INTERVIEW 
 
Laurent Curutchet
Directeur général
eBookers France
Laurent Curutchet
"Nous allons fortement développer notre offre hôtelière"
Depuis décembre, eBookers fait partie du groupe Cendant, déjà propriétaire de Galileo, d'Avis ou d'HotelClub. Grâce à ce rapprochement, l'agence de voyages espère monter en gamme sur son offre produits, notamment dans l'hôtellerie.
(15/02/2005)
 
JDN. En décembre dernier Cendant a fait l'acquisition du groupe eBookers. Quelles vont être les retombées de ce rachat ?
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 eBookers
Laurent Curutchet. Je pense qu'elles seront nombreuses. La première d'entre elles est d'ordre financier. Aujourd'hui, le groupe Cendant c'est 100.000 personnes et un chiffre d'affaires de 23 milliards de dollars dans le monde. Pour eBookers, ce rachat représente donc un véritable changement de taille, d'ambitions et de moyens. La deuxième opportunité est celle du contenu proposé. Cendant a investi dans un certain nombre de métiers, comme la location de voitures, l'échange de vacances en temps partagée ou encore l'hôtellerie. Actuellement, avec 6.000 hôtels dans le monde, le groupe Cendant représente la première franchise dans le secteur. Or, à terme, tous ces produits ont vocation à être distribués par eBookers. Nous sommes pour Cendant un nouveau canal de distribution. Et dans cette perspective, comme tous les sites du groupe, nous seront liés au même GDS, à savoir Galileo.

Y'a-t-il des synergies qui ont déjà été mises en place ?
Pour l'instant, il n'y en a aucune. Il est encore un peu tôt pour qu'il en soit autrement. La vente sera finalisée fin février. En revanche, beaucoup de chantiers sont déjà lancés. Nous travaillons par exemple avec Galileo pour changer de technologie de réservation. Mais nous prenons notre temps, car cette bascule technologique n'est pas facile à mettre en œuvre et il est impératif que les performances soient au rendez-vous. Ce premier chantier devrait aboutir avant l'été. Le second grand projet sur lequel nous travaillons est la connexion d'eBookers à l'offre hôtelière de Cendant. Cela représente pour nous une importante évolution, eBookers s'appuyant en France essentiellement sur deux métiers : l'aérien et la location de voitures grâce au lancement, en septembre dernier, d'un nouveau moteur de réservation en ligne. L'hôtellerie contribue aujourd'hui faiblement à notre chiffre d'affaires.

Quel a été votre chiffre d'affaires en 2004 en France et comment se répartit-il entre vos différentes activités ?
Nous avons réalisé 36 millions d'euros de chiffre d'affaires l'année dernière. 80 % de ces revenus proviennent de la vente de vols secs, 6 à 7 % de la location de véhicules et le reste a été réalisé par la revente de réservations hôtelières et de séjours.

Et pour 2005, comment voyez-vous évoluer vos activités ?
Il est clair que la location de voitures va continuer à se développer. Nous avons lancé ce produit en septembre dernier, et en seulement quatre mois il a généré 6 à 7 % de nos revenus. Je pense que le segment vols secs va également continuer à croître, de même que celui de l'hôtellerie qui devrait se développer très fortement.

Toutes les offres d'hôtellerie ne seront pas en ligne."
Sur quelle technologie allez-vous vous appuyer pour vendre de l'hôtellerie ?
En fait, Cendant dispose désormais de deux technologies de réservation hôtelières en ligne : celle fournie par Hotelclub.com et celle proposée par le groupe Gullivers Travel Associates (GTA) et sa compagnie-sœur OctopusTravel.com, deux entités que le groupe Cendant a racheté en décembre dernier. Nous serons donc connectés à l'un de ces moteurs pour la réservation online. Mais tous les produits ne seront pas accessibles en ligne. Nous proposerons une offre plus large via notre call-center.

Pourquoi ne pas distribuer toutes les offres d'hôtellerie sur Internet ?
Nous partons du principe que ce qui fait la qualité d'un site, c'est sa facilité de navigation. Or l'exhaustivité de l'offre peut nuire à cette clarté. En outre, certains produits sont difficiles à réserver en ligne et certains clients éprouvent de la difficulté à réserver sur Internet. C'est pourquoi nous maintiendrons notre centre d'appels.

Les réservations passées par téléphone représentent-elles une part importante de votre chiffre d'affaires ? Où se situe votre centre d'appels ? En France ?
Les réservations passées par téléphone représentent environ un tiers de notre activité. Notre centre d'appels est effectivement situé en France. En revanche, cette fonction n'est pas internalisée. Chez eBookers, nous avons souvent recours à l'outsourcing. Nous faisons donc appel dans ce domaine à un prestataire extérieur basé à Bordeaux qui met à notre disposition vingt-deux positions.

