JDNet. Pouvez-vous nous retracer l'historique de votre
groupe ?
Bruno Archambeaud.
Notre activité depuis 1982, c'est la création
de logiciels, qu'on a étendue à la création
d'autres activités autour des nouvelles technologies.
Notre première spécialité, historiquement,
ce sont les télécoms, et plus précisément
le minitel. Dernièrement, on a sorti une nouvelle version
de notre logiciel d'accès au minitel, TimTel. Désormais,
on peut accéder au minitel à la vitesse d'Internet.
Et puis on a commencé à développer des
utilitaires Internet à partir de 1995 et aujourd'hui,
nos équipes de développement travaillent sur
ces sujets avec un produit phare qui s'appelle MémoWeb.
Cette partie historique a été refilialisée
cette année sous l'appellation Goto Software. On a
démarré parallèlement à ça
en 1994 une activité qui concerne les jeux PC et notre
spécialité maintenant, c'est le bridge et le
backgammon. On a créé le plus grand club de
backgammon online, Netgammon.
Et puis nous avons un club de bridge sur le web qui s'appelle
Funbridge,
lancé juste avant Noël. Cette partie là
a également été filialisée et
se nomme Goto Games. Ce sont nos deux activités historiques.
A partir de cette épine dorsale, nous avons créé
différentes activités sur Internet.
Quelles
sont précisément vos activités sur Internet ?
En 1995, nous avons créé Nordnet,
le FAI des gens du Nord, qu'on a revendu en 1998 à
France Telecom. Notre activité PointSoft, créée
en 1994, est spécialisée dans la diffusion de
CD-Rom à petits prix, des logiciels de jeux pour la
plupart. En ce qui concerne nos sites sur Internet, il faut
savoir que nous sommes plutôt créateurs d'activité,
donc ça nous a passionné de créer Nordnet
en 95-96 parce que le paysage était encore tout à
fait vierge. Fin 1997, on s'est rendu compte que le métier
de fournisseur d'accès Internet ne resterait pas accessible
à des sociétés de notre taille et que
cela serait très difficile de tenir, donc on a cherché
à s'adosser à un opérateur et puis en
fin de compte, c'est France Télécom qui a repris.
A la suite de la cession de Nordnet, on a recréé
deux activités : NetMalin, un site de petites annonces,
et Netasq, une activité consacrée aux firewalls.
Avez-vous défini une stratégie
particulière de développement sur Internet ?
De la même manière que nous avons saisi une opportunité
avec Nordnet, il n'est pas impossible que nous revendions
NetMalin ou Netasq si l'occasion se présente, mais
ce n'est absolument pas une priorité. D'un point de
vue stratégique, la partie qui nous intéresse
particulièrement, c'est la partie de la création
et de la mise en oeuvre. Quand NetMalin tournera à
150 éditions, il est clair que ce ne sera plus du tout
notre domaine. Néanmoins, quand nous créons
une start-up, ce n'est pas dans l'optique de la vendre plus
tard. Dans la pratique, il faut voir ça au cas par
cas. Ce qu'il faut retenir, c'est que nous sommes avant tout
des créateurs d'activité, c'est cela notre passion.
Comment
avez-vous eu l'idée de lancer NetMalin alors que c'est
un domaine très loin de votre activité historique ?
L'idée de NetMalin est venue suite à notre expérience
avec Nordnet. Nordnet, c'était de l'accès Internet
de proximité. Ce qu'on a voulu, c'est faire la même
chose mais cette fois au niveau du contenu. En terme de contenu
de proximité, on a pensé que le plus pertinent,
c'était le concept de petites annonces et cela fonctionne
très bien. On a maintenant une vingtaine d'éditions
à travers la France et on espère couvrir l'ensemble
de l'hexagone à la fin de l'année 2001.
Quels
sont les projets pour NetMalin cette année ?
NetMalin a levé 20 millions de francs en novembre 2000
(Lire l'article
du JDNet du 10/01/00). Désormais, Goto est actionnaire
direct de NetMalin à 40 %. De manière indirecte,
c'est-à-dire avec 3i, qui est également actionnaire
de Goto [3i possède 15 % du groupe, ndlr],
nous possédons environ 60 % de NetMalin. NetMalin
fonctionne totalement sur le concept de la start-up. Il faut
beaucoup d'investissements pour se déployer et obtenir
des parts de marché significatives. Mais nous ne voulons
pas que NetMalin soit indéfiniment sous perfusion.
