INTERVIEW 
 
Reuben Hendell
CEO
MRM Partners Worldwide
Reuben Hendell
"Aujourd'hui, c'est le consommateur qui décide comment et quand interagir avec la marque"
MRM Partners Worldwide, filiale de McCann, premier groupe mondial de communication, est une agence de marketing relationnel qui possède plus de 60 bureaux dans le monde. L'activité de la société couvre l'ensemble des domaines la relation client, depuis le conseil stratégique et technologique jusqu'à la gestion de centres de contacts, en passant par la publicité en ligne, la création de sites Web et la qualification de bases de données. Pour renforcer son pôle interactif, MRM Partners a racheté en 2004 Zentropy. De passage à l'agence parisienne de MRM Partners, qui gère notamment les budgets Nespresso, L'Oréal et Gemey Maybelline, Reuben Hendell, CEO monde, livre sa vision du marché et explique le concept de «Customer managed relationships».
(26/01/2005)
 
JDN. MRM Partners Worldwide est présent dans tous les domaines de la relation client. Quelles sont les spécificités du groupe ?
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Mrmpworldwide.com
Reuben Hendell. Nous sommes présents dans 34 pays. Au niveau mondial, nous attendons une croissance de 20 % cette année. Nos activités interactives bénéficient également d'une croissance de plus de 20 %. Nous avons compris qu'il était essentiel d'agir et de réagir très rapidement pour demeurer leaders dans le domaine du marketing interactif. Que ce soit la publicité online, des opérations spécifiques de marketing interactif, les blogs, et plus largement tous les média électroniques et sans fil, nous nous concentrons sur la réactivité et la prise d'initiative de nos équipes et de nos clients, car le marché bouge très vite. Nous continuons de faire notre métier : segmenter des bases de données, analyser des comportements de consommation, élaborer des stratégies de marques, etc., en utilisant toute la panoplie de médias et de canaux existant. Le marketing direct ou les call centers sont toujours utiles pour gérer la relation client.

Combien de budgets avez-vous gagnés et perdus en 2004, en France et à l'international ?
En 2004, toujours au niveau mondial, nous avons acquis plus de dix grands comptes, dont Microsoft. Nous sommes leur unique agence CRM à l'international. C'est très stimulant. Nous n'avons perdu qu'un ou deux budgets significatifs. Vraiment, 2004 a été une très bonne année pour nous. En France, depuis l'intégration de Zentropy, MRM Partners représente plus de 200 personnes. MRM Partners France est probablement la première ou la deuxième agence de marketing relationnel française. Toutes les équipes sont désormais réunies, mais nous faisons en sorte que nos clients aient un seul interlocuteur. L'une des grosses opérations de l'année dernière, en France, a été le lancement d'Expedia. Non seulement MRM Partners France gère les opérations françaises des clients internationaux, mais l'agence est aussi leader pour le développement Web de certains clients, comme L'Oréal, Nespresso ou Reebok.

Vos équipes offline et online sont réunies. Est-ce aussi le cas chez vos clients ?
Je pense que la fusion a été faite dans la plupart des cas. Les équipes IT sont toujours impliquées dans les sites eux-mêmes et leurs infrastructures, mais les clients gèrent en général les aspects stratégiques et le contenu. Ils raisonnent de moins en moins en termes de priorité à donner à un canal ou un autre.

Quelle part de leur budget vos clients consacrent-ils aux nouveaux médias ?
Certains dépensent plus de 50 % de leur budget dans le marketing interactif. D'autres moins de 10 %. Ce qui est intéressant, c'est l'évolution. La part des budgets consacrée au marketing interactif augmente fortement.

