L'hebdomadaire
de culture et de société "Les Inrockuptibles"
lance aujourd'hui une campagne publicitaire offline pour préparer
les esprits à l'ouverture de son portail
culturel communautaire, prévue le 15 mars 2000. A la
fois marque forte et très "prescriptrice", et
premier support publicitaire "papier" de l'industrie
du disque, "Les Inrockuptibles" ambitionnent désormais
de devenir les leaders des guides culturels sur le Net. Avec un
farouche souci d'indépendance et une politique de partenariats
originale.
Christian Fevret était accompagné de Sylvain
Bourmeau, rédacteur en chef adjoint des Inrockuptibles.
Propos recueillis par Rémi
Carlioz
le 15 février 2000
.
JDNet:
Où en sont "Les Inrockuptibles"
aujourd'hui?
Si l'on prend les chiffres de l'OJD, nous sommes aujourd'hui à
42.000 exemplaires par semaine en diffusion payée, contre
38.000 environ en 1998 et 32.000 en 1997. Nous avons 17.000 abonnés
payants.
Comment
définiriez-vous les Inrocks Hebdo ?
Nous sommes un hebdomadaire de culture et de société, à la fois
généraliste et spécialiste dans chacun des domaines qu'il traite
(culture, musique, cinéma, littérature, société via la culture,
arts plastiques etc.). Tout cela avec un esprit de curiosité et
un regard indépendant. Les études montrent que nos lecteurs ont
entre 18 et 35 ans, sont très fidèles, et les plus grands consommateurs
de culture de toute la presse française.
Vous
diriez que vous êtes très "prescripteurs"?
Tous les acteurs de la vie culturelle s'accordent pour nous reconnaître
ce rôle. D'autant plus que notre "influence" s'étend au-delà
de notre lectorat stricto sensu, auprès des leaders d'opinion
par exemple. C'est un générateur de bouche à oreille.
Où
vous situez-vous politiquement ?
Nous sommes indépendants. Mais il suffit de voir nos couvertures
"société" pour se faire une idée: Bourdieu, Rocard, Cohn-Bendit,
les mouvements associatifs, la "nouvelle gauche", etc. Nous sommes
plutôt de ce côté là, s'il fallait se définir.
Qui
sont les fondateurs des Inrockuptibles ?
Arnaud Deverre, gérant du journal, et moi-même. La première année
s'est constitué un "noyau dur" autour de nous, de Serge Kaganski,
de Jean-Daniel Beauvallet et d'autres. Il y a eu ensuite un deuxième
cercle, avec des gens qui font aujourd'hui partie intégrante du
cúur du journal. Lorsque le projet d'hebdo a vu le jour, l'équipe
s'est étoffée avec des personnalités telles que Marc Weitzmann,
Arnaud Viviant, Sylvain Bourmeau et de jeunes et bons journalistes
qui apportent en permanence du sang neuf au journal.
On
dit que les Inrocks vont mal...
Cela fait douze ans que je l'entends. Et le titre ne s'est jamais
aussi bien porté. Les faits sont là: nous n'avons jamais eu une
telle notoriété, ni un tel tirage, ni de telles ressources publicitaires,
et nous enregistrons 30% d'abonnés supplémentaires en trois ans.
La progression est permanente et régulière, elle s'est accelérée
ces deux dernières années: le passage en hebdo a prouvé sa pertinence
et sa perennité, son audience ne cesse de s'élargir. Alors oui,
peut-être la structure en tant que telle n'est-elle pas encore
suffisamment costaude, en raison d'une sous-capitalisation historique,
ce qui nous freine un peu dans notre développement. Il y a un
léger décalage entre la bonne santé du journal et une structure
éditrice en cours d'adaptation.
Le
projet Web, vous l'espérez costaud aussi?
Si le projet Web est costaud, c'est parce que le journal est costaud.
Ce projet tire sa force de la marque "Les Inrockuptibles",
de tout ce qu'elle contient en termes d'histoire, d'expérience,
de qualité des relations avec les acteurs culturels. Ce nouveau
média est idéal pour tous les domaines qui sont les nôtres, un
outil sur-mesure pour compléter et prolonger toutes les fonctionnalités
que nous développons.
Vous
avez déjà un site Web...
Certains ouvrent un site web parce qu'il faut le faire, sans trop
savoir qu'en faire. Nous avons la démarche inverse. Les Inrocks
ont ouvert un site depuis 1996, développé en interne, avec peu
de moyens, pas d'investissement. Il s'agissait essentiellement
d'un relais commercial, avec des prolongements éditoriaux limités.
