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© Ina
Photo : Nicole Bouron-Flacinet
Jean-Marc Bordes
Directeur général délégué
INA
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Jean-Marc Bordes
"Nous allons lancer un service vidéo à la demande grand public début 2005"
L'Institut national de l'audiovisuel veut exploiter en haut débit son fond gigantesque d'archives de 600.000 heures vidéos en cours de numérisation. Un premier service professionnel - InaMedia.com - vient d'être lancé. En attendant les prochaines exploitations VOD pour une cible plus large.
(06/05/2004) |
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JDN.
Avec l'essor du haut débit, de quelle manière le fond audiovisuel de l'Ina va-t-il être exploité ?
Jean-Marc Bordes. Nous nous sommes concentrés dans un premier temps sur la
partie BtoB avec le service InaMedia.com
dédié aux professionnels de l'audiovisuel (producteurs, diffuseurs, journalistes...). Il permet de sélectionner des extraits vidéos, d'effectuer des repérages et des visionnages à travers
150.000 heures de documents numérisés et
disponibles en ligne. C'est la plus grande base de données
audiovisuelle en ligne en France.
Quel
service haut débit grand public pourriez-vous
développer ?
Nous disposons déjà d'un site Internet grand public avec 1.000
extraits vidéos, qui sert de vitrine Web. Nous réfléchissons
au développement d'un service Internet plus approfondi
en passant par des diffuseurs professionnels. Nous devons
trouver des formules en partenariat avec des portails
qui se chargeront de la facturation du service vidéo
de l'Ina. Différents types de modèle économique
sont étudiés
autour de la VOD (video on demand) ou SVOD (subscription
video on demand) : micro-paiement, abonnements, etc. D'ici fin 2004 ou début 2005,
nous serons en mesure de présenter des premières
propositions dans ce sens.
Seriez-vous intéressé
pour lancer une chaîne de télévision
Ina sur le bouquet ADSL de Free par exemple ?
Non. Pour l'instant, ce n'est pas d'actualité.
Nous sommes fournisseurs de contenus pour le compte de
professionnels audiovisuels mais nous ne comptons pas
monter notre propre chaîne de télévision.
En 1999, vous avez initié
un programme de numérisation du patrimoine audiovisuel de l'Ina.
Vous en êtes à quelle étape ?
L'Ina dispose d'un patrimoine de 600.000 heures d'archives
télévision avec des programmes qui remontent
à 50 ans et un volume similaire d'émissions
radios qui remontent à 60 ans. Le programme de numérisation, qui a pour finalité de conserver ce patrimoine et de l'exploiter à destination du public, a véritablement
débuté en 2001. A fin 2003, nous recensons
150.000 heures de programmation numérisées.
D'ici la fin de l'année, nous devrions être à 200.000
heures.
Quel format utilisez-vous pour la sauvegarde des documents
audio et vidéo numérisés ?
Les documents sont numérisés sur du Mpeg-1
à 1 Mbit/s stockés en ligne sur des disques
durs. Cela représente un volume assez conséquent
: 80 téraoctets. Derrière, nous pouvons assurer une
qualité broadcast MPEG-2 à 8 Mbit/s à travers un robot de
diffusion qui monte à 600 téraoctets.
De quel budget disposez-vous pour assurer la numérisation des bases de l'Ina ?
Il s'agit d'un programme pluri-annuel de sauvegarde et de numérisation. Il faut distinguer la numérisation des films et des bandes vidéos, dont le coût de traitement diffère largement. Le premier plan couvrait la période 1999-2003. Nous sommes en discussion sur le nouveau contrat d'objectif et de moyen avec l'Etat. Le budget de fonctionnement annuel de l'Ina s'élève à 100 millions d'euros et l'investissement dédié au contrat d'objectif et de moyen est évalué dans une fourchette 50-60 millions d'euros en complément.
A quels prestataires externes faîtes-vous appel pour ce vaste chantier de numérisation ?
Nous travaillons avec toute la communauté audiovisuelle française, y compris des acteurs technologiques régionaux qui sont en contact avec nos délégations qui sont décentralisées. Le chantier de numérisation est réalisé à partir d'appels d'offres publics. Il n'y a pas un prestataire spécifique qui se dégage par rapport à un autre.
Pouvez-vous exploiter le fond audiovisuel que vous conservez au nom du dépôt légal sur Internet ?
