INTERVIEW
 
PDG
Nouvelles Frontières Online
Michel Bré
"Titre"
Nouvelles-Frontières (NF) a toujours été volontaire pour le développement de ses activités Internet. Le voyagiste dispose d'une filiale Internet (NF Online), que préside Michel Bré et qui regroupe l'ensemble de ses sites (dont le portail communautaire de voyage Filfog.com). Le groupe de Jacques Maillot reste confiant dans l'avenir du l'e-tourisme malgré un environnement concurentiel très dense et les récents évènements survenus aux Etats-Unis, qui a des répercussions indirectes sur son activité.
[NDLR : l'interview de Michel Bré a été réalisée le 10 septembre, la veille des attentats aux Etats-Unis. Elle a été complétée le 13 septembre par ses premières réactions sur les conséquences de cet événement.]
s 10 et 13 septembre 2001
 
          

JDNet. Quelles sont les conséquences sur vos activités à la suite des attentats aux Etats-Unis ?
Michel Bré :
Il y a deux conséquences immédiates à ces attentats. La première, ce sont les difficultés liées au retour chez eux des citoyens Canadiens et Américains. Ensuite, il faut gérer les départs en vacances du mois de septembre, qui est traditionnellement un mois très fort. Nous avions trouvé de bons accords pour les départs vers les Etats-Unis, mais, pour le moment, les compagnies françaises ne sont pas prioritaires. Et ce n'est pas au moment où il y a des attentats qui impliquent des vols commerciaux que les gens sont les plus enclins à prendre l'avion. Cette situation va peut-être durer deux à trois mois. Mais, malgré ce climat, nous n'avons pas constaté d'annulation.

Quelles mesures avez-vous prises ?

Depuis le mardi 11 septembre, nous avons mis en place une cellule de crise pour régler ces problèmes. Nous reverrons peut-être la programmation de nos rotations pour décembre à la baisse et orienterons nos vols vers des destinations plus rassurantes. Nous sommes une compagnie charter : s'il n'y a pas de demande, nous ne ferons pas décoller les avions. A partir de septembre, nous avions prévu une rotation par semaine vers les grandes villes américaines. Si elles ne se remplissent pas, nous les supprimerons et achèterons des places sur des vols réguliers. Cette solution sera de toute façon moins chère que des places vides. Il me semble d'ailleurs qu'il risque d'y avoir moins de places que la demande dans les mois qui viennent vers les Etats-Unis.

Vous avez lancé la nouvelle version de
Nouvelles-Frontières.fr fin juillet. Quelles sont les grandes nouveautés ?

Nous l'avons mise en ligne le 24 juillet dernier. Je suis plutôt satisfait parce que nous avons un nouveau développeur (Micropole), une nouvelle technologie et un nouvel hébergeur (IBM) à cette occasion. Mi-septembre, la nouvelle version a déjà évolué puisque nous venons d'ajouter entre autres des fonctionnalités de packages. Nous allons passer de 400, puis 2.000 pour atteindre 4.000 packages réservables sur le site de NF. Je vous rappelle qu'il y a trois types de produits chez Nouvelles Frontières : les vols secs, les packages (avion+réservation +hotel+locations de voitures) et la réservation à la carte. Un dernier produit qui demandera beaucoup de temps avant qu'il ne soit accessible en ligne car il est complexe à gérer : il nécessite au préalable l'interconnexion des systèmes de réservations. Un problème qui n'est pas résolu en France.

Actuellement, que représente la proportion des vols secs par rapport aux packages ?
A 70%, les demandes en ligne concernent les vols secs. Le reste concerne les packages. Mais ce produit devrait monter en puissance. On espère atteindre la même répartition que dans les agences de voyages : 55% de packages, 45% de vols secs.

Les séances d'enchères en ligne sur le site de Nouvelles Frontières attirent-elles toujours autant de monde ?

C'est immuable depuis que nous avons commencé les enchères en octobre 1998. En moyenne, nous enregistrons une moyenne de 400.000 connexions mensuelles autour de ce service. Parfois, les internautes assistent aux enchères sans y participer. Elles répondent à une demande d'achat d'impulsion pour partir tout de suite, un réflexe qui se développe de plus en plus compte tenu de la réduction du temps de travail. En moyenne, nous proposons 1.500 billets par semaine. Au bout de la journée d'enchères, ils ne sont pas tous vendus. Les billets restants, nous les proposons dans la partie "casino" du site, lancée il y a deux ans. Ce sont les "invendus" des enchères et les billets sont proposés à moins 50%. Avec la nouvelle version du site, nous avons lancé un nouveau jeu qui s'appelle 321 Partez. Il permet d'acheter des billets à 50% de réduction trois jours avant le départ.

Vous êtes atteint du syndrôme LastMinute...
Nous sommes complètement dans ce phénomène. Nous sommes propriétaires des sièges d'avions et de nos chambres d'hôtels pour certains circuits. A partir du moment où nous possédons ces places, c'est dans notre intérêt qu'elles soient occupées.

Estimez-vous que la dynamisation des ventes est importante pour le site de Nouvelles Frontières ?
Chaque place invendue étant une perte pour Nouvelles Frontières, nous limitons la casse, quitte à le faire à la dernière minute. Un bon gestionnaire d'avion parvient à amortir ses coûts à partir d'un certain nombre de sièges remplis dans l'appareil. Pour peu que l'on dépasse notre taux d'occupation et d'amortissement, c'est du pur bénéfice pour Nouvelles Frontières. C'était le cas pour 90% des ventes que l'on a faites l'année dernière, soit 35 millions de francs. C'est une vraie source de profit.