Un site qui fait tout de même 400.000 pages vues par mois, sans
promotion particulière.
Et
donc vous transformez le site dès le 15 mars ?
Nous ne le transformons pas. Ce n'est ni une refonte, ni une montée
en puissance: c'est un site nouveau qui s'appuie sur un projet
neuf, on repart de zéro -avec nos acquis mais de zéro. C'est un
projet à part entière, avec d'autres équipes, d'autres technologies.
Cela nous a demandé plusieurs mois de réflexion et de mise en
place.
Quel
est-il, donc, ce projet novateur?
Nous lançons le premier portail culturel communautaire. Nous nous
sommes rendus compte que l'offre culturelle augmentait considérablement
et qu'elle est appelée à s'étoffer plus encore. Face à cela, il
y a une espèce de panique du "consommateur culturel", qui s'y
retrouve difficilement. Cet internaute a besoin de gens en qui
il peut avoir confiance, qui peuvent le guider, qu'il sache ou
non dans quelle direction aller: notre site saura éclairer cet
univers a priori opaque. Il s'agit d'aider l'internaute à repérer
les pépites et les trésors, de plus en plus nombreux, dans la
jungle foisonnante de la culture. Et d'en faciliter l'accès. Aucun
site français ne propose pour l'heure une bonne structuration
de l'offre en fonction de la demande, dans ce secteur de la culture
au sens large. Et notamment pour les 18/40 ans. La marque des
Inrocks est une référence, un moyen idéal pour se repérer.
Un
portail culturel communautaire, déclinons les trois termes...
C'est d'abord un guide pour la culture chez soi avec la palette
de spécialités que nous maîtrisons: les disques, les livres, le
home-cinéma, etc. C'est ensuite un guide pour la culture à l'extérieur:
les concerts, le thé’tre, le cinéma, les galeries d'arts, etc.
Portail aussi car nous développons une offre de contenu très forte,
bien plus qu'une simple déclinaison du journal. Nous allons pousser
à l'extrême la qualité des deux supports, le papier et le Web.
Le papier, c'est le plaisir de la lecture, de l'image et du toucher,
le travail sur la longueur et en profondeur. Le Web, c'est la
rapidité, la simplicité, l'interactivité, le tout sans limite
de place. Pour nous, la complémentarité est parfaite. Et puis,
à mes yeux, les guides "papier" sont plus ou moins appelés à disparaître
à terme. Le Web est bien plus adapté et devrait détrôner les guides
qui ne peuvent superposer des masses de papier à l'infini: économiquement,
le simple guide-papier sera vite un non-sens. Avec le guide on
line, nous anticipons sur les pratiques de demain. Notre projet
anticipe en outre sur les modes futurs d'utilisation du Web tels
que le Wap, qui, selon nous, constitueront un mode d'accès privilégié
aux guides culturels. Nous ambitionnons d'être les leaders des
guides culturels sur le Net.
Et
la dimension communautaire ?
Nous l'avons déjà. Le Net permettra de la développer considérablement.
Notre site se lance sur une communauté existante, contrairement
à beaucoup de sites. Je citerai deux chiffres: 30% de nos lecteurs
sont internautes (60% envisagent de l'être d'ici la fin 2000)
et un tiers de nos abonnements sont d'ores et déjà souscrits via
le Net. Nos lecteurs internautes commencent à exister. Sur le
site, nous drainons la moitié d'internautes qui ne sont pas lecteurs
réguliers du journal. Avec le nouveau site, leur part sera de
plus en plus importante car ils se serviront de la marque "Les
Inrockuptibles" autrement que les lecteurs du journal papier.
Le site permettra en outre aux internautes de dialoguer facilement
avec les artistes, les journalistes, les acteurs du monde de la
culture, mais également entre eux.
Mais
comment élargir une communauté parisienne, branchée, un peu élitiste
?
Ce sont des clichés qui ne correspondent pas à la réalité. Les
trois quart de nos lecteurs sont en province. Paris et la région
parisienne représentent moins de 30% de l'ensemble des ventes.
Nous sommes beaucoup moins parisiens qu'on ne le pense.
Vous
vous dites premier portail culturel. Et la Fnac alors?
Nous avons des relations fortes et anciennes avec la Fnac. Mais
la Fnac vend des biens culturels. Nous n'en vendons pas et nous
n'en vendrons pas. Nous sommes en totale indépendance vis-à-vis
de qui que ce soit. D'où notre légitimité prescriptrice, qui se
positionne très différemment de celle que revendique la Fnac.
C'est comme si vous compariez "Les Inrockuptibles" et
"Epok"...
