INTERVIEW
 
Directeur des ventes et de la distribution
Egg
Richard Duvall
Rachetée en janvier 2002 pour 5,5 millions d'euros*, la banque en ligne Zebank, emblème des ambitions Internet du Groupe Arnault, va difinitivement disparaître au profit de la marque de son repreneur : Egg. Le banquier en ligne britannique, filiale de Prudential, s'apprête à lancer ses services financiers en ligne sur le marché français. Richard Duvall, membre du comité directeur de Egg, pilote ce lancement depuis la Grande-Bretagne, avec Olivier de Montety, ex-président du directoire de Zebank .
(04 septembre 2002)
 
          
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JDNet. Comment va se dérouler le lancement d'Egg en France ?
Richard Duvall. Nous ne souhaitons pas donner pour l'instant beaucoup de détails sur ce lancement, qui interviendra avant la fin de l'année. Je peux juste en parler en termes généraux : ce que nous voulons faire, c'est répéter le succès d'Egg UK en France, donc vous pouvez vous attendre à une vaste campagne plurimédia de lancement de la marque, clairement orientée vers les consommateurs. Notre lancement s'accompagnera de la commercialisation d'une série de produits bancaires pour les consommateurs. Nous y avons réfléchi depuis plus de dix-huit mois. L'objectif est d'atteindre le million de clients d'ici 2004.

Quels types de produits allez-vous lancer exactement ? Des produits bancaires, du crédit, de l'assurance et du courtage comme en Angleterre ?

Ce sera clairement de cet ordre, mais nous ne pouvons pas en dire plus pour l'instant.

Et allez-vous adopter une stratégie agressive comme l'on fait les banques en ligne l'année dernière, avec des offres très compétitives ?
Nous voulons bénéficier d'un maximum de notoriété et faire très rapidement connaître notre marque. En conséquence, nous allons mettre l'accent sur notre visibilité et proposer une offre de lancement que les gens voudront acheter, donc forcément très compétitive sur le secteur. Pour autant, nous garderons une marge suffisante pour ne pas perdre de l'argent sur ces produits d'appel. Il ne faut pas perdre de vue que nous visons le point mort en France pour le courant de l'année 2004. Nous avons donc besoin d'être efficaces pour être profitables aussi tôt que possible.

Quel est votre budget de lancement ?
Nous ne communiquons pas en détails sur ce sujet. Tout ce que je peux vous dire, c'est que nous avons prévu une enveloppe de 160 millions d'euros sur trois ans pour amener Egg France vers la rentabilité. Une part de ce budget sera utilisée pour le lancement de la marque mais aussi pour le développement des capacités de la plate-forme Zebank.

Comment va se passer le changement de nom Zebank-Egg ?
Nous avons totalement cessé d'utiliser la marque Zebank depuis cette semaine. Nous en avons profité pour discuter en interne, en France, de ce que signifiait pour le groupe la marque Egg. Pour le lancement, nous allons communiquer dans deux sens : vers nos 90.000 clients Zebank, à qui nous expliquons d'ores et déjà les bénéfices qu'ils vont pouvoir tirer de ce changement de nom, et vers le grand public. Dans ce dernier cas, la marque Zebank n'apparaîtra à aucun moment, nous serons seulement Egg.

Mais vous ne possédez pas le nom de domaine egg.fr...
Nous venons de remporter notre procès et allons donc récupérer ce nom de domaine très rapidement. Quoi qu'il en soit, nous avons choisi de communiquer autour de "Egg.com" pour simplifier notre communication sur un seul nom.

Comment analysez-vous les erreurs, et les réussites, de Zebank avant son rachat ?
Lors de l'acquisition, nous avions la certitude d'acheter une bonne société, et cela s'est confirmé depuis. Nous savions que nous achetions une plate-forme technologique très efficace, un pool commercial et un call-center, basés à Tours, de grande qualité, une équipe dirigeante et une activité fiables sur laquelle baser notre développement en France. Le rachat par Egg de Zebank amène non seulement un apport de capitaux mais aussi une expertise marketing et technologique qui va permettre, nous le croyons, d'emmener le projet sur le chemin de la rentabilité. Je crois que la raison pour laquelle Zebank n'a pas pu réussir toute seule, c'est que le marché n'était pas encore assez étendu. Aujourd'hui, près d'un tiers des Français sont connectés. 2002 est l'année Internet pour la France, c'est le bon moment pour lancer notre service dans l'hexagone. Nous estimons que le marché français de la banque en ligne est à peu au niveau du marché anglais de 1999-2000. Les Français en sont encore à chercher une alternative, des produits simples, faciles d'utilisation, à faibles coûts et de valeur égale. C'était exactement la situation au Royaume-Uni quand nous nous sommes lancés. Les gens veulent une banque complémentaire à leur banque traditionnelle, une banque plus flexible mais qui ne soit pas forcément leur banque principale, car nous ne pouvons pas leur offrir la relation en face-à-face avec leur banquier, ce qui reste nécessaire.

