La régie publicitaire Axidium
Espace, dirigée conjointement par Christophe Castets
et Sébastien Crozier, cherche à perfectionner l'utilisation
d'Internet comme nouveau support publicitaire. Mettant en avant
auprès de ses annonceurs la notion de visiteurs uniques,
Axidium Espace privilégie la prise en régie des
sites de services. La régie a participé à
la Fête de l'Internet en offrant plusieurs centaines de
milliers de PAP aux associations caritatives. En décembre
dernier, la jeune régie publicitaire a lancé l'opération
e-noël en proposant à 50 annonceurs de tester son
réseau.
Propos recueillis par Benoît Grange le 26
avril 1999 .
JDNet.
Pouvez-vous nous présenter Axidium Espace ?
Sébastien Crozier et Christophe Castets Axidium
Espace est une régie publicitaire qui existe depuis 8 mois
et compte maintenant 9 collaborateurs. Aujourd'hui, nous gérons
plus de 7 millions de pages vues par mois. Notre but est d'assurer
à nos partenaires une réelle qualité d'audience.
Pour l'évaluer, nous mettons en avant la seule notion qui
compte, celle du nombre de visiteurs uniques, identifiés
par un système de cookies et non pas le nombre de pages
vues par mois. Nous cherchons à commercialiser un nombre
de pages vues avec un nombre garantie de visiteurs uniques, ce
qui permet de maîtriser la couverture et de limiter le nombre
d'expositions par visiteurs uniques et donc toute surexposition.
C'est notre régie qui a imposé en France la notion
de visiteurs uniques. A l'heure actuelle, les annonceurs "matures"
ne réfléchissent plus que par cette notion fondamentale,
au grand dam de nos confrères qui, pour des questions techniques,
ne peuvent pas mettre en avant le nombre de visiteurs uniques.
Quels
types de ciblages conseillez-vous?
La majorité des annonceurs français ont des problématiques
uniquement nationales, en terme de distribution, de contraintes
réglementaires ou logistiques. Il faut donc faire en premier
lieu un bon ciblage sur la zone France, pour obtenir un maximum
de connexion depuis la France et non depuis l'étranger.
En second lieu, nous procédons à un ciblage de type
technique car il est possible d'identifier les fournisseurs d'accès
et donc le type d'internaute, l'heure de connexion, la provenance
géographique. C'est en travaillant sur ces données
que l'on peut garantir à nos annonceurs une bonne qualité
de leurs campagnes. De plus, les sites d'Axidium et nos annonceurs
utilisent des études de type Sofres, Motivaction pour affiner
les ciblages. Il faut également utiliser des données
de contexte. Les sites de notre portefeuille permettent de faire
de la publicité localisée sur une ville, un itinéraire,
ou par mots-clés, comme sur Alapage. De manière
générale, nous sommes les seuls à faire du
ciblage localisé en proposant des pages cobrandées
sur des sites à fort trafic.
Quel outil de mesure utilisez-vous
?
DART, qui est le moins mauvais de logiciel de diffusion. Son avantage
est de permettre de compter les visiteurs uniques. En outre, il
est bien adapté aux moteurs et gère bien les mots-clés.
Par contre, c'est un outil qui nécessite un ingénieur
système en permanence. Open ad Stream, Net Gravity ou DART
ont été conçus pour le marché américain
et ne sont donc pas adaptés au marché français.
Hormis DART, les autres outils ne savent pas compter les visiteurs
uniques par période donnée et ne savent pas gérer
les clics.
Quels
sont les sites que vous avez en régie?
Nous nous spécialisons sur des sites de services. Nous
avons actuellement 6 sites en régie, Météo
France, Alapage,
Ecila, Emailjob,
Actual Info
et iTi. Trois
partenaires sont à peu près au même niveau
d'audience, Ecila, Météo France et iTi et enregistrent
entre 1, 5 et 2 millions de pages vues par mois. En termes de
visiteurs uniques, Météo France a une nette longueur
d'avance sur les autres et atteint plus de 230 000 visiteurs uniques
par mois. Par contre, en terme de potentiel, c'est Ecila qui va
grimper rapidement du fait de son rachat par le groupe Téléstore
et du nouveau plan de relance.
Quelles
stratégies utilisent les annonceurs?
Il y a un problème de vérité qui se pose
sur le marché. Trop longtemps les régies publicitaires
n'ont pas dit la vérité aux annonceurs en privilégiant
l'aspect quantitatif. On a pris le parti de dire la vérité
à nos annonceurs en leur expliquant qu'il faut prendre
le temps de réfléchir en amont au type de campagne,
qu'il faut mettre des outils spécifiques en place. Il faut
arrêter de penser en millions de pages vues, c'est ridicule,
sinon on arrive à des surexpositions massives qui sont
néfastes pour la publicité sur Internet. Nous devons
être très vigilants et privilégier le long
terme et le qualitatif, car les enjeux sont pour demain. Les régies
doivent faire un effort sérieux de pédagogie et
conseiller intelligemment les annonceurs comme nous l'avons fait
pour notre opération e-noël en décembre dernier.
