INTERVIEW
 
Directeur des Kiosques
France Télécom
Olivier Bon
"Le bon prix pour le micro-achat en ligne, c'est 1 euro"
Le notion de kiosque devient peu à peu incontournable dans le domaine de l'Internet payant. La direction des Kiosques de France Télécom (Internet, Minitel, Audiotel) surfe sur cette vague en développant une gamme de solutions de facturation et de paiement dédiés aux éditeurs de services. Dernière innovation en date : l'offre "Kiosque FAI" qui permet de aux éditeurs de développer des services en ligne en micro-paiement. Olivier Bon, directeur des Kiosques chez France Télécom, fait le point sur le marché encore balbutiant du micro-achat en ligne.
07 octobre 2003
 
          
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JDN. Quelle est la différence entre votre nouvelle offre "Kiosque FAI" et la solution w-HA ?
Olivier Bon. Il faut distinguer w-HA, qui est une plate-forme technique de transactions, et le Kiosque que nous considérons comme un facilitateur pour la distribution de services en ligne. La solution w-HA est destinée aux portails des FAI afin qu'ils puissent mettre en valeur des services payants proposés par des éditeurs extérieurs. Dans ce cas, le taux de reversement aux éditeurs est de 50 %. Mais cette offre connaît des limites : les éditeurs de services préfèrent maîtriser leur promotion et disposer d'un taux de reversement plus important. D'où le lancement de l'offre Kiosque FAI, qui propose un taux de reversement de 70 % directement pour les éditeurs qui deviennent maîtres de leur stratégie de promotion. Nous démarrons cette formule avec paiement à l'acte. Nous proposerons prochainement des déclinaisons Kiosque FAI à la durée ou à l'abonnement.

Mais dans le cadre de w-HA, les FAI mettent-ils vraiment en avant les services des éditeurs sur leur portail ?
Oui, mais c'est limité. Un FAI ne peut pas faire la promotion de plusieurs services payants similaires sur son portail. Le Minitel a démontré l'intérêt du système Kiosque : il vaut mieux laisser le soin aux éditeurs de faire leur propre promotion. Le meilleur annonceur, c'est l'éditeur. Les FAI ont pris conscience de l'économie à trois étages des services payants en ligne. A la base, il y a le bouquet propriétaire, avec une logique de revente de quelques contenus en co-branding, au-dessus la formule kiosque, qui permet aux FAI de se mettre en position de distributeur mais avec un moindre taux de reversement, et enfin l'Internet libre, où chaque éditeur est son propre distributeur avec le moyen de paiement de son choix.

Avec la nouvelle solution du type Kiosque, les FAI ne sont-ils pas perdants si leur taux de reversement baisse ?
Bien au contraire, je pense qu'il y a une complémentarité des offres et non une substitution. Les FAI ont constaté qu'il valait mieux accepter un moindre reversement sur un gros volume de transactions qu'un taux important sur une faible quantité. Pour le cas de Wanadoo, il restera toujours un bouquet de services à la carte en nombre limité sur le portail des abonnés. A côté de cet espace, à travers la formule Kiosque, Wanadoo va s'adresser directement à tous les internautes avec une quantité bien plus grande de services payants. Au bout du compte, cette démarche va encourager les abonnés FAI à consommer davantage de services Internet. En plus, il faut souligner la facilité de l'acte d'achat via le Kiosque FAI : il se réalise en deux clics et se retrouve directement répercuté sur la facture de l'abonné.

A part Wanadoo, quels sont les autres FAI qui ont accepté de déployer la nouvelle formule Kiosque ?
Nous sommes en discussion avec les autres FAI, sachant que Club-Internet avait déjà opté pour la solution w-HA. Du côté des éditeurs, une quinzaine de sites a déjà rejoint le programme.

Comment pourrait-on résumer l'activité de la direction Kiosques de France Télécom ?
Nous jouons un rôle de back-office des FAI en matière de relation commerciale avec les éditeurs. Pour ces derniers, nous sommes une sorte de guichet unique qui prend en charge les opérations de comptage, de facturation et de reversement. Nous assumons cette fonction de contractualisation unique pour les éditeurs de services en interface avec tous les FAI partenaires de l'offre Kiosque FAI.

Comment s'intègre la société w-HA dans la direction Kiosques ?
C'est une filiale à 100 % de France Télécom, qui a réellement démarré ses activités commerciales en 2002. w-HA a un positionnement de gestionnaire de transactions qui induit des activités à fort volume et à faible marge. La société devrait être à l'équilibre en 2004. A l'origine, en 2000, nous avions lancé l'idée d'une co-entreprise avec la société américaine ITS/iPin, qui s'est repositionnée depuis en fournisseur de logiciels. Nous sommes aujourd'hui dans une relation de partenariat commercial avec iPin.

