Depuis
le début de l'année, le cours de bourse
de LDLC affiche la plus forte progression des valeurs
high tech en France avec +271 %. Comment expliquez-vous
cette croissance ?
Laurent de la Clergerie.
Pendant longtemps
l'image qu'avaient les investisseurs des entreprises
d'e-commerce était entachée d'un manque
de confiance dû en grande partie à des
affaires comme celles de Père Noël. Je pense
que l'on peut dire qu'à cette époque,
la valeur LDLC.com a été sacrifiée.
Les investisseurs ne s'intéressaient pas à
l'entreprise, à sa solidité, malgré
un résultat 2001 bénéficiaire.
Il est vrai que sur cet exercice, nous n'étions
rentables que sur les six derniers mois, grâce
notamment à un crédit d'impôt. Nous
devions confirmer nos bons résultats. Ce qui
a été le cas durant toute l'année
2002. Mais les communiqués confirmant notre croissance
sur la première moitié de l'année
n'ont pas réussi à inverser la chute de
notre cours de bourse. Le renversement de tendance a
eu lieu en octobre dernier en même temps que la
publication de nos résultats sur le troisième
trimestre. Depuis, le cours de l'action ne cesse de
croître, soutenu coup sur coup par la publication
en juin 2003 de nos résultats pour l'année
2002 et celle en juillet, de nos résultats sur
le premier trimestre 2003. Aujourd'hui, la confiance
semble restaurée. Pour preuve, nos 750 actionnaires
ont cessé de vendre nos titres.
Justement,
côté résultats, en juillet 2003
vous annonciez un chiffre d'affaires de 11,67 millions
d'euros sur le premier trimestre, soit 143 % de croissance
en un an. Comment expliquez-vous cette forte progression
sur un secteur pourtant très concurrentiel ?
D'abord, nous avons vraiment été
aidés par le contrat que nous avons noué
en octobre dernier avec la Caisse d'Epargne Rhône-Alpes
Lyon permettant à ses 2 000 employés d'acquérir
à titre personnel un micro-ordinateur sur LDLC.com.
Sur le premier trimestre 2003, celui-ci nous a permis
d'engranger un million d'euros de chiffre d'affaires.
Ensuite, nous nous efforçons encore et toujours
de soigner notre service. Car nous pensons que c'est
un facteur essentiel dans l'acquisition de nouveaux
clients et dans leur fidélisation. Et puis les
internautes ne veulent pas que du prix. Chez nous, un
internaute commande en moyenne quatre fois par an et
50 % de nos clients sont fidèles. Quant au panier
moyen, il a repassé la barre des 250 euros grâce
à la croissance des ventes d'ordinateurs portables
et aux appareils photos numériques.
Vous
êtes rentable depuis deux ans. Quelle est votre
recette ?
Elle se décompose en trois points.
D'abord, un budget communication très allégé.
Actuellement, nous dépensons environs 30 500
euros par mois sur ce poste, soit moins de 1 % de notre
chiffre d'affaires mensuel. Ensuite, nous gérons
nous même notre logistique ce qui nous permet
de réaliser entre 20 à 30 % d'économie
par rapport à un service externalisé.
Enfin, nous ne cassons pas les prix plus qu'il ne faut
et surtout, nous facturons les frais de port ce qui
nous permet de faire des gains sur chaque vente. Dans
le secteur de l'informatique où les marges sont
calculées souvent au plus juste, nous estimons
qu'il est suicidaire d'offrir le port, surtout lorsque
comme nous, vous envoyez 30 000 colis par mois. D'ailleurs,
actuellement, loin d'être un frein, la facturation
des frais de port est plutôt un atout. Ils représentent
la moitié de notre bénéfice.
Le
secteur de l'informatique se concentre petit à
petit. Pensez-vous à des opérations de
croissance externe ?
