JDNet. Quel est le poids des activités "annuaires en ligne" de Pages Jaunes par rapport à vos activités globales ?
Jean-Marie Guille. En 2001, nous avons réalisé un chiffre d'affaires "annuaires en ligne" de 167 millions d'euros, soit 22% de la société Pages Jaunes. En 2002, nous pensons que notre activité représentera près du quart du chiffre d'affaires de Pages Jaunes.

Et au sein d'&Wanadoo, comment évolue la contribution de Pages Jaunes ?
&Wanadoo a réalisé en 2001 1,5 milliard d'euros de chiffre d'affaires. La partie "annuaire et services professionnels" représente 848 millions d'euros, dont 751,7 pour l'ensemble des activités de Pages Jaunes. Notre contribution dans le chiffre d'affaires de &Wanadoo est naturellement diluée compte tenu de l'évolution des revenus liés à la fourniture d'accès Internet. En 2000, lorsque &Wanadoo est entrée en Bourse, la partie annuaire représentait 83%. Aujourd'hui, notre part est de 54%.

Comment évolue votre modèle économique ?
Sur PagesJaunes.fr, le modèle publicitaire reste dominant [Pages Jaunes a également réalisé plus de 28.000 sites pour des professionnels dans le cadre de ses activités BtoB, NDLR]. A côté des revenus issus de la publicité, nous déployons des services Internet directement payés par l'utilisateur final (QuiDonc.fr par exemple). Des modèles mixtes vont arriver également avec l'arrivée des gammes de mobiles de prochaine génération : les fonctionnalités de base seront gratuites, l'enrichissement serait payant. Par exemple, les fonctionnalités de géolocalisation.

Combien d'annonceurs avez-vous sur Internet ?
Au 31 mars 2002, nous avions 212.000 annonceurs Internet, ce qui représente 40% de nos annonceurs globaux. A noter qu'il n'existe actuellement aucun couplage publicitaire annuaires imprimés-Internet. Nous estimons qu'Internet est un support suffisamment spécifique et puissant en terme d'audience. Par conséquent, PagesJaunes.fr mérite une offre commerciale dédiée. De plus, nos concurrents pourraient juger qu'un couplage papier-Internet ne serait pas éthique. Nous voulons clairement signifier que nous avons pris nos marques sur Internet uniquement à partir du service en ligne PagesJaunes.fr.

La fréquentation du service en ligne a-t-elle dépassé celle de votre serveur télématique ?
Il est toujours difficile de comparer l'audience d'un outil par rapport à un autre, compte tenu des spécificités en terme de mesure d'audience. Toutefois, si nous retenons la notion d'acte de consultation, nous avons enregistré environ 14 millions de visites sur PagesJaunes.fr en avril 2002. Sur le 3611, nous avons enregistré en moyenne 43 millions de consultations par mois sur l'année 2001. Mais il est clair que les deux courbes d'audience (Minitel et Internet) se rapprochent.

En quoi l'audience Internet est-elle spécifique?
La grande partie de nos consultations sont faites sur le lieu de travail et l'audience des jours de semaine est beaucoup plus marquée que le week-end : le rapport est de 1 à 3. Sur la semaine, les pics d'audience sont recensés le lundi puis l'on redescend régulièrement le reste de la semaine. C'est le service Pages Jaunes qui est le plus consulté sur Internet, alors que, sur les autres supports (Minitel, annuaires impirmés), les Pages Blanches prennent le dessus. C'est logique car, dans la présentation de notre service en ligne, nous mettons en avant les Pages Jaunes.

