INTERVIEW
 
PDG
MusicBox
Corinne Gillet
"Titre"
Créé en 1995, MusicBox est au départ un fournisseur de CD auprès de détaillants physiques. Dès 1996, la société prend le virage de l'Internet et passe d'un modèle BtoB à un modèle BtoC. En 1999, MusicBox, rendu célèbre par un reportage de l'émission de télévision Capital (Lire l'article du JDNet du 16/08/99), lève 10 millions de francs auprès du fond Seeft Ventures (également actionnaire de Benchmark Group, éditeur du Journal du Net)et des Editions Atlas, qui sont toujours les principaux actionnaires du site. Après avoir diversifié son assortiment en 2000, en ajoutant à ses références les DVD, le site a lancé le 10 mai une nouvelle version et ajoute deux univers à sa boutique : les jeux vidéo et la hi-fi vidéo. Corinne Gillet, PDG de MusicBox, revient sur le développement du site et ses perspectives d'avenir. Mercredi 9 mai 2001
 
          

JDNet. Le site MusicBox a été lancé en 1996 exclusivement sur la vente de CD. Vous avez décidé ensuite d'élargir votre offre aux DVD. Est-ce que vous avez opté pour le même positionnement sur ces deux produits ?
Corinne Gillet. Concernant le CD, qui est le produit historique de MusicBox, nous avons toujours conservé le même positionnement, à savoir un référencement limité. Aujourd'hui, nous avons 5.000 références. Notre but n'est pas d'être exhaustif, mais de travailler les meilleurs ventes, les nouveautés et tout le fond de catalogue. En terme de thématique musique, nous sommes restés sur le même créneau, celui de la variété française et internationale. Nous ne nous sommes aventurés ni dans le classique, ni dans le jazz, qui demeure un secteur de niche. Nous gardons une offre de CD single, mais limitée à 100 références. Pour ce qui est du DVD, nous avons opté pour un autre positionnement. Nous sommes exhaustifs sur le DVD, puisque nous avons environ 2.500 produits disponibles.Tout ce qui sort est dans le catalogue MusicBox. Nous avons pu adopter cette stratégie car nous étions présents au lancement des DVD en France. Nous n'avons donc pas acquis de retard par rapport à la fabrication du catalogue.

Quels sont aujourd'hui les résultats du site sur ces deux gammes de produits ?

Nous avons aujourd'hui un catalogue d'environ 7.500 références. Notre objectif est d'avoir 95% des produits en stock pour que toutes les commandes passées avant 16 heures puissent être expédiées le jour même. Notre panier moyen se situe au environ de 350 francs hors taxes. A l'heure actuelle, il augmente de manière constante, après avoir connue une évolution assez importante ces six derniers mois, en raison de la croissance des ventes de DVD. Nous recensons entre 150 et 200 commandes par jour et notre chiffre d'affaires pour l'année 2000 a atteint 15 millions de francs. Nous espérons doubler ce chiffre en 2001. C'est un seuil ambitieux. Arriver à 15 millions n'est pas si compliqué que cela. Mais arriver à 25-30 milllions de francs, signifie passer des paliers supplémentaires tant en termes de gestion interne que de stocks, de réactivité comme de services. Toutefois, si nous arrivons à maintenir nos objectifs de rentabilité et notre marge sans faire 30 millions de chiffre d'affaires, ce ne sera pas grave. Nous ne sommes pas dans une logique de chiffre d'affaires à tout prix. Nous préférons maîtriser tous les éléments pour être capables de montrer un modèle solide dans les deux à trois ans à venir. Nos taux de marge sont en augmentation tous les mois, ce qui nous laisse espérer une rentabilité à la fin de l'année.

Quelles sources de développement privilégiez-vous à court terme pour augmenter vos volumes et le recrutement d'internautes ?
Compte tenu du nombre de visites par jour, c'est-à-dire entre 8 et 10.000, et du nombre de commandes, nous pensons avoir atteint un seuil, étant donné les faibles investissements publicitaires que nous avons faits sur le Net. Aujourd'hui, nous souhaitons davantage développer notre activité par des produits complémentaires que par des investissements massifs en publicité. La compagne que nous avons faite en décembre sur Yahoo, pour un budget de 300.000 francs, n'a pas été satisfaisante en termes de transformation par rapport aux objectifs que nous nous étions fixés. Nous allons essayer de trouver des leviers différents pour faire du recrutement. Ce sera peut-être plus long que les bannières publicitaires, mais plus rentable.

