INTERVIEW 
 
Jean-Louis Constanza
Directeur général
Télé2 France
Jean-Louis Constanza
"Nous étudierons avec soin les conditions pour devenir opérateur mobile virtuel"
Le directeur général France de l'opérateur alternatif Télé2 revient sur la polémique liée au prix du SMS, sur les projets MVNO en France et sur le développement des offres de services dégroupés.
(14/06/2004)
 
JDN. Depuis vos premières déclarations dans la presse sur les prix des SMS, la polémique a pris de l'ampleur. Cela vous surprend ?
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 Télé 2
 Chat JDN : Jean-Louis Constanza (06/04/04)
Dossier SMS
Jean-Louis Constanza. Nous cherchons à défendre une vision du marché des SMS que d'autres acteurs partagent avec nous. Il n'est pas étonnant que le sujet crispe Orange et SFR. La polémique sur les prix des SMS a pour objectif de sensibiliser le grand public. Ce n'est qu'un prétexte pour dénoncer plus globalement le monopole des opérateurs mobiles en France, ce qui est plus grave. La concurrence ne fonctionne pas. Je suis ravi de constater que les pouvoirs publics apprécient notre point de vue : en juin, le Conseil d'analyse économique, rattaché aux services du Premier ministre, a émis un rapport sur le thème "productivité et croissance" en France. Il a notamment conclu qu'il existait encore trop d'oligopoles qui nuisent au développement économique.

Donc, vous maintenez votre affirmation : "Les profits tirés du SMS représentent les prix facturés" ?
A la suite de cette interview publiée dans Le Monde, j'ai été assigné en justice par Orange pour propos dénigrants. Mais je maintiens que la fabrication d'un SMS coûte moins d'un centime d'euro et ce sera facile de le démontrer de manière technique et financière. Le SMS représente un coût marginal dans les télécommunications. Il utilise une partie négligeable des réseaux des opérateurs qui sont désormais amortis.

Dans son dernier numéro, l'Expansion a publié la structure d'un coût d'un SMS à l'unité vu par Orange, comparée à la vision d 'UFC-Que Choisir. Résultat : Orange indique percevoir 20 % de marge sur chaque SMS tandis que l'association de consommateurs avance un taux de 80 %...
Je n'ai pas lu cet article mais la position d'Orange ne me semble pas sérieuse. Encore une fois, le débat ne porte pas uniquement sur le prix des SMS mais sur les prix des communication en téléphonie mobile.

Poursuivons la revue de presse. Dans le Figaro, Gilles Pélisson, PDG de Bouygues Télécom, s'étonne que Télé2 donne des leçons en France alors que vous facturez un SMS 19 centimes d'euros en Autriche, 15 aux Pays-Bas, 13 en Suisse et 14 en Suède...
Ce sont des prix fixés à partir de tarifs de gros que nous obtenons dans le cadre d'une exploitation type opérateur mobile virtuel à réseaux virtuels (MVNO). Si l'on fabriquait nous-même les SMS, ce serait moins cher. Bouygues Télécom aurait pu se rendre compte de la réalité du marché en Suède s'il avait accepté notre proposition de devenir MVNO en Suède en collaboration avec le groupe Télé2. Cette invitation n'est pas si ancienne...

Les premiers opérateurs mobiles virtuels sont attendus d'ici la fin de l'année en France. Télé2 sera-t-il dans la première vague ?
Il faut voir dans quelles conditions on peut exercer une activité de MVNO. Si un fournisseur de services manque de liberté tarifaire compte tenu d'accords de tarifs de gros très élevés ou de flexibilité marketing car confiné à des segments, nous refusons ce type d'accord.

Quelles sont les conditions que vous exigez au préalable ?
La liberté marketing dans un premier temps. Nous refusons d'entrer dans une logique de concurrence complémentaire mais de concurrence tout court. Ce qui n'empêche pas d'être loyal dans la compétition. Nous demandons que les tarifs de gros tendent vers les coûts des réseaux. Nous voulons également avoir la possibilité d'investir dans une partie du réseau comme les commutateurs ou les systèmes d'information. La partie radio reste à la charge de l'opérateur hôte. Enfin, en termes de revenus, nous souhaitons bénéficier des revenus du trafic puisque c'est nous qui le générons.

Selon vous, quel montant d'investissement est-il nécessaire pour devenir MVNO ?
Quelques dizaines de millions pour la partie réseau, et quelques centaines de millions pour la partie commerciale.

Dans le réseau de MVNO du groupe Télé2 en Europe, une branche locale a-t-elle atteint la rentabilité ?
Au Danemark, notre activité MVNO, ouverte il y a trois ans, doit être rentable en marge brute et opérationnelle. Il faut au minimum trois à cinq ans avant de dégager des bénéfices nets.

Des concurrents comme Cegetel ou Neuf Télécom affinent leurs offres couplant services télécoms et l'Internet haut débit. Jusqu'où comptez -vous pousser cette logique de votre côté ?
Nous allons prochainement en sortir une nouvelle offre dans ce sens. En l'état actuel, la facture 1.024 Kbit/s avec la téléphonie fixe est de l'ordre de 25 euros chez Télé2. Il reste encore l'abonnement France Télécom mais cela prend du temps pour s'en affranchir car nous voulons avoir notre propre réseau. Nous voulons nous appuyer sur le dégroupage total et développer des passerelles entre le mobile, la téléphonie fixe et l'Internet. L'objectif est d'offrir une continuité de services à nos clients.

Actuellement, en France, huit acteurs alternatifs se partagent 50 % du marché de l'ADSL. Comment peut-on gagner des parts de marché face à France Télécom ?
On ne calcule pas le nombre d'acteurs ADSL qui vont survivre. Cela dépend du pouvoir des marques multiplié par la capacité d'investissement. Nous nous concentrons sur nos objectifs de parts de marché à atteindre c'est-à-dire entre 15 et 20 % du marché, comme dans la téléphonie fixe. Nous espérons parvenir à ce but dans les deux-trois ans.

Vous collaborez avec Neuf Télécom sur le dégroupage. Cela avance bien ?
Rapidement non. Correctement oui. Nous n'avons pas de problème avec Neuf Télécom.

Combien de SMS envoyez-vous par mois ?
Environ 200 SMS professionnels et une trentaine dans un cadre personnel. Nous communiquons beaucoup d'informations via SMS avec mes collègues français et les dirigeants européens de Télé2, y compris le Président.

Utilisez-vous des services mobiles multimédias spécifiques ?
Aucun pour un usage professionnel. Au niveau personnel, j'utilise beaucoup les informations sur le trafic routier et la déclinaison mobile des Pages Jaunes. Ne comptez pas sur moi pour faire de la publicité pour un opérateur spécifique.

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 Télé 2
 Chat JDN : Jean-Louis Constanza (06/04/04)
Dossier SMS
Quelle question auriez-vous aimé poser par SMS à Jean-Pierre Raffarin lors de sa session de chat ?
Pourquoi un SMS coûterait-il plus cher qu'un e-mail ?
 
 
Propos recueillis par Philippe GUERRIER, JDN

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