Ce
que la Fnac n'est pas loin de vouloir faire...
Oui, mais il ne suffit pas de le décréter. C'est un métier. La
confiance se b’tit sur des années, notamment en matière de presse.
Notre indépendance de choix repose sur l'indépendance du journal.
Un distributeur quel qu'il soit, même très qualitatif, même haut-de-gamme
comme la Fnac, n'a pas et n'aura jamais cette indépendance. Pour
schématiser et sans aucune connotation péjorative, eux parlent
à des consommateurs, nous à des lecteurs et internautes. A chacun
son métier. Même si les frontières sont moins évidentes qu'avant.
Votre
projet repose-t-il sur une structure ad hoc ?
Oui, nous créons une structure ad hoc, dans laquelle Les Editions
Indépendantes, société éditrice du journal, sont actionnaires.
Les autres actionnaires -nous finalisons un premier tour de table
compris entre 15 et 20 millions de francs- sont des institutionnels
et des amis historiques du journal, des particuliers qui nous
suivent depuis toujours ou qui nous sont proches et qui nous rejoignent
à cette occasion. Afin de nous concentrer sur la définition du
projet et son lancement, nous avons choisi de nous faire accompagner
par un conseil expérimenté en levées de fonds, Ingel'Lione.
Un
deuxième tour bientôt ?
Nous l'envisageons, à moyen terme.
Et
une introduction en Bourse de cette nouvelle structure ad hoc
?
A terme, c'est l'ambition de toute start-up de cette nature. Mais
dans un premier temps, nous devons construire et garder nos distances
avec les excès de l'euphorie ambiante. Lorsque nous avons fait
notre business model, la société a été évaluée sur des actifs
très tangibles, pas sur des extrapolations délirantes. Mais nous
avons tous les atouts pour réussir. Et si le site se lançait de
zéro, il faudrait plusieurs dizaines de millions de francs pour
réunir la base rédactionnelle et les internautes que nous avons
autour de cette marque très forte. Pour l'élaboration de notre
site, notre logique est pragmatique: on oublie ce qui est tape-à-l'úil
et on tire les leçons de l'expérience américaine, notamment du
point de vue technique, qui a tout de même entre 6 et 18 mois
d'avance. On voit là-bas que beaucoup de choses ont déjà été abandonnées
pour passer à une autre étape, alors qu'elles épatent encore la
France.
Qui
participe à cette aventure?
L'ensemble du journal évidemment, renforcé par une équipe de nouveaux
collaborateurs pilotée par deux personnes qui construisent le
projet avec nous depuis trois mois. Nous cherchions à la fois
des gens proches de nous culturellement et intellectuellement,
et à la fois des professionnels du Net. Non pas des professionnels
d'il y a six mois, mais des gens qui ont participé à l'aventure
du Net depuis ses débuts.
Les
avez-vous trouvés?
Oui, il s'agit d'Eric Baudelaire et d'Andrew Wanliss Orlebar,
deux franco-américains spécialistes d'Internet depuis ses origines,
fondateurs du premier city guide on line de New-York, collaborateurs
d'AOL entre autres. Nous les voulions car ils sont à la pointe
de la connaissance et possèdent le savoir-faire, le recul, et
le regard critique nécessaires pour éviter les faux emballements.
Ils sont, qui plus est, lecteurs du journal.
La
rédaction s'étoffe-t-elle?
La rédaction de base du journal s'agrandit, pour le papier comme
pour le Net. Je dis la rédaction car dès l'origine, nous avons
surtout souhaité ne pas créer une deuxième rédaction. Une rédaction
unique, c'est l'une des forces de notre projet. Mais il y aura
bien sûr des chefs d'édition et des chef d'édition web. Pour le
site, ce sera Pascal Bertin, journaliste spécialiste en nouvelles
technologies, un ancien de L'Usine Nouvelle qui vient de la presse
informatique et qui fut aussi pigiste pour les Inrocks.
Et
qui sont vos prestataires ?
Pour le graphisme et le design du site, nous avons choisi Bomb,
l'une des meilleures agences anglaises, celle du site de Channel
4 entre autres. Pour la technique, nous en réalisons une partie
ici et une partie chez Net
Plus.
Quel
volume de recrutement prévoyez-vous ?
A très court terme, une quinzaine personnes nous rejoignent.
En
termes de modèle économique, quelles sources de revenus priviligiez-vous
?
La publicité de façon assez classique en premier lieu. "Les
Inrockuptibles" sont le premier support de presse de l'industrie
du disque avec, avec plus de 14 millions de francs nets l'an dernier,
loin devant Libération avec 10 millions et Télérama avec 3 ou
4 millions. Le site sera un support naturel et attractif pour
les annonceurs, ceux du disque comme des autres secteurs de la
culture.
