JDNet.
De quelle manière mesurez-vous les impacts des
nouvelles technologies dans votre entreprise ?
Xavier Deforge C'est
plus clair en prenant des exemples concrets : nous avons
mis en place l'année dernière une application
Intranet liée à la validation des demandes
d'achats. Un process relativement simple a priori mais
qui entraîne des coûts de communication
(échanges de fax, etc) compte tenu de notre fonctionnement
en multi-sites géographiques. Du coup, nous estimons
que cette application Intranet nous a permis d'économiser
3 000 faxs en un an et 400 heures au service achats
du groupe. Nous avons également un projet d'e-procurement
avec nos fournisseurs. Nous avons évalué
son gain dans une fourchette 30.000 à 40.000
euros sur une année. Le retour sur investissement
est toujours difficile à mesurer car il s'agit
essentiellement de gains de temps d'organisation et
de travail.
Où
en êtes-vous dans le projet d'e-procurement lié
aux achats ?
J'ai
fait une présentation à la direction du
groupe début septembre. Nous savons maintenant
combien cela coûte mais nous ne sommmes pas encore
parvenus à démontrer que ce projet était
rentable sur 18 mois. Du coup, nous revoyons le projet
dans sa globalité pour adopter une politique
pragmatique de "petits pas" avec la mise en
place du catalogue électronique, puis la dématérialisation
de la commande et ainsi de suite jusqu'à la facturation.
Comment
avez-vous persuadé votre direction de s'orienter
vers des outils e-business ?
L'impulsion s'est faite au niveau de
la direction groupe. J'ai ensuite pris la main sur le
dossier pour superviser les développements. En
1997, j'ai amené notre PDG, Jean-Pierre Lacroix,
à une présentation Internet. Instantanément,
il a perçu les bouleversements que cela allait
amener dans notre métier, surtout en terme d'échanges
avec nos clients et nos fournisseurs ainsi qu'en terme
de gains potentiels.
Comment
les salariés appréhendent ces nouveaux
outils de travail ?
L'adoption, l'appropriation et la généralisation
de la pratique de l'e-mail se sont faites assez naturellement.
En revanche, la diffusion par Intranet n'est pas encore
réellement acquise. Pour l'échange d'un
document, on a encore trop souvent le réflexe
de travailler en dossier partagé sur le réseau
interne plutôt que de recourir à l'Intranet.
Comment tentez-vous de concilier
les deux mondes ?
J'ai adopté une approche très
pragmatique : je montre ce que l'on peut faire, quitte
à prendre le temps en présentant des maquettes
sur les applications Intranet. Ensuite, les collaborateurs
se montrent plus ouverts si on présente les avantages
directs qui concernent les branches métiers.
Compte tenu de mon expérience (j'ai été
dix ans au poste de responsable méthode production),
je connais les process traditionnels de fabrication,
tout en ayant un oeil d'informaticien.
De
quel budget disposez-vous pour le déploiements
d'outils
e-business ?
Nous disposons d'un budget informatique
général dans lequel je fais des choix
: sur deux ans, en incluant la masse salariale qui a
travaillé sur le sujet, nous devons être
à 40 000 euros par an en moyenne. Cela comprend
la partie loyer de la liaison IP et l'hébergement
des serveurs.
Dans quel mesure ce budget
est-il sensible à la conjoncture globale ?
Il est clair qu'il varie en fonction
de l'environnement économique. En cas de récession,
les "économies molles" (par exemple,
un gain de temps d'un quart d'heure dans une journée)
sont moins prises en compte. Lorsque l'on présente
un projet dans ces conditions, il faut que les performances
attendues soit perceptibles de manière sensible.
Vos
fournisseurs sont-ils prêts à vous accompagner
dans cette étape e-business ?
La difficulté pour nous est que
nos fournisseurs sont très disparates : Polymerland
ou Géo Plastic sont plus gros par exemple. On
a l'impression que chacun part dans son coin. Les groupes
chimistes qui nous fournissent la matière première
ont déjà des Intranets ou des Extranets
et qui nous demandent de passer par leurs propres outils
e-business. De notre côté, cela nous oblige
à faire les choses en double : par exemple,
ce que l'on saisi dans l'ERP
(progiciel de gestion intégrée),
il faut le dupliquer dans l'extranet
fournisseur. On a l'impression que chaque acteur cherche
à améliorer ses propres process mais sans
forcément prendre en compte la chaîne globale
client-fournisseur.
Quels places de marchés
utilisez-vous ?
Nous travaillons sur FreeMarkets
pour les offres et les enchères inversées.
Aujourd'hui, nos commerciaux utilisent les places d'enchères
car les clients leur demandent de s'y rendre. Pour notre
métier de plasturgie, il nous manque du temps
et de personnel dédié pour exploiter une
place de marché dédiée.
Estimez-vous
que vous menez une politique volontariste dans l'e-busines
ou que vous êtes poussé par le marché
à adopter ce type d'outil ?
Je crois que nous sommes plutôt
dans une démarche volontariste. Sur le marché
concurrentiel, nous sommes bien placés dans le
domaine. Je suis convaincu qu'il s'agit d'une nécessité
absolue.
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