INTERVIEW
 
Directrice générale adjointe
Yahoo France
Isabelle Bordry
"Titre"
A la tête des activités publicitaires de Yahoo France depuis 1997, Isabelle Bordry vient d'être nommée directrice générale adjointe, auprès de Philippe Guillanton, à la tête de la filiale française, qui compte aujourd'hui 74 personnes. Philippe Guillanton prendra les fonctions de directeur des opérations de Yahoo Europe en janvier prochain. Isabelle Bordry représente également Yahoo France auprès de l'IAB, dont elle assure la vice-présidence aux côtés de Jean Pierre Levieux (MSN).02 novembre 2000
 
          

JDNet. Votre nomination signifie-t-elle que vous abandonnez la direction des activités publicitaires de Yahoo?
Isabelle Bordry. Pas du tout. Au contraire, je continue dans la même voie, j'élargis seulement mes responsabilités. Je serai toujours en charge de l'activité publicitaire mais je vais m'occuper la partie marketing et l'aspect distribution. Nous intégrons dans cette activité tout le business développement, qui consiste aujourd'hui à décliner les produits et services Yahoo sur d'autres supports que le PC. Je vais donc chapeauter toute la partie commerciale.

Justement, on vient d'apprendre la disparition du magazine Yahoo Internet Life. S'agit-il de la disparition définitive d'un support papier à la marque Yahoo?

Cela a été un peu mouvementé. Il y a eu un rachat [NDLR : des activités magazine de Ziff-Davis par VNU] et nous ne sommes pas parvenus à un accord satisfaisant pour les deux parties avec le nouvel éditeur. Nous le déplorons, car nous étions très contents en France d'avoir été les premiers, après les Etats-Unis, à créer ce type de magazine. Ca ne signifie pas la fin définitive de Yahoo Internet Life en France, bien au contraire. Nous allons voir comment nous allons pouvoir remettre en place prochainement un produit de ce type.

Quel est aujourd'hui le poids de Yahoo sur le marché français?
Nous conservons notre deuxième position dans les panels MMXI, c'est à dire sur les foyers, derrière Wanadoo, qui garde une forte pénétration grâce à son activité de FAI et l'impact de la page par défaut.
[NDLR: Yahoo est toujours en deuxième position pour les supradomaines mais se classe en cinquième position pour les domaines dans le top Mmxi de septembre, modification effectuée le 03/11/00]. Nous avons encore peu de chiffres fiables pour connaître notre visibilité dans les milieux professionnels et nous attendons cela avec beaucoup d'impatience. MMXI et les équipes de Médiamétrie, à travers Net Ratings, travaillent sur une implémentation effective des professionnels au sein des panels. Ce n'est pas encore suffisamment stabilisé aujourd'hui pour que nous puissions intégrer ces chiffres. En terme d'audience, nous avons dépassé les 350 millions de pages vues pour la France en septembre.

Et sur les autres marchés européens ?
Nous avons plus de difficultés que prévu en Allemagne, en particulier en terme de développement des revenus publicitaires car il s'agit d'un marché très explosé. En Italie et en Angleterre, par contre, le rythme de développement est tout à fait satisfaisant. L'Espagne elle aussi marche plutôt bien. En France, comme en Grande-Bretagne et dans une moindre mesure en Italie, les prises de décisions sont centralisées. Sur le marché français, les grosses centrales d'achat sont à Paris. Le travail sur le marché de la pub est donc beaucoup plus simple en France qu'en Allemagne, où il faut créer un réseau d'implantions géographiques. C'est ce que nous faisons actuellement.

Lycos devrait racheter Multimania après avoir racheté Spray et Caramail... Le modèle à la Yahoo de portail international généraliste et multiservices se développe en Europe. Que pensez-vous de cette nouvelle concurrence ?
Cela montre d'abord que notre modèle fonctionne bien, c'est plutôt positif. Mais ce que nous savons, c'est combien il est difficile d'intégrer des services et de les proposer à des utilisateurs de façon uniforme. Par exemple, lorsque vous utilisez la fonction Agenda sur Yahoo, vous avez immédiatement accès, avec les mêmes login et password, à des services sur Yahoo Shopping ou Yahoo Courrier. L'architecture technique pour pouvoir ainsi agréger et utiliser de manière universelle la base de données est très difficile à mettre en place. Il y a aujourd'hui des sociétés qui se rapprochent mais il va leur falloir rapprocher de façon homogène des services bâtis de façon indépendante. Nous leur souhaitons bon courage...

