JDNet.
Sous quels angles Cegetel développe des offres
et des services haut débit ?
Olivier Huart.
Par ordre de priorité, nous allons d'abord viser
les FAI en leur offrant de la collecte, et les entreprises.
Puis, dans un second temps, nous allons lancer des offres
haut débit sur notre propre base de clients,
particuliers et professionnels. L'investissement dans
l'accès est stratégique pour nous. Nous
estimons que les modèles économiques et
la rationalité dans le domaine des télécommunications
fixes évoluent de plus en plus des services de
transport vers l'accès aux clients. Les conditions
économiques du dégroupage, qui ont fortement
été modifiées ces derniers mois,
favorisent ce mouvement. Notre partenaire Télécom
Développement va investir 150 millions d'euros
dans le réseau ADSL, dont les deux tiers dans
les dix-huit prochains mois. Et Cegetel prendra en charge
la distribution des services aux clients finaux.
Où
en est le processus de rapprochement entre Cegetel et
Télécom Développement ?
Les actionnaires de Cegetel et Télécom
Développement ont trouvé un accord. Le
groupe Cegetel a obtenu le soutien de principe de ses
actionnaires (Vivendi Universal et Vodafone). Le processus
d'information et de consultation des instances représentatives
est en train de se dérouler.
Revenons
sur les différents segments de clients que vous
visez à travers vos offres haut débit.
Comment comptez-vous toucher les FAI ?
Avec Télécom Développement,
nous allons lancer des offres de collecte haut débit
destinées aux FAI sur la base de lignes dégroupées
(option 1). Nous ambitionnons de couvrir la quasi-totalité
des villes de plus de 30 000 habitants d'ici mi-2004.
Une couverture qui représente 50 % de la
clientèle grand public et deux tiers de la clientèle
entreprise. En termes de lignes potentiellement dégroupées,
nous avons l'ambition d'en ouvrir 5 millions d'ici le
31 décembre et 5autres millions de lignes dans
le courant du premier semestre 2004.
Quelles
avantages vont en tirer les clients finaux ?
Aujourd'hui avec Télécom
Développement, nous offrons depuis le début
du printemps une collecte nationale sur la base de l'option
3 qui nous permet de concurrencer de façon très
significative l'offre option 5 de France Télécom
mais uniquement sur le transport. Avec l'option 1 et
sa structure de coûts différente, nous
serons compétitifs également sur l'accès.
A charge pour nos clients FAI de tirer profit de cet
avantage en baissant le tarif de leurs offres ADSL grand
public.
AOL France a été
le premier client FAI bas débit de Cegetel. Suivent-ils
sur le haut débit ? Quels autres FAI sont intéressés
?
Nous discutons avec AOL France naturellement.
Pour le moment, il a choisi notre offre haut débit
option 3. Nous discutons sur la possibilité d'élargir
cet accord à l'option 1. Parallèlement,
nous avons entamé des discussions avec les autres
FAI. En général, les accords de ce type
ne sont pas exclusifs. Les FAI souhaitent disposer d'au
moins deux fournisseurs. Ce qui leur permet de garder
une tension sur les prix et de comparer la qualité
des prestations. Ce dernier point est important : par
exemple, Télécom Développement
a choisi de déployer des DSLAM d'Alcatel qui
présentent outre leur qualité et leurs prix intéressants
le dernier cri en matière de fonctionnalités vidéos.
Et côté entreprises,
comment abordez-vous le marché haut débit
?
Nous avons deux grandes approches. La
première consiste à tirer parti des bénéfices
de l'option 1 (et donc du dégroupage) sur les
services existants (accès Internet et réseaux
d'entreprises comme les LAN). Nous nous concentrons
sur quatre paramètres : le contrôle des
coûts, la maîtrise des débits, les
engagements de qualité et les délais de
déploiement et d'installation.
