INTERVIEW 
 
Pierre-Yves Dargaud
Associé-gérant
Access2Net
Pierre-Yves Dargaud
"Les opérations Google et Kelkoo ne reflètent pas la tendance 2004"
Rejeton de Fi Systems, Access2Net est devenue une société de capital risque qui se positionne sur le marché des logiciels applicatifs d'entreprises. Pierre-Yves Dargaud, associé-gérant, prévoit d'investir 1 million d'euros en 2004. Mais ne pense pas que l'année soit si prometteuse que certains veulent bien le croire.
(28/05/2004)
 
JDN. Comment a évolué Access2Net depuis sa création en 2000 et son entrée en bourse en 2002 ?
  En savoir plus
 Access2Net
 Pierre-Yves Dargaud
Dossier Capital risque IT

Pierre-Yves Dargaud. Nous avons été créés en janvier 2000 par la société Fi System, qui avait décidé de créer un petit fonds d'amorçage sans réelle politique d'investissement, mais pour prendre des participations dans cette nouvelle race d'entreprises Internet qui disposaient à ce moment-là de beaucoup d'argent. Et qui promettaient d'en dégager très vite. Depuis, Access2Net est devenue une véritable société de capital-risque dont la cible reste le secteur des logiciels d'entreprises et des SSII. Nous avons rapidement abandonné tout le domaine Internet, évitant ainsi les effets de mode.

Quels sont vos critères de choix d'un projet aujourd'hui ?

Nous nous intéressons à un seul sujet : les logiciels applicatifs d'entreprises, notre champ d'action est finalement assez réduit. Nous prenons des participations dans des entreprises de zéro à trente-six mois d'âge. Nous n'investissons pas dans une technologie, mais dans des entreprises qui offrent une technologie à leur client. Et si la solution elle-même n'est pas totalement développée, il est important qu'elle intéresse déjà des prospects et des clients. En revanche, nous ne viendrons jamais dans une entreprise où l'équipe n'est pas au complet. Elle doit se composer au minimum d'un gestionnaire, d'un développeur commercial et d'un technicien. Ce qui nous intéresse dans ces dirigeants ce n'est pas tant le fait d'avoir réussi à développer un nouveau logiciel, mais plutôt d'avoir identifié un problème client sur un segment de marché. Et d'être capable de proposer le logiciel qui résolve cette problématique.

Côté finances, nous sommes très attentifs à ce que le besoin de financement de la société soit relativement limité et qu'il soit extrêmement bien géré. Bref, les entrepreneurs que nous choisissons doivent être tout à la fois ambitieux, pingres et capables de développer une boîte.

De votre coté, qu'apportez-vous à ces entrepreneurs et qu'attendez-vous de votre relation avec eux ?
Nous leur apportons une aide pour cadrer leur croissance, des conseils et un réseau. Mais cela ne va pas tellement au-delà. Par ailleurs, il est important qu'ils soient prêts à accepter une implication de notre part, à jouer le jeu de travailler main dans la main et de ne pas s'arrêter à une relation purement basée sur le pacte d'actionnaires.

Consultez-vous vos confrères avant d'investir dans une société ?
J'essaie de ne pas m'intéresser à ce que font les autres. La finance est un métier extrêmement moutonnier et les capital-risqueurs ont souvent la mauvaise habitude de s'interroger mutuellement pour savoir lequel va choisir d'investir le premier. Et une fois que l'un a plongé, tout le monde suit. C'est pour cela que nous avons des phénomènes de mode, des bulles économiques. Les effets de mode, les technologies innovantes garanties par l'Anvar et d'autres labels sont devenus de véritables arguments de choix, et cela est dommage.

Signe de prudence : les entreprises préfèrent investir dans un logiciel de gestion financière considéré comme prioritaire face à un logiciel de CRM"

Quelle est votre démarche d'investissement ?
Nous investissons des tickets de l'ordre de 200 000 à 400 000 euros, en une ou deux fois. Il peut s'agir d'amorçage, de premiers tours ou d'opérations secondaires (rachat de positions minoritaires dans des sociétés déjà matures, investissement à plus court terme que dans le capital-risque) par l'intermédiaire du fonds ADC racheté en décembre 2001. Nous avons fait trois investissements en 2003, soit 600 000 euros, contre 300 000 en 2002. Il s'agissait de Temposoft, Altik et Sidetrade, ce dernier étant un réinvestissement. Il nous reste aujourd'hui 2,5 millions d'euros à investir, dont un million que nous prévoyons d'investir en 2004 dans sept opérations.

Quels sont les domaines auxquels vous vous intéressez particulièrement ? Nous aimons la finance, car c'est un domaine qui a besoin de technologies et qui se porte bien. Les entreprises ont besoin d'acheter des logiciels pour améliorer leur gestion financière, et cela reste une priorité pour elles devant l'achat d'outils de gestion de la relation client par exemple. Car aujourd'hui les grandes entreprises n'ont pas encore ouvert le robinet des investissements, elles sont extrêmement prudentes, sélectionnent leurs investissements, et cherchent à obtenir un ROI à court terme.

Vous dites que les entreprises ne sont pas encore prêtes à investir tous azimuts. Comment voyez-vous le marché de l'année 2004 ?
Le marché s'est amélioré, c'est certain. Pour preuve : en 2003, notre chiffre d'affaires a progressé de 15 % par rapport à 2002, et nous prévoyons une croissance de 20 % en 2004. Cependant je ne souscris pas à l'enthousiasme général. Les statistiques montrent bien que tout ne va pas si bien et que nous sommes toujours en crise. En 2003, il y a eu 30 % d'investissements en moins dans le capital-risque, et je pense sincèrement qu'en 2004, les montants investis vont encore baisser. Il n'y aura pas autant de sorties que tout le monde l'espère, si ce n'est encore au tribunal de commerce… Les opérations Google et Kelkoo sont certes de bonnes nouvelles, mais elles ne reflètent pas la tendance. La Bourse s'intéresse essentiellement aux grosses capitalisations, et s'il y a des sorties en capital-risque prochainement, cela ne pourra se faire que par fusion-acquisition.

  En savoir plus
 Access2Net
 Pierre-Yves Dargaud
Dossier Capital risque IT

Y a-t-il une société dans laquelle vous auriez aimé investir ?
Oui : des éditeurs tels que GL Trade et Line Data services, et la SSII Altran, sont de très bonnes affaires.

Quels sont les sites que vous consultez régulièrement ?
Private Equity online, dont je consulte la newsletter tous les vendredis, et également Redherring.com, pour la technologie.

 
 
Propos recueillis par Philippine ARNAL, JDN

PARCOURS
 
 
Pierre-Yves Dargaud, 41 ans, associé gérant chez Access2Net

Avril 2000 Associé gérant chez Access2Net

Juin 1999  Directeur associé d'Apax Partners & Cie Finance, responsable dans la banque d'affaires du secteur des technologies de l'information.

mi 1992 Fondateur d'Euro Fi Conseils , société de conseil en fusions et acquisitions spécialisée dans le secteur des SSII. Société qui a rejoint le Groupe Apax Partners en juillet 1999.

1990 Directeur général du groupe CEACTI.

1986 Directeur financier de CMG, groupe Sligos. 

Formation Pierre-Yves Dargaud est titulaire d'une Maîtrise en Sciences de gestion et d'un DEA de gestion, option Finance, réalisé au sein du programme doctoral de gestion de l'ESC Lyon.

   
 
 
  Nouvelles offres d'emploi   sur Emploi Center
Chaine Parlementaire Public Sénat | Michael Page Interim | 1000MERCIS | Mediabrands | Michael Page International