Nous restons attachés aux vols et à la location de voitures."

Lorsque vous évoquez les axes de diversification d'eBookers France, vous parlez de l'hôtellerie, mais pas des séjours. N'est-ce pas un domaine stratégique pour vous ?
La vente de packages est une activité encore très manuelle, même si de plus en plus de sites proposent la réservation en ligne. En fait, il faut beaucoup de personnes pour gérer les stocks avec les tour-opérateurs et pour recalculer les tarifs. Or, eBookers ne souhaite pas s'appuyer sur des activités qui nécessitent d'importants moyens humains. Nous préférons privilégier des produits qui peuvent véritablement être vendus en ligne et le fait que cette activité soit fortement automatisée. C'est le cas des vols secs auxquels nous restons très attachés, de la location de voitures et de l'hôtellerie.

eBookers France aujourd'hui, c'est combien de salariés ?
30 personnes, sans le call-center. Nous sommes une structure assez légère. Il est vrai que nous avons externalisé quelques fonctions supports. Outre le centre d'appels, la structure de notre back-office est gérée en Inde, à Delhi.

Vous venez du tourisme "traditionnel" et notamment de chez Look Voyages. Comment voyez-vous évoluer l'e-tourisme ?
Le marché, dans le tourisme traditionnel, est aujourd'hui stable. Mais il n'y a pas de forte croissance. Le seul coin de ciel bleu dans ce secteur, c'est Internet. Et je pense que pour les trois ans à venir, il n'y a pas de raison que cela change. Simplement parce que le tourisme en ligne représente encore une faible part de marché. Le potentiel de croissance est donc encore important. En revanche, je ne crois pas qu'Internet crée une nouvelle clientèle. C'est un nouveau mode de consommation pour les clients.

Quel peut-être l'apport du offline au online dans le secteur du tourisme ?
Un apport en terme de connaissance du secteur. Les fondamentaux et les consommateurs sont les mêmes. Seuls les outils mis à disposition sont différents et nécessitent des qualifications et des compétences spécifiques. Pour ma part, je crois beaucoup à la complémentarité du on et du offline. Nous avons d'ailleurs une agence dont le rôle principal est d'assurer le contact avec les clients.

La concurrence dans le secteur Internet devient de plus en plus âpre. Comment allez-vous tirer votre épingle du jeu ?
Il est vrai qu'aujourd'hui le rapport de taille et d'investissement est en notre défaveur. Nous investissons beaucoup moins que Voyages-sncf.com ou que Lastminute.com. Mais, avec le soutien de Cendant en terme de capitaux, de technologie et de contenu, je pense que l'attractivité d'eBookers sera supérieure à l'avenir.

Nous privilégierons l'acquisition de trafic."
En matière de marketing et de communication, que comptez-vous faire ? Pensez-vous lancer, comme au Royaume-Uni, de la publicité sur des chaînes de télévision satellite ?
Non. Sur le court terme, en France, nous n'en avons pas les moyens, même si la notoriété de la marque n'est pas très élevée dans l'Hexagone. Nous concentrerons plutôt nos efforts sur l'acquisition de trafic.

Est-ce que vous achetez vos voyages en ligne ?
Il y a cinq mois, la question ne se posait pas. Aujourd'hui, j'ai effectué mon dernier achat, un week-end, sur mon site préféré.

Qu'est-ce que vous préférez dans Internet ?
Ce que j'apprécie dans ce média, c'est de faire partie d'une nouvelle aventure. C'est ce qui a contribué à me faire venir chez eBookers. Car je crois que si l'on s'y prend bien, il est possible de développer fortement une activité.

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 eBookers
A l'inverse, que détestez-vous dans Internet ?
Le revers de la médaille, c'est que nous sommes très dépendants de la technologie. Ce qui peut avoir des côtés assez frustrants lorsque les choses ne marchent pas.
 
 
Propos recueillis par Anne-Laure BERANGER, JDN

PARCOURS
 
 
Laurent Curutchet, 39 ans, est titulaire d'un diplôme d'école de commerce.

1990 : Il commence sa carrière professionnelle dans le secteur bancaire en tant qu'expert en matière de financements aéronautiques.

1992 : Il rejoint Europ Assistance, filiale du groupe Generali, où il occupe différentes fonctions, la dernière étant celle de directeur marketing et vente.

2000 : Il intègre Look Voyages en tant que directeur général adjoint commercial et marketing.

Octobre 2004 : Il prend la tête d'eBookers France.

   
 
 
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