Interviews

Bruno Crémel
Président du directoire
PPR Interactive


PPR Interactive a vu le jour il y a moins de dix jours (voir article du Journal du Net). Si la structure ne réalise au travers de ses enseignes qu'un millième environ du chiffre d'affaires du groupe PPR (100 millions contre 100 milliards), ses potentialités sont riches. D'abord par les marques qu'elle porte: Fnac, Printemps, La Redoute, Conforama, etc. Ensuite par la puissance que lui confère son appartenance à PPR. Enfin par les investissements qu'elle va réaliser, en acquisitions ou en tant que capital-risqueur. PPR Interactive a déjà lancé Mageos, un FAI gratuit et un portail généraliste. Son nouveau président évoque les enjeux et la stratégie de PPR Interactive.

Propos recueillis par Rémi Carlioz le 26 octobre 1999 .

JDNet : Quand est née l'idée de PPR Interactive?
Bruno Crémel : Nous avions monté au sein de PPR un "club e-commerce", une structure informelle de concertation. Puis, en tant que directeur de la stratégie et du plan, j'ai eu à gérer les premiers dossiers dans ce secteur, notamment l'acquisition de Mobile Planet, l'un des leaders américains de produits nomades. Je m'occupais aussi des dossiers de capital-risque. Mais la maturité au sein du groupe n'était pas encore totalement aboutie. Puis, en juillet dernier, nous avons eu un séminaire stratégique avec des intervenants extérieurs. Tout ce processus a contribué à une cristallisation générale des enjeux. Serge Weinberg (président du directoire de PPR, NDLR) a dès lors proposé de créer une structure ad hoc, et m'a proposé d'en prendre la direction.

Votre premier acte a été la mise en place de Mageos, votre FAI gratuit. Pourquoi ?
Il était important que nous puissions le sortir vite. Nous voulions par là immédiatement affirmer l'esprit qui nous habite: démythifier et faciliter l'Internet, à destination du plus grand nombre.

Pourquoi un FAI gratuit de plus, quelle est votre plus-value?
Nous ne sommes pas je crois dans le même état d'esprit que les autres. Notre produit est un produit de mass market, très grand public. Nous souhaitons promouvoir le langage le plus simple possible et la facilité d'utilisation. Nous ne voulons pas d'une densité étouffante, mais des services pratiques plutôt que des contenus sans valeur. Des services comme commander son billet de spectacle, trouver un magasin près de chez soi, etc. Le site est en gestation, mais l'on voit que ce n'est pas une encyclopédie, plus une ouverture sur le monde. L'objectif est celui-là: diminuer le caractère "anxiogène" -relatif mais réel- lié à Internet.

Mais comment voulez-vous que les gens s'y retrouvent au sein de cette offre pléthorique?
D'abord, je pense que le marché va s'éclaircir. Tous les FAI d'aujourd'hui n'ont à mes yeux pas une pérennité complète. Nous, nous souhaitons fournir l'offre la plus simple, la plus lisible possible. Je pense qu'elle l'est. Je ne suis pas sûr que l'on puisse s'y retrouver avec des offres multiples telles qu'elles sont proposées par certains fournisseurs d'accès. Comment s'y retrouver parmi autant de formules et de forfaits ?

Comment allez-vous promouvoir Mageos ?
Nous avons des enseignes de grande qualité et des marques fortes. Il faut se rendre compte qu'en France, à travers nos enseignes, nous vendons un PC sur quatre. Nous allons nous appuyer sur ce réseau très large, sur près de 500 points de vente. Le but n'est pas de distribuer à tout va des kits de connexion mais bien de le proposer via des vendeurs qui ont la connaissance du produit, qui sont à la fois prescripteurs et qui apportent des conseils. Les vendeurs de nos enseignes ont déjà fait la preuve de leur expertise dans d'autres secteurs. C'est là notre clé marketing: notre présence en magasin, être ancrés dans le réel, chez les gens. Nous procédons à une distribution "qualifiée", qui vise à inspirer confiance, pas à diffuser des kits par millions, ce qui en outre dévaloriserait notre offre.

Quels contenus allez-vous développer sur le site Mageos?
Aujourd'hui, c'est TF1 qui, en amont, nous fournit une partie du contenu. Celui-ci est appelé à s'enrichir et à se développer. Peut-être développerons nous nous-mêmes du contenu éditorial, mais tel n'est pas notre vocation première. Nous sommes plutôt agrégateurs et sélectionneurs de contenus.
Plus généralement, nous voulons, hors core business des enseignes, proposer de nouvelles médiations, et leur assurer une meilleure visibilité comme un trafic accru.

Et que devient l'offre Fnac.net ?
Les abonnés à Fnac.net vont conserver leurs mots de passe et leurs logins. Il y aura entre Fnac.net et Mageos des passerelles et une totale transparence. Mais, à terme, Fnac.net à vocation à disparaître en tant que fournisseur d'accès, ou plutôt à basculer sur Mageos.