Non, pas vraiment, ou alors avec de petites
sociétés. En fait, nous estimons qu'il
n'y a pas sur le marché d'opportunités
réellement intéressantes. Ensuite, avec
140 % de croissance sur une année glissante,
notre priorité n'est pas à la croissance
externe, mais plutôt au maintien d'un service
de qualité. Dans ce domaine, nous vivons toujours
par anticipation. Les locaux que nous occupons depuis
six mois, sont déjà trop étroits.
Heureusement, dès le début du mois d'octobre,
nous disposerons d'un nouvel entrepôt. Il serait
difficile dans ces conditions, de gérer correctement
une croissance externe.
Côté
produits quels sont les moteurs de croissance aujourd'hui
?
Les produits dont la croissance est la
plus rapide actuellement sont les lecteurs MP3, les
lecteurs DVD Divx, les graveurs DVD et les appareils
photos numériques. Cette dernière catégorie,
très récente chez nous car elle a moins
d'un an, progresse d'ailleurs particulièrement
vite. De cinq appareils vendus par mois, nous sommes
passés à 1 000 en un an.
Est-ce
que cela signifie que vous allez vous éloigner
progressivement de votre positionnement informatique
?
Absolument pas. Nous voulons rester des
spécialistes de l'informatique et non pas des
généralistes comme Rue du Commerce ou
TopAchat. Si nous proposons des lecteurs DVD Divx, c'est
parce que ce produit est lié à l'informatique.
Les dernières rubriques que nous avons ouvertes,
"le Tuning PC" et un espace Apple, participent
d'ailleurs à cette logique d'élargissement
de notre assortiment dans le domaine de l'informatique.
Et si demain nous voulons référencer d'autres
produits, comme des télévisions, nous
le ferons sur un autre site et avec un autre nom.
Quelle
est la part du BtoB chez LDLC actuellement ?
Il représente toujours environ
20 % de notre chiffre d'affaires. Mais ce segment progresse
beaucoup moins vite que le BtoC. Du moins en ce qui
concerne les révenus générés
par nos clients professionnels qui n'utilisent pas le
Web pour nous passer commande.
Quelle
est la politique de LDLC en matière de développement
de services ?
Il s'agit essentiellement de services
aux particuliers. Dans ce cadre notre politique consiste
à offrir un maximum de disponibilité produit
grâce à un mois de stock et à répondre
très vite au client. Dans ce domaine, nous privilégions
l'e-mailing par rapport au téléphone pour
des raisons de coûts et de temps de traitement
d'une réclamation. D'ailleurs, pour dissuader
les internautes de nous appeler, nous avons rendu notre
hotline payante.
Comment
gérez-vous vos relations clientèles ?
En interne ou les avez-vous externalisées ?
Comme la logistique, nous traitons tout
en interne. Dix personnes sont affectées au traitement
de l'après-vente, et dix autres, au traitement
de l'avant-vente jusqu'à la réception
du colis.
Quel
est le trafic LDLC.com et quels sont vos principaux
outils de visibilité ?
Lundi dernier, nous avons battu notre
record historique, avec 6 000 visiteurs uniques. Et
le mois dernier, notre trafic s'élevait à
1,080 million de visiteurs cumulés selon Xiti.
Etant donné nos faibles investissements en communication,
le trafic du site provient pour l'essentiel du bouche
à oreille. L'affiliation et les comparateurs
de prix font le reste.
Quelles
sont vos prévisions de chiffres d'affaires en
2003 ?
55 millions d'euros.
Qu'est-ce
que vous aimez le plus dans Internet ?
De pouvoir tout faire. Y compris de rencontrer
des gens sur la Toile et dans la vie réelle.
Qu'est-ce
que vous détestez le plus dans Internet ?
Le spam.
Vous
achetez souvent sur Internet ?
Oui, J'achète des livres, des
places de spectacles, des voyages, des logiciels...
J'y ai acheté notamment mon dernier logiciel
contre le spam.
Quels
sont vos sites préférés ?
Google pour les recherches, TF1 pour
l'actualité et Boursorama.
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