Le deuxième grand axe concerne les nouveaux services
et les nouveaux usages : dans le domaine de la voix,
nous allons offrir à nos clients entreprises
des raccordements de PABX en SDSL basés sur de
l'option 1 avec des services de qualité et des
prix compétitifs. Ils seront déployés
d'ici la fin du dernier trimestre de cette année.
Dans le courant de l'année 2004, nous allons
passer au deuxième étage de la fusée
: la voix sur SDSL puis plus tard la voix sur IP. Des
expérimentations ont débuté dans
ce sens mais nous n'avons pas fixé de calendriers
précis pour le déploiement de la voix
sur IP. Face à la demande de nouveaux services
de télécommunication (e-formation, télétravail,
accès bases de données, etc.) , nous proposerons
dès l'année prochaine des offres couplées
voix-Internet-data. En termes de mobilité, nous
serons en mesure de proposer des offres d'accès
GPRS sur nos réseaux entreprises d'ici la fin
de l'année et de monter des couplages Wi-Fi +
DSL.
Vous avez 16.000 entreprises
clientes. Quelle est la proportion de clients ayant
adopté vos offres d'accès Internet haut
débit ?
Nous ne communiquons pas ces données.
Début
mai, vous avez lancé une offre Internet bas débit
pour les clients particuliers de Cegetel. Comptez-vous
déployer une offre d'accès Internet haut
débit aussi sur ce segment de clientèle
?
En
matière de haut débit, notre priorité pour 2003 est
sur les FAI et sur les entreprises. L'année prochaine,
nous pourrions associer un accès Internet haut
débit à nos services voix grand public.
Pour le moment, nos offres bas débit sont facturées
à la minute. Nous allons progresser par étape
avec lancement de forfaits bas débit à
la rentrée puis d'offres haut débit en
2004. Notre objectif n'est pas de développer
un nouvel ISP mais de nous concentrer sur notre parc
de clients existants (3,4 millions de particuliers et
professionnels actuellement).
Ne craignez-vous pas qu'une partie
de votre base se tourne vers la concurrence, faute d'avoir
rapidement trouvé des offres couplées
voix-haut débit chez Cegetel ?
En l'état actuel, en France, on
recense seulement deux millions d'internautes sur une
population globale de trente millions de foyers. Le
marché est en train de se structurer. Nous estimons
que, d'ici quatre ans, il y aura 7 millions d'internautes
haut débit en France. A la différence
des FAI traditionnels, Cegetel a vocation à devenir
un prestataire de télécommunication au
sens large. Et, je le répète, nous offrirons
à nos clients grand public des accès haut débit en plus
de la voix dès l'année prochaine.
9 Telecom propose déjà
des offres couplées téléphonie
et Internet haut débit...
Avec des résultats mitigés.
Il faut avoir en tête que le parc de lignes dégroupées
a doublé dans les six dernières semaines.
Mais il n'est encore que de 40 000. Au rythme des
nouvelles lignes dégroupées, les 8 millions
d'abonnés particuliers qui ont choisi un opérateur alternatif
à France Télécom en France pour la voix vont devoir
attendre 40 ans avant d'être satisfaits ! Ce qui compte,
c'est bien le rythme de production par France Télécom
des lignes dégroupées. Il faut que la cadence de dégroupage
soit multipliée au moins par cinq d'ici fin 2003.
Dans le domaine de la téléphonie
fixe, vous détenez une part de marché
de 10 %. Quelles sont vos perspectives de développement
dans ce domaine ?
Nous ambitionnons d'avoir 15 % de
part de marchés à moyen terme, tous segments
de clientèles (entreprises, FAI et grand public)
et services confondus (voix-Internet-réseaux
entreprises). 15 % est le niveau qui permet d'assurer
de façon pérenne une alternative forte face à
un concurrent quasi-monolithique comme peut l'être
France Télécom.
Qu'attendez-vous
du groupe de travail sur la revente de l'abonnement
téléphonique France Télécom
qui a été mis en place fin 2002 par l'Autorité
de régulation des télécommunications
?
