Le Monde Interactif
vient de dévoiler une batterie de nouveautés pour
le site du quotidien (cf article
JDNet du 22 octobre 1999): "slots" infos plus claires,
un service de dépêches en anglais en partenariat
avec Associated Press,des enchères en ligne avec QXL, une
billetterie avec la Fnac, etc. Les projets de développement
ne manquent pas non plus: multiplications des supports pour consulter
les services interactifs du site, streaming avec Canalweb, élaboration
de sites thématiques. Autant de projets qui donnent des
ailes à Alain Giraudo, le directeur du Monde Interactif.
Propos recueillis par Philippe Guerrier le 22
octobre 1999 .
JDNet : Devant la pléthore
de nouveautés annoncées, pouvez-vous résumer
les axes de développement du Monde Interactif?
Alain Giraudo : Nous avons déjà réussi
à faire du site du Monde Interactif le premier site éditorial
en France. Nous rentrons dorénavant dans la phase 2: conforter
et étendre. La première partie du programme consiste
à développer le contenu et les services du site.
La deuxième consiste à créer une galaxie
de sites thématiques et des communautés spécifiques.
En juin dernier, vous avez adopté
l'outil Story Server de Vignette. Quel premier bilan en tirez-vous?
Une société qui adopte Vignette doit savoir qu'elle
dispose d'un outil d'une puissance illimitée. Toutefois,
c'est vrai qu'il demande une conceptualisation très stricte.
Nous avons rencontré des problèmes lors de la mise
en place. Nous voulions exploiter ses capacités beaucoup
plus rapidement mais nous avons sous-estimé le besoin de
puissance des serveurs.
En juin, le JDNet a estimé
que le lancement de la nouvelle version du site du Monde Interactif
avait coûté un million de francs. Vous confirmez?
C'est une estimation qui correspond à la réalité.
(cf article JDNet
du 1er juin 99)
Le 5 octobre dernier, la fréquentation
du site a été dopée à cause de la
grève du Livre, empêchant la parution papier des
quotidiens nationaux. Ca ne vous donne pas envie d'accélérer
la production de contenus spécifiques?
Nous disposons déjà d'une politique de contenu spécifique
sur le Web. Nous n'avons pas envie d'être concurrent au
"Monde" papier même si on est plus réactif
compte tenu du support. La rédaction du "Monde"
a fait une édition pour le web ce jour-là. Toutefois,
il existe quatre échelons dans la production de l'information
au "Monde". Je me demande si l'on peut maintenir ces
paliers pour la production d'informations en ligne. Je crois que
le circuit est inverse au San Jose Mercury News: l'article est
d'abord en ligne puis dans la version papier.
Comment avez-vous abordé le
problème des droits d'auteurs?
Nous avons opté pour un système de répartition
collective. L'accord prévoit une rétribution de
chaque collaborateur ayant contribué à l'alimentation
de la base de données d'articles. Actuellement, le montant
est de 1.300 francs par an. Ca progresse chaque année.
L'accord de droit d'auteur était bon pour deux ans, il
vient d'être renouvelé pour une période similaire.
Vous
avez suivi le conflit à la Tribune à propos de l'absence
de correcteurs du Livre au sein de la rédaction multimédia?
Oui. Je crois qu'il ya une certaine légèreté
de la part des éditeurs, qui a obligé les syndicalistes
à prendre des positions extrêmes. Mais ce sont des
problèmes globaux. Autre exemple: la situation au "Figaro"
est effarante sur ces aspects.
Comment avez-vous géré
cet aspect au Monde Interactif?
Nous avons une correctrice du Livre, qui est en charge de vérifier
le contenu de la production orginale du Monde Interactif. Mais
nous avons déjà pris position sur ce sujet: ce ne
sera pas toujours forcément un adhérent du Livre.
Comment se passe une journée
type au sein du Monde Informatique ?
Nous entrons en contact avec la conférence de rédaction
le matin du Monde à 8h30, soit par téléphone
soit en y assistant directement. Puis, une réunion a lieu
au sein du Monde Interactif. Une première mise à
jour du site survient vers 10h30. Ensuite, le reste de la journée
se déroule au fil de l'eau en prenant en compte les aléas
de l'informatique. L'ensemble du contenu relatif à la nouvelle
édition du Monde est mis en ligne entre 15 et 17 heures.
Prochainement, nous allons étendre nos horaires de production
d'informations de 10 à 14 heures avec des équipes
en relais.
Il manque un élément
fondamental sur le site : une newsletter?
Le Monde Interactif a fait la preuve que l'on peut devenir le
premier site éditorial sans newsletter (sourire). Plus
sérieusement, il est vrai qu'au tout premier niveau du
site, ce n'était pas considéré comme une
priorité. C'est un vrai manque auquel nous allons remédier.
Quelles relations entretiennent les
journalistes du Monde papier avec l'Internet ?
Les correspondants à l'étranger du Monde ont très
rapidement adopté l'Internet. Au niveau de la rédaction
interne, une partie semble s'y intéresser. Une autre néglige
complètement l'Internet. Mais dans l'ensemble, c'est plutôt
satisfaisant. Nous avons monté dèjà des opérations
spéciales en collaboration avec des journalistes du Monde
à l'occasion de Visa Pour l'Image à Perpignan et
du Festival de Cannes.
Quel est votre site d'information
favori ?
Le New York Times.
D'abord parce que j'aime son contenu et secundo parce que c'est
un modèle de ce que l'on peut faire le Net.
Quels sites consultez-vous pour vos
loisirs ?
Le site de la NASA.
Qu'est-ce que vous aimez sur le Net
?
Je trouve que l'Internet représentent les nouvelles frontières
de l'information. C'est un outil dont on ne connaît pas
encore toutes les limites. Ca va changer profondément l'information
et la matière de traiter l'information. Mais le cadre de
l'ordinateur va être dépassé. A la limite,
ce n'est pas l'Internet le plus important mais la numérisation
de l'information.
Que détestez-vous?
Je ne sais pas. Je n'aime pas les fascistes, les pédophiles
dans le monde réel. C'est pareil sur Internet. On retrouve
sur Internet les attitudes que l'on a dans la vie. Je ne pense
pas que l'on se comporte sur Internet autrement que dans la vie
réelle.
Alain Giraudo, 52 ans, est diplômé de l'Institut
d'études politiques de Paris. Il a commencé à
collaborer avec le Monde au service "Economie" en qualité
de journaliste, puis est devenu rédacteur en chef "Sports"
entre 1978 et 1989. Il a dirigé ensuite le service "Société".
A partir de 1994, il prend en main la section "Aujourd'hui"
regroupant les sports, les sciences, la communication et style
de vie. En 1996, il fonde Le Monde Interactif avec son adjoint
Michel Colonna d'Istria.
Le Monde
Interactif en chiffres
Date
de création
|
Décembre
95
|
Composition
du capital
|
64%
Le Monde et 36% Grolier (Hachette)
|
Effectifs
|
22
personnes (une quarantaine prévues
fin 99)
|
Audience
|
60.000 visites et 350.000 pages vues par jour en septembre
99 (source Cybermétrie)
|
CA
Prévisionnel 99
|
13
milions de francs dont 5 millions de publicité
|