Comment est constituée l'équipe de direction d'Egg France  ?
Nous avons capitalisé sur l'équipe existante à laquelle nous avons ajouté des expatriés (anglais, australiens et néerlandais) pour le lancement. Une fois que la phase de lancement d'Egg sera dépassée, ces gens reviendront au siège de la société ou iront dans un autre pays où Egg sera présent. Concrètement, sur le plan hiérarchique, Olivier de Montety [président du directoire de Zebank et maintenant directeur général d'Egg, ndlr] rapporte directement à moi pour le développement de notre filiale française.

Vous avez annoncé le recrutement d'ici 2004 de 1.000 personnes en France. Quels sont les profils que vous recherchez ?
Nous avons décidé d'embaucher ces 1.000 personnes en vue de notre objectif d'un million de clients en 2004. Aujourd'hui, Zebank n'est composé que de 300 salariés, ce ne sera pas suffisant. Nous recherchons donc une vaste gamme de profils : pour notre call-center, pour notre force de vente, pour le marketing, des responsables du back-office, du font-office, des gestionnaires de comptes, des financiers, etc.

Comment voyez-vous le marché français de la banque en ligne depuis la Grande-Bretagne ?
Le pourcentage de personnes qui gèrent leurs comptes en ligne, que ce soit avec leur banque traditionnelle ou avec une banque en ligne, est bien plus élevé qu'au Royaume-Uni. Selon Forrester Research, 22% des internautes français sont utilisateurs de services financiers en ligne. Je n'ai jamais vu ça dans un autre pays jusqu'à présent et cela nous laisse bon espoir pour notre lancement en France. Une autre différence avec la Grande-Bretagne conforte notre optimisme : nous avons remarqué qu'en France, les produits proposés en ligne étaient exactement similaires à ceux proposés dans les banques traditionnelles. Nous, nous allons proposer des offres spécialement adaptées à Internet.

Vous venez de réaliser un profit avant impôt de 13,7 millions d'euros. Comment expliquez-vous ces résultats  ?
C'est simple : une très bonne marque, qui a un très bon retour auprès de nos clients, des produits très attractifs et un management fort qui a réussi à générer des profits en se basant sur un business model numérique qui réduit nos coûts et est donc la clé de notre succès.

Avez-vous l'intention de conquérir d'autres marchés en dehors de la Grande-Bretagne et de la France ?
Notre premier objectif est d'atteindre la rentabilité en France avant d'ouvrir d'autres pays. Mais il est vrai que nous regardons du côté des Etats-Unis. Nous y réalisons des études. Et puis nous regardons d'autres pays européens depuis quelque temps, mais rien n'est encore très précis. Toute notre stratégie et nos efforts sont centrés sur la France pour l'instant.

 
Propos recueillis par Florence Santrot

PARCOURS
 

Richard Duvall est le directeur des ventes et de la distribution d'Egg. A ce titre, il est en charge du développement de la marque et de l'offre clientèle ainsi que de l'internationalisation. Il a débuté sa carrière en 1987 comme consultant chez Coopers & Lybrand avant de devenir directeur de la stratégie des systèmes du groupe Glaxo Wellcome. En 1996, il devient directeur des systèmes d'information de la banque nouvellement créée de Prudential et dirige le projet qui devait conduire à la création, à l'élaboration du business plan et au lancement réussi d'Egg en octobre 1998. Premier directeur marketing d'Egg, il est responsable de la création et de la communication de la marque, de l'offre complète à la clientèle. Il est ensuite chargé du développement d'Egg et de la mise en oeuvre du business plan deuxième génération.

* Le montant du rachat était initialement de 8 millions mais un différentiel de cash flow entre la négociation et la fin du deal (qui a été longue en raison de l'attente du feu vert de la Banque de France) a minimisé ce montant à 5,5 millions.


   
 
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