Le concept britannique de LastMinute.com, site "d'affaires de dernière minute" en ligne, débarque en France (cf. JDNet du 5 octobre). Ce service en ligne propose des billets d'avions, des places de spectacles et des cadeaux à prix cassés, ces produits étant considérés comme des invendus s'ils ne trouvent pas d'acquéreur ultime. Brent Hoberman, fondateur du service en ligne et net-millionnaire potentiel, dévoile quelques trucs sur le succès de ce service en ligne.

Propos recueillis par Philippe Guerrier le 04 octobre 1999 .

JDNet : Quel est l'origine de Lastminute.com?
Brent Hoberman : Avant de fonder lastminute.com, je travaillais dans un cabinet de conseil médias/télécoms. A l'époque, c'était il y a trois ans, il n'y avait pas grand-chose à acheter sur les sites et encore moins en dernière minute. J'ai commencé à travailler réellement sur ce projet en avril 98 et le service a été lancé en octobre de la même année. L'Internet est un support idéal pour placer des services d'achats commodes ("convenient" en anglais). On ne peut trouver nul part ailleurs des prix aussi bas.

Quels sont les produits qui remportent la plus grande adhésion sur Lastminute.com?
Les vols de dernière minute ont beaucoup de succès puis les réservations de chambres dans les hôtels de luxe, tous les produits à -50%, les cadeaux en fonction des saisons (Noël...). Les cadeaux qui marchent le mieux sont ceux qui sont les plus rares.

Comment marche votre service de vente aux enchères?
C'est un service classique. Ce sont des produits variés, qui collent bien au fonctionnement de ventes aux enchères. Par exemple, ce sont des photographies de Marilyn Monroe, des chambres à louer dans des grands hôtels... Pour nous, la vente aux enchères représente un deuxième événement, où se déroulent des transactions plus "excitantes" qu'un simple achat en ligne. Nous proposons ainsi un deuxième canal de vent, qui séduit certains de nos fournisseurs.

Allez-vous étendre votre gamme de produits ?
Il y a deux voies de réflexion: nous allons approfondir les domaines que nous exploitons déjà et élargir notre gamme. Par exemple, cette semaine, nous avons sélectionné des restaurants avec des plats à commander en ligne. Nous allons également diversifier nos services en proposant de trouver une baby-sitter à la dernière minute.

Quelle pourcentage de réduction proposez-vous sur les produits du site?
Généralement, la réduction se situe entre 30 et 70%. Pour les vols et les hôtels, le prix le plus bas est garanti. Si l'internaute trouve moins cher, on rembourse la différence plus 200 francs. C'est un cas qui n'est encore jamais arrivé. C'est une clause avec nos fournisseurs: nous pratiquons les prix les plus bas.

Comment faites-vous pour trouver vos "bonnes affaires"?
Il suffit d'avoir une proposition intéressante pour les fournisseurs. Nous allons les voir en leur disant: "Voilà, nous avons tants d'abonnés et nous sommes implantés dans trois pays (NDLR, Grande-Bretagne, Allemagne et France). Il faut que l'offre tombe au bon moment autant pour les fournisseurs que pour les membres de Lastminute.com. Nous sommes en contact avec des centaines de fournisseurs.

Comment vous rémunérez-vous?
Nous avons adopté un système de commission qui varie en fonction des secteurs.

Comment se développe votre programme d'affiliation?
Ca marche très bien avec les grands sites. Sur les 25 plus grands en Angleterre, nous avons engagé un programme avec quinze d'entre eux. Ce sont les sites "hauts de gamme" et les sites "finance" qui nous intéressent le plus. En France, nous allons également lancer un système d'affiliation. Nous allons en développer un avec Wanadoo/Voila. Ca compte pour une cinquantaine d'autres!

Où en êtes-vous de votre projet d'introduction en Bourse?
Nous avons désigné la banque d'affaires Morgan Stanley, spécialisée dans ce domaine. Nous allons entrer en Bourse d'ici la mi-2000. Nous venons d'embaucher un "Chief Achievement Officer" pour qu'il pilote ce projet. Nous visons la Bourse de Londres et le Nasdaq.

Que pensez-vous des sociétés Internet britanniques qui ont tenté leurs chances en Bourse? Comme le FAI gratuit Freeserve par exemple...
Nous sommes dans une position différente. Lastminute.com est un site de e-commerce à potentiel mondial. Nous n'avons pas de concurrent, même aux Etats-Unis. Nous devrions d'ailleurs nous y implanter en fin d'année. Le concept est unique. Je crois que l'expérience de Freeserve ou Exchange est bonne car les sociétés ont pris conscience que l'introduction en Bourse n'est pas forcément la meilleure solution. Il faut aussi avoir un projet solide.

Savez-vous quand votre activité sera rentable?
D'ici deux ans, je pense. Nous avons une augmentation de 40% de notre chiffre d'affaires chaque mois.

Vous faites partie du cercle des plus riches entrepreneurs du Net maintenant?
Mon associée et moi ne faisons pas ça pour l'argent mais pour développer une marque et le e-commerce.

On dit souvent que les Français sont de très mauvais cyberconsommateurs. C'est inquiétant, non?
On nous a dit la même chose lorsque nous avons commencé en Grande-Bretagne. Il y a un an, il y avait très peu de cyberconsommateurs anglais. Mais ça marche très bien. Je suis sûr que nous allons avoir le même taux de croissance en France. Nous avons déjà 50.000 Français abonnés à notre mailing list.

Qu'achetez-vous sur Internet ?
Des livres sur Amazon.com ou bookshop.co.uk et des CD sur des sites américains.

Quels sites regardez-vous pour vos loisirs ?
Les sites consacrés au cinéma.

Qu'aimez-vous sur Internet ?
La vitesse à laquelle il est possible de trouver l'information.

Que détestez-vous Internet ?
Les sites peu professionnels qui découragent les cyberconsommateurs.

Vous organisez toujours vos vacances en dernière minute ?
Je n'ai pas changé d'habitude et j'utilise Lastminute.com pour trouver ma destination.

Brent Hoberman, 30 ans, diplômé de l'université d'Oxford. Il débute sa carrière en qualité de consultant dans des cabinets spécialisés (Spectrum Strategy Consultants, Mars & Co). Puis il prend en charge le développement de LineOne (prestataires de services Internet racheté par Britih Telecom, News International et United News Media).

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