Vous
développerez des partenariats ?
C'est un point crucial auquel nous avons beaucoup réfléchi, afin
surtout que notre rôle de prescripteur soit préservé et renforcé.
Nous gardons jalousement notre indépendance tout en clarifiant
nos liens avec les distributeurs aux yeux des internautes. Nous
ne voulons pas de ce flou souvent entretenu sur le Net, où la
délimitation entre contenu et commerce, entre rédactionnel et
partenariat n'est pas toujours bien établie. Dès l'ouverture le
15 mars, nous mettrons en place une charte sur la nature précise
de nos relations avec nos différents partenaires. En particulier,
nous ne mettrons pas en place de rémunération au pourcentage des
ventes réalisées via notre site.
Cela
veut dire des partenariats annuels, par exemple?
Nous avons notre modèle économique propre et un mode de fonctionnement
très clair. Oui, effectivement, cela peut prendre la forme de
contrats annuels. C'est assez facile. On sait que l'on a aujourd'hui
tant de lecteurs grands consommateurs de culture, donc tant d'internautes
potentiels, donc tant d'achats potentiels sur le net. Les lecteurs,
nous le savons, ont senti que l'indépendance s'est renforcée au
fil des années car dès le départ, nous avons lutté contre une
pratique assez répandue de mélange des genres entre rédactionnel
et pub. Nous avons prouvé qu'en étant indépendants, nous sommes
le meilleur support pour les annonceurs. Avec des règles claires,
les lecteurs comme les internautes s'y retrouvent. Les annonceurs
aussi.
En
dehors des majors du disque, nouerez-vous des relations avec,
mettons, NaÔve ou Peoplesound.com?
C'est délicat. Nous sommes très proches de gens comme NaÔve, nous
avons un regard comparable sur la création. Mais en même temps,
nous devons aussi être indépendants, même à l'égard des indépendants.
Par contre, s'il y a des synergies à développer, avec NaÔve, avec
Sony ou Warner, oui, pourquoi pas. Nos seuls critères sont l'envie,
la curiosité, la volonté de faire partager. Telle est toute notre
vocation: faire partager des choses souvent cachées qui, selon
nous, méritent la lumière. Le guide sur le Net est un vecteur
idéal pour cela - ce à quoi il convient de rajouter le dialogue
et l'échange.
Avez-vous
déjà des partenariats exclusifs ?
Oui, mais rien ne peut être dit pour l'heure. D'abord parce que
les négociations sont en cours, et puis parce que tout ne sera
pas en ligne dès le 15 mars. D'autres extensions viendront, comme
les voyages, les festivals, etc.
Et
la Fnac par exemple ?
Je vous le disais, nos relations sont excellentes et nous travaillerons
sans doute ensemble. La Fnac a été la première enseigne à nous
faire confiance. Mais rien n'est fait. Dans tout le secteur de
la culture, les cartes sont en train d'être redistribuées. Il
n'y a pas d'exclusive. Des américains vont arriver bientôt, je
pense à Amazon, à CD Now, à TicketMaster. La palette s'élargit,
il faudra dans six mois avoir choisi le bon partenaire, de façon
pragmatique, en s'inspirant de l'expérience américaine, sans se
laisser leurrer.
D'autres
sources de revenus que publicité et partenariats ?
Nous avons déjà une boutique en ligne, avec des abonnements, des
anciens numéros, des T-Shirts, etc. Mais notre principe absolu,
si c'était le sens de votre question, repose sur la gratuité totale
de l'ensemble du site.
Des
avantages pour les abonnés du journal ?
Les abonnés ont déjà beaucoup d'avantages. C'est à voir, mais
nous voulons le moins de ségrégation possible. Nos abonnés sont
choyés, mais la vocation du Net n'est pas la même. Ses membres
seront, eux aussi, privilégiés.
Qu'en
est-il de la concurrence ?
C'est étonnant car le paysage français, hors Télérama
peut-être, est assez vide. Mais la concurrence sur ce créneau
arrive, nous le savons. Fin 2000, il ya aura une dizaine d'acteurs
et deux ou trois qui resteront.
Dont
vous ?
Oui, notre atout parmi d'autres tient au "click and mortar".
