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Directeur
de projet
LeFigaro.fr |
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Patrick
De Baecque
"Titre"
Le Figaro
se lance (enfin) dans la bataille des "news" en ligne.
Le site d'information du quotidien a ouvert lundi 2 octobre
au matin. Le projet a été réactivé
via une structure baptisée Agence de Presse Interactive
(API) au cours du premier semestre 2000 après une longue
période de blocage dûe au conflit autour des droits
d'auteur reversés aux journalistes rattachés à
la rédaction principale (Lire l'article
du JDNet du 11/07/00). LeFigaro.fr dispose d'une équipe
de 30 personnes pour le lancement. Ce sera un "site de
destination", ce qui mérite une explication.
29
septembre 2000 |
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JDNet. La genèse du site LeFigaro.fr a
été mouvementée. Pour quels motifs ?
Patrick
de Baecque : Un premier projet a été initié en 1998. On
ne voulait pas une simple transposition du quotidien papier.
Le principe a été arrêté assez tôt. Le concept était de suivre
l'actualité en continu et de l'enrichir avec des documents d'archive.
Nous avons été ensuite confrontés à la problématique des droits
d'auteurs, comme tous les journaux. La situation a été bloquée
pendant deux ans. Ce qui ne veut pas dire que Le Figaro a été
inactif pendant ce temps. Nous avons peaufiné le projet et nous
avons lancé le "cityguide" ParisAvenue entretemps et le site
de recrutement Cadremploi.fr. Je pense que Le Figaro aura une
très grosse année multimédia en 2001. Aujourd'hui, le multimédia
pèse 90 personnes, un effectif dispersé sur quatre projets (30
personnes pour le Figaro), dont un prochain site autonome destiné
aux étudiants.
Avez-vous rencontré des problèmes
de financement, compte tenu de l'endettement du Figaro?
De plus, Carlyle est arrivé entre-temps
dans le capital du quotidien
Non, c'était un problème juridique avant tout. Je n'ai pas assez
de visibilité pour vous répondre.
Quel est le positionnement du site
du Figaro ? Portail, site d'information ou autre ?
C'est un site que l'on a appelé "de destination", par opposition
à la notion de portail. On ne cherche à se positionner en tant
que porte d'entrée au Web mais plutôt en tant que structure
traitant l'information en ligne. Nous croyons à une redistribution
progressive de l'audience des sites portes d'entrée vers les
sites de destination, tant que la proportion d'internautes nouveaux
sera plus importante que le nombre d'internautes "mâtures".
Nous n'avons pas voulu nous lancer dans la "promesse du tout",
qui est très galvaudé sur Internet, mais proposer un service
claire et simple. Nous nous concentrons sur trois promesses
: réactivité, profondeur et le service associé à l'information.
En général, nous chercherons davantage à être des leaders thématiques
que des challengers thématiques.
Quel est la ligne éditoriale du
site ?
Ce sera celle du quotidien papier. Nous ne serons jamais en
contradiction avec le journal. L'un s'imbrique dans l'autre.
Comment allez-vous traiter l'information
?
Nous avons organisé trois grands univers : actu, économie et
art de vivre (dans lequel ParisAvenue est très intégré). Pour
l'actualité, il s'agit d'information en continu et donc très
factuelle. Le premier niveau, c'est du flash type radio. A partir
d'une ensemble d'icône, on atteint un second niveau qui constitue
de l'enrichissement (articles d'analyse du Figaro). Nous avons
notre propre fil, notre propre sélection d'information et notre
propre synthèse. Les journalistes disposent de gabarits leur
permettant de monter des dossiers avec des animations multimédia
(chronologies, etc.) sous forme "d'open window ". Là, le traitement
de l'actualité devient encyclopédique.
Comment allez-vous vous organiser
au quotidien ?
On s'engage à suivre l'actualité de 8h00 du matin à 10h00 le
soir. On a des équipes qui arrivent à 6h00 le matin, avec trois
changements dans la journée et surtout beaucoup d'automatismes.
S'il est vrai que le profil des journalistes est plutôt mixte
(rédacteur, secrétaire de rédaction et webmaster), nous avons
tout fait pour qu'ils puissent se concentrer sur l'éditorial.
Nous avons adopté un outil qui s'appelle IPS, développé par
OpenMarket, un concurrent de Vignette ou Broadvision. Nous allons
utiliser plus tard le son et la vidéo. Nous avons approché certaines
agences spécialisées dans ce sens.
Vous pensez également au développement
Palm et Wap ?
