INTERVIEW
 
Directeur général
Lastminute.com
Brent Hoberman
"Expedia ne représente pas vraiment une menace pour nous"
Avec un chiffre d'affaires global en 2003 attendu autour 900 millions d'euros et une croissance organique située entre 40 à 50 %, Lastminute.com est un acteur majeur du secteur du e-tourisme en Europe. Pourtant, en octobre dernier, des rumeurs persistantes circulaient sur un possible rachat du groupe britannique par l'américain Expedia, qui a pour l'instant préféré racheter Anyway et lancer son site français. Brent Hoberman, co-fondateur et directeur général de Lastminute.com, revient sur l'évolution et la stratégie du groupe sur un marché européen qui se concentre rapidement.
13 novembre 2003
 
          
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JDN. L'exercice 2003 de Lastminute est clos depuis le 30 septembre. Quel est le bilan économique du groupe au cours de cette année ?
Brent Hoberman. Nos résultats ne sont pas encore publiés et je ne peux pas vous les communiquer. Par contre, je peux vous donner quelques tendances. Les analystes tablent sur une croissance organique de 40 % et sur une marge brute de 18 %, ce qui est largement supérieure à la moyenne du marché. Enfin, nous devrions être bénéficiaires sur l'ensemble de l'année et générer du cash.

Vous êtes présents aujourd'hui dans une vingtaine de pays si l'on inclut Holiday Autos. Comment se répartit votre chiffre d'affaires entre ces différents pays ?
Sur les neuf premiers mois de l'année 2003, 60 % de notre chiffre d'affaires est réalisée au Royaume-Uni. Tout de suite après vient la France avec une part de marché de 21 %, puis l'Allemagne avec 8,5 %, l'Italie et enfin les pays scandinaves. Mais en terme de croissance, les pays les plus dynamiques en ce moment sont l'Italie et l'Espagne. Selon PhoCusWright, le marché de la vente de voyages en ligne devrait même atteindre 1,3 milliard d'euros d'ici à 2005 en Espagne. C'est pourquoi, nous avons décidé de consolider notre position dans ce pays. En septembre dernier, nous avons racheté 70 % du capital de lastminute.com Espagne à Sol Meliá, notre partenaire de joint-venture dans ce pays.

Quelles sont les catégories de produits qui participent le plus à votre chiffre d'affaires actuellement et quelles sont celles qui progressent le plus vite ?
Au cours du troisième trimestre 2003, qui se termine pour nous fin juin, nous avons réalisé la majorité de notre chiffre d'affaires sur trois catégories : la vente de séjours tout compris, activité qui représente environ 30 % de nos revenus trimestriels; l es vols secs, dont la part dans notre chiffre d'affaires est d'environ 27 %, mais avec une marge brute de seulement 10 %; enfin, la location de voitures dont nous sommes très satisfaits. Alors que cette activité est relativement récente chez nous puisque nous avons acheté Holiday Autos en mars 2003, elle représente 31 % de notre chiffre d'affaires sur le troisième trimestre. En terme de progression, les secteurs les plus dynamiques fin juin étaient les produits associant voyage et location avec une croissance de 150 % sur un an, les articles de loisirs comme les spectacles avec une progression de 104 % et les vols secs, avec une croissance de 83 %. Viennent ensuite les séjours avec une progression de 58 % et l'hôtellerie avec 50 % de hausse.

Vous avez lancé depuis juillet les séjours sur mesure en France. Quels sont les premiers retours ?
Les séjours sur mesure sont pour nous un développement stratégique. A l'heure actuelle, ils ont été déployés en Grande-Bretagne, en France et en Italie. Nous en attendons beaucoup car ils correspondent à une tendance de fond chez les consommateurs, ceux-ci privilégiant le choix et l'indépendance. Par ailleurs, cette formule est très bien accueillie par les fournisseurs. En France, nous disposons de trop peu de recul pour fournir des chiffres. Par contre, en Grande-Bretagne, ce type de produit représente déjà au troisième trimestre, 8,6 % du chiffre d'affaires de Lastminute.