Notre mortier, c'est le papier. Notre existence en kiosque est
déterminante, c'est la base de notre crédibilité, nous n'avons
pas à renouer tout un réseau ou à le créer ex nihilo. Notre force,
c'est notre histoire, notre expérience, notre enracinement, notre
notoriété, la fidélité de nos lecteurs. Et puis le timing est
idéal. Nous sommes les premiers de cette nature à migrer sur le
Web, sans avoir à essuyer les pl’tres, techniques notamment. Avant,
cela aurait été difficile, les différents facteurs de succès n'auraient
pas été môrs. Ni les possibilités en financement. Plus tard à
l'inverse, cela aurait été plus compliqué. S'introduire ensuite
parmi de nombreux acteurs aurait nécessité beaucoup d'argent pour
être parmi les premiers.
Vous
proposerez du MP3 ?
Peut-être, mais du MP3 "légal". Tout dépend des évolutions actuelles,
des garanties pour les droits d'auteur. Et puis rien ne dit que
le MP3 ne sera pas remplacé par un autre moyen de compression,
celui de Microsoft par exemple, qui offrira peut-etre plus de
garanties pours les éditeurs. Mais en tout cas, le site sera techniquement
à la pointe pour permettre de relayer tous les domaines essentiels
qui sont les nôtres, que ce soit par le texte, par le son ou par
l'image, tout en n'étant pas un portail "mélange des genres".
La personnalisation est importante: on pourra personnaliser sa
page d'accueil, dialoguer, échanger des places de concert ou des
disques.
Quels
sont vos sites préférés ?
J'en ai beaucoup, en Angleterre en particulier. J'ai tout de même
un petit problème avec les sites américains, qui opérent un recentrage
purement commercial dans l'ensemble. Pour l'information, je consulte
les sites de presse comme Slate,
Entertainment
Weekly, Rolling
Stone ou Big, Dazed
& Confused en Grande-Bretagne. J'aime beaucoup le site du
Guardian/The
Observer, qui présente un bon équilibre entre lisibilité immédiate
et archives. Mais leur guide -qui n'est pas leur fonction première-
ne me satisfait pas entièrement. Il n'y a en fait aucun site dont
la fonction guide me satisfait pleinement. J'aime bien Time
Out ou Village
Voice, mais le fond manque. En fait, l'idéal serait le mariage
de site de Time Out et du Guardian. Je regarde d'autres sites
aussi, plus graphiques, comme celui de Massive
Attack.
Vous
achetez sur le Net ?
Oui, des disques aux USA, ceux que je ne trouve pas en France.
Mais ce n'est en rien exclusif, je ne vais pas moins en librairie
ou chez le disquaire, pas moins au cinéma non plus, au contraire.
Mais j'ai accès à des choses que je ne pouvais pas me procurer
auparavant (à moins d'aller dans de rares librairies spécialisées),
le dernier Brett Easton Ellis en anglais par exemple. Impossible
de vous le procurer si vous habitiez en province. Avec le Net,
vous le pouvez.
Passons
pour finir du click au mortar, que lisez-vous?
Je viens de finir "L'Adversaire" d'Emmanuel Carrère,
j'ai été un peu déçu. Par contre, le livre d'Elena Lappin, "L'Homme
qui avait deux têtes", est très bon. Nous avons d'ailleurs
titré un peu vite dans le journal sur "l'imposture" littéraire
et historique. C'en est une, mais c'est plus compliqué. Et je
m'apprête à plonger avec délectation dans "Glamorama",
le nouveau Brett Easton Ellis justement.
Et
qu'écoutez-vous ?
Enormément de choses: d'abord pour concevoir les compilations
offertes avec le journal (nous allons d'ailleurs en offrir une
avec un kit de connexion). Et, plus assidument, les nouveaux albums
de Boss Hog, Eels, Elliott Smith, Youssou N'Dour ou Me One -un
nouveau nom à suivre, qui sortira en mars : une sorte de Folk/Rap
aux harmonies vocales somptueuses.
Christian
Fevret, 35 ans, a fait des études de droit et de philo.
à Nanterre. Après avoir participé à
l'aventure des radios libres en 1981 (notamment au sein de Boulevard
du Rock ou de CVS), il crée Les Inrockuptibles en 1986
avec Arnaud Deverre. Il en est aujourd'hui directeur de la publication
et de la rédaction.
Les Inrockuptibles
en chiffres
Date
de création
|
1986
en bimestriel, 1990 en mensuel et 1995 en hebdomadaire
|
Diffusion
totale payée
|
42.000/semaine
en 1999
|
Date
d'ouverture du site
|
15
mars 2000
|
Budget alloué
|
15 millions de francs pour 2000
|
Objectifs
à fin 2000
|
de
1,5 à 2 millions de pages vues/mois
|