INTERVIEW
 
Directeur général
Groupe Goto
Bruno Archambeaud
"Titre"


Lille

Prix
de la Start-up

Goto, Prix de la "start-up" des Trophées de la nouvelle économie à Lille, a de multiples facettes. Si la société a été créée en 1982 par Thierry Tarnus et a développé ses activités dans le logiciel et les CD-Rom. Bruno Archeambaud est associé au groupe Goto depuis le début de cette société qui affiche déjà dix-huit ans d'existence mais a su garder un esprit "start-up". Pour preuve, depuis le milieu des années quatre-vingt dix, Goto s'est lancé avec succès sur le Net. Installée à Hem, le groupe a su trouver des secteurs encore vierges sur Internet : FAI local tout d'abord avec Nordnet, puis le filon des petites annonces en créant NetMalin et enfin la récente création de Netasq, dans le domaine des firewalls. Le groupe Goto affiche 45 millions de francs de chiffre d'affaire pour l'an 2000, 50 % de plus qu'en 1999. Cette année sera une année de structuration des filiales pour consolider les différentes activités et le chiffre d'affaires.

11 janvier 2001
 
          

JDNet. Pouvez-vous nous retracer l'historique de votre groupe ?
Bruno Archambeaud. Notre activité depuis 1982, c'est la création de logiciels, qu'on a étendue à la création d'autres activités autour des nouvelles technologies. Notre première spécialité, historiquement, ce sont les télécoms, et plus précisément le minitel. Dernièrement, on a sorti une nouvelle version de notre logiciel d'accès au minitel, TimTel. Désormais, on peut accéder au minitel à la vitesse d'Internet. Et puis on a commencé à développer des utilitaires Internet à partir de 1995 et aujourd'hui, nos équipes de développement travaillent sur ces sujets avec un produit phare qui s'appelle MémoWeb. Cette partie historique a été refilialisée cette année sous l'appellation Goto Software. On a démarré parallèlement à ça en 1994 une activité qui concerne les jeux PC et notre spécialité maintenant, c'est le bridge et le backgammon. On a créé le plus grand club de backgammon online, Netgammon. Et puis nous avons un club de bridge sur le web qui s'appelle Funbridge, lancé juste avant Noël. Cette partie là a également été filialisée et se nomme Goto Games. Ce sont nos deux activités historiques. A partir de cette épine dorsale, nous avons créé différentes activités sur Internet.

Quelles sont précisément vos activités sur Internet ?

En 1995, nous avons créé Nordnet, le FAI des gens du Nord, qu'on a revendu en 1998 à France Telecom. Notre activité PointSoft, créée en 1994, est spécialisée dans la diffusion de CD-Rom à petits prix, des logiciels de jeux pour la plupart. En ce qui concerne nos sites sur Internet, il faut savoir que nous sommes plutôt créateurs d'activité, donc ça nous a passionné de créer Nordnet en 95-96 parce que le paysage était encore tout à fait vierge. Fin 1997, on s'est rendu compte que le métier de fournisseur d'accès Internet ne resterait pas accessible à des sociétés de notre taille et que cela serait très difficile de tenir, donc on a cherché à s'adosser à un opérateur et puis en fin de compte, c'est France Télécom qui a repris. A la suite de la cession de Nordnet, on a recréé deux activités : NetMalin, un site de petites annonces, et Netasq, une activité consacrée aux firewalls.

Avez-vous défini une stratégie particulière de développement sur Internet ?
De la même manière que nous avons saisi une opportunité avec Nordnet, il n'est pas impossible que nous revendions NetMalin ou Netasq si l'occasion se présente, mais ce n'est absolument pas une priorité. D'un point de vue stratégique, la partie qui nous intéresse particulièrement, c'est la partie de la création et de la mise en oeuvre. Quand NetMalin tournera à 150 éditions, il est clair que ce ne sera plus du tout notre domaine. Néanmoins, quand nous créons une start-up, ce n'est pas dans l'optique de la vendre plus tard. Dans la pratique, il faut voir ça au cas par cas. Ce qu'il faut retenir, c'est que nous sommes avant tout des créateurs d'activité, c'est cela notre passion.

Comment avez-vous eu l'idée de lancer NetMalin alors que c'est un domaine très loin de votre activité historique ?
L'idée de NetMalin est venue suite à notre expérience avec Nordnet. Nordnet, c'était de l'accès Internet de proximité. Ce qu'on a voulu, c'est faire la même chose mais cette fois au niveau du contenu. En terme de contenu de proximité, on a pensé que le plus pertinent, c'était le concept de petites annonces et cela fonctionne très bien. On a maintenant une vingtaine d'éditions à travers la France et on espère couvrir l'ensemble de l'hexagone à la fin de l'année 2001.