Développez-vous de nouveaux produits publicitaires en 2002 ?
En ce qui concerne l'offre commerciale, nous lançons deux nouveaux produits : le "Spot audio", une animation sonore qui permet à un annonceur de présenter ses activités. Généralement, derrière les commentaires, c'est la voix de notre client, dont le message est enregistré sur un serveur vocal. Une démarche que nous trouvons plus sympathique. C'est un abonnement et le client peut changer les messages à leur guise. L'autre produit innovant est le "Clip", une succession de photos illustrant le métier de notre annonceur, qui donne l'impression d'une vraie vidéo. Nous ne sommes pas arrivés au niveau de la vidéo en ligne car nous estimons que les internautes disposant d'un accès bas débit sont pénalisés. Nous testons actuellement ces deux produits sur le service PlanResto.com. Ils seront installés sur le service PagesJaunes.fr dès que nous aurons un premier jet important d'annonceurs intéressés par cette approche.

Vous communiquez beaucoup autour du service Minitel du service d'annuaire inversé QuiDonc. Pourquoi mettre de côté Internet ?
Nous estimons que le projet sur Internet n'est pas encore complètement mûr. Certes, nous avons signé des accords avec le portail Wanadoo et Club-Internet mais il faut aller plus loin. QuiDonc est sur Internet depuis septembre 2001. Le service en ligne est passé en payant au début de l'année, avec le système de micro-paiement W-Ha. Nous continuons à communiquer sur l'accès Minitel car c'est notre principale source de connexion : 2,5 millions par mois. QuiDonc est un service multi-supports : serveur vocal, Minitel et Internet. On prépare un service interactif avec le bouquet numérique TPS et avons déposé un dossier pour lancer un service sous le "Kiosque SMS +" en favorisant le palier tarifaire à 0,35 euros. C'est la tarification qui se rapproche le plus de nos autres supports. Du côté du serveur vocal, nous avons actuellement un numéro Audiotel à dix chiffres. Mais nous avons réservé un numéro court (quatre chiffres) auprès de l'Autorité de Régulation des Télécommunications.

L'approche thématique de PlanResto.fr, le guide de restaurants en ligne lancé en septembre 2000, est-elle pertinente ?
L'objectif initial n'était pas de développer une multitude de sites thématiques. C'est plutôt l'approche locale qu'il faut retenir. Actuellement, PlanResto.fr couvre uniquement Paris. Nous nous en servons comme plate-forme d'expérimentation, sous la marque Pages Jaunes. PlanResto.fr recense actuellement entre 15.000 et 20.000 pages vues par jour.

Le service Pages Jaunes a récemment intégré le portail Yahoo.fr. Quels sont les termes de votre accord ?
Yahoo souhaitait avoir le leader des annuaires pour son service. L'accord dépasse le simple référencement puisque le service est intégré dans la charte graphique de Yahoo. Il est clair que c'est un accord intéressant pour les deux parties mais je ne dévoilerai pas les conditions spécifiques et le modèle économique. 20% du trafic sur PagesJaunes.fr est généré par des portails partenaires : les trois plus grands sont Wanadoo, Voila et Yahoo. Notre filiale espagnole (Indice Multimédia éditant le service QDQ.com) a signé également un accord avec Yahoo Espagne.

Le nouveau gouvernement doit signer le décret d'application concernant l'annuaire universel. Que va impliquer sa mise en place pour les Pages Jaunes ?
France Télécom, qui joue le rôle de service public en matière de télécommunications, a des obligations en terme d'annuaire universel. France Télécom sous-traitera à Pages Jaunes l'exécution de cette annuaire universel. France Télécom va le publier en édition papier et électronique, c'est à dire sur le Minitel. De notre côté, rien n'empêche Pages Jaunes de monter ce type de service sur Internet. Le fait de publier l'ensemble des numéros de téléphone des abonnés des opérateurs mobiles - et ce, en mode opt-out - nous intéresse beaucoup. C'est un enrichissement de notre contenu mais cela représente des coûts de gestion. Mais, cela pose des problèmes du côté des opérateurs mobiles, qui n'exploitent pas leurs fichiers clients dans cette optique-là. La mise en place d'un fichier d'annuaire demande des conditions beaucoup plus strictes. Cela nécessite des développpements informatiques (bases de données, flux) et des investissements dédiés.