INTERVIEW
 
Directeur de la division information et services électroniques
Comareg-Bonjour.fr
Marc Duteil
"Titre"
Société du groupe Vivendi-Universal Publishing, la Comareg édite les 155 journaux de petites annonces de la marque Bonjour mais aussi, depuis 1998, le site Internet Bonjour.fr qui affiche plus de 850.000 visiteurs dans le classement Cybermétrie du mois d'avril. Egalement disponibles sur Minitel et téléphone SFR, les petites-annonces de Bonjour sont désormais accessibles aux abonnés de CanalSatellite. Marc Duteil, qui dirige la division des services électroniques de la Comareg, revient sur la stratégie pluri-média de l'enseigne et les synergies mises en place avec le groupe Vivendi-Universal.22 mai 2001
 
          

JDNet. Vous êtes présent sur Internet et sur Minitel. Pourquoi y ajouter la télévision interactive alors que les précurseurs qui ont eu l'occasion de tester ce canal le disent trop limité et peu ergonomique ?
Marc Duteil. Il s'agit aujourd'hui d'une sorte de test avancé pour lequel nous allons proposer une sélection de 600 annonces par semaine, principalement dans les secteurs de l'immobilier et l'automobile. C'est vrai que ce type de service est encore aujourd'hui relativement lourd à concevoir et à mettre à jour. C'est pourquoi nous avons choisi dans un premier temps de nous limiter à une mise à jour hebdomadaire. Nous attendons la prochaine version du décodeur CanalSatellite qui nous permettra peut-être d'envisager une véritable fusion entre notre service Web et le service de télévision interactive.

Un développement équivalent sur le bouquet TPS est-il envisagé ?
Non. Il s'agit d'abord d'un obstacle technique car CanalSatellite utilise la plate-forme MediaHighWay alors que T¨PS utilise la plate-forme OpenTV qui est totalement incompatible avec la première. Nous envisagions éventuellement une version OpenTV pour permettre la diffusion de notre service sur les réseaux-câblés qui utilisent également cette technologie. Mais pour l'heure nous avons privilégié CanalSatellite avec l'objectif, à terme, d'être le plus ouvert possible.

Quel est aujourd'hui le modèle économique de votre site Bonjour.fr ?
Gratuite lors de son lancement, la diffusion d'une annonce sur le site est devenue une option pour les particuliers qui annoncent dans nos éditions papier. Son prix est de 17 francs pour une présence de 3 semaines sur le site. Aujourd'hui 90% des particuliers acceptent de souscrire cette option et nous diffusons plus de 300.000 annonces par semaine.

Et les revenus publicitaires ?
La commercialisation de bannières traditionnelle ne représente que 5% de nos revenus alors que nos prévisions tournaient plutôt autour de 30%. Mais cette relative faiblesse sur le marché publicitaire est largement compensée par le nombre élevé de particuliers payant la diffusion de leur annonce sur le Web, très supérieur à nos prévisions.

Dans cette période tendue sur le marché publicitaire, beaucoup d'éditeurs de sites importants décident d'internaliser la régie de leur espace pub. S'agit-il pour vous d'un projet ?
Non, nous n'avons aucun problème avec notre régie Ad2one. Il se trouve que nous dépendons moins de la pub que prévu, ce qui est plutôt une bonne chose dans un marché difficile. C'est aussi la conséquence de notre démarche qui est de refuser de descendre trop bas les prix de notre espace. Notre tarif se situe autour de 80 à 100 francs le CPM et même pour les campagnes importantes, nous ne descendons jamais en dessous de 45 francs. Je pense qu'il y a un niveau où le prix de vente de la pub ne couvrent plus les frais fixes et la bande passante. Notre choix est plutôt de compléter nos revenus pub classiques par des offres plus originales.

De quels types offres s'agit-il ?
D'abord nous commençons à commercialiser de l'espace ciblé, à la fois sur le plan thématique mais aussi géographique. Les commerciaux de terrain qui vendent l'espace publicitaire de nos éditions papier proposent des vignettes aux annonceurs professionnels locaux avec un logo cliquable. Une société de déménagement lyonnaise, par exemple, peut être intéressée par la consultation d'annonces immobilières sur la région lyonnaise. Il s'agit là d'un espace que nous commercialisons essentiellement en direct.
Nous travaillons également sur des offres de marketing direct. Lorsqu'un particulier recherche un type de bien sur Bonjour.fr, il peut demander à recevoir les annonces qui l'intéressent par mail. Nous exploitons ainsi une importante base d'adresses mails opt-in.