Qui sont vos concurrents directs, en France et dans le monde ?
Dans le domaine du CRM traditionnel, Wunderman et Ogilvy One. Sur des projets plus spécifiquement interactifs, des sociétés comme AKQA. Mais justement, ce qui est unique chez nous, c'est que nous proposons le meilleur dans les deux domaines. En France, grâce au rassemblement au sein de l'agence d'une quinzaine de compétences différentes, nous nous retrouvons par exemple en face de Wunderman ou Ogilvy, mais aussi de Fullsix ou Duke, et même parfois de BCG, Bain, AT Kearney ou Mercer. Notre force, c'est que chaque compétence chez nous est incarnée par une personne qui a derrière lui une carrière dans le domaine. Nous entrons donc en concurrence avec les meilleurs spécialistes de chacun de nos domaines de compétences. Mais si nous gagnons les budgets, ce n'est pas uniquement parce que nous sommes les meilleurs dans chaque secteur, c'est que nous savons comment créer de la valeur et le meilleur retour sur investissement en assemblant ces compétences.

Quels sont vos principaux marchés ?
Nous sommes présents dans tous les pays du G30. La France est l'un de nos plus gros marchés. Le premier reste les Etats-Unis.

Quelle est l'importance que prennent Internet et les nouveaux médias dans la relation client des marques ?
En France et en Grande-Bretagne, la 3G est en train de devenir un standard. En Asie, et notamment en Corée, le haut-débit a un taux de pénétration beaucoup plus élevé que dans le reste du monde. Pour profiter de l'explosion de ces nouvelles technologies, ou des nouveaux canaux comme les blogs, les moteurs de recherche ou la TV interactive, il faut accepter d'investir énormément pour mieux comprendre leur fonctionnement et ainsi savoir comment les utiliser pour créer de la valeur. C'est pourquoi nous allons continuer à investir pour rester devant nos concurrents. Nous possédons déjà les compétences de base qui permettront d'utiliser ces connaissances à bon escient : la compréhension du consommateur, des segments, et la capacité de mesurer les retours sur investissements. Nous comptons profiter de notre présence sur les principaux marchés émergents, pour appliquer ensuite les recettes du succès dans les pays où les développements sont moins rapides. Comme aux Etats-Unis pour la 3G. En revanche, aux Etats-Unis, le WiMax est la technologie qui monte, tandis que l'Europe est encore en retrait dans ce domaine.

C'est le consommateur qui décide comment et quand interagir avec l'entreprise."
Concrètement, quel est l'impact de ces évolutions sur votre métier ?
Cela change les attentes des consommateurs, tant en BtoB qu'en BtoC. Les modèles ont changé. Aujourd'hui, c'est le consommateur qui décide comment et quand interagir avec l'entreprise. C'est ce que nous appelons la "Customer managed relationship", au lieu du "Customer relationship management". Steve Ballmer et Microsoft, par exemple, ont bien compris cette évolution, c'est pourquoi ils nous ont choisi comme partenaire. Avec cette nouvelle règle du jeu, nous devons être sûrs que nous créons et utilisons tous les points de contact nécessaires. Dans les contacts eux-mêmes, le contenu a pris de l'importance. Il est plus facilement accessible, et le consommateur est demandeur d'autre chose que de simples caractéristiques produits. C'est pourquoi il faut être capable de créer du contenu "brandé", qui en appelle aux goûts et au style de vie des consommateurs afin de les attirer, surtout s'ils vous contactent via Internet ou un terminal mobile, pour au final les transformer en clients.

Cela signifie-t-il que les consommateurs ont plus de pouvoir qu'auparavant  ?
Absolument. Ce sont eux qui interagissent avec les marques. Ils ne sont plus de simples récepteurs. De plus, lorsqu'ils contactent une marque par téléphone, par exemple, et qu'ensuite ils s'adressent à elle via Internet, ils veulent être reconnus.

L'ubiquité devient un grand défi pour les marques."
C'est ce que vous appelez "le monde multi-canal" ?
C'est une façon de nommer ce concept. L'ubiquité devient un des grands défis pour les marques. Comment peuvent-elles faire pour s'adresser à leurs cibles partout et tout le temps ? Les consommateurs considèrent les marques comme des personnes. Ils veulent qu'elles se souviennent des interactions qui ont eu lieu.

