INTERVIEW
 
Président
Association Française des Centres de Relation Client
Eric Dadian
"Les entreprises ne peuvent plus se passer d'un centre d'appels"
Face à un contexte économique difficile, une concurrence exarcerbée des produits et des services au cycle de vie court, les entreprises sont de plus en plus nombreuses à s'appuyer sur un service client par téléphone. Objectif de ce dispositif : mieux connaître, fidéliser, accompagner et acquérir de nouveaux clients. Cette dynamique des centres d'appels a commencé en France en 1998 et se poursuit depuis. Eric Dadian, président de l'Association Française des Centres de Relation Client (AFRC) et PDG d'Intra Call Center, revient sur l'évolution de ce secteur et sur ses principaux enjeux.
10 avril 2003
 
          
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JDN. Quelle est la place du téléphone dans la gestion de la relation client en France aujourd'hui ?
Eric Dadian. C'est aujourd'hui le canal de prédilection de la relation client, loin devant le Minitel, l'e-mail, le courrier ou le site Web. Mais cela n'a pas toujours été le cas. Il y a encore quelques années, le téléphone était rarement utilisé dans le cadre de la relation client. On lui préférait une adresse postale, mais surtout le Minitel. Actuellement, cette époque est révolue. Les numéros Vert, Azur ou Indigo se sont généralisés sur quasiment tous les packagings des produits de grande consommation. L'introduction du Web et des outils de communication électronique, n'y a rien changé, même si aujourd'hui, nous disposons d'outils fantastiques, comme le Web call-back.

Depuis quand les centres d'appels se sont-ils développés et quelle est la croissance de ce secteur actuellement ?
La notion de centre d'appels ne date pas d'hier. Le premier d'entre eux, SVP, a été créé en 1935. Mais le réel décollage de cette activité date de 1998. Nous avons alors connu des taux de croissance annuelle de l'ordre de 20 %. Par contre, la croissance en 2003 risque d'être beaucoup moins soutenue. Elle devrait être de l'ordre de 5 % environ. Aujourd'hui, nous recensons 3 000 centres d'appels en France, dont 800 sont rattachés à France Télécom. Cette activité employait en 2002, 0,8 % de la population active, soit 183 000 personnes, dont 38,37 % travaillent encore en Ile-de-France. Enfin, 80 % des centres d'appels, hors France Télécom, sont traités en interne. Seuls 20 % sont externalisés.

Par rapport aux Etats-Unis ou à l'Europe, quelle est la situation de la France sur cette activité ?
Même si nous avons progressé, nous sommes encore en retard. En Grande-Bretagne, par exemple, les centres d'appels emploient 1,2 % de la population active. Aux Etats-Unis, c'est encore davantage. 4 % de la population active travaillent dans un centre d'appels. Côté externalisation, il existe également un certain décalage. Outre-Atlantique, 30 % des centres d'appels sont outsourcés.

Pourquoi cette forte progression en France depuis 1998 ?
Cette croissance a été portée en France par des entreprises en situation de forte concurrence. Mieux comprendre leurs clients, les fidéliser et en acquérir sans cesse de nouveaux étaient pour elles est primordial. D'où l'amélioration de leur service client. Les secteurs les plus actifs dans ce domaine dans les années 1997-1998 ont été les opérateurs de téléphonie mobile, les assurances et les banques à distance. Puis, en 2000, ce sont les FAI qui ont dynamisé le secteur.

D'autres secteurs s'y intéressent-il ?
Tout à fait. Aujourd'hui, les centres d'appels intéressent tous les secteurs d'activité, depuis les industries pharmaceutiques, en passant par les services publics ou les collectivités locales. Ils intéressent également tous les types d'entreprises, aussi bien les très grosses que les PME. Actuellement, les études estiment que 40 % à 50 % des entreprises françaises disposerons d'un service client téléphonique dans les prochaines années.

De fait, ils remplissent de plus en plus de fonctions...
Exactement. Leurs missions tendent à se diversifier. Les centres d'appels peuvent intervenir sur toute la chaîne du service client, depuis l'avant-vente, jusqu'à l'après-vente, en passant par l'assistance, mais aussi, sur la qualification de prospect, la télévente, l'information, la prise de rendez-vous ou encore le recouvrement.

Quelles sont les conséquences de ces évolutions en terme d'organisation ?
Enormes. Les process s'industrialisent. Les technologies ont beaucoup évolué. Le couplage de l'informatique à la téléphonie a permis d'apporter beaucoup plus d'efficacité en évitant les déplacements et en apportant une réponse immédiate. Surtout, il a permis de personnaliser et de mieux suivre la relation client.

Et en terme de formation ?
C'est un secteur qui se professionnalise. L'amélioration de la qualité du service est aujourd'hui au coeur des préoccupations des centres d'appels. Il devient de plus en plus important d'intégrer du personnel dans la durée et que celui-ci soit correctement formé. La formation joue également un rôle crucial pour revaloriser ces métiers. Dans ce domaine, il a fallu tout inventer. La première initiative dans ce sens est venue de la CCI d'Amiens. En collaboration avec Nortel, elle a créé SupMedia Com, une formation dédiée aux métiers de la relation client. Parallèlement, l'AFRC a rédigé un référentiel métier qui a aboutit à la création d'une série de diplômes. Un Bac Pro, "Relation Client", a vu le jour en juin 2001, ainsi qu'un Deust de téléconseiller et une licence professionnelle Téléservice fin 2001. Nous avons également élaboré un code de déontologie sur la protection des données personnelles qui a été validé par la CNIL. Enfin, une norme AFNOR sur la qualité des services offerts aux clients sera disponible au cours de l'année 2003.

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Dans les quelques années à venir, quelles sont les grandes évolutions qui attendent ce secteur ?
La croissance va se poursuivre. Les entreprises comme les administrations ne peuvent plus se passer d'un centre d'appels. Cette activité va devenir un service à part entière, rattaché directement à la direction et non plus, comme autrefois, au département de la téléphonie. C'est un outil qui va devenir de plus en plus commercial, car l'intérêt pour une entreprise est de s'en servir pour faire du business. Les centres d'appels vont également être amenés à utiliser de plus en plus de technologies de contact. Les dernières en date concernent la mobilité comme le SMS, les PDA et bientôt le Wi-Fi et les MMS.

 
Propos recueillis par Anne-Laure Béranger

PARCOURS
 
Eric Dadian a été pendant dix ans directeur des systèmes d'information et directeur du développement du groupe SVP (premier centre d'appels français créé en 1935). Il a bâti de nombreux centres d'appels et opérations de réception-émission d'appels, notamment pour le Crédit Lyonnais (plan de crise pendant l'incendie), la RATP, les ministères (Service INFO-EMPLOI du Ministère du Travail, CIDJ,…), ou pour des émissions de télévision comme les Dossier de l'Ecran ou L'heure de Vérité. Depuis janvier 1998, il a participé au développement du concept "Amiens, ville des centres d'appels" ainsi qu'au lancement d'une université des centres d'appels (SupMedia Com) en collaboration avec Nortel Networks et comme conseiller de Gilles de Robien. Aujourd'hui, il est PDG d'un centre de relation client multi-compétences qu'il a créé, Intra Call Center. Il préside également l'Association Française des Centres de Relation Client (AFRC), une des principales associations d'exploitants de centre d'appels en France avec plus de 150 membres.

   
 
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