Quelles synergies avez-vous mis en place avec les autres activités du groupe Vivendi-Universal ?
D'abord nous avons confié la régie du site à Ad2One, la régie maison du groupe. Mais nous l'avons surtout fait parce que nous avons été convaincus par leur compétence. Nous avons également mis en place une plate-forme de consultation d'annonces auto et immobilières avec SFR. En parallèle, nous avons longtemps été présents sur le site de Canal Plus. Nous fournissons aussi les petites annonces de Vizzavi et d'AOL France (Vivendi a vendu sa participation au capital d'Aol France, NDLR). Nous avons par ailleurs d'excellents rapports avec VivendiNet, filiale, comme la Comareg, de Vivendi Universal Publishing.

Comment vous situez-vous sur le marché des enchères en ligne. N'êtes-vous pas parti un peu tard, devancé par les dotcoms comme iBazar, Aucland ou QXL?
Nous n'avons pas voulu être pionniers sur ce marché car il existait, à l'époque où sont nés iBazar etAucland, de véritables incertitudes juridiques sur la légalité de ces ventes aux enchères. Nous appartenons à un groupe important qui ne pouvait se permettre de prendre un risque sur ce sujet.

Une fois la situation juridique clarifiée, vous n'avez jamais envisagé l'acquisition d'un site d'enchères ?
Pas vraiment. D'abord iBazar était un trop gros morceau et le modèle économique des enchères en ligne n'est pas encore suffisamment viable pour envisager un tel investissement. S'agissant d'Aucland, nous considérons que ce n'est pas pour nous une opportunité d'achat. Nous avons préféré bâtir de A à Z notre propre service d'enchères. Notre espace enchères gratuit sur Bonjour.fr comprend 28.000 annonces. Nous avons développé une plate-forme propriétaire pour cette activité.

Mais vous avez au contraire opté pour la solution de Dealpartners pour l'achat groupé. Pour quelle raison?
L'achat groupé n'est qu'une petite activité complémentaire pour le site, qui reste marginale. Nous préférons nous concentrer sur notre coeur d'activité. L'achat groupé est un service qui ne nous coûte rien et qui peut générer quelques revenus. Mais ce n'est pas du tout une activité stratégique.

Quelle est la situation financière de Bonjour.fr ?
Elle est délicate à appréhender car l'activité Internet n'a pas été filialisée et se trouve donc par conséquent directement intégrée dans les résultats de la Comareg. Ce que je peux dire, c'est que depuis deux ans nous avons investi moins de 80 millions de francs pour créer et lancer un site qui réalise aujourd'hui 12 millions de pages vues mensuelles. L'activité sera rentable pour le troisième trimestre 2002 et malgré la baisse du marché publicitaire, nous devrions cette année atteindre nos objectifs. 60% des revenus de Bonjour.fr proviennent de l'option Internet souscrite par les particuliers lorsqu'ils passent une annonce.

Quels sont vos sites préférés sur Internet à part Bonjour.fr?
J'ai longtemps fait mes courses sur Télémarket que je trouve très bon en particulier pour leur service téléphonique, mais ils ont récemment changé leur logistique et ils ont rencontré à cette occasion beaucoup de problèmes. J'en ai profité pour tester Ooshop que je trouve encore plus pratique. Sinon j'achète très souvent sur le site de la Fnac et quelquefois des billets d'avion directement sur les sites des compagnies aériennes.

Que détestez-vous sur Internet?
Pas grand chose, à part le spamming de Newsletter. Je reçois beaucoup de Newsletter auxquelles je ne me suis jamais abonné et cela m'agace beaucoup. Sinon, ce que je trouve très agréable sur Internet, c'est que si vous n'aimez pas un site, vous n'y allez pas!

 
Propos recueillis par Fabien Claire

PARCOURS
 

Marc Duteil, 40 ans a été directeur des études Avenir Havas Media de 1987 à 1989, date à laquelle il est devenu directeur marketing et développement commercial de l'afficheur. De 1993 à 1999 il occupe le poste de directeur marketing et développement de Comareg. Depuis mars 1999, il dirige la division Information et services électroniques du groupe.


   
 
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