INTERVIEW 
 
Julien Codorniou
Business development manager Division Plateforme et Ecosysteme, Emerging Business Team
Microsoft France
Julien Codorniou
"Nous aidons à grandir les pépites françaises du secteur des logiciels"
Microsoft, via son programme «IDEES», soutient depuis 2005 le développement de start-up françaises dans le domaine du logiciel, appliqué notamment au Web et à la mobilité. Julien Codorniou, responsable des relations et des partenariats avec les éditeurs et les capitaux-risqueurs, vient de démarrer la sélection de la deuxième promotion de start-up. Il détaille le contenu et les objectifs de ce programme.
(31/07/2006)
 

JDN. En quoi consiste le programmes IDEES ?

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La liste des start-up de la 1ère promotion
Julien Codorniou. Le programme IDEES, pour "Initiative pour le développement économique des éditeurs de logiciels et des start-up", est destiné à soutenir le développement de start-up françaises dans le secteur du logiciel, qui ont déjà fait le choix d'utiliser des plates-formes Microsoft, en partie ou exclusivement. L'objectif, c'est de faire grandir des partenaires existants, mais pas n'importe lesquels : le top des start-up. 25 entreprises sont sélectionnées pour participer au programme chaque année.

Comment se concrétise cet accompagnement ?
Nous investissons du temps, nous fournissons un support technologique en mettant à disposition des start-up le Microsoft Technology Center, à Paris, au sein duquel elles reçoivent des conseils, elles peuvent tester leurs applications, effectuer des revues d'architecture… Les sociétés repartent avec des recommandations et la caution de Microsoft, qui a énormément de poids vis-à-vis des clients. Nous apportons également un support commercial et marketing, qui prend la forme d'actions de co-marketing, par exemple en les associant à des événements auxquels participe Microsoft, ou même de coopération commerciale. En effet, il nous arrive d'aller voir les directeurs informatiques avec les start-up pour les faire entrer chez des grands comptes. Enfin, quand ce ne sont pas eux qui nous les recommandent, nous présentons les start-up aux capitaux-risqueurs afin d'accélérer leur développement.

Quel est l'objectif, pour Microsoft ?
Faire percer les éditeurs de logiciels qui utilisent notre technologie chez les grands comptes. 95 % du chiffre d'affaires de Microsoft est réalisé avec les partenaires. Alors, pour nous, le but c'est que les partenaires aillent bien. Nous faisons donc grandir des partenaires qui pourront nous apporter du revenu en déployant les solutions Microsoft. C'est une logique de retour sur investissement, pas de mécénat. Rien que grâce à Miyowa, par exemple, nous avons rentabilisé le programme pour deux ans.

Depuis quand ce programme existe-t-il ? Dans quels pays a-t-il été mis en place ?
IDEES a été lancé en octobre 2005. C'est un programme franco-français, mais vu son succès, il devrait être étendu à d'autres pays. La France en avait besoin, car il y a dans ce pays ce qu'on appelle la crise de l'amorçage : les sociétés ont du mal à parvenir jusqu'au cap où le capital-risque investit dans leur développement. Nous voulons les y aider, car nous faisons le pari qu'en France, il y a des pépites dans le filon du logiciel. Nous avons les meilleures écoles d'informatique du monde ! Pour preuve, Microsoft organise chaque année un concours, sorte de jeux olympiques de la programmation logicielle. Dans toutes les catégories, année après année, la France se place parmi les trois premiers.

Miyowa a permis à elle seule de rentabiliser notre programme"
Vous dites que le programme est un succès. Peut-on avoir plus de détails ?
Nous avons de très bonnes surprises sur la première promotion 2005-2006 - le programme suit l'année fiscale de Microsoft, de juillet à juin. Comme je l'ai dit, rien qu'avec Miyowa, nous avons rentabilisé le programme, dont le budget atteint plusieurs millions d'euros. Nous avons reçu 220 candidatures pour la première promotion, et nous en sommes à 350 pour la promotion 2006-2007. Les start-up sont au rendez-vous.

Comment les start-up sont-elles sélectionnées ?
Les huit premières, nous sommes allées les chercher. Puis, à partir du moment où nous avons annoncé le lancement du programme, nous avons reçu des candidatures. Pour identifier les start-up qui ont le plus de potentiel et aussi une ambition internationale, le projet repose sur un partenariat avec une vingtaine de sociétés françaises de capital-risque, qui nous présentent des entreprises. La moitié du recrutement passe ainsi par les fonds de capital-risque. La sélection se fait sur la qualité de l'équipe de développement logiciel, la qualité du management, et l'alignement avec la stratégie de Microsoft. Par exemple, nous recherchons actuellement des sociétés qui développent des applications innovantes dans Office et Vista, qui vont sortir cette année.

