INTERVIEW
 
Co-fondateur
Anxa.com
Fabrice Boutain
""Nous avons atteint les 200 000 clients payants""
Dans la catégorie des "pionniers du Net" sur le retour, voici Christophe Boutain, Fabrice Boutain, deux frères, et Philippe Monteiro. Les trois fondateurs de l'ancien portail francophone PageFrance (créé en 1996 puis racheté par Lycos via Spray) reviennent avec un nouveau projet Internet : Anxa.com ("Anxa" signifie "mieux se connaître" en chinois). La société, dont le siège se situe à Hong Kong, développe des "interactive personal entertainment" c'est-à-dire des tests (QI, QE, culture générale) et des jeux interactifs sur Internet, sur mobile ou sur télévision interactive. Ces outils payants ont tous un point commun : la "connaissance de soi" et "l'épanouissement personnel". Anxa.com propose par exemple aux internautes un test de QI, qui débouche sur une analyse personnalisée avec explication des erreurs, description des points forts et points faibles. Les internautes peuvent dans la foulée prolonger l'exercice en découvrant des méthodes pratiques pour progresser. (Interview réalisée par e-mail)
30 janvier 2003
 
          
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JDNet. Début 2001, vous avez quitté le groupe Lycos France. Début 2003, vous vous retrouvé à Hong Kong. Que s'est-il passé entre temps ?
Fabrice Boutain. Après mon départ du groupe Lycos, j'ai pris une année sabbatique pour me consacrer à ma famille. Coté professionel, j'étais à la recherche d'un projet à long terme et d'envergure internationale. Mon frère Christophe et moi avons alors réfléchi au développement de services payants sur ordinateur et téléphone mobile. Nous sommes parvenus à convaincre Philippe Monteiro de nous rejoindre. Du coup, nous avons reformé l'équipe de l'aventure PageFrance pour lancer la société Anxa.com en janvier 2002.

Sur quel modèle économique repose Anxa.com ?
Nos services sont vendus à l'unité ou en package. Le prix de base est à trois euros le test, pour mieux se connaître ou pour entamer la méthode d'apprentissage. Ensuite, pour sept euros, l'internaute dispose d'une analyse personnalisée de vingt pages. A dix euros, nous commercialisons un package "tests + analyses + méthodes". Le modèle économique repose sur un partage de revenus entre l'opérateur et Anxa. Anxa fournit à des portails comme Wanadoo, Club-internet, MSN ou Yahoo des plates-formes ASP personnalisées qui présentent nos outils. Nous avons signé la majeure partie de nos partenariats fin 2002. Aux Etats-Unis, nous sommes partenaires de Zingy, la société éditrices de services mobiles créée par Fabrice Grinda, le fondateur du site de vente aux enchères Aucland. Comme on se retrouve...

Quel levier de financement avez-vous utilisé pour débuter vos activités ?
Nous avons financé le lancement de la structure en fonds propres, comme nous l'avions fait pour PageFrance il y a sept ans. Nous avons réinvesti immédiatement une partie de ce que la vente de PageFrance à Spray nous avait rapporté. La création d'Anxa Europe et Anxa Asia a nécessité un investissement proche d'un million d'euros.

Vous avez toujours des parts dans Lycos Europe ?
Nous avons des stock options. Fort heureusement, nous avions négocié la vente de PageFrance avec une grosse partie en espèces. Donc de ce côté-là, nous n'avons pas à nous plaindre.

Quels sont vos premiers résultats avec Anxa.com ?
Au 15 janvier 2003, plus de 200 000 clients ont payé pour un service Anxa. Parmi eux, nous avons enregistré 10 000 clients en provenance des Etats-Unis et de Chine. Le point d'équilibre devrait être atteint cette année. Fin 2003, notre objectif est de dépasser le million de clients payants. Il est prévu à cette échéance de lancer notre première offre d'abonnement pour accèder à l'ensemble des services : tests, méthodes pour progresser, analyses personnalisées et diplômes.

En terme d'organisation, vous avez des relais à Hong Kong, Londres et Miami. Comment vous répartissez-vous le travail ?
Il est vrai que lorsque nous avons lancé Anxa, nous avons adopté dès le départ une vision internationale. Comme à l'époque de PageFrance, les trois fondateurs ont décié de s'expatrier : mon frère et moi sommes installés à Hong Kong et Philippe Monteiro à Miami, aux Etats-Unis. Christophe a choisi d'implanter notre bureau régional "Asie" à Alabang, près de Manille aux Philippines. C'est le nouveau centre de l'Internet et des télécoms en Asie, et les développeurs y sont excellents ! Nous avons une douzaine d'employés, généralement trilingues. Nous nous investissons tous les trois à 100 % sur cette activité.