Non. C'est une mission régalienne confiée à l'Ina. Chaque année, nous sauvegardons 300.000 nouvelles heures de programmes de télé issus du câble, satellite et réseaux hertziens (soit 40 chaînes scrutées 24h/24). Nous ne pouvons tirer aucune recette commerciale dans ce cadre.
Comptez-vous étendre le dépôt légal aux Web TV et aux web radios ?
C'est inclus dans le projet de loi qui marquera la transposition de la directive européenne sur les droits d'auteurs et droits voisins dans le droit national. Le texte est passé en conseil des ministres l'hiver dernier. Cette extension du dépôt légal devrait faire l'objet d'un partage des compétences : l'Ina s'occupera des sites à consonnance audiovisuelle et la Bibliothèque nationale de France s'occupera des sites Web plus conventionnels.
Comment percevez-vous le développement de la télévision par ADSL ?
C'est un complément en terme de mode d'exploitation très important par rapport au satellite et au câble. L'interactivité vidéo à la demande est largement supérieure à celle que l'on peut trouver à travers des transmissions satellite.
L'offre MaLigne TV de France Télécom, qui donne accès aux bouquets de télévision par ADSL, propose une option de programmes de télévision à la demande. L'Ina est-il entré dans la boucle ?
Les discussions sur le sujet sont en cours.
Avec l'avènement de l'UMTS, quels seraient les atouts de l'Ina autour de la vidéo mobile ?
Nous sommes également en discussion avec un ou deux partenaires. Certains programmes seraient particulièrement intéressants. Prenons l'exemple des Shadoks. Ce programme populaire en format court est particulièrement adapté pour les supports mobiles de troisième génération.
Quels groupes audiovisuels européens vous inspirent pour son implication dans la numérisation du patrimoine audiovisuel ?
L'Ina est vraiment à la pointe des technolologies dans ce domaine. En Italie, la déclinaison vidéo en ligne de la RAI ( Rai TV Click) a signé un partenariat avec le fournisseur d'accès Internet à très haut débit FastWeb. Nous partageons nos expériences avec les organismes homologues de l'Ina et des grands groupes audiovisuels à travers le programme européen PrestoSpace pour la sauvegarde et la numérisation des archives audiovisuelles qui a démarré en février.
La BBC va expérimenter prochainement un service VOD destiné au grand public. N'a-t-elle pas pris de l'avance sur l'Ina ?
Côté déploiement de services grand public, l'Ina et la BBC se trouvent au même stade de développement. Il existe des différences liées à la règlementation et à l'organisation de l'audiovisuel public. La BBC, par exemple, a une double mission : diffusion des programmes et sauvegarde des documents. L'Ina est vraiment à la pointe des technolologies dans ce domaine. Nous nous situons un peu en avance par rapport à la BBC.
Mais sur le développement de services professionnels en ligne, l'Ina garde une longueur d'avance par rapport à ses homologues européens.
Avec l'avènement de l'UMTS, quels seraient les atouts de l'Ina autour de la vidéo mobile ?
Nous sommes également en discussion avec un ou deux partenaires. Certains programmes seraient particulièrement intéressants. Prenons l'exemple des Shaddocks. Ce programme en format court est particulièrement adapté pour les supports mobiles de troisième génération.
A titre personnel, êtes-vous abonné à un service haut débit VOD pour visionner des longs métrages ?
Non. L'usage d'un PC est différent de celui d'un poste de télévision. De plus, il est plus agréable de regarder un film assis confortablement dans un sofa devant un grand écran.
Trouvez-vous les offres de télévision par ADSL alléchantes ?
C'est certainement très intéressant comme service interactif mais je ne vais pas m'y abonner. J'ai tellement de vidéos à visionner ailleurs, ne serait-ce qu'en puisant dans le fond de l'Ina.
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Propos recueillis par Philippe GUERRIER, JDN |
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PARCOURS
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Jean-Marc Bordes, 43 ans, est diplômé d'HEC et titulaire d'une maîtrise de droit. Il a démarré sa carrière chez Mc Cann Erickson.
1986-1995. Groupe Hachette. A notamment dirigé une co-entreprise française dans le domaine de la vidéo en partenariat avec le groupe Walt Disney (Film Office).
1996-2001. Directeur général adjoint du groupe Pathé. A notamment contribué à ce poste à la création de Pathé Catalogue, devenu Pathé International.
Janvier 2002. Nomination au poste de Directeur général délégué de l'Ina.
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