Quels sont les outils que vous allez privilégier ?
Des outils comme les comparateurs de prix, qui ont l'avantage de toucher des acheteurs. Dans cette même logique, le nouveau modèle de boutique que nous venons de lancer, propose outre deux nouvelles rubriques, jeux vidéo et hi-fi vidéo, un nouvel espace braderie. Accessible en permanence, il proposera des offres inédites sur le Net, dans tous les univers, pour que les visiteurs sachent que sur MusicBox on peut trouver des produits à prix bradés, non disponibles ailleurs. En d'autres termes, nous pensons davantage recruter par de nouveaux partenariats, des prix très attirants sur les comparateurs ou des mises en avant dans les espaces boutique. Le positionnement que nous tentons d'imposer est un juste milieu entre un modèle élitiste et le discount. Ce qui nous permettra de ne pas nous cantonner à un positionnement qui nous restreint, mais élargira notre cible vers des internautes à la recherche de bonnes affaires.

Par rapport à cette logique de faibles prix, comment vous positionnez-vous face à un site comme Priceminister ?
Je trouve leur accroche publicitaire très bonne (Lire la rubrique Offline du JDNet du 04/05/01). Le message est percutant, très lisible et il peut amener une forte réactivité. Ils se situent en plus, sur un marché, celui de l'occasion, qui nous intéresse beaucoup, car en plein boom. C'est un site avec lequel nous pourrions envisager un partenariat.

Vous aviez envisagé en 1999 mettre en place un service de dépôt-vente. Vos projet s'y rattache ?
En fait, nous n'avons jamais lancé ce service. Mais, nous réfléchissons actuellement à un concept similaire, pas forcemment sur tous les produits, mais sur un produit phare.

Faire du prix coûtant pour recruter plus d'internautes fait-il partie de vos axes de développement?
Actuellement, non. Notre position est plutôt de nous développer, de ne pas nous marginaliser par rapport aux grands, mais pas à n'importe quel prix. Nous n'envisageons des opérations à prix coûtant que sur des produits ou univers spécifiques. Notre objectif est plutôt de créer de la confiance et de la fidélisation.

Avec votre nouvelle boutique, quels sont vos objectifs en termes de vente ?
Nous espérons passer dans les deux mois qui suivent l'ouverture à 250 commandes par jour. Cette augmentation sera vraisemblablement tirée par les jeux, parce que ce sont des gammes de prix similaires à ce que nous faisons déjà. La hi-fi vidéo demande une maturité plus longue. Il faut prendre le temps de se positionner sur le marché et d'être connu. Nous n'allons toutefois pas proposer tous les jeux vidéos qui sortent en France. Nous préférons nous concentrer sur une gamme restreinte. Nous comptons également beaucoup sur la nouvelle ergonomie du site, plus lisible, conviviale et plus efficace dans la recherche des produits, grâce à de nouvelles portes d'entrée produits. Ce développement a pris du temps, car nous avons tout réalisé en interne.

Pourquoi ne pas avoir mis en place plus tôt ces nouveaux univers ?
Parce qu'auparavant, ces transformations ne figuraient pas dans nos priorités, même si nous aurions pu revoir plus tôt l'ergonomie du site. Aujourd'hui, avec ce nouveau site et ces nouveaux univers, nous voulons nous hisser à la hauteur de sites comme Amazon, Alapage ou la Fnac. Nous jouons il est vrai assez gros sur cette nouvelle version.

Quelles sont vos perspectives pour 2001 ?
D'ici la fin de l'année, notre objectif est de donner la plus grande valeur possible à MusicBox et donc d'atteindre nos objectifs. Pour cela, nous prévoyons dans les prochains mois une noiuvelle augmentation de capital. Mais nous ne sommes pas sûrs de la faire avec nos seuls partenaires actuels si nous ne trouvons pas un accord suffisamment vite.

Quels sont vos sites préféré sur Internet ?
Je regarde beaucoup les sites de vacances, comme Travelprice. Je regarde également les sites d'information comme TF1 ou La Tribune, parce que cela me permet d'être informée très rapidement. Et puis tout ce qui est information autour du Net. C'est surtout de l'information et peu de sites de loisirs.

Qu'est-ce que vous détestez sur Internet ?
En fait, il y a peu de chose que je n'aime pas. J'essaie de prendre ce qu'il y a de mieux, et de ne pas faire la police. En fait, j'aime Internet pour son côté pratique. Enquiquinements, zéro : c'est un peu ma devise dans la vie.

 
Propos recueillis par Anne-Laure Béranger

PARCOURS
 
Corinne Gillet, 32 ans, est diplomée de l'Ecole française des attachés de presse à Paris, où elle se spécialise dans la communication d'entreprise. Attirée par la musique et le cinéma, elle travaille très vite dans le marketing pour le lancement de film, de cassettes vidéos ou de musique. Un parcours de cinq ans en tant qu'assistante de promotion et de chef de produit qu'elle abandonne pour créer sa propre société en Charente en 1995 : MusicBox.

   
 
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