Quels marchés visez-vous plus particulièrement ?
Nous développons actuellement notre plate-forme de services en trois langues : anglais, francais et chinois. C'est un marché de 250 millions d'internautes. Ce qui nous permettra de toucher potientellement 40% du marché Internet mondial, soit 100 millions de personnes. Notre objectif est de convertir  % de cette audience vers nos services. Dans une deuxième étape, nous approcherons les marchés hispaniques, japonais, coréens et allemands. Mais priorité est donnée à l'Asie.

Que pensez-vous du développement des services payants Internet en France ?
Fin 2002, nous recensions une bonne dizaine de sociétés et d'éditeurs sur ce créneau en France. D'ici la fin de l'année, nous espérons être plus d'une centaine d'acteurs. La France est aujourd'hui en avance par rapport aux autres pays européens grâce notamment aux FAI qui ont développé de vraies stratégies sur les services payants

Quelles sont les nouvelles "killer applications" que vous voyez apparaître à Hong Kong ?
Je crois qu'il y a une logique client-produit-prix très forte ici. Les services sont de qualité, les prix accessibles, et tout est lié entre PC et mobile. Les opérateurs mobiles ont une base de clients importante et ils ont ouvert leur système de facturation via SMS, PC, mobiles aux opérateurs Internet. Leur logique financière va dans le sens de l'utilisateur : dix millions de clients qui paient un euro par mois, ça fait dix millions d'euros à la fin du mois. C'est mieux que 1 000 clients qui paient 30 euros... L'opérateur japonais NTT DoCoMo l'a démontré depuis longtemps via l'i-mode et les Coréens sont les leaders incontestés du jeu en réseau payant.

A votre avis, l'Eldorado NTIC se trouve en Chine ?
Déjà en 2002, les plus grosses progressions du Nasdaq étaient chinoises. Dans le top 5 des valeurs chinoises, on trouve Netease et Sohu, deux opérateurs Internet leaders. Netease a été la plus grosse progression avec une évolution de son cours d'action de plus de 1 500 %. En Asie, tous les services sont payants et l'intégration des services Internet-mobiles-SMS est déjà optimisée. Il est par exemple impossible pour un internaute de devenir membre de Netease ou de Sohu si vous ne possédez pas de numéro de téléphone mobile. En 2002, la Chine est devenue le plus gros marché mobile au monde avec 200 millions d'abonnés. China Mobile est numéro un mondial avec 140 millions d'abonnés. Et Yahoo, AOL, MSN et les autres leaders américains sont toujours inexistants en Chine, ou peu s'en faut ! Le marché chinois est très difficile, nous en sommes conscients. Mais notre expérience sur le terrain nous donne aussi accès à certains réseaux pour gagner du temps.

Quelles sont les spécificités du marché Internet chinois ?
La Chine est le plus gros marché au monde mais c'est aussi le plus difficile. Les Chinois contrôlent leur marché. C'est pour cela que les sociétés américaines et européennes rencontrent de nombreuses difficultés. La clef de la réussite se fait donc dans le choix de son partenaire chinois. C'est un vrai "métier" que d'identifier le partenaire idéal. A Shanghaï et à Pékin, il existe des sociétés européennes qui se sont spécialisées pour jouer le rôle de "boosters". Je crois beaucoup à ce modèle de collaboration dans les prochaines années, notamment dans le domaine des NTIC.

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Quel est votre site préféré en ce moment ?
Zhongwen.com. C'est une mine d'informations sur la culture chinoise. Il y a six ans maintenant, j'ai appris à parler le mandarin chinois. Aujourd'hui, je reprends des cours pour lire et écrire le chinois. Il existe plus de 10 000 caractères et il faut plus de 20 ans pour apprendre à lire le chinois. C'est d'une extrême complexité mais c'est fabuleux car chaque caractère chinois a sa propre signification. Un jour, c'est sûr, mes enfants le parleront couramment car le chinois est la deuxième langue la plus parlée dans le monde après l'anglais.

 
Propos recueillis par Philippe Guerrier

PARCOURS
 
Fabrice Boutain a fait ses études aux Etats-Unis, (MBA, Ohio State University). Il parle couramment le français, l'anglais, l'allemand et le chinois. Il a débuté ses activités professionnelles en Chine à Guangzhou dans le négoce international de matières premières. En 1997, il a fondé la société PageFrance.com. Il a rejoint la branche France de Spray après l'intégration du portail PageFrance en janvier 2000. Après avoir assisté à la fusion Spray-Lycos Europe en septembre 2000, Fabrice Boutain a quitté le groupe six mois plus tard.

   
 
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