Etes-vous intéressé par le segment des voyages professionnels en ligne ?
Nous avons déjà une petite rubrique dans ce domaine, qui devrait remonter avec la nouvelle version. Le service voyages professionnels n'est pas très développé chez Nouvelles Frontières, ce n'est pas prioritaire.
Pour l'instant, il repose sur des requêtes par mail et une prise de contacts par téléphone s'ensuit.

Pourquoi avez-vous décidé de changer de Global Distribution System (GDS) ?
Nous avons actuellement WorldSpan et nous allons adopter Amadeus d'ici la fin de l'année. Notre contrat avec Worldsapn s'achevait, nous avons lancé un appel d'offres et Amadeus semblerait le mieux répondre à la demande du marché français.

Comment comptez-vous développer la relation clientèle sur Internet ?
Cet été, nous avons mis en place un web call center. Un numéro de téléphone apparaît à une certaine phase de l'achat en ligne, lorsque l'internaute connait des difficultés. Nous voulons automatiser au maximum. Nous avons 280 postes de téléacteurs pour NF en France, une partie est sous-traitée mais le web call center se trouve en interne.


Vous avez mis en place votre propre programme de fidélisation clientèle. Pourquoi n'avoir pas choisi un service multi-clientèles type Maximiles ?
C'est notre programme offline au départ, avec la carte Impulsion. Il est possible de cumuler des points avec les achats réalisés sur le site de Nouvelles Frontières. Nous avons un minimum de marge sur Internet puisque l'on vend directement au grand public. Nous n'avons pas choisi un programme type Maximiles car NF n'a pas la lattitude d'un tour operator classique [NDLR, Jet Tour par exemple], qui vendrait ses billets en ligne. Ce système entraîne des économies sur les coûts de distribution car il s'affranchit des commissions versées aux intermédiaires (agences de voyage, etc.). Chez NF, nous ne disposons pas de cette marge supplémentaire tirée des coûts de distribution. Le Net ne doit pas changer l'ensemble de la stratégie historique de NF.

Où en est le développement du portail voyage Filfog.com ?
Nous sommes en train de le refondre. Le portail a trois volets : communauté, contenu et e-commerce, mais nous nous sommes rendus compte que, malgré sa richesse, les visiteurs ne comprenaient pas l'approche. Nous refaisons actuellement le site où les trois orientations seront directement mises en valeur.

Dans quelle mesure un voyagiste peut-il monter un site de communauté et d'information crédible ?
Filfog.com n'est pas directement estampillé Nouvelles Frontières. Nous sommes un partenaire parmi tant d'autres. Il a sa propre identité et nous restons derrière le site. C'est un concept qui plait car il a été adopté par Easy Voyage et par Karavel. Maintenant, reste à savoir si cela ne fait pas trop de projets différents. C'est une question stratégique. Mais, en tout cas, Filfog.com répond à un réel besoin identifié : les internautes ont besoin de plus d'informations que ne leur propose une simple agence de voyages en ligne.

Quel pourcentage de chiffre d'affaires réalisez-vous en ligne ?
C'est marginal pour le moment. Les ventes en ligne ne représentent que 3% de notre chiffre d'affaires global.
L'objectif est d'arriver à 5% fin 2002.

Comment évolue la fréquentation Minitel par rapport à Internet ?
Il n'y a plus de croissance mais son usage n'a pas disparu. Il sert encore de canaux de renseignements. L'année dernière, nous avons réalisé 1 à 2 millions de francs avec le Minitel.

Comptez-vous toujours introduire NF Online en Bourse ?
Non. Nouvelles Frontières dispose d'un nouvel actionnaire allemand puissant : Preussag [NDLR, qui détient 13,4% pour l'instant et devrait monter jusqu'à 34% début 2002]. C'est un partenaire stratégique pour la continuité du développement de NF en Europe. Nous ne ferons pas appel au marché.

Estimez-vous que le secteur de l'e-tourisme est bien placé pour atteindre la rentabilité rapidement ?
Ce n'est pas évident. Nous nous sommes rendus compte qu'il nous a fallu cinq ans pour devenir rentables. Ca m'étonnerait qu'un "pur player" puisse être rentable avant cette période. Je pense que l'avenir des acteurs de l'e-tourisme est lié aux accords signés avec les GDS : Galileo avec Travelprice, Sabre avec Karavel, etc.


Pensez-vous que l'américain Travelocity.com puisse encore s'implanter en France ?
Je pense qu'une alliance va être scellée avec un acteur français pour faciliter son implantation en France, mais Travelocity n'utilisera pas directement son nom. L'accord ressemblerait un peu à celui signé entre la SNCF et Expedia (Lire l'article du JDNet du 05/09/01). Ceci étant dit, je pense que Travelocity.com a perdu l'opportunité de se développer en solo en France.
Il auraît dû débarquer il y a quatre ans.

Qu'aimez-vous sur Internet ?
Quand ça répond vite et bien. Ca marche bien pour la Fnac et Darty. Je n'ai pas encore tenté les cybermarchés.


Que détestez-vous sur Internet ?
Le spamming. J'ai horreur que l'on me fasse ch...

 
Propos recueillis par Philippe Guerrier

PARCOURS
 
Pour découvrir le parcours de Michel Bré, il est possible de consulter sa fiche Carnet JDNet.

   
 
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