Quels sont les facteurs clés de succès pour prospérer dans ce nouveau monde ?
Il est nécessaire de comprendre encore mieux ce qui va faire d'un consommateur un client. Dans un contexte technologique où les consommateurs ont plus de contrôle et moins de temps à vous accorder, il faut fournir plus d'efforts pour les capter. Et ce qui va vous permettre de le faire, c'est le contenu. C'est grâce à cela qu'ils vont passer du temps avec vous. Le défi stratégique est de mieux segmenter, de plus les écouter, pour créer le meilleur contenu et trouver la bonne idée créative. Il faut de plus en plus travailler sur la valeur de base de la marque, comprendre quelle est sa personnalité.

Si l'on va au bout du concept, on revient vers la personnalisation, qui était la marotte d'Internet il y a quelques années. Pensez-vous que nous allons assister à un retour de la personnalisation ?
Ces cinq dernières années, nous avons assisté au phénomène suivant : les dotcoms ont poussé les marques traditionnelles à investir sur le Web dans l'architecture de leurs sites, pour les obliger à suivre. Après le crash des dotcoms, les marques traditionnelles ont arrêté cette course à l'investissement. Aujourd'hui, le commerce électronique poursuit sa croissance, et elle ne s'arrêtera pas. La demande aussi continue d'augmenter. Internet est là pour durer, et le Web est reconnu comme un outil critique pour tirer les ventes et pour gérer la relation client. C'est pourquoi les marques recommencent à investir énormément.

La limite de la
personnalisation,
c'est le retour sur investissement."
Quelle est la limite de la personnalisation ?
La limite, c'est le retour sur investissement. Avant, les technologies de personnalisation étaient très chères, et le trafic était limité. Aujourd'hui, le trafic a été multiplié par cinq ou dix, et les technologies sont beaucoup plus accessibles, grâce à XML notamment. En 2005, il ne s'agit pas de personnaliser un site, mais de personnaliser toute la chaîne de la relation client, du call-center au MMS. Bien sûr, il reste la limite de la valeur que le consommateur accorde au contenu qu'on lui offre.

Quelle place les blogs peuvent-ils occuper dans les nouveaux outils CRM ?
Les entreprises doivent rester attentives et prudentes. Je ne pense pas que créer des blogs pour les consommateurs soit la chose à faire. Notre rôle est d'éduquer les clients, de leur montrer où sont les opportunités dans ce domaine. Nous en sommes vraiment à la phase conseil. Les blogs corporate ne sont pas forcément pertinents. En revanche, surveiller ce qui se dit dans les blogs, les encourager jusqu'à un certain point, c'est déjà plus intéressant. C'est juste une nouvelle forme d'étude de marché, bien que ce ne soit pas très rigoureux et que cela ressemble à un mauvais focus group !

Toujours au rang des nouveaux canaux de contact, prévoyez-vous le décollage du MMS marketing en 2005 ?
Je pense que le MMS a de toute façon plus de potentiel que le SMS, qui est trop limité en termes de contenu. Pour que le MMS décolle, il faut que la 3G décolle avant lui. Dans ce domaine, c'est le Japon qui nous montre le chemin. Cela ne génère pas encore de résultats à grande échelle, mais c'est une question de temps.

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Selon vous, quelle sera la principale tendance de 2005 sur vos marchés ? L'année démarre-t-elle bien commercialement ?
La notion de Customer managed relationship va s'imposer. Ceux qui n'ont pas encore reconnu que le pouvoir était passé de la main des entreprises à celle des consommateurs vont devoir s'y résoudre. Cela change tout pour nous et pour nos clients, d'autant plus que la tendance va encore s'accélérer. En termes de budgets, le premier trimestre s'annonce très bon. Le rythme de lancement de nouveaux projets s'est accéléré.
 
 
Propos recueillis par Raphaële KARAYAN, JDN

PARCOURS
 
 
Reuben Hendell est CEO de MRM Partners Worldwide. Il a débuté sa carrière chez American Express, puis a passé 15 ans dans le secteur des services et du marketing relationnel, notamment au sein de l'agence Digitas, spécialisée dans le marketing direct et le marketing interactif. Son parcours l'a amené à travailler pour des clients comme American Express, Best Buy, Fedex, General Motors, IBM ou encore Whirlpool Corporation.

   
 
 
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