INTERVIEW
 
Président
Mappy
Jacques Bousquet
"Titre"
Lancé il y a plus de 10 ans, le service Minitel Iti, édité par la société Lpri Iti, est devenu Mappy suite à son rachat par France Télécom en avril 2000 (lire l'article du JDNet du 25/04/00). Le site enregistre actuellement plus de 2,7 millions de connexions par mois (source Cybermétrie) et devrait révéler son chiffre d'affaires 2000 d'ici à la fin de la semaine. Si Mappy réalisait 80% de son chiffre d'affaires grâce à son service Minitel en milieu d'année dernière (lire l'article du JDNet du 11/08/00), il semblerait que ses revenus soient désormais en train de s'équilibrer entre service télématique et site Internet. Jacques Bousquet revient sur l'année 2000 et sur un marché aujourd'hui fortement concurrentiel.15 mars 2001
 
          

JDNet. Vous êtes positionné sur le secteur de la cartographie depuis longtemps. Quelles ont été les grandes étapes de Mappy ?
Jacques Bousquet. Nous sommes un cas un peu atypique puisque nous existons depuis 1988 sur Minitel. Le passage du Minitel à l'Internet s'est effectué de manière naturelle. Le support Minitel nous limitait d'une manière très importante pour visualiser les services puisque nous ne pouvions faire que du textuel, les plans étant envoyés par fax. L'autre problème du Minitel est qu'il ne concernait que la France. L'Internet a vraiment représenté une opportunité fantastique et très attendue. Les services que nous avons mis en place dans ce cadre utilisent pleinement notre savoir-faire dans le domaine de la cartographie au sens large.

Quel bilan tirez-vous de votre passage du Minitel à l'Internet ?

Nous sommes ouverts au grand public depuis la coupe du monde de football en 1998. Cela a représenté une belle aventure puisque nous avons du repartir à zéro pour rebâtir un service et nous refaire une place au soleil. Nous sommes aujourd'hui très contents, puisque nous pouvons annoncer que nous sommes désormais numéro un sur Internet en terme d'audience, ce qui n'était pas joué d'avance. Nous avons su profiter du fait que certaines personnes nous connaissaient sur Minitel, même si ça n'a pas été suffisant. Le passage à l'international s'est bien déroulé et nous sommes également assez satisfaits des premiers résultats, puisque le public hors France représente actuellement 20% de notre audience. Nous avons enregistré plus de 2,5 millions de visites sur le mois de février (source Cybermétrie).

Quels sont aujourd'hui les activités de Mappy ?
Nous avons tout d'abord nos activités à destination du grand public qui sont désormais bien connues. Nous permettons également aux professionnels d'utiliser l'expérience et la plate-forme technique de Mappy pour leur propre compte. Cette activité commerciale n'existait pas sur Minitel et il a fallu la structurer entièrement. Nous offrons actuellement des services de cartographie, de calcul d'itinéraire et de positionnement géographique en fonction de leur fichier d'adresses. Cette activité nous rapporte aujourd'hui plus que la vente de bannières sur le site destiné au grand public.

Quelle est la situation financière de Mappy ?
Nous allons communiquer nos résultats 2000 sous peu. Aujourd'hui, une part importante est toujours liée au Minitel, de l'ordre de 60% de notre chiffre d'affaires global.

A combien commercialisez-vous votre solution de cartographie ?
La moyenne aujourd'hui, sachant qu'il existe des écarts importants, doit être comprise entre 50.000 et 60.000 francs par an. Mais ce chiffre peut varier de 15.000 francs à plusieurs centaines de milliers de francs, suivant le type d'intégration que nos clients peuvent nous demander.

Quel est aujourd'hui votre niveau de couverture ?
Nous couvrons toute l'Europe de l'Ouest, c'est-à-dire la France, l'Espagne, l'Italie, le Portugal, l'Autriche, la Suisse, l'Allemagne, le Danemark, la Scandinavie, le Royaume-Uni et le Benelux. Nous couvrons actuellement 80.000 villes parmi les plus importantes.

Comment vous positionnez-vous par rapport aux concurrents ?
La cartographie est un marché sur lequel on a vu se lancer beaucoup de gens. Nous avons entendu beaucoup de choses également, y compris un peu n'importe quoi. Certaines promesses sont faites sans être tenues pour autant. Nous mettons particulièrement l'accent sur la qualité de nos itinéraires. Ces derniers sont vérifiés systématiquement depuis dix ans. Nous travaillons beaucoup plus sur la valeur d'usage que sur la technologie pour faire de la technologie. Au final, nous voulons que l'utilisateur ait toutes les données utiles, sur la page qu'il a imprimée ou sur son Palm, pour se rendre sur place. Nous faisons très attention à cet aspect, et c'est la raison pour laquelle nous avons décidé de ne pas faire du plan sur le Wap. C'est aujourd'hui faisable, mais ça n'a aucune valeur d'usage. C'est un bel effet d'annonce mais c'est aussi une aberration...

Quel est le bilan de vos activités en 2000 ?
L'année 2000 a été pour nous une très bonne année. Nous avons effectué 400% de croissance et nous en sommes très contents. Nous avons vu apparaître de nombreux produits vers les mobiles comme les PDA et même si le Wap n'a pas représenté l'eldorado tant attendu, le mobile reste un secteur très prometteur. Ce que l'on vit actuellement sur le Wap est la première étape d'un processus qui va nous amener beaucoup plus loin. Il faut simplement se rappeler les débuts de l'Internet. Le potentiel pour le type de services comme Mappy est considérable.

Quels sont vos objectifs 2001 ?
En terme de chiffre d'affaires nous ne nous aventurerons pas à donner des prévisions, car il y a encore trop d'incertitudes sur beaucoup de sujets. Sur le plan de la fréquentation, nous visons une multiplication de notre audience par 2,5 au courant de l'année 2001, soit environ 5 millions de visites par mois.

Quels sont vos projets ?
Nous en avons trop pour 2001. En 2000, nous avons fait un énorme travail de fond sur la plate-forme pour qu'elle tienne le trafic que l'on attend. En 2001, nous allons encore évoluer sur la cartographie avec un plus grand niveau de zoom et plus de fluidité. Nous nous apprêtons aussi à étoffer l'offre de la partie guide au travers de partenariats. Nous avons par exemple récemment intégré les Logis de France. Nous allons également intégrer de l'information en interne sur les plus grandes villes d'Europe. De nouvelles applications autour de la mobilité, et notamment des PDA, vont certainement voir le jour.

Qu'aimez-vous sur Internet ?
J'aime bien les services pratiques, des services d'information spécialisés comme généralistes. Je suis également utilisateur de site commerciaux. J'apprécie également les sites de voyage en ligne. Je trouve merveilleux d'avoir accès à une offre considérable au bout du fil, mise à jour, avec la possibilité de commander derrière. C'est vraiment une belle expression de ce que sait faire Internet.

Que détestez-vous ?
Les services qui ont une très forte promesse et qui ne proposent rien derrière.

 
Propos recueillis par Philippe Rémond

PARCOURS
 
Economiste de formation, Jacques Bousquet a commencé son activité professionnelle dans le journalisme avant de rejoindre en 1984 VTCOM, filiale du Groupe France Télécom dans le cadre du lancement du Minitel. Chez VTCOM, il a notamment été responsable de la production de services Minitel, de vidéodisques et de chaînes TV évènementielles, puis directeur de l'activité centre serveur. En avril 1992, Jacques Bousquet est devenu PDG de LPRI-iTi (devenue Mappy en 2000) et a donc conduit son développement depuis son rattachement au Groupe France Télécom.

   
 
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