INTERVIEW
 
Directeur général
Cegetel
Olivier Huart
"Le haut débit pour les clients de Cegetel, ce sera en 2004"
Cegetel, la filiale de téléphonie fixe de Groupe Cegetel, prend position sur le haut débit, en particulier en montant sur une offre de collecte IP à destination des fournisseurs d'accès Internet (FAI). Fort de ses 3,4 millions de clients particuliers et professionnels, l'opérateur télécom, dont la maison-mère est rattachée au groupe Vivendi Universal, est au coeur de l'actualité : fusion de l'activité fixe Cegetel-Télécom Développement, développements liés dégroupage, ouverture du site TelephoneLibre.org, appel de LDCom pour un rapprochement... Olivier Huart, Directeur général du groupe, revient sur l'ensemble des débats qui secouent le monde des télécommunications.
24 juin 2003
 
          
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JDNet. Sous quels angles Cegetel développe des offres et des services haut débit ?
Olivier Huart. Par ordre de priorité, nous allons d'abord viser les FAI en leur offrant de la collecte, et les entreprises. Puis, dans un second temps, nous allons lancer des offres haut débit sur notre propre base de clients, particuliers et professionnels. L'investissement dans l'accès est stratégique pour nous. Nous estimons que les modèles économiques et la rationalité dans le domaine des télécommunications fixes évoluent de plus en plus des services de transport vers l'accès aux clients. Les conditions économiques du dégroupage, qui ont fortement été modifiées ces derniers mois, favorisent ce mouvement. Notre partenaire Télécom Développement va investir 150 millions d'euros dans le réseau ADSL, dont les deux tiers dans les dix-huit prochains mois. Et Cegetel prendra en charge la distribution des services aux clients finaux.

Où en est le processus de rapprochement entre Cegetel et Télécom Développement ?
Les actionnaires de Cegetel et Télécom Développement ont trouvé un accord. Le groupe Cegetel a obtenu le soutien de principe de ses actionnaires (Vivendi Universal et Vodafone). Le processus d'information et de consultation des instances représentatives est en train de se dérouler.

Revenons sur les différents segments de clients que vous visez à travers vos offres haut débit. Comment comptez-vous toucher les FAI ?
Avec Télécom Développement, nous allons lancer des offres de collecte haut débit destinées aux FAI sur la base de lignes dégroupées (option 1). Nous ambitionnons de couvrir la quasi-totalité des villes de plus de 30 000 habitants d'ici mi-2004. Une couverture qui représente 50 % de la clientèle grand public et deux tiers de la clientèle entreprise. En termes de lignes potentiellement dégroupées, nous avons l'ambition d'en ouvrir 5 millions d'ici le 31 décembre et 5autres millions de lignes dans le courant du premier semestre 2004.

Quelles avantages vont en tirer les clients finaux ?
Aujourd'hui avec Télécom Développement, nous offrons depuis le début du printemps une collecte nationale sur la base de l'option 3 qui nous permet de concurrencer de façon très significative l'offre option 5 de France Télécom mais uniquement sur le transport. Avec l'option 1 et sa structure de coûts différente, nous serons compétitifs également sur l'accès. A charge pour nos clients FAI de tirer profit de cet avantage en baissant le tarif de leurs offres ADSL grand public.

AOL France a été le premier client FAI bas débit de Cegetel. Suivent-ils sur le haut débit ? Quels autres FAI sont intéressés ?
Nous discutons avec AOL France naturellement. Pour le moment, il a choisi notre offre haut débit option 3. Nous discutons sur la possibilité d'élargir cet accord à l'option 1. Parallèlement, nous avons entamé des discussions avec les autres FAI. En général, les accords de ce type ne sont pas exclusifs. Les FAI souhaitent disposer d'au moins deux fournisseurs. Ce qui leur permet de garder une tension sur les prix et de comparer la qualité des prestations. Ce dernier point est important : par exemple, Télécom Développement a choisi de déployer des DSLAM d'Alcatel qui présentent outre leur qualité et leurs prix intéressants le dernier cri en matière de fonctionnalités vidéos.

Et côté entreprises, comment abordez-vous le marché haut débit ?
Nous avons deux grandes approches. La première consiste à tirer parti des bénéfices de l'option 1 (et donc du dégroupage) sur les services existants (accès Internet et réseaux d'entreprises comme les LAN). Nous nous concentrons sur quatre paramètres : le contrôle des coûts, la maîtrise des débits, les engagements de qualité et les délais de déploiement et d'installation.
Le deuxième grand axe concerne les nouveaux services et les nouveaux usages : dans le domaine de la voix, nous allons offrir à nos clients entreprises des raccordements de PABX en SDSL basés sur de l'option 1 avec des services de qualité et des prix compétitifs. Ils seront déployés d'ici la fin du dernier trimestre de cette année.
Dans le courant de l'année 2004, nous allons passer au deuxième étage de la fusée : la voix sur SDSL puis plus tard la voix sur IP. Des expérimentations ont débuté dans ce sens mais nous n'avons pas fixé de calendriers précis pour le déploiement de la voix sur IP. Face à la demande de nouveaux services de télécommunication (e-formation, télétravail, accès bases de données, etc.) , nous proposerons dès l'année prochaine des offres couplées voix-Internet-data. En termes de mobilité, nous serons en mesure de proposer des offres d'accès GPRS sur nos réseaux entreprises d'ici la fin de l'année et de monter des couplages Wi-Fi + DSL.

