JDNet.
Comment va se dérouler le lancement d'Egg en
France ?
Richard Duvall.
Nous ne souhaitons pas donner pour l'instant beaucoup
de détails sur ce lancement, qui interviendra
avant la fin de l'année. Je peux juste en parler
en termes généraux : ce que nous
voulons faire, c'est répéter le succès
d'Egg UK en France, donc vous pouvez vous attendre à
une vaste campagne plurimédia de lancement de
la marque, clairement orientée vers les consommateurs.
Notre lancement s'accompagnera de la commercialisation
d'une série de produits bancaires pour les consommateurs.
Nous y avons réfléchi depuis plus de dix-huit
mois. L'objectif est d'atteindre le million de clients
d'ici 2004.
Quels
types de produits allez-vous lancer exactement ? Des
produits bancaires, du crédit, de l'assurance
et du courtage comme en Angleterre ?
Ce sera clairement de cet ordre,
mais nous ne pouvons pas en dire plus pour l'instant.
Et
allez-vous adopter une stratégie agressive comme
l'on fait les banques en ligne l'année dernière,
avec des offres très compétitives ?
Nous
voulons bénéficier d'un maximum de notoriété
et faire très rapidement connaître notre
marque. En conséquence, nous allons mettre l'accent
sur notre visibilité et proposer une offre de
lancement que les gens voudront acheter, donc forcément
très compétitive sur le secteur. Pour
autant, nous garderons une marge suffisante pour ne
pas perdre de l'argent sur ces produits d'appel. Il
ne faut pas perdre de vue que nous visons le point mort
en France pour le courant de l'année 2004. Nous
avons donc besoin d'être efficaces pour être
profitables aussi tôt que possible.
Quel
est votre budget de lancement ?
Nous
ne communiquons pas en détails sur ce sujet.
Tout ce que je peux vous dire, c'est que nous avons
prévu une enveloppe de 160 millions d'euros sur
trois ans pour amener Egg France vers la rentabilité.
Une part de ce budget sera utilisée pour le lancement
de la marque mais aussi pour le développement
des capacités de la plate-forme Zebank.
Comment
va se passer le changement de nom Zebank-Egg ?
Nous
avons totalement cessé d'utiliser la marque Zebank
depuis cette semaine. Nous en avons profité pour
discuter en interne, en France, de ce que signifiait
pour le groupe la marque Egg. Pour le lancement, nous
allons communiquer dans deux sens : vers nos 90.000
clients Zebank, à qui nous expliquons d'ores
et déjà les bénéfices qu'ils
vont pouvoir tirer de ce changement de nom, et vers
le grand public. Dans ce dernier cas, la marque Zebank
n'apparaîtra à aucun moment, nous serons
seulement Egg.
Mais
vous ne possédez pas le nom de domaine egg.fr...
Nous
venons de remporter notre procès et allons donc
récupérer ce nom de domaine très
rapidement. Quoi qu'il en soit, nous avons choisi de
communiquer autour de "Egg.com" pour simplifier
notre communication sur un seul nom.
Comment
analysez-vous les erreurs, et les réussites,
de Zebank avant son rachat ?
Lors
de l'acquisition, nous avions la certitude d'acheter
une bonne société, et cela s'est confirmé
depuis. Nous savions que nous achetions une plate-forme
technologique très efficace, un pool commercial
et un call-center, basés à Tours, de grande
qualité, une équipe dirigeante et une
activité fiables sur laquelle baser notre développement
en France. Le rachat par Egg de Zebank amène
non seulement un apport de capitaux mais aussi une expertise
marketing et technologique qui va permettre, nous le
croyons, d'emmener le projet sur le chemin de la rentabilité.
Je
crois que la raison pour laquelle Zebank n'a pas pu
réussir toute seule, c'est que le marché
n'était pas encore assez étendu. Aujourd'hui,
près d'un tiers des Français sont connectés.
2002 est l'année Internet pour la France, c'est
le bon moment pour lancer notre service dans l'hexagone.
Nous estimons que le marché français de
la banque en ligne est à peu au niveau du marché
anglais de 1999-2000. Les Français en sont encore
à chercher une alternative, des produits simples,
faciles d'utilisation, à faibles coûts
et de valeur égale. C'était exactement
la situation au Royaume-Uni quand nous nous sommes lancés.
Les gens veulent une banque complémentaire à
leur banque traditionnelle, une banque plus flexible
mais qui ne soit pas forcément leur banque principale,
car nous ne pouvons pas leur offrir la relation en face-à-face
avec leur banquier, ce qui reste nécessaire.
Comment
est constituée l'équipe de direction d'Egg
France ?
Nous
avons capitalisé sur l'équipe existante
à laquelle nous avons ajouté des expatriés
(anglais, australiens et néerlandais) pour le
lancement. Une fois que la phase de lancement d'Egg
sera dépassée, ces gens reviendront au
siège de la société ou iront dans
un autre pays où Egg sera présent. Concrètement,
sur le plan hiérarchique, Olivier de Montety
[président du directoire de Zebank et maintenant
directeur général d'Egg, ndlr] rapporte
directement à moi pour le développement
de notre filiale française.
Vous
avez annoncé le recrutement d'ici 2004 de 1.000
personnes en France. Quels sont les profils que vous
recherchez ?
Nous
avons décidé d'embaucher ces 1.000 personnes
en vue de notre objectif d'un million de clients en
2004. Aujourd'hui, Zebank n'est composé que de
300 salariés, ce ne sera pas suffisant. Nous
recherchons donc une vaste gamme de profils : pour
notre call-center, pour notre force de vente, pour le
marketing, des responsables du back-office, du font-office,
des gestionnaires de comptes, des financiers, etc.
Comment
voyez-vous le marché français de la banque
en ligne depuis la Grande-Bretagne ?
Le
pourcentage de personnes qui gèrent leurs comptes
en ligne, que ce soit avec leur banque traditionnelle
ou avec une banque en ligne, est bien plus élevé
qu'au Royaume-Uni. Selon Forrester Research, 22% des
internautes français sont utilisateurs de services
financiers en ligne. Je n'ai jamais vu ça dans
un autre pays jusqu'à présent et cela
nous laisse bon espoir pour notre lancement en France.
Une autre différence avec la Grande-Bretagne
conforte notre optimisme : nous avons remarqué
qu'en France, les produits proposés en ligne
étaient exactement similaires à ceux proposés
dans les banques traditionnelles. Nous, nous allons
proposer des offres spécialement adaptées
à Internet.
Vous
venez de réaliser un profit avant impôt
de 13,7 millions d'euros. Comment expliquez-vous ces
résultats ?
C'est simple : une très bonne marque, qui
a un très bon retour auprès de nos clients,
des produits très attractifs et un management
fort qui a réussi à générer
des profits en se basant sur un business model numérique
qui réduit nos coûts et est donc la clé
de notre succès.
Avez-vous
l'intention de conquérir d'autres marchés
en dehors de la Grande-Bretagne et de la France ?
Notre
premier objectif est d'atteindre la rentabilité
en France avant d'ouvrir d'autres pays. Mais il est
vrai que nous regardons du côté des Etats-Unis.
Nous y réalisons des études. Et puis nous
regardons d'autres pays européens depuis quelque
temps, mais rien n'est encore très précis.
Toute notre stratégie et nos efforts sont centrés
sur la France pour l'instant.
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