Les compagnies low-cost ne cessent de se développer, notamment au Royaume-Uni. Est-ce que vous souffrez de leur concurrence ?
Pas vraiment. Nos ventes de vols secs et de packages ne cessent de se développer. D'ailleurs, nous restons très compétitifs sur les séjours tout compris, de même que sur les vols de dernière minute les low-cost n'étant pas les mieux placés dans ce domaine. Par contre, il est indéniable que ces compagnies ont joué un rôle important dans l'éducation des internautes et ont facilité l'achat en ligne.

Expedia a annoncé simultanément fin octobre qu'il allait ouvrir expedia.fr en 2004, qu'il rachetait Anyway.com et qu'il réinvestissait dans Voyages-sncf.com. Comment réagissez-vous à cette concentration et à ce renforcement d'Expedia en France ?
Je pense qu'Expedia va finir par avoir de gros problèmes en France. Cette société est beaucoup trop agressive avec ses fournisseurs. Ensuite, elle dépense trop d'argent en marketing et son coût d'acquisition client et beaucoup plus élevé que le nôtre. Pour vous donner un ordre de grandeur, son budget marketing est dix fois plus élevé que le nôtre. Je ne pense pas qu'Expedia représente vraiment une menace pour nous. Ils ne savent pas tout faire à la dernière minute. Enfin, je pense que leur politique d'acquisition va être moins offensive en 2004.

Lastminute n'a-t-il pas été en octobre dernier susceptible d'être racheté par InterActiveCorp, la maison mère d'Expedia ? N'était-ce que des rumeurs ou avez-vous été réellement approchés ?
Je ne commente pas ces rumeurs. Mais comme nous sommes aujourd'hui les plus gros acteurs sur le marché français, belge et espagnol du voyage en ligne, il est logique que l'on s'intéresse à nous...

Vous-même, avez-vous des projets en terme de croissance externe et quels sont vos projets ?
Sur les deux dernières années nous avons fait l'acquisition de sept sociétés au total. Nous devrions en acquérir d'autres dans les mois qui viennent. En septembre dernier, nous avons d'ailleurs lancé une émission d'obligations convertibles d'une valeur de 103 millions d'euros afin de financer cette croissance externe. Quant-à notre stratégie dans ce domaine, nos prochaines acquisitions viseront à renforcer notre position en Espagne et en Italie ou sur des marchés tels que la vente de billets de spectacle.

Comment voyez-vous le développement du voyage de loisir sur Internet en Europe dans les mois qui viennent ? La concentration va-t-elle se poursuivre ?
Nous sommes sur un marché où la taille des acteurs est très importante. Il n'y a donc pas de raison pour que le mouvement de concentration que l'on observe aujourd'hui cesse. D'ailleurs, de plus en plus de fournisseurs ont aujourd'hui compris l'importance d'Internet et recherchent des partenaires pour accroître leur visibilité. Tous ces éléments concourent à maintenir une croissance d'environ 30 à 50 % par an. Elle devrait se maintenir dans les mois qui viennent, notamment en raison de la progression du haut débit.

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Qu'est-ce qui vous séduit le plus dans Internet ?
La possibilité de tout faire et de tout essayer. Internet est un média très malléable. On peut toujours faire mieux, ajouter de nouveaux services.

Quels sont vos sites préférés ?
Les sites d'actualité européens et américain et surtout Google News.

 
Propos recueillis par Anne-Laure Béranger

PARCOURS
 
Diplômé de l'université d'Oxford, Brent Hoberman débute sa carrière en qualité de consultant dans des cabinets spécialisés (Spectrum Strategy Consultants, Mars & Co). Puis il prend en charge le développement de LineOne (prestataires de services Internet racheté par Britih Telecom, News International et United News Media). C'est en avril 1998 qu'il fonde Lastminute.com.

   
 
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