Implantée
sur le marché français depuis 1997, la société
américaine Real Media s'est rendue célèbre
grâce à son outil de gestion de l'affichage des campagnes
de communication en ligne Open Ad Stream, développé
à l'origine pour le site du "New YorkTimes". Pierre
Boulet, auparavant directeur commercial de la filiale française
a été nommé PDG de cette dernière en
janvier 2000, en remplacement de Philippe Paget devenu Chief Operating
Officer de Real Media Europe .
Propos recueillis par Fabien Claire le 03
août 2000 .
JDNet. On pense
souvent à votre fameux logiciel Open Ad Stream, mais quelles
sont les autres activités de Real Media ?
Pierre Boulet.
Nous avons aujourd'hui trois métiers : la fourniture
de technologie dans le cadre duquel nous commercialisons notamment
Open Ad Stream, une activité de régie publicitaire
et également un métier de conseil baptisé
Média Service. C'est une nouvelle activité que nous
avons lancée en début d'année et qui consiste
à tirer parti de l'enseignement des deux premiers métiers
pour le mettre à la disposition des éditeurs.
Vous avez des
exemples d'opération de consulting pour illustrer cette
dernière activité ?
Nous
avons par exemple travaillé avec Autodéclics
que nous avons également en régie. Nous avons permis
la diffusion de leur contenu qui est repris aujourd'hui sur Lycos
par exemple avec un premier niveau qui agit comme un réservoir
d'audience et un second niveau directement chez Autodéclic.
Quels les principaux
clients d'Open Ad Stream sur le marché français
?
Nous
avons une présence très forte en particulier sur
les sites éditoriaux. Nous équipons par exemple
TF1, France2, France3, M6, Canal+ et leurs filiales câbles,
Paris Première, Eurosport... Nous avons également,
parmi nos clients récents, des sites comme L'Equipe, iFrance,
Bonjour, Cadres on line, Page-jaunes ou encore le Nouvel Obs.
Cela représente en 80 et 100 licences ce qui nous positionne
au passage devant DoubleClick et son logiciel Dart.
Doubleclick
justement a été au centre d'une vaste polémique
aux Etats-Unis sur l'utilisation des données personnelles
des internautes. Quelle est votre position sur le sujet ?
Chez
Real Media, notre discours est clair : les données recueillies
lors de la navigation des internautes ne nous appartiennent pas.
Elles sont la propriété exclusive de l'éditeur
du site. Celui-ci peut choisir de les partager avec d'autres acteurs
mais c'est un choix qui lui appartient. De toutes façons,
Open Ad stream est une solution locale propriétaire pour
chacun des éditeurs. Nous ne pouvons pas agréger
ces données pour constituer des bases de données
transversales.
Le législateur
américain envisage une protection légale contre
l'utilisation de ces données. Pensez-vous que c'est là
le rôle du législateur ?
C'est
au législateur de faire son travail et notre responsabilité
à nous est d'être présent à ses côtés
pour attirer son attention sur les caractéristiques de
notre métier. En France par exemple, nous sommes directement
associés à la réflexion des parlementaires
sur le sujet. Le 30 mai, nous étions partenaires d'une
conférence à l'Assemblée sur ces enjeux.
Revenons à
votre activité de régie. Le fait d'être une
régie mono-média ne risque-t-il pas de devenir un
handicap avec l'arrivée des régies traditionnelles
sur Internet ?
La
régie en ligne est un métier à part entière
qui requiert une expertise très spécifique. Les
régies des médias traditionnels commencent seulement
à découvrir le secteur de la publicité en
ligne. Nous avons une visibilité
exceptionnelle sur les enjeux du marché du fait de la complémentarité
technologie-régie dont nous faisons bénéficier
les sites que nous avons en régie.
Quels sont-ils
?
Nous avons
par exemple la régie de plusieurs grands réservoirs
d'audience que sont Excite, notre principal client, et Bonjour.
Nous avons également décliné sur Internet
la commercialisation des supports du réseau PQR 66 avec
des sites comme les Dernières Nouvelles d'Alsace, le Télégramme
de Brest ou Ouest France. Les sites de ce dernier réseau
génèrent au total 15 millions de Pap par mois (pages
vues avec publicité). Nous sommes en fait la régie
en ligne leader en France.
C'est une surprise.
Sur quel chiffre faites-vous reposer ce classement?
Malheureusement,
nous sommes en phase de pré-introduction en Bourse et je
ne peux pas communiquer sur notre chiffre d'affaires. Je ne me
base pas sur le nombre de Pap commercialisées car ça
ne veut rien dire, avec un simple service de mail gratuit en régie
aujourd'hui je serais forcément devant les autres. Le vrai
critère c'est le chiffre d'affaires mais malheureusement
je ne suis pas habilité à vous le livrer.
Quels sont
les projets actuels pour le groupe ?
Pour
le groupe, comme je viens de vous le dire nous sommes en phase
de pré-IPO pour une introduction prévue sur le Nasdaq
et le marché suisse mais les modalités et la date
ne sont pas encore arrêtées, tout dépendra
des conditions du marché. Pour le reste, nous poursuivons
notre développement international, nous sommes aujourd'hui
présents dans 18 pays dans le monde. Pour la filiale française
nous allons mettre un accent particulier sur les nouveaux canaux
de diffusion comme la télévision interactive, le
Wap ou l'e-mail marketing.
Vous effectuez
des achats en ligne ?
J'avoue
que ce n'est pas encore un réflexe. Mais j'achète
tous mes billets d'avion en ligne sur Travelprice.com.
Quels sont
vos sites préférés ?
Vous allez me trouver affreusement
dévoué mais j'adore Excite
qui est un portail vraiment extrêmement bien conçu,
je suis désolé c'est un client mais je l'utilisais
bien avant de travailler chez Real Media. J'aime aussi beaucoup
zingueurs.com
qui recense toutes les animations se déroulant dans les
bistrots. Je vais souvent également sur Primefilm.com
qui diffuse des films courts et longs métrages en avant
première (lire
l'article JDNet du 26/01/00), j'aime aussi beaucoup leurs festivals
de court-métrage.
Diplômé
de l'ESC Lille, Pierre Boulet débute sa carrière en Australie
au sein d'un cabinet de consulting où il était en charge des études
de marché et de la recherche de distributeurs pour des entreprises
françaises désireuses de s'implanter sur ce marché . A son retour
en France, il rejoint Carat en tant que responsable du développement,
puis il devient directeur de clientèle pour une entreprise
spécialisée dans la prestation de services techniques pour l'audiovisuel.
En 1998, il rejoint Real Media France comme directeur commercial
de la régie publicitaire avant de perndre en charge en janvier
dernier l'ensemble des trois activités de Real Media France.