Le nouveau site Fnac va voir le jour le 4 novembre. Quel visage aura-t-il?
Je n'ai pas la tutelle des enseignes, et Jean-Christophe Hermann, Paul-Emile Cadilhac et Jean-Marie Boucher, pour ne citer qu'eux (respectivement responsables de l'activité Internet à la Fnac, au Printemps et à La Redoute, NDLR) ont une totale autonomie. Donc, concernant le site de la Fnac, je vous livre mon sentiment personnel. Il reflètera selon moi ce qu'est la Fnac, sur Internet comme dans le monde réel. La Fnac est beaucoup plus qu'une enseigne, c'est un espace de vie et de culture. Le nouveau site devrait refléter cet esprit et proposer des potentialités beaucoup plus riches, en termes de contenus éditoriaux, d'interactivité, d'espaces marchands.

Comment fonctionnent les synergies au sein de PPR?
Elles sont multiples. Nous avons une approche commune des développements technologiques et des licences, par exemple. Les innovations connaissent une diffusion au sein du groupe. Mais surtout, nous bénéficions de l'expertise logistique de certains, je pense à La Redoute en particulier. Une opération comme Noël Online est assez révélatrice: pour la première fois nous mettons en oeuvre des solutions logistiques et de paiement communes à l'offre de 16 enseignes partenaires. PPR Interactive n'a pas de "tutelle" sur les enseignes du groupe, même si je vois chaque responsable en permanence. Mais il y a évidemment une mutualisation des ressources au niveau du groupe. Et cela va nous permettre de développer des activités ou des sites "carrefour", aux thématiques communes à plusieurs enseignes.

Vous souhaitez aussi développer une activité de capital-risque. Selon quel angle?
Nous n'avons pas vocation a spéculer en prenant des participations, quelques pour-cent d'eBay par exemple. Notre logique reste de participer très tôt à la création de nouveaux métiers, de contribuer à leur développement. Il ne s'agit pas d'une logique financière. C'est vraiment de "l'early stage". Dimension à laquelle nous ajoutons les compétences d'expertise et de veille dans ce secteur.

Avec quels instruments allez-vous intervenir?
Nous utilisons trois outils: soit la croissance interne, soit le capital-risque en restant minoritaires, soit des acquisitions pures et simples. Nous étudierons au cas par cas. Nous allons aussi nous servir du Club de Développement, détenu à 60% par PPR et à 40% par l'Union Européenne de CIC, déjà investisseur dans Hortus Soft et Trade-Match.com.
Le cas de Mobile Planet est typique. Nous avions cette réflexion et nous menions en amont un projet de développement des outils nomades. En instruisant ce dossier, nous avons décidé de racheter Mobile Planet plutôt que de faire en interne. Globalement, je pense que c'est une bonne approche que de commencer par avoir une réflexion sur le développement en interne avant de procéder à d'éventuelles acquisitions.

Qu'est-ce que votre "pépinière"?
Nous allons accueillir des jeunes porteurs de projets -dix par an environ- qui seront payés par PPR Interactive pour monter et développer leurs dossiers. Ils bénéficieront pour ce faire de tous les moyens du groupe PPR. Ensuite, nos "pépins" choisissent de voler de leurs propres ailes, ou de le monter au sein de PPR Interactive.

Et quel rôle joue Artemis ?
Artemis obéit à une logique plus financière, quant elle intervient dans Beenz par exemple.

Sur quels sites allez-vous à titre personnel ?
Sur les sites qui font me font -depuis six mois en tous cas- gagner du temps. A savoir Eat Online très souvent. Et la billetterie, Fnac bien sûr, ou AlloCiné. Très peu de sites d'info, car j'en ai déjà trop off line.

Qu'est-ce que vous aimez sur le Net ?
L'exhaustivité et le gain de temps.

Que n'aimez-vous pas ?
Le spam.


Bruno Crémel, 34 ans, était depuis septembre 1998 directeur de la stratégie et du plan de Pinault-Printemps-Redoute. Diplômé de Scinces-Po, de l'Ecole Centrale et ancien élève de l'ENA, il a rejoint l'inspection des finances à sa sortie de l'école. Il a ensuite été chargé de mission à l'Inspection générale des Finances, adjoint au chef du bureau E3 à la direction du Trésor, chargé de mission au service des participations et des financements à la direction du Trésor.

PPR Interactive en chiffres

Date de création
octobre 1999
Filiale à 100% de PPR
Effectifs
40 fin 1999
Sites marchands développés par les enseignes du groupe
Une trentaine dont Fnac, La Redoute, Printemps, Conforama, Eveil & Jeux, Guilbert, etc.
CA Prévisionnel

 

> 100 millions de francs en 1999 sur ses sites marchands








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