Quels sont les projets pour NetMalin cette année ?
NetMalin a levé 20 millions de francs en novembre 2000 (Lire l'article du JDNet du 10/01/00). Désormais, Goto est actionnaire direct de NetMalin à 40 %. De manière indirecte, c'est-à-dire avec 3i, qui est également actionnaire de Goto [3i possède 15 % du groupe, ndlr], nous possédons environ 60 % de NetMalin. NetMalin fonctionne totalement sur le concept de la start-up. Il faut beaucoup d'investissements pour se déployer et obtenir des parts de marché significatives. Mais nous ne voulons pas que NetMalin soit indéfiniment sous perfusion. Nous souhaitons en faire une entreprise rentable avant la fin de l'année et cela en prend bien le chemin pour l'instant.

N'avez-vous pas peur de la concurrence ?
Il est certain que le secteur des petites annonces est très concurrentiel, mais nous sommes partis tôt et nous avons su développer et améliorer la technologie de ce système. D'un point de vue technologique, nous sommes très performants et nous avons maintenant une certaine expérience des petites annonces depuis le lancement de notre premier site local NetMalin 59, développé dans le Nord.

Avez-vous des projets à l'étranger ?
Nous avons effectivement ouvert une structure juridique NetMalin au Canada. Nous avons déjà un serveur à Montréal pour notre site Netgammon, car la plupart des joueurs viennent de l'Amérique du Nord. Le Canada nous semble être accueillant pour prendre pied sur le sol nord-américain, mais rien ne dit que nous allons effectivement développer NetMalin là-bas. C'est une idée qui est là mais qui est loin de se préciser.

De son côté, Netasq est une activité encore relativement méconnue...
C'est notre tout dernier bébé. Nous l'avons lancé en novembre 1998. Netasq propose une gamme de firewall box destinée aux structures de 20 à 1.200 personnes. C'est un positionnement très original pour une entreprise française puisque la plupart des entreprises spécialisées dans les firewalls sont basées aux Etats-Unis ou en Israël. Nous faisons figure d'exception mais ça marche très bien et nous sommes désormais rentables. Nous avons réalisé une levée de fonds auprès de la Société Générale et de Finorpa pour 11 millions de francs. Goto détient encore 45% du capital. Nous avons réussi à imposer notre produit en Europe et nous voulons maintenant ouvrir des bureaux à l'étranger. En ligne de mire, nous avons tout d'abord l'Allemagne et la Grande-Bretagne, qui sont deux gros marchés.

Au sein du groupe Goto, comment se passe les relations entre les différentes activités. Y a-t-il une certaine synergie ?
Goto représente maintenant une centaine de personnes. Ayant développé des filiales très différentes, on essaie de moins en moins d'avoir des activités transversales. De toute façon, nos deux start-up NetMalin et Netasq sont deux activités très particulières. Elles sont toutes les deux indépendantes et ne sont pas dans les mêmes bureaux que Goto. A chaque activité est dédiée une équipe particulière.

Pouvez-vous nous donner quelques données financières sur la société ?
Pour l'an 2000, le groupe Goto a réalisé 45 millions de chiffre d'affaires. NetMalin affiche un CA de 1,5 million de francs pour l'année passée mais prévoit 12 millions en 2001. De son côté Netasq enregistre un chiffre d'affaires de 4,5 millions de francs. Cela peut sembler relativement réduit mais c'est parce que nous commençons tout juste. Netasq a réalisé 60% de son CA sur le dernier trimestre et s'est fixé un objectif de 20 millions de francs pour cette année.

Avez-vous réfléchi à une entrée en Bourse ?
Je pense que l'on ne peut pas y songer pour le groupe Goto, car nous avons des activités trop différentes au sein de la même entité. En revanche, on peut sérieusement y songer pour PointSoft, qui est la première société française pour la vente de CD-Rom, en volume. C'est un projet qui devrait se préciser à la fin de l'année 2001.

Plus personnellement, qu'est-ce que vous aimez sur Internet ?
Ce que j'apprécie le plus avec Internet, c'est le champ d'activités nouvelles qu'il nous offre. C'est cette ouverture sur le monde qui me plaît le plus.

Que détestez vous, à contrario ?
Il n'y a rien qui soit détestable sur Internet. Les personnes doivent souvent vous dire que tout ce qui est pédophilie, pornographie ou extrémisme est à bannir mais je crois qu'Internet est le reflet de notre monde. Ce sont des choses qui existent dans la vie réelle, il est donc logique de les retrouver sur le Net.

Quels sont vos sites préférés ?
Le moteur de recherche Google est indéniablement le meilleur et je crois que personne ne peut me contredire là-dessus. En ce qui concerne les sites, je vais assez peu sur les sites d'information mais je consulte quand même régulièrement le site des Echos.

 
Propos recueillis par Florence Santrot

PARCOURS
 
Bruno Archambeaud est né en 1957. Ingénieur civil des Ponts et Chaussées (promo 79), il a débuté sa carrière en 1980 chez Norpac, filiale de Bouygues, comme directeur de travaux de génie civil. En 1982, il s'associe à la création de Goto Informatique. Il quittera Norpac pour rejoindre Goto en Février 1987 en qualité de directeur général.

   
 
  Nouvelles offres d'emploi   sur Emploi Center
Chaine Parlementaire Public Sénat | Michael Page Interim | 1000MERCIS | Mediabrands | Michael Page International