Cette opération nous a permis de sensibiliser 50 annonceurs
à l'utilisation d'Internet.
Que
pensez-vous du marché de la publicité sur Internet
en France?
Cela commence à démarrer. Mais c'est encore faible
comparé à la publicité au cinéma qui
est un média de masse. Internet est encore un média
très jeune en France. Les annonceurs doivent avoir un discours
média performant, cohérent et posséder des
marques fortes. Le marché est en train de grossir et nous
pensons qu'il va se concentrer auprès de ceux qui privilégient
la qualité, le service. C'est un marché plein de
promesses et plein d'illusions, surtout ceux qui pensent pouvoir
rentabiliser leurs sites avec de la publicité en ligne
cette année. Le volume de la publicité sur Internet
est liée à la pénétration d'Internet
en France qui est encore assez faible dans les foyers français.
Aux Etats-Unis, le taux de clic chute car ils n'utilisent pas
le ciblage. En procédant à un ciblage adéquat,
il est possible de maintenir des bons taux de clic. Ensuite, c'est
le taux de transformation qui importe vraiment, c'est-à-dire
le nombre d'internautes qui vont aller naviguer réellement
sur le site de l'annonceur depuis la bannière. Nous devons
être capables de réagir à des changements
de programmation de ciblages. C'est le rôle de notre traffic
manager.
Votre
opinion sur les régies en France?
Il y a deux sortes de régies en France, celles qui travaillent
en interne et les indépendantes. Les régies internes
sont attachées à des supports et sont, à
notre avis, incapables d'offrir une couverture ou une pénétration
aux annonceurs. Elles ne défendent les intérêts
que d'un support. L'annonceur est donc obligé d'acheter
à beaucoup d'endroits différents sans être
capable de dédoublonner ses visiteurs uniques. C'est pourquoi,
les régies externes tirent leur épingles du jeu.
Est-ce que les régies internes ont encore un sens quand
les problématiques de ciblage sont extrêmement fines,
quand les annonceurs font des campagnes multi-sites et sont à
la recherche d'une audience très spécifique ? Il
y a un problème de volume, le ciblage nécessite
de diminuer les volumes, c'est certain. L'avenir passe probablement
par les régies indépendantes.
On
se dirige vers une spécialisation des régies ?
Il est trop tôt pour le dire. Les internautes représentent
déjà un segment de la population typée et
il est encore prématuré pour faire des campagnes
hyper-spécialisées. Il faut des volumes plus importants
pour faire du bon ciblage.
Quelles
formes de publicité privilégiez-vous ?
Les
bandeaux publicitaires, c'est bien mais on peut réaliser
des formules de publicité plus originales, de type sponsoring
ou partenariat. La météo événementielle
est un bon exemple. On peut annoncer en fonction du temps qu'il
fait. S'il pleut au mois d'août, on ne fera pas apparaître
de la publicité pour de la crème solaire. L'annonceur
peut apparaître dans un contexte de sponsoring ou d'animation.
On peut facilement acheter des personnages animés de BD.
Le "rich média" marche très bien. Quant
un annonceur a une problématique d'image, le sponsoring
est plus percutant, mais c'est techniquement plus lourd. Avec
le sponsoring, il y a une interaction plus étroite entre
l'annonceur et la régie. Nous ne sommes pas que des vendeurs
de bannières.
Une
bonne publicité sur Internet, c'est quoi?
Un taux de transformation élevé, une mémorisation
de la publicité et une campagne pas chère...
Quels
sont vos sites préférés ?
A part Actual
Info et Météo
France (rires), nous allons régulièrement sur
le site de Libération
et sur celui de l'Humanité,
notamment pour ses archives en ligne. Nous aimons bien les sites
de jeux vidéos en ligne, comme Overgame.
Achetez-vous
des articles en ligne?
Oui, mais exclusivement des produits immatériels, comme
des logiciels de vidéos, des développeurs de flash.
Qu'aimez-vous
sur le Net?
Communiquer à toute heure, l'idée de voyager dans
le village planétaire rapidement. Internet permet de franchir
les barrières sociales. On rompt avec les notions traditionnelles
de lieu et de temps.
Que
détestez-vous sur le Net?
La surveillance des internautes à leur insu...
Sébastien
Crozier, 31 ans, est Ingénieur informatique Ancien Directeur Général
d'ICI Télématique pendant 4 ans et ancien Directeur Commercial
de VTCom - filiale de France Télécom (lancement Wanadoo), a travaillé
à JKLM Multimédia Consultant avant de diriger Axidium
Christophe
Castets, 33 ans, est titulaire d'une maitrise en commerce international.
Il a travaillé à CEMI SA sur un logiciel d'analyse
d'audience télé (check in, check out, check up) pendant 5 ans,
puis chez ROL avant de diriger Axidium
Axidium Espace en chiffres