INTERVIEW
 
Directeur général
Noos
François Guichard
"Titre"
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La nouvelle offre de Noos (12/10/2001)
Noos, qui a présenté hier sa nouvelle offre commerciale qui sera lancée à partir du 2 novembre (Lire l'article du JDNet), entend conquérir 20% des parts du marché de l'accès à Internet sur sa zone de couverture. En un an, la société affirme avoir presque doublé le nombre de ses abonnés (de 49.000 à 90.000). Malgré les investissements importants que nécessite la phase de construction engagée depuis 1999, François Guichard, directeur général du câblo-opérateur, table toujours sur un passage à "l'équilibre positif" en 2004. Il revient sur les orientations stratégiques de Noos et sur l'évolution des relations, souvent ombrageuses, avec l'association des abonnés du câble mécontents, Luccas.
11 octobre 2001
 
          

JDNet. Le marché français est-il suffisamment vaste pour qu'un cablô-opérateur atteigne la rentabilité ? Ne faut-il pas plutôt réfléchir au niveau européen ?
François Guichard. L'économie d'un opérateur câble est d'abord locale, parce que nous sommes opérateur de boucle locale. Nous avons une énorme plaque en région parisienne et son économie, sa commercialisation, son marketing sont sur cette surface là. Il faut arriver à mettre suffisamment de pression et de gestion sur une zone qui est bien ciblée et bien concentrée. Mais effectivement, cela a un sens d'avoir une autre capacité d'achat. Négocier au niveau européen des programme ou des équipements permet de réaliser des économies qui ne sont pas celles que nous pouvons faire si nous voulons acheter 100.000 ou 500.000 modems alors que d'autres les commandent par millions. Donc, oui, une structure européenne, cela a un sens. Mais d'un point de vue commercial et marketing, l'offre câble reste quand même un produit très zoné et c'est pourquoi nous restons concentrés au niveau français pour l'instant.

Craignez-vous le déploiement des câblo-opérateurs américains en Europe et plus particulièrement en France ?
Les Américains sont déjà venus en France, donc ce n'est pas une première. Je crois que nous avons un marché qui est un peu spécifique. Ceci dit, s'ils nous aident à réorganiser et à unifier le marché, ils sont les bienvenus.

Où en sont vos réflexions sur le concept "triple play" (offre combinée TV, Internet et téléphone) sur lequel se base le développement du câble aux Etats-Unis ?

Nous travaillons dessus. Cela fait partie de la reconstruction que nous sommes en train de faire. Notre offre de télévision numérique est maintenant en place et sur l'Internet, nous venons de lancer notre nouvelle gamme illimitée en accès temps et volume. Le troisième élément est effectivement l'offre téléphone. Nous voulons la faire sous protocole IP pour avoir un standard qui fédère notre réseau. Nous sommes aujourd'hui en phase de test et nous négocions l'interconnexion avec France Telecom. Notre première offre commerciale devrait être lancée à horizon mi-2002.

Stratégiquement, vous souhaitez uniquement être distributeur de contenu. Vous n'envisagez pas d'alliance avec un éditeur ?
Notre stratégie est effectivement de rester un distributeur, c'est-à-dire que nous voulons proposer l'ensemble des accès numériques. En télévision, quand nous offrons l'ensemble des chaînes, cela nous permet, en étant un distributeur qui n'est pas éditeur et qui n'a pas non plus de lien particulier avec un éditeur de contenu, de proposer les chaînes de TPS, de Canal, du groupe AB, du groupe TF1... Cette position nous laisse toute liberté d'avoir l'offre la plus exhaustive possible, pour que ce soit le client qui fasse ses choix. Nous sommes dans la même logique sur Internet. Si nous nous passions alliance avec un Chello, par exemple, cela signifie que nous verrouillerions nos clients sur une certaine ligne de produits. Dans notre esprit, nous voulons offrir un portail. C'est ensuite à l'internaute de voir et d'aller où il veut. Notre stratégie aujourd'hui est de maintenir cette liberté de choix.

Quel a été l'investissement réalisé par Noos ?
Il y a deux types d'investissements. Le premier consiste à reprendre le réseau de France Telecom*, qui a été mis en place à partir de 1982. Il y a une partie des équipements qui sont obsolètes et qu'il faut changer. Cela représente un investissement de 1,2 milliard de francs jusqu'en 2003 pour à la fois moderniser l'architecture réseau et installer la nouvelle norme DOCSIS [NDLR : Data Over Cable Service Interface Specification, norme créé en 1997], qui assure une meilleure qualité dans la gestion des débits. Notre second type d'investissement consiste à construire de nouvelles zones où il n'y avait pas le câble, c'est-à-dire au Nord, à l'Est et un peu au Sud de Paris. Nous allons y créer 500.000 prises jusqu'en 2003, pour un investissement de 2,2 milliards de francs.

Concernant vos nouvelles offres illimitées en temps et en volume, avez-vous envisagé un scénario catastrophe avec d'énormes émissions de données par utilisateur  ?
Cette question n'est plus problématique grâce à DOCSIS. Nous savons maîtriser ce processus car la nouvelle norme permet aux équipements de gérer en temps réel les requêtes de nos internautes abonnés. Chacun reçoit un quota de bande, par opposition à l'ancienne norme (CDLP), qui favorisait les premiers entrants et pouvaient ainsi arriver rapidement à saturation. De plus, nous avons constaté que les très gros consommateurs, que nous appelons des résidentiels "professionnels", ne représentent qu'un nombre infime de clients. Le problème avec la norme CDLP, c'est que 3 à 5% de nos utilisateurs pouvaient prendre 80% de la bande. Ce n'est plus le cas avec DOCSIS.

Justement, comment évoluent vos relations avec Luccas, association des abonnés du câble mécontents ?
Il y a des hauts et des bas, un peu comme dans un couple. Aujourd'hui, je crois que nous avons une réponse positive par rapport à leur préoccupation, qui est essentiellement celle de la facturation de l'upload. Nous leur avons toujours dit que nous recherchions une solution technique et qu'en dehors de cela, je maintiendrais l'équité dans la répartition. Pour les personnes déjà abonnées, nous allons augmenter le 1er novembre prochain le plafond limite d'upload à 500 mégaoctets pour nos clients les plus anciens, sans changer la tarification de leur abonnement. Puis nous allons généraliser peu à peu et élever cette limite d'upload à mesure que l'ensemble de notre réseau sera mis aux normes DOCSIS, ce qui interviendra dans le courant 2002. Donc, la réponse à leurs revendications est là. Quelle va être leur réponse? J'attends avec impatience.

*France Telecom s'est désengagé de sa participation (49,9%) de Noos en mai 2001. Suite à cela, le câblo-opérateur a récupéré la maîtrise de son réseau alors qu'auparavant, Noos louaient une partie de ses réseaux à France Telecom qui en conservait la maîtrise technique.

 
Propos recueillis par Florence Santrot

PARCOURS
 
François Guichard, 51 ans, est diplômé d'une maîtrise de physique. Il a débuté sa carrière chez Bouygues Offshore, où il est resté onze ans. Directeur d'exploitation au sein de Delta Assistance (filiale de Renault), il a ensuite mis en place et lancé le concept Renault Assistance. En 1996, il devient directeur général de Cegetel Service, société en charge des services clients de SFR, du 7 et de Tam Tam. Début 1999, François Guichard rejoint Lyonnaise Câble en qualité de directeur client, opérations commerciales et système d'information. François Guichard est depuis la mi septembre 1999 directeur général de Lyonnaise Communication (devenu Noos en mai 2000).

   
 
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