INTERVIEW
 
Directeur général
BVP
Joseph Besnaïnou
"Nous donnons un avis sur une grosse centaine de publicités Internet par an"

Le Bureau de Vérification de la Publicité (BVP) s'intéresse au média Internet depuis 1995. Dans un premier temps, la structure a privilégié la promotion des mécanismes d'autorégulation pour le secteur de l'e-pub. En janvier 2000, cette démarche s'est finalement soldée par une action plus tranchée avec la publication d'une série de recommandations concernant la publicité sur Internet. Aujourd'hui, le BVP ouvre un nouveau front, celui de la dématérialisation des documents publicitaires qu'il reçoit pour conseils ou avis. Afin d'épouser cette nouvelle logique de "convergence", selon laquelle tous les documents publicitaires seront à terme numérisés, le Bureau a décidé de fusionner ses activités conseils et avis dans une même et unique structure. Laurent Judkiewicz, ancien directeur marketing Internet chez Médiamétrie, prend la tête de cette nouvelle entité. Joseph Besnaïnou, directeur général du BVP, nous explique les raisons de cette réorganisation et aborde plus largement le rôle de l'organisme vis-à-vis de la publicité sur Internet.

20 mai 2003
 
          
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JDN. Pour quelles raisons regroupez-vous au sein d'une même entité le traitement des conseils et avis sur les campagnes publicitaires qui sont soumies au BVP, quel que soit le média auxquelles elles sont destinées ?
Joseph Besnaïnou. C'est principalement pour améliorer notre efficacité. Nous avons constaté qu'il n'y avait pas de différence d'analyse entre la télévision et les autres médias, même s'il y a des lois différentes ou des secteurs interdits spécifiques à chacun. Il nous a semblé important d'avoir une seule doctrine. Pour se faire, il était donc plus simple de regrouper tous les médias sous une même entité.

La fusion de ces entités, qui sera effective au 1er juin, est-elle complexe à réaliser ?
Ce n'est pas quelque chose de simple mais ça va se faire. Il va falloir que les différentes équipes apprennent à travailler sur l'ensemble des supports. Des questions d'organisation logistique sont encore à régler. Mais l'important pour le BVP est d'améliorer la qualité de nos avis et de nos conseils. Nous pensons qu'en fusionnant l'entité "télévision" et tous les autres supports de diffusion, cela va nous permettre d'avoir des gens à la fois polyvalents et spécialistes. Nous allons pouvoir développer une certaine spécialisation sur des domaines particuliers, des thématiques, qui intéresseront nos adhérents.

Cette nouvelle entité est constituée de combien de personnes ? Quel sera son volume de travail ?
Elle est composée d'une dizaine de juristes, sur un total de vingt-trois salariés au BVP. Nous traitons chaque année en moyenne 12 000 avis définitifs en télévision et à peu près autant en conseil en diffusion, tous médias confondus.

Pourquoi avoir choisi Laurent Judkiewicz, ancien directeur marketing Internet et nouveaux médias chez Médiamétrie, pour prendre la tête de cette nouvelle entité ?
C'est tout d'abord un domaine d'activité qui l'intéressait. De plus, il nous a paru avoir des aptitudes managériales, ce qui est important pour mener une équipe relativement grosse qui comporte une dizaine de juristes et sept ou huit personnes attachées à la logistique. Enfin, sa connaissance du Net et des nouvelles technologies nous intéresse, car nous dématérialisons de plus en plus de documents au BVP.

Quels types de documents dématérialisez-vous ?
Depuis 2002 nous avons acquis un système de numérisation des messages publicitaires télévisés et nous numérisons désormais tous les spots à l'arrivée. Nous allons maintenant proposer de nous envoyer les spots directement numérisés plutôt que de nous les soumettre en cassette Beta. Cela se fera au moyen d'un extranet. Ce service sera probablement en place à partir de la rentrée. A terme, l'idée est de numériser un maximum de types de publicité que ce soit en vidéo, en audio ou en papier.

Concernant la publicité sur Internet, constatez-vous plus de difficultés à surveiller ce support de diffusion qu'un autre ?
Non. La surveillance se fait de la même manière que pour un autre média et, dans les faits, nous n'avons pas énormément de publicité Internet à surveiller. Nous avons enregistré en 2002 une grosse centaine de soumissions pour Internet, contre 4 300 en presse. Reste que nous avons enregistré une progression par rapport à 2001 où seulement 75 publicités avaient été soumises au BVP pour avis ou conseil.

Pour quelle raison, le nombre de soumission dans l'e-pub reste-t-il restreint selon vous ?
C'est en raison du fonctionnement du BVP : en dehors de la télévision, où la soumission est obligatoire, pour le reste des supports cette démarche est au libre choix des adhérents du BVP. Ils choisissent, ou non, de nous soumettre les campagnes. Le BVP peut s'auto-saisir si nous découvrons une publicité en infraction ou si des consommateurs nous saisissent. Mais Internet est un média qui n'est pas habitué à l'utilisation du BVP. Les agences sont relativement jeunes et n'ont pas le réflexe de faire appel à nous, contrairement à des agences actives sur d'autres médias et qui savent que le BVP peut les aider.

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Quelle est votre position vis-à-vis des publicités pour des sites illégaux (casinos en ligne, loteries, etc.) qui se multiplient en toute impunité sur le Web ?
Il y a des recommandations qui s'appliquent pour ce type de cas. Internet n'a rien de spécifique. C'est un support comme un autre, sur lequel les lois s'appliquent normalement et les recommandations du BVP aussi. Le véritable problème est de les détecter. Nous ne pouvons pas savoir que de telles publicités existent si personne ne se plaint. Il faudrait éventuellement que les consommateurs se plaignent au BVP pour que nous puissions en avoir connaissance. Mais les consommateurs n'ont pas assez souvent le réflexe de venir sur notre site pour réagir sur une publicité, qu'elle ait été vue sur Internet ou ailleurs. C'est une réflexion que nous avons pour savoir comment améliorer globalement ce système d'autodiscipline.

 
Propos recueillis par Florence Santrot

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