Nous souhaitons en faire une entreprise rentable avant la
fin de l'année et cela en prend bien le chemin pour
l'instant.
N'avez-vous pas peur de la concurrence ?
Il est certain que le secteur des petites annonces est très
concurrentiel, mais nous sommes partis tôt et nous avons
su développer et améliorer la technologie de
ce système. D'un point de vue technologique, nous sommes
très performants et nous avons maintenant une certaine
expérience des petites annonces depuis le lancement
de notre premier site local NetMalin 59, développé
dans le Nord.
Avez-vous
des projets à l'étranger ?
Nous avons effectivement ouvert une structure juridique NetMalin
au Canada. Nous avons déjà un serveur à
Montréal pour notre site Netgammon, car la plupart
des joueurs viennent de l'Amérique du Nord. Le Canada
nous semble être accueillant pour prendre pied sur le
sol nord-américain, mais rien ne dit que nous allons
effectivement développer NetMalin là-bas. C'est
une idée qui est là mais qui est loin de se
préciser.
De son côté, Netasq
est une activité encore relativement méconnue...
C'est notre tout dernier bébé. Nous l'avons
lancé en novembre 1998. Netasq propose une gamme de
firewall box destinée aux structures de 20 à 1.200 personnes.
C'est un positionnement très original pour une entreprise
française puisque la plupart des entreprises spécialisées
dans les firewalls sont basées aux Etats-Unis ou en
Israël. Nous faisons figure d'exception mais ça
marche très bien et nous sommes désormais rentables.
Nous avons réalisé une levée de fonds
auprès de la Société Générale
et de Finorpa pour 11 millions de francs. Goto détient
encore 45% du capital. Nous avons réussi à imposer
notre produit en Europe et nous voulons maintenant ouvrir
des bureaux à l'étranger. En ligne de mire,
nous avons tout d'abord l'Allemagne et la Grande-Bretagne,
qui sont deux gros marchés.
Au sein du groupe Goto, comment
se passe les relations entre les différentes activités.
Y a-t-il une certaine synergie ?
Goto représente maintenant une centaine de personnes.
Ayant développé des filiales très différentes,
on essaie de moins en moins d'avoir des activités transversales.
De toute façon, nos deux start-up NetMalin et Netasq
sont deux activités très particulières.
Elles sont toutes les deux indépendantes et ne sont
pas dans les mêmes bureaux que Goto. A chaque activité
est dédiée une équipe particulière.
Pouvez-vous
nous donner quelques données financières sur
la société ?
Pour l'an 2000, le groupe Goto a réalisé 45
millions de chiffre d'affaires. NetMalin affiche un CA de
1,5 million de francs pour l'année passée mais
prévoit 12 millions en 2001. De son côté
Netasq enregistre un chiffre d'affaires de 4,5 millions de
francs. Cela peut sembler relativement réduit mais
c'est parce que nous commençons tout juste. Netasq
a réalisé 60% de son CA sur le dernier trimestre
et s'est fixé un objectif de 20 millions de francs
pour cette année.
Avez-vous
réfléchi à une entrée en Bourse ?
Je pense que l'on ne peut pas y songer pour le groupe Goto,
car nous avons des activités trop différentes
au sein de la même entité. En revanche, on peut
sérieusement y songer pour PointSoft, qui est la première
société française pour la vente de CD-Rom,
en volume. C'est un projet qui devrait se préciser
à la fin de l'année 2001.
Plus
personnellement, qu'est-ce que vous aimez sur Internet ?
Ce que j'apprécie le plus avec Internet, c'est le champ
d'activités nouvelles qu'il nous offre. C'est cette
ouverture sur le monde qui me plaît le plus.
Que
détestez vous, à contrario ?
Il n'y a rien qui soit détestable sur Internet. Les
personnes doivent souvent vous dire que tout ce qui est pédophilie,
pornographie ou extrémisme est à bannir mais
je crois qu'Internet est le reflet de notre monde. Ce sont
des choses qui existent dans la vie réelle, il est
donc logique de les retrouver sur le Net.
Quels
sont vos sites préférés ?
Le moteur de recherche Google est indéniablement le
meilleur et je crois que personne ne peut me contredire là-dessus.
En ce qui concerne les sites, je vais assez peu sur les sites
d'information mais je consulte quand même régulièrement
le site des Echos.
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