JDN.
L'exercice 2003 de Lastminute est clos depuis le 30
septembre. Quel est le bilan économique du groupe
au cours de cette année ?
Brent Hoberman.
Nos résultats ne sont pas encore publiés
et je ne peux pas vous les communiquer. Par contre,
je peux vous donner quelques tendances. Les analystes
tablent sur une croissance organique de 40 % et sur
une marge brute de 18 %, ce qui est largement supérieure
à la moyenne du marché. Enfin, nous devrions
être bénéficiaires sur l'ensemble
de l'année et générer du cash.
Vous
êtes présents aujourd'hui dans une vingtaine
de pays si l'on inclut Holiday Autos. Comment se répartit
votre chiffre d'affaires entre ces différents
pays ?
Sur les neuf premiers mois de l'année
2003, 60 % de notre chiffre d'affaires est réalisée
au Royaume-Uni. Tout de suite après vient la
France avec une part de marché de 21 %, puis
l'Allemagne avec 8,5 %, l'Italie et enfin les pays scandinaves.
Mais en terme de croissance, les pays les plus dynamiques
en ce moment sont l'Italie et l'Espagne. Selon PhoCusWright,
le marché de la vente de voyages en ligne devrait
même atteindre 1,3 milliard d'euros d'ici à 2005
en Espagne. C'est pourquoi, nous avons décidé
de consolider notre position dans ce pays. En septembre
dernier, nous avons
racheté 70 % du capital de lastminute.com Espagne
à Sol Meliá, notre partenaire de joint-venture dans
ce pays.
Quelles
sont les catégories de produits qui participent
le plus à votre chiffre d'affaires actuellement
et quelles sont celles qui progressent le plus vite
?
Au cours du troisième
trimestre 2003, qui se termine pour nous fin juin, nous
avons réalisé la majorité de notre
chiffre d'affaires sur trois catégories : la
vente de séjours tout compris, activité
qui représente environ 30 % de nos revenus trimestriels;
l es vols secs, dont la part
dans notre chiffre d'affaires est d'environ 27 %, mais
avec une marge brute de seulement 10 %; enfin,
la location de voitures dont nous sommes très
satisfaits. Alors que cette activité est relativement
récente chez nous puisque nous avons acheté
Holiday Autos en mars 2003, elle représente 31
% de notre chiffre d'affaires sur le troisième
trimestre. En terme de progression, les secteurs les
plus dynamiques fin juin étaient les produits
associant voyage et location avec une croissance de
150 % sur un an, les articles de loisirs comme les spectacles
avec une progression de 104 % et les vols secs, avec
une croissance de 83 %. Viennent ensuite les séjours
avec une progression de 58 % et l'hôtellerie avec
50 % de hausse.
Vous
avez lancé depuis juillet les séjours
sur mesure en France. Quels sont les premiers retours
?
Les séjours
sur mesure sont pour nous un développement stratégique.
A l'heure actuelle, ils ont été déployés
en Grande-Bretagne, en France et en Italie. Nous en
attendons beaucoup car ils correspondent à une
tendance de fond chez les consommateurs, ceux-ci privilégiant
le choix et l'indépendance. Par ailleurs, cette
formule est très bien accueillie par les fournisseurs.
En France, nous disposons de trop peu de recul pour
fournir des chiffres. Par contre, en Grande-Bretagne,
ce type de produit représente déjà
au troisième trimestre, 8,6 % du chiffre d'affaires
de Lastminute.
Les
compagnies low-cost ne cessent de se développer,
notamment au Royaume-Uni. Est-ce que vous souffrez de
leur concurrence ?
Pas vraiment.
Nos ventes de vols secs
et de packages ne cessent de se développer. D'ailleurs,
nous restons très compétitifs
sur les séjours tout compris, de même que
sur les vols de dernière minute les low-cost
n'étant pas les mieux placés dans ce domaine.
Par contre, il est indéniable que ces compagnies
ont joué un rôle important dans l'éducation
des internautes et ont facilité l'achat en ligne.
Expedia
a annoncé simultanément fin octobre qu'il
allait ouvrir expedia.fr en 2004, qu'il rachetait Anyway.com
et qu'il réinvestissait dans Voyages-sncf.com.
Comment réagissez-vous à cette concentration
et à ce renforcement d'Expedia en France ?
Je pense qu'Expedia
va finir par avoir de gros problèmes en France.
Cette société est beaucoup trop agressive
avec ses fournisseurs. Ensuite, elle dépense
trop d'argent en marketing et son coût d'acquisition
client et beaucoup plus élevé que le nôtre.
Pour vous donner un ordre de grandeur, son budget marketing
est dix fois plus élevé que le nôtre.
Je ne pense pas qu'Expedia représente vraiment
une menace pour nous. Ils ne savent pas tout faire à
la dernière minute. Enfin, je pense que leur
politique d'acquisition va être moins offensive
en 2004.
Lastminute
n'a-t-il pas été en octobre dernier susceptible
d'être racheté par InterActiveCorp, la
maison mère d'Expedia ? N'était-ce que
des rumeurs ou avez-vous été réellement
approchés ?
Je ne commente
pas ces rumeurs. Mais comme nous sommes aujourd'hui
les plus gros acteurs sur le marché français,
belge et espagnol du voyage en ligne, il est logique
que l'on s'intéresse à nous...
Vous-même,
avez-vous des projets en terme de croissance externe
et quels sont vos projets ?
Sur les deux
dernières années nous avons fait l'acquisition
de sept sociétés au total. Nous devrions
en acquérir d'autres dans les mois qui viennent.
En septembre dernier, nous avons d'ailleurs lancé
une émission d'obligations convertibles d'une valeur
de 103 millions d'euros afin de financer cette croissance
externe. Quant-à notre stratégie dans
ce domaine, nos prochaines acquisitions viseront à
renforcer notre position en Espagne et en Italie ou
sur des marchés tels que la vente de billets
de spectacle.
Comment
voyez-vous le développement du voyage de loisir
sur Internet en Europe dans les mois qui viennent ?
La concentration va-t-elle se poursuivre ?
Nous sommes sur
un marché où la taille des acteurs est
très importante. Il n'y a donc pas de raison
pour que le mouvement de concentration que l'on observe
aujourd'hui cesse. D'ailleurs, de plus en plus de fournisseurs
ont aujourd'hui compris l'importance d'Internet et recherchent
des partenaires pour accroître leur visibilité.
Tous ces éléments concourent à
maintenir une
croissance d'environ 30 à 50 % par an. Elle devrait
se maintenir dans les mois qui viennent, notamment en
raison de la progression du haut débit.
Qu'est-ce
qui vous séduit le plus dans Internet ?
La possibilité
de tout faire et de tout essayer. Internet est un média
très malléable. On peut toujours faire
mieux, ajouter de nouveaux services.
Quels
sont vos sites préférés ?
Les sites d'actualité européens
et américain et surtout Google News.
|