseau d'accès en
fibre optique ?
5 millions d'euros d'ores et déjà pour le
pilote, et nous allons investir 270 millions d'euros d'ici
2008 pour la phase de pré déploiement.
Pensez-vous que 100 %
des foyers français puissent un jour être raccordés en
fibre optique ?
Il est trop tôt pour répondre à cette question.
Cet effort financier dans la
fibre optique signifie-t-il que France Télécom va réduire
ses investissements dans la couverture du territoire en
ADSL ? Il reste pourtant encore de nombreuses zones
blanches en France ?
France Télécom a investi plus d'un milliard d'euros sur
trois ans (2003-2005) dans la couverture du territoire
en haut débit. Aujourd'hui, 100 % de nos centraux
sont ouverts à l' ADSL. Nous couvrons 98 % de la
population française. Les 2 % restant sont des zones
non accessibles en ADSL qu'il faudra couvrir via les technologies
alternatives. |
| |
Propos recueillis par Emilie LEVEQUE, JDN |
|