De quelles données disposez-vous sur la consommation de services Internet en micro-paiement ?
Nous ne communiquons pas sur notre volume transactionnel mensuel. Je peux vous dire, en revanche, que la valeur de transaction en micro-paiement tourne autour d'un euro. Cela se vérifie que ce soit du Télétel, de l'Audiotel, du Kiosque Micro et même du SMS. Il y a un marché de l'acte d'achat spontané autour du "un euro", c'est un bon prix. J'ajoute que les thématiques en vogue sur Internet sont comparables à celles du Minitel : les services ludiques, l'information pratique puis professionnelle.

Parmi les différentes solutions de paiement que vous proposez, lesquelles ont aujourd'hui le plus de succès ? 
La solution Ava Kiosque Micro, qui consiste en une facturation à la durée de connexion, marche bien sur le marché des extranets payants pour la population des internautes en bas débit. Plus généralement, le Kiosque Micro figure d'ailleurs au premier rang en terme de valeur sur Internet. Le recours à l'Audiotel décroché, comme le propose la solution Ava Audiotel, reste lui marginal. Enfin, il ne faut pas oublier trop vite le Minitel qui reste un moyen de rémunération important des éditeurs, même sur PC avec la solution i-Minitel.

En matière d'Audiotel, ne trouvez-pas que certains éditeurs Internet dépassent la ligne jaune sur les services proposés ?
Il y a des abus qui ont été constatés sur certains réseaux d'affiliation qui commercialisent une offre de remunération Internet sans pouvoir réellement maîtriser le type de services proposés. Cette situation les amènent à s'exposer à des sanctions ou à des coupures de service demandées par les instances de contrôle de la télématique.

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Comment comptez-vous développer votre présence dans l'univers du mobile ?
Il y a plusieurs pistes de développement dans l'univers du mobile. Aujourd'hui, il existe le kiosque des services SMS+ sur les mobiles, et très prochainement sur le fixe. Le kiosque des services Minitel pourrait très bien fonctionner à partir d'un mobile ou d'un PDA en GPRS.

Comptez-vous décliner vos solutions de paiement pour les sites marchands ?
Non, car cela voudrait dire qu'il faudrait entrer dans une logique de vente à distance de biens matériels. Ce n'est plus le même circuit en terme de logistique. Toutefois, dans le cadre du Compte Achat qui vise les entreprises, nous serons capables d'intégrer les biens matériels et immatériels avec la gestion des droits d'accès.

Vingt ans après, le Minitel compte encore
Le Minitel fête en 2003 sa vingtième année d'existence. Depuis la fin 2002, les accrocs du Minitel disposent de leur propre portail Internet, Minitel.com, qui sert d'annuaire pour tous les services télématiques. Avec l'émulateur i-Minitel (à télécharger en ligne ou en CD-Rom), les internautes peuvent accéder depuis leur PC à l'interface Minitel, et la surfacturation qui y est associée. Fin juin, France Télécom recensait ainsi 130 000 utilisateurs distincts du Minitel sur Wanadoo. En 2002, le trafic Minitel s'est élevé à 2,8 milliards de minutes (hors 3611) pour un chiffre d'affaires brut de de 485 millions d'euros, dont 313 millions d'euros reversés aux éditeurs. Pour le premier semestre 2003, la tendance est à la baisse, aussi bien sur le trafic (-19,6 %) que sur les reversements (-17,5 %). La répartition des services Minitel les plus populaires est assez équitable : 33 % pour les services pratiques, 26 % pour les services professionnels, 22%  pour les services de banque et finance et 19 % pour les services "ludiques" (qui compte une large part de "messageries conviviales"). France Télécom recense encore 4,6 millions de terminaux Minitel en circulation (dont 65 % situés chez les résidentiels) et 4,3 millions d'émulateurs PC.
 
Propos recueillis par Philippe Guerrier

PARCOURS
 
Olivier Bon a participé au marketing du service Pages Jaunes de France Télécom. Il a co-fondé Wanadoo dans les années 1995-1996. Il s'est spécialisé dans le partenariat de contenu puis a repris le pilotage du Minitel et du Kiosque Micro.En décembre 2000, il prend les commandes de la toute nouvelle structure "Kiosques" de France Télécom et lance
w-HA en tant qu'opérateur technique de paiement.

   
 
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