Vous êtes partenaires de fonds d'investissements mais n'investissez pas vous-mêmes. Pour quelle raison ?
Il existe effectivement des entreprises qui ont créé des fonds corporate, comme France Télécom avec Innovacom, ou Cisco. Mais nous ne voulons pas d'une relation financière avec les start-up, ce n'est pas dans notre business model. Microsoft a investi en propre, pendant un temps, mais cela n'a pas très bien fonctionné et l'activité s'est arrêtée en 1999. La dernière entreprise dans laquelle le groupe a investi, Groove Networks, a été rachetée par Microsoft en 2005, et son fondateur est devenu CTO de Microsoft.

A quels secteurs d'activité appartiennent les start-up du programme IDEES ?
Pour la 2ème promotion, nous recevons beaucoup de candidatures Web 2.0"
Il y en a beaucoup dans le domaine des softwares as a service (Saas), comme Sidetrade, KDS, et dans la mobilité : Voluntis, Sparus, Miyowa, Aliantiz, Fingermind, Kayentis… La mobilité devrait continuer à figurer dans les secteurs dominants, car il y a un bon taux de pénétration de Windows Mobile en France, et beaucoup de gens venant de France Télécom développent des applications sous Windows Mobile. Chez Microsoft, c'est aussi le secteur qui croît le plus vite. Ensuite, le programme abrite également de nombreuses sociétés dans le domaine du logiciel d'entreprise, comme Excentive, Advestigo, Sinequa… Dans ce domaine, ce sont parfois les start-up qui font rentrer Microsoft chez les clients. Et pour la start-up qui démarche un DSI, avoir Microsoft à côté de soi est un gros atout. Nous sommes aussi présents dans le Web avec Boonty, MusicMe, Kewego et bientôt deux autres sociétés. Et pour la deuxième promotion, nous recevons beaucoup de candidatures de start-up Web 2.0. Enfin, nous accompagnons des sociétés dans des secteurs plus originaux comme la robotique, avec Robosoft, la première spin-off de l'INRIA qui fabrique des robots industriels.

Quelle forme prend le partenariat entre Microsoft et les start-up ?
C'est un contrat, assez simple, qui établit que les entreprises s'engagent à mettre en place un projet technologique avec Microsoft. Comme ces start-up sont en général déjà certifiées, c'est assez léger.

Est-il quand même possible de rentrer dans le programme sans avoir développer sous des produits Microsoft auparavant ?
Oui, mais on ne va pas chercher ce type d'entreprise. Car le programme n'a pas un objectif de conversion.

Microsoft a signé un partenariat avec la ville de Paris et la CCIP pour soutenir des start-up de la région. Quel est le lien avec IDEES ?
La Mairie de Paris possède un incubateur, Paris Développement, qui fournit des services mutualisés aux start-up. Nous avions déjà identifié avec eux des thèmes communs sur lesquels nous pouvions travailler. La dernière start-up que nous avons recrutée était d'ailleurs chez Paris Développement. Nous avons simplement formalisé ces bonnes relations, pour créer les conditions d'une mini Silicon Valley à Paris. Les 70 start-up de Paris Développement peuvent venir au Microsoft Technology Center, nous leur offrons des licences de développement… Pour l'instant, nous sommes le seul partenaire industriel de l'incubateur, mais il pourrait y en avoir d'autres.

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La liste des start-up de la 1ère promotion
Quels sont vos projets pour les prochaines promotions d'IDEES ?
Nous commençons le recrutement de la nouvelle promotion. Nous avons prévu d'augmenter le budget du programme, mais nous ne voulons pas non plus nous disperser. Et puis derrière, il faut pouvoir livrer ! Nous prévoyons par ailleurs d'étendre le partenariat avec Paris Développement à d'autres incubateurs en France. En tout, il y a 25 incubateurs publics en France, et nous voudrions être présents dans les plus grosses régions.
 
 
Propos recueillis par Raphaële KARAYAN, JDN

PARCOURS
 
 
Julien Cordoniou est diplômé de l'ESC Lille et de l'université de San Diego.
Il a commencé sa carrière chez le capital-risqueur suisse ETF Group, avant de rejoindre Ernst & Young Entrepreneurs en tant qu'auditeur financier spécialisé dans les domaines du logiciel et de l'Internet.

Chez Microsoft depuis juillet 2005, il s'occupe des relations et des partenariats avec les capitaux-risqueurs, les start-up et, plus généralement, l'écosystème du logiciel en France.

Et aussi Julien Codorniou est le co-auteur du livre "Ils ont réussi leur startup! La success story de Kelkoo", publié chez Pearson en Novembre 2005.

   
 
 
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