Est-ce la raison pour laquelle vous n'avez pas encore décliné en France les services de Geocities ou Broadcast, rachetés aux Etats-Unis par Yahoo il y a plus d'un an ?
Pas tout à fait. L'intégration de Geocities aux Etats-Unis s'est faite assez rapidement. Il s'agit plutôt pour la France et l'Europe d'un problème de calendrier et de priorités. Nous voulions d'abord stabiliser nos produits médias, Yahoo Finance, Yahoo Sport... Le service Club Geocities va être bientôt lancé sur le marché français mais ce n'était pas une de nos priorités sur les derniers mois. Pour Broadcast, nous avons d'ores et déjà intégré leur technologie dans les services Yahoo pour enrichir nos contenus. Aujourd'hui, nous avons plus de 400 chaînes radio disponibles. On va développer et intégrer de l'audio sur Yahoo Actualité et Yahoo Sport par exemple. L'idée est d'enrichir les thématiques actuelles grâce à la technologie Broadcast. Pour les annonceurs également, nous allons permettre la création de bandeaux avec ces technologies. Mais nous ne prévoyons pas de sortir de site Broadcast ad hoc.

La problématique de la mesure d'audience reste un frein important au développement du marché publicitaire. Or vous êtes le seul grand portail généraliste en France à ne pas participer à l'étude Cybermétrie. Pourquoi ?
Nous pensons que la technologie n'est pas fiable. Nous sommes les premiers à vouloir confronter nos chiffres à ceux des autres portails, c'est primordial pour le développement du marché, mais l'outil présenté par Cybermétrie ne nous paraît pas prêt. Il s'agit en fait de mettre en place des pixels sur des pages et nous pensons que c'est un mauvais système. En fonction du positionnement du pixel sur la page, vous pouvez avoir une ou deux pages. Cela ne veut pas dire grand chose, et je le dis d'autant plus ouvertement que nous avons eu de grandes discussions avec Médiamétrie. Il y a d'ailleurs eu des problèmes avec Wanadoo et avec Les Echos, dont ils n'ont pu fournir les chiffres. Cela fait plus d'un an que nous expliquons par ailleurs que l'essentiel n'est pas le nombre de pages vues, ni le nombre de visites, mais le nombre de visiteurs. Or Cybermétrie ne nous donne rien sur la question. Nous travaillons avec Médiamétrie sur l'étude des 24.000 et nous travaillons avec MMXI. Cybermétrie est la seule étude à laquelle nous ne voulons pas participer.

Yahoo, comme les autres valeurs Internet, a souffert de la récente tempête boursière. Cela a-t-il eu des conséquences en terme de management?
Nous avons la chance d'avoir une culture d'entreprise véritablement formidable qui repose sur des valeurs autres que boursières. Ce sont des valeurs de méthode de travail et d'esprit d'équipe. Nos chiffres sont bons et nous restons confiants. Depuis notre implantation en France, en 1996, nous n'avons assisté qu'à deux départs, ce qui est exceptionnel dans le secteur.

Quel est votre site préféré, en dehors de Yahoo naturellement?
Il y a un site qui me fait rêver en tant que femme, c'est le site Diamond.com, que je trouve magnifique et sur lequel j'ai appris plein de choses sur la forme des diamants, leur taille etc.

Vous achetez en ligne ?
J'achète beaucoup de bouquins, des CD, des fleurs, des cadeaux et je trouve très pratiques les listes de mariage. Je papillonne beaucoup et je n'ai pas de sites de prédilection. J'ai bien sûr testé les sites avec lesquels travaille Yahoo. Le critère pour moi, c'est la qualité du service. Plus que l'exhaustivité du catalogue, je privilégie le respect des délais de livraison.

Qu'est ce que vous n'aimez pas sur Internet?
Comme je ne suis pas une grande technicienne, je n'aime pas les sites difficiles d'accès qui m'obligent à télécharger tout un tas de plug-in pour y avoir accès. J'ai toujours peur que mon ordinateur ou mon Netscape plantent lorsque je dois télécharger un module. Je veux que cela soit simple et rapide. C'est peut-être une déformation yahoo!

 
Propos recueillis par Fabien Claire

PARCOURS
 

Après un magistère de Gestion à l'université Paris IX Dauphine, Isabelle Bordry a rejoint en 1993 le service marketing-promotion de Télé 7 jours (Hachette Filipacchi) puis devient directrice du service promotion des magazines Parents et Cousteau junior.
En 1996, elle intègre Grolier Interdeco pour commercialiser les sites Internet du groupe Hachette. Isabelle Bordry rejoint Yahoo en juin 1997. Elle est également aujourd'hui vice-présidente de l'IAB France dont Yahoo est membre fondateur.


   
 
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