INTERVIEW 
 
Rafi Haladjian
Fondateur de
Ozone
Rafi Haladjian
"Le réseau pervasif, c'est l'Internet de demain"
Le fondateur d'Ozone, fournisseur de connexion Wi-Fi, revient sur le lancement d'une offre payante à Paris et sur l'avenir du réseau pervasif.
(25/10/2004)
 
Ozone développe un réseau de connexion Internet alternatif fondé sur le Wi-Fi. Déployé jusqu'à présent sur le XIIIème arrondissement de Paris, l'opérateur de réseau pervasif est désormais en mesure d'offrir un accès haut débit sur l'ensemble de la capitale. Rafi Haladjian, fondateur d'Ozone mais également pionnier des sociétés Internet en France, revient sur les principales caractéristiques et l'avenir du réseau pervasif.

JDN.
Quel bilan tirez-vous de l'activité d'Ozone après un an d'existence ?

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Dossier Wi-Fi
Rafi Haladjian. La première année a été une année de rodage pour le réseau pervasif. En fait, nous avons démarré en construisant notre réseau en continuité avec un backbone situé dans l'Est de Paris, sur le XIIIème arrondissement. Mais c'est une méthode de progression assez longue. Il n'était pas toujours facile de trouver des points de relais dans la continuité. Cet été, nous avons trouvé des points relais en hauteur : désormais, nous pouvons connecter n'importe quel Parisien dans n'importe quel arrondissement.

De combien de points d'implantation dispose aujourd'hui Ozone ?
Une vingtaine. Sur les deux derniers mois, environ 200 personnes ont demandé l'implantation d'une antenne sur leur toit. Nous posons aujourd'hui entre trois et dix antennes par semaine. Nous pensons même instaurer des quotas par zone, afin de garantir la qualité du réseau. Nous ne sommes pas pressés. Nous voulons éviter de sur-promettre au consommateur.

Combien de clients espérez-vous rallier au réseau pervasif de l'Internet sans fil ?
Aujourd'hui, Ozone compte 350 utilisateurs réguliers. Nous sommes capables d'en équiper cent fois plus, soit environ 35.000 clients. Ce que nous constatons depuis un an, c'est une euphorie certaine des gens qui ne demandent qu'à participer à la création du réseau. C'est d'ailleurs mon principal moteur dans cette aventure : créer une autre façon de construire le réseau Internet. Dans le modèle d'Ozone, le consommateur peut participer. C'est pour cela que ceux qui feront la demande d'implantation d'une antenne sur leur toit dans un quartier où nous sommes absents continueront à bénéficier gratuitement de l'accès Internet. Ceux qui arriveront après seront des clients plus classiques, facturés 18 euros par mois à partir du 1er janvier prochain.

En vous développant ainsi, comment espérez-vous devenir rentable ?
Nous ne sommes pas un FAI. Nous empruntons, aujourd'hui, à court terme, quelque chose au modèle économique des FAI. Mais nous sommes un opérateur de réseau et notre ambition, c'est le réseau pervasif. Quand j'ai lancé FranceNet il y a dix ans, alors que les Français ne connaissaient encore que le minitel, je n'ai pas été rentable tout de suite. Le réseau pervasif est une révolution dans l'Internet au même titre que l'Internet était une révolution dans la communication. Je prends un risque financier, sur le long terme. Sinon, à court terme, Ozone peut vivre en lançant son offre payante.

Le Wi-Fi est une technologie imparfaite, mais que tout le monde a adoptée"
Quelles sont les projets de développement d'Ozone ?
Par rapport au modèle économique, nous n'empruntons pas qu'au modèle des FAI. Nous lorgnons la téléphonie mobile. Avec le lancement de l'offre payante, nous allons en effet proposer en location aux abonnés un téléphone Wi-Fi utilisable sur l'ensemble de Paris, à condition que la personne soit dans une zone de réception. Nous avons d'ailleurs l'embarras du choix parmi les constructeurs de terminaux mobiles, mais ce sera certainement un fabricant chinois. Enfin, pour rester sur cette question de la rentabilité, Ozone n'est pas mégalo. Nous restons concentré sur Paris intra-muros. Mais nous réfléchissons à proposer notre technologie en franchise, afin d'encourager le développement des initiatives locales. 60 % des demandes que nous recevons aujourd'hui viennent en effet de province, que ce soit des grandes villes comme Lyon ou Toulouse, ou de communes plus petites ou isolées. L'avantage de la solution développée par Ozone, c'est qu'elle s'adapte à toutes les tailles de réseau.

Avez-vous rencontré des difficultés pour déployer le réseau pervasif d'Ozone ?
Cette première année nous a conduit à travailler sur les débits, la qualité de réception, la gestion des distances. Au départ, le Wi-Fi a été imaginé pour connecter des PC et des imprimantes sans faire de trous dans les murs. Mais nous avons toujours trouvé des solutions. Le Wi-Fi se répand sur la planète et il y a de plus en plus de gens qui trouvent des solutions et qui les partagent. Aujourd'hui nous sommes capables de réaliser des liaisons en Wi-Fi sur huit kilomètres.

Quelle est selon vous la technologie d'avenir ?
C'est forcément le Wi-Fi car il y a eu un emballement sur cette technologie. Or les technologies d'avenir sont toujours les plus propagées. Le choix du Wi-Fi, c'est le choix d'une technologie parfaitement imparfaite, mais que tout le monde a adoptée.

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Dossier Wi-Fi
Après avoir créé FranceNet, société pionnière du Web, puis Ozone, quel sera votre prochain défi ?
Après FranceNet, je pensais que l'histoire était finie. Puis j'ai découvert le réseau pervasif, dont le principe est qu'un individu soit connecté en permanence, partout et tout le temps. Faire que ce réseau existe, qu'il devienne une réalité, c'est mon nouveau défi. Ce qui est passionnant dans le réseau pervasif, c'est qu'il crée une véritable toile de connexion relayée par des milliers d'individus. Ce qui me motive, c'est d'opérer le même type de bouleversement que lors de l'essor de l'Internet. Je suis parti pour me consacrer au réseau pervasif encore quelques années.
 
 
Propos recueillis par Emilie LEVEQUE, JDN

PARCOURS
 
 
Consulter la fiche de Rafi Haladjian dans le Carnet des managers de l'Internet français.

   
 
 
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