INTERVIEW
 
Directeur marketing
Opodo
Nicolás de Santis
"Titre"
Opodo, pour "OpPOrtunity to DO". Le nouveau poids lourd des agences de voyages en ligne européennes, lancé par neuf grandes compagnies aériennes européennes dont Air France, est né. Le lancement officiel a été annoncé mardi à Londres par le PDG de la société, Giovanni Bisignani, ancien CEO d'Alitalia, en compagnie de Nicolás de Santis, directeur marketing.
Initialement nommée OTP, pour "Online Travel Portal", la société a finalement opté pour un palindrome vertical (à symétrie horizontale), Opodo, qui avait l'avantage d'être un nom de domaine encore libre, contrairement à OTP. Le premier site devrait voir le jour en décembre 2001. Avec un budget initial de 128 millions d'euros et une équipe de 100 personnes prévues pour la fin de l'année, Opodo vise la rentabilité en 2004. Avec de tels atouts, l'échec est-il possible ?
28 juin 2001
 
          

JDNet. Pouvez-vous nous préciser les conditions de financement de cette nouvelle société ?
Nicolás de Santis. Les actionnaires d'Opodo, ancien OTP, sont uniquement des grandes compagnies aériennes européennes. Air France, British Airways et Lufthansa ont chacune investi à hauteur de 22,8 % du capital. Alitalia, Iberia et KLM possèdent chacune 9,14 % du capital. Finnair est présente à hauteur de 1,7 %. Enfin, AER Lingus et Austrian Airlines disposent chacune de 1,1% du capital. Au total, nous disposons de 128 millions d'euros pour le déploiement d'Opodo en Europe.

Comment préparez-vous le lancement d'Opodo ?
Nous avons prévu d'investir plus de 50 millions d'euros pour le lancement marketing des sites en Europe. Nous allons donc commencer à communiquer en décembre 2001, à l'occasion du lancement du site allemand puis tout au long de l'année 2002 pour l'ouverture des sites anglais et français. Les versions italienne, hollandaise, suédoise et espagnole verront le jour fin 2002-début 2003. Nous utiliserons des agences de communication locales pour chaque marché mais aussi une agence pour coordonner toutes les actions.

Comment avez-vous convaincu les compagnies aériennes d'adhérer à ce projet ?
Je crois que nos investisseurs y ont vu l'opportunité de créezr un nouveau canal de distribution. Le marché de la vente de voyages en ligne devrait se développer exponantiellement ces prochaines années. Le marché européen des voyages en ligne, qui est aujourd'hui de 6 milliards d'euros, devrait atteindre près de 41 milliards en 2005. Ils ont décidé de s'allier pour créer cette société dans le but d'en faire la première agence de voyages en ligne en Europe, l'agence leader.

Est-ce que le capital d'Opodo est encore ouvert à d'autres investisseurs ?
Tout dépendra des besoins de notre activité mais nous sommes tout à fait ouverts. Il y a seulement 9 actionnaires pour le moment mais à l'avenir, d'autres pourront peut-être se joindre à nous, que ce soit des investisseurs appartenant au monde de l'industrie aéronautique ou non.

Avez-vous les mêmes prétentions qu'Orbitz, le projet similaire des grandes compagnies aériennes américaines ?
Les débuts d'Orbitz sont très encourageants et nous leur souhaitons beaucoup de succès. Mais Orbitz se développe sur un seul grand marché avec une seule langue : les USA. Nous, nous allons nous développer sur un marché pluriculturel et multilingue : l'Europe. Nous espérons devenir leader dans tous les marchés où nous allons nous développer dans les trois ans à venir mais, franchement, je pense que la tâche est plus facile pour Orbitz !

Connaissez-vous les mêmes difficultés qu'Orbitz sur les questions d'antitrust et de libre exercice de la concurrence ?
Nous sommes volontairement allés voir la Commission européenne pour les informer de nos projets et pour leur donner connaissance des méthodes que nous allions employer. Pour l'instant, il y a un processus standard d'étude du dossier donc je ne peux pas faire plus de commentaire là-dessus. Tout ce que nous pouvons dire, c'est que les activités d'Opodo se feront en toute indépendance vis-à-vis de nos actionnaires. Nous allons travailler avec plus de 480 compagnies aériennes, près de 55 000 hôtels et 23 000 points de location de voiture. Les actionnaires et nos partenaires commerciaux sont deux choses bien séparées.

Quels sont les GDS avec lesquels vous allez travailler ?
Nous avons structuré notre activité de façon à travailler avec plusieurs compagnies et plusieurs GDS. Nous avons signé un accord avec Amadeus et Galileo pour le début des activités d'Opodo. Nous ferons en sorte de choisir ce qu'il y a de mieux pour chaque marché. C'est le marché qui nous dira ce qu'il faut faire à chaque fois.

Mais Sabre semble développer sa propre stratégie pour la vente de voyages en ligne...
Oui, notamment avec Travelocity, leur société phare en ligne (Sabre détient 70 % de Travelocity, seule agence de voyages en ligne bénéficiaire avec Expedia, ndlr). Mais je crois que, pour le moment, ils sont très orientés vers le marché américain. Ils commencent à se développer en Europe mais il est encore trop tôt pour dire ce qui va se passer.

En ce qui concerne les compagnies aériennes actionnaires, vont-elles continuer à vendre elle-mêmes des billets d'avions sur leurs sites ?
Tout à fait. Nous sommes complètement indépendants de ces compagnies aériennes et nous allons être en concurrence avec les ventes sur les sites institutionnels de ces grandes compagnies. Elles vont donc continuer à vendre sur leurs sites comme elles le faisaient auparavant. Le lancement d'Opodo ne va rien changer à cela.

Est-ce que Opodo est destiné à vendre uniquement du voyage et à ne proposer ses services que sur le site Opodo.com ?
Comme nous sommes sur un marché émergent, nous allons observer quels sont les produits qui sont susceptibles d'être vendus. On sait déjà que les gens aiment acheter leurs billets de voyage en ligne, mais il y a aussi d'autres marchés potentiels comme la vente de tickets de concerts, etc. Nous sommes ouverts à toutes les possibilités en terme de services en marque blanche ou co-brandée sur d'autres sites, c'est effectivement une éventualité à envisager. On peut tout à fait prétendre à devenir un partenaire pour de gros portails.

 
Propos recueillis par Florence Santrot

PARCOURS
 
Nicolás de Santis, 35 ans, d'origine espagnole, est diplômé en économie de l'université de Los Angeles. Il est co-fondateur et ancien directeur marketing de beenz.com, une monnaie virtuelle sur Internet associée à un programme de fidélisation mondial. Nicolás de Santis a également été le CEO de Twelve Stars, société londonienne spécialisée dans le conseil en marque et qui a notamment collaboré avec CNBC, Campofrio Foods,le Parlement européen, Heineken, Philippe Morris, etc. Depuis le début de l'année, Nicolás de Santis a pris les fonctions de directeur Marketing d'Online Travel Portal, devenu Opodo.

   
 
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