Ses supports seront exploités à court terme. Nous avons une
approche assez pragmatique. Je pense par exemple que le Palm
n'est pas le meilleur support pour consulter un article. En
revanche, c'est un formidable outil de stockage pour créer une
offre Palm avec une base de données pratique ou une sélection
de synthèse. Idem pour le Wap. C'est plutôt un média d'alerte.
Quel est le statut de l'Agence de
Presse Interactive (API) ?
Cette structure nous a permis de monter une agence de presse.
Je tiens à préciser que l'activité du Figaro n'est pas filialisée.
Toute l'exploitation du multimédia est dans les comptes du Figaro.
C'est un investissement Figaro. Nous rendons des comptes directement
à Yves de Chaisemartin [PDG du Figaro]. En terme d'organisation,
nous sommes autonomes. Le Figaro a joué le rôle d'incubateur
: nous avons accès aux services administratifs et juridiques
du quotidien par exemple.
Quelles relations avez-vous maintenant
avec la rédaction principale du Figaro ?
Au cours de la période de blocage un peu compliquée,
on a surtout travaillé avec la direction. Aujourd'hui, on passe
à une phase opérationnelle : on a un interlocuteur par rédaction
et par support pour créer un réflexe
"papier + web". Nous avons aujourd'hui de bonnes relations avec
la rédaction. Nous sommes entrés dans une logique d'échange,
de collaboration et de renvoi.
Quels sont vos objectifs en terme
d'audience ?
Nous voudrions parvenir rapidement à un niveau d'audience similaire
à ceux des autres médias en ligne (Libération, Le Monde, etc.).
Avez-vous l'intention de lancer
une campagne de promotion ?
Oui, dans la deuxième quinzaine d'octobre, avec le slogan "
LeFigaro.fr, ça change des journaux en ligne ". On a un plan
média presse, radio, Web. Le budget de la campagne, qui a été
montée par Jump, tourne autour de 10 millions de francs.
Quel a été l'investissement global
pour lancer le Figaro.fr ?
Plusieurs dizaines de milliers de francs. Nous avons fait appel
à l'opérateur Fluxus.
Sur quels types de revenus comptez-vous
vous appuyer ?
Ils sont au nombre de quatre : la publicité en ligne sur différents
formats (50% de nos revenus les deux premières années), avec
AdLink comme régie publicitaire; l'affiliation (30% en 2001-2002),
Amazon (vente de produits culturels), Bebloom (fleuriste en
ligne)ou WineAndCo (vente de vins) ont déjà signé dans ce sens;
la vente des archives (à l'acte ou en abonnement); des revenus
tirés des infomédiaires (via les spécialistes de la syndication
de contenu par exemple) et la vente de contenu directe.
Quel type de services d'accompagnement
allez-vous proposer ?
Un moteur de recherche interne sous la technologie Altavista,
une newsletter, un module de bourse avec Boursorama, une quinzaine
de simulateurs pratiques, etc.
Le Figaro a une forte connotation
économie-bourse. Vous n'auriez pas été tenté de monter un projet
plus ambitieux avec un courtier en ligne ?
Non, nous voulons collaborer avec tous les sites de courtage
en ligne pour leur proposer du contenu. Pourquoi nous couperions-nous
de cette source ?
L'Express a sorti son premier "cyberscoop"
la semaine dernière. Ca vous tente ?
Nous voulons être réactif en premier lieu. Dans l'édition du
jour du Figaro (datée du vendredi 29 septembre), nous avons
sorti une information exclusive sur Orangina. Si le site était
opérationnel, nous nous serions coordonnés avec la rédaction
principale pour savoir comment traiter l'information rapidement
avant que d'autres médias ne s'en emparent.
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Propos recueillis par Philippe Guerrier |
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PARCOURS
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Patrick de Baecque, 28 ans, est diplômé de l’ESC Toulouse
et de l’Institut Multimédia. Après un an dans l’agence d’édition
Graphite, en charge notament d’un projet de rapport annuel multimédia,
il rentre dans le groupe Figaro en 1996 comme coopérant à New
York en charge du développement du titre France-Amérique et
de son site internet. De retour en France en novembre 1997,
il est nommé Directeur du développement multimédia du groupe
Socpresse : définition de la stratégie du groupe Figaro, mise
en ligne de plusieurs sites événementiels (élections, Solitaire,
jeux) puis lancement de TVmag.com et du projet de réseau TVenligne
avec quinze sites de PQR. Entre 1998 et 1999, il se consacre
à la rédaction de la stratégie et du business plan du projet
Parisavenue lancé en janvier 2000. Entre-temps, il lance le
site institutionnel du Figaro à l’occasion de la nouvelle maquette
en décembre 1998 et bascule en février 2000 dans l’opérationnel
en se consacrant exclusivement au projet lefigaro.fr.
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