Nous en attendons un meilleur service
aux clients. Actuellement, huit clients sur dix nous
demandent une facture unique de télécommunication.
C'est surtout une très bonne façon de
fidéliser les clients. C'est d'ailleurs la principale
raison qu'évoque un client lorsqu'il quitte un
opérateur alternatif pour revenir chez France
Télécom. Pour sensibilier l'opinion publique
à ce sujet, nous avons lancé le site TelephoneLibre.org.
Le Français moyen a une facturation de téléphone
de 30 euros par mois. Là-dessus, il faut compter
13 euros d'abonnement, soit 40 % de sa facture
globale. Nous avons ouvert progressivement la concurrence
sur la longue distance et l'international puis le fixe
vers mobile, puis le local. Il reste encore 40 %
du marché grand public de la télécommunication
dans les mains de l'opérateur historique.
Cegetel va-t-il présenter
un résultat à l'équilibre cette
année ?
Nous tiendrons les objectifs de résultats
que nous nous sommes fixés mais n'oublions pas que nous
sommes toujours dans une phase d'investissement commercial.
En termes de concentration
de marché, que pensez-vous des appels au rapprochement
lancés par LDCom ?
LDCom s'est construit sur une stratégie
claire de croissance externe. Cegetel a toujours compté
sur une stratégie claire de croissance interne.
Ce sont deux stratégies différentes. Faut-il aller plus
loin et fusionner tous les concurrents de France Télécom
? C'est peu crédible et cela poserait d'évidentes questions
réglementaires et sociales, ce qui n'est pas le cas
du rapprochement entre Cegetel et Télécom
Développement qui sont deux entreprises complémentaires.
La semaine dernière,
France Télécom a été condamné
en première instance à verser 7,5 millions
d'euros à 9 Télécom (LDCom) pour
"winback" abusif. Cela vous inspire quoi ?
Nous avons la même démarche
devant un tribunal de commerce. Nous avons été
déboutés en première instance mais
nous avons fait appel. Nous soutenons l'inititiative
de 9 Télécom. La condamnation de France
Télécom montre que ce dernier n'est pas exempt de reproches.
Il est nécessaire de rappeler qu'il ne faut pas
dépasser la ligne jaune.
Quels sites utilisez-vous
le plus souvent ?
Pour l'information, je ne pourrais pas
vous en citer d'emblée. En revanche, pour mes
achats en ligne de DVD-CD-livres, je citerais Fnac.com.
Pour les fleurs, j'utilise beaucoup le service Aquarelle.com.
En tant que féru d'oenologie, je me rend souvent
sur le site Millesima qui me permet d'acheter des bons
vins à bon prix.
Quel est le service multimédia
mobile que vous consultez le plus ?
Je dispose d'un Panasonic GD 87. J'ai
choisi SFR comme opérateur mais ce n'est pas
étonnant. Je me rends souvent sur son portail
multimédia mobile Vizzavi pour consulter de l'information
en ligne ou télécharger des sonneries
orginales. J'utilise également la fonction appareil
numérique de mon Panasonic. mais je n'ai pas
encore testé l'interopérabilité
MMS entre opérateurs mobiles.
Etes-vous
un grand consommateur de SMS ?
Oui. Par exemple, je reçois des
alertes SMS sur l'état de la qualité du
réseau Cegetel. C'est une application professionnelle
SMS propre à Cegetel. A titre personnel, j'envoie
une dizaine de SMS par mois.
Les
comptes de résultat de Cegetel (filiale
fixe du Groupe Cegetel) en 2002
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Chiffre
d'affaires |
906
millions d'euros (+20% par rapport à 2001)
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Pertes opérationnelles
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115
millions d'euros (contre 181 millions d'euros
l'année précédente)
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Pertes Ebitda |
27 millions
d'euros (contre 99 millions d'euros l'année
précédente).
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