(Interview modifiée
le 19/07/2001)
JDNet. Que représentent actuellement vos bases
marketing online par rapport à votre activité
offline?
David Guillaut de Suduiraut.
Nous avons
commencé à travailler sur Internet au
début de l'année 2000 et nous avons aujourd'hui
plus de 1,2 million d'internautes dans nos bases de
données Consomail auxquels s'ajoutent 500 000
adresses pour notre base Consorégie. Dans ces
bases, nous avons entre 50 et 100 critères d'information.
A titre de comparaison pour le offline, nous disposons
actuellement de plus de 3,5 millions de foyers dans
nos bases.
Vous
aviez investi dans la société Cabestan
que vous avez récemment abandonnée. Pour
quelle raison?
Nous avions fait l'acquisition
il y a plus d'un an de Cabestan pour nous accompagner
dans notre service d'e-mail push. Il s'agit de notre
activité d'exploitation des bases d'adresses
mail. Notre métier comprend en effet la collecte
de l'information marketing, l'exploitation de ces informations,
la vente de ces informations et enfin la diffusion de
l'e-mail sous forme de push. Cabestan n'intervenait
que sur ce dernier élément pour un apport
exclusivement technique. Or depuis cette acquisition,
les résultats de Cabestan ont rendu nécessaire
une augmentation de capital et le directeur général
de Consodata France de l'époque n'a pas souhaité
poursuivre dans cette voie à une époque
où nous avions beaucoup moins de besoins techniques
pour cette activité (ndlr: Cabestan a depuis
fait l'objet d'une liquidation judiciaire lire l'article
JDNet du 31/05/01).
Précisions du groupe Safig (19/07/2001) :
Le fond de commerce de la société
Cabestan a été racheté par le groupe
Safig en juin 2001. Une nouvelle société,
Cabestan.com, est actuellement en cours de création
avec l'ensemble des salariés de Cabestan. Le
service fourni aux clients de Cabestan n'a fait l'objet
d'aucune interruption.
Quel
est désormais votre plate-forme technique pour
l'envoi des mails?
Nous travaillons avec plusieurs
partenaires parmi lesquels Netcreation, une société
rachetée par notre actionnaire Seat, aux Etats-Unis.
Mais il ne s'agit là que de l'activité
de push, car la collecte d'informations se fait via
notre propre serveur.
Vous
venez d'annoncer la fusion de vos activités on
et off-line, que signifie cette évolution ?
Il s'agit plutôt d'un
rapprochement qu'il faut entendre comme la mise en place
d'un management unifié. Quand j'ai commencé
à travailler sur Internet il y a un an et demi
(ndlr: avant de prendre la direction générale
de la filiale française David Guillot de Suduiraut
dirigeait l'activité Internet de Consodata),
nous devions éduquer nos clients sur nos
offres Internet car à l'époque ils étaient
novices en la matière. Aujourd'hui nos grands
clients de l'univers offline sont devenus aussi nos
grands clients dans l'e-mailing. Ils ont testé
le mail marketing et ils ont acquis suffisamment d'expérience
sur le média pour vouloir le traiter comme un
élément de leur stratégie globale
de marketing direct.
Comment vos clients utilisent-ils aujourd'hui le mail
dans leurs campagnes de marketing direct ?
Pour
nos clients, le problème n'est plus de savoir
s'il faut utiliser le on ou le offline pour constituer
une base de marketing direct. Leur problème,
c'est d'être efficace et d'acquérir le
consommateur marginal au coût le plus faible possible.
Notre réponse c'est de proposer une offre de
distribution d'adresses globale dans laquelle ils peuvent
puiser ces clients.
Consodata
a lancé une offre baptisée Consorégie.
De quoi s'agit-il précisément ?
Dans
certains cas, nous avons dans nos bases des consommateurs
pour lesquels nous avons à la fois l'adresse
mail et l'adresse postale. Ce double moyen d'entrer
en contact avec un prospect est particulièrement
intéressant pour certains annonceurs. Prenez
un assureur par exemple :, le secteur de l'assurance
utilise beaucoup le mailing pour ses recrutements et
le mélange entre du mailing Internet et du mailing
postal est particulièrement attrayant.
Pour
quelle raison ?
Reprenons
l'exemple de la compagnie d'assurance : pour une campagne
de mailing, elle doit commencer par un message de type
teaser pour présenter ses produits de façon
générale. Elle doit ensuite adresser un
deuxième mailing plus précis et plus détaillé
autour d'une offre précise. Enfin la compagnie
doit adresser un reminder dans le cas ou le prospect
n'a pas déjà commandé. Chacun de
ces envois coûte à l'annonceur environ
15 francs incluant le prix de location de l'adresse,
les coûts de fabrication des documents, l'enveloppe
et les frais de port. L'opération lui coûte
au total autour de 45 francs. Avec l'offre Consorégie,
nous pouvons proposer au client de faire par exemple
un teaser sous forme d'e-mail pour un coût beaucoup
plus faible que le mail postal, puis d'adresser l'offre
concrète sous forme papier pour un coût
de 15 francs. Il s'agit dans ce cas du document qui
va rester sur la table de salon du consommateur et pour
laquelle il vaut la peine d'investir. Enfin le reminder
peut être adressé sous forme d'e-mail.
Voilà un exemple de couplage intéressant
qui optimise les coûts liés au marketing
direct.
Les
coûts réduits de l'e-mail marketing ne
risquent-il pas d'encourager le spamming et de faire
perdre au mail sa pertinence commerciale ?
Cela
peut paraître un peu paradoxal, mais je suis convaincu
que le développement d'opérations sans
intérêt adressées par e-mail mais
aussi par message postal aura pour conséquence
de renforcer notre position. Nous avons la particularité
d'avoir une connaissance intime de notre consommateur
et cela permet à l'annonceur d'adresser à
celui-ci un message pertinent au regard de ses goûts
et de ses habitudes de consommation. En outre, lorsqu'il
utilise nos bases, notre client s'adresse à un
consommateur qui accepte de recevoir ces informations
commerciales.
Quelle
est actuellement pour Consodata la durée de vie
d'une adresse "opt-in" ?
On
constate avec le recul que l'on peut avoir notamment
aux Etats-Unis, une durée de vie de 10 à
18 mois pour une adresse mail.
L'acceptation
de la réception de mails a lieu à un moment
précis. Qu'est-ce qui vous permet de considérer
que cette volonté demeure 3 mois ou 6 mois plus
tard ?
Le moyen le plus simple
pour le savoir, c'est de regarder à partir de
quel moment les gens n'ouvrent plus leurs e-mails. Aujourd'hui
on est assez satisfait de nos résultats sur ce
plan avec un taux d'ouverture pour un e-mailing de 60
à 70% et un taux de clic dans le mail de 10 à
15%.
Ces chiffres très élevés nous surprennent
nous-mêmes. Après, la transformation du
prospect qui a cliqué en client n'est plus de
notre ressort et dépend exclusivement de l'intérêt
de l'offre proposée par notre client.
Ces
chiffres varient-ils beaucoup en fonction des annonceurs
?
Il
faut d'abord savoir que nos principaux clients viennent
de la VPC, de l'automobile, de la grande consommation,
de la finance, de la banque et des télécoms.
La plupart des grands noms de chacun de ces secteurs
figurent parmi nos clients avec des groupes comme TF1,
France-Loisirs, Renault, Vizzavi ou Procter & Gamble.
L'appréciation des niveaux de transformation
dépend de la valeur du client pour l'annonceur
et donc aussi de son secteur d'activité.
Par
exemple ?
Et
bien pour un client venu du secteur de la carte de crédit,
un taux de retour de 0,5 à 1% est un très
bon chiffre car la valeur du client est très
élevée. En revanche pour un lessivier,
la valeur d'un client est dix fois inférieure
à la précédente. Le taux de retour
satisfaisant doit-être plutôt de 1 à
2%. Attention : quand je parle de taux de retour, je
ne prends en compte que le prospect qui devient client
final et pas simplement le client qui clique sur le
mail.
Sur
le plan légal, quelles sont les règles
appliquées par Consodata en Europe ?
Nous
avons choisi de nous aligner partout sur la directive
communautaire qui fixe des règles plus strictes
que la plupart des réglementations actuellement
en vigueur en Europe. Nous sommes beaucoup plutôt
stricts que ce qui se fait aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne.
A
titre personnel vous utilisez Internet depuis longtemps
?
Je
l'utilise depuis 1995 très exactement. Au départ
j'ai commencé par l'e-mail et j'ai ensuite utilisé
Internet pour collecter des informations à l'époque
où je travaillais dans le secteur de la banque
d'affaire.
Quels
sont vos sites Internet préférés
?
J'aime
bien chapitre.com et Fnac.com pour mes achats de livres,
sinon j'utilise d'abord et avant tous les moteurs de
recherche. Je les utilise tous, pour les informations
américaines j'utilise plutôt Yahoo, pour
les informations françaises j'utilise Wanadoo...
Vous
recevez combien de mail marketing par jour?
Entre
10 et 20.
Franchement
vous ouvrez combien de ces mails?
Bonne
question ! J'en ouvre en moyenne un sur deux, mais je
ne pense pas être un très bon exemple en
la matière (rires)
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