Vous avez 16.000 entreprises clientes. Quelle est la proportion de clients ayant adopté vos offres d'accès Internet haut débit ?
Nous ne communiquons pas ces données.

Début mai, vous avez lancé une offre Internet bas débit pour les clients particuliers de Cegetel. Comptez-vous déployer une offre d'accès Internet haut débit aussi sur ce segment de clientèle ?
En matière de haut débit, notre priorité pour 2003 est sur les FAI et sur les entreprises. L'année prochaine, nous pourrions associer un accès Internet haut débit à nos services voix grand public. Pour le moment, nos offres bas débit sont facturées à la minute. Nous allons progresser par étape avec lancement de forfaits bas débit à la rentrée puis d'offres haut débit en 2004. Notre objectif n'est pas de développer un nouvel ISP mais de nous concentrer sur notre parc de clients existants (3,4 millions de particuliers et professionnels actuellement).

Ne craignez-vous pas qu'une partie de votre base se tourne vers la concurrence, faute d'avoir rapidement trouvé des offres couplées voix-haut débit chez Cegetel ?
En l'état actuel, en France, on recense seulement deux millions d'internautes sur une population globale de trente millions de foyers. Le marché est en train de se structurer. Nous estimons que, d'ici quatre ans, il y aura 7 millions d'internautes haut débit en France. A la différence des FAI traditionnels, Cegetel a vocation à devenir un prestataire de télécommunication au sens large. Et, je le répète, nous offrirons à nos clients grand public des accès haut débit en plus de la voix dès l'année prochaine.

9 Telecom propose déjà des offres couplées téléphonie et Internet haut débit...
Avec des résultats mitigés. Il faut avoir en tête que le parc de lignes dégroupées a doublé dans les six dernières semaines. Mais il n'est encore que de 40 000. Au rythme des nouvelles lignes dégroupées, les 8 millions d'abonnés particuliers qui ont choisi un opérateur alternatif à France Télécom en France pour la voix vont devoir attendre 40 ans avant d'être satisfaits ! Ce qui compte, c'est bien le rythme de production par France Télécom des lignes dégroupées. Il faut que la cadence de dégroupage soit multipliée au moins par cinq d'ici fin 2003.

Dans le domaine de la téléphonie fixe, vous détenez une part de marché de 10 %. Quelles sont vos perspectives de développement dans ce domaine ?
Nous ambitionnons d'avoir 15 % de part de marchés à moyen terme, tous segments de clientèles (entreprises, FAI et grand public) et services confondus (voix-Internet-réseaux entreprises). 15 % est le niveau qui permet d'assurer de façon pérenne une alternative forte face à un concurrent quasi-monolithique comme peut l'être France Télécom.

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Qu'attendez-vous du groupe de travail sur la revente de l'abonnement téléphonique France Télécom qui a été mis en place fin 2002 par l'Autorité de régulation des télécommunications ?
Nous en attendons un meilleur service aux clients. Actuellement, huit clients sur dix nous demandent une facture unique de télécommunication. C'est surtout une très bonne façon de fidéliser les clients. C'est d'ailleurs la principale raison qu'évoque un client lorsqu'il quitte un opérateur alternatif pour revenir chez France Télécom. Pour sensibilier l'opinion publique à ce sujet, nous avons lancé le site TelephoneLibre.org. Le Français moyen a une facturation de téléphone de 30 euros par mois. Là-dessus, il faut compter 13 euros d'abonnement, soit 40 % de sa facture globale. Nous avons ouvert progressivement la concurrence sur la longue distance et l'international puis le fixe vers mobile, puis le local. Il reste encore 40 % du marché grand public de la télécommunication dans les mains de l'opérateur historique.

Cegetel va-t-il présenter un résultat à l'équilibre cette année ?
Nous tiendrons les objectifs de résultats que nous nous sommes fixés mais n'oublions pas que nous sommes toujours dans une phase d'investissement commercial.

En termes de concentration de marché, que pensez-vous des appels au rapprochement lancés par LDCom ?
LDCom s'est construit sur une stratégie claire de croissance externe. Cegetel a toujours compté sur une stratégie claire de croissance interne. Ce sont deux stratégies différentes. Faut-il aller plus loin et fusionner tous les concurrents de France Télécom ? C'est peu crédible et cela poserait d'évidentes questions réglementaires et sociales, ce qui n'est pas le cas du rapprochement entre Cegetel et Télécom Développement qui sont deux entreprises complémentaires.

La semaine dernière, France Télécom a été condamné en première instance à verser 7,5 millions d'euros à 9 Télécom (LDCom) pour "winback" abusif. Cela vous inspire quoi ?
Nous avons la même démarche devant un tribunal de commerce. Nous avons été déboutés en première instance mais nous avons fait appel. Nous soutenons l'inititiative de 9 Télécom. La condamnation de France Télécom montre que ce dernier n'est pas exempt de reproches. Il est nécessaire de rappeler qu'il ne faut pas dépasser la ligne jaune.

Quels sites utilisez-vous le plus souvent ?
Pour l'information, je ne pourrais pas vous en citer d'emblée. En revanche, pour mes achats en ligne de DVD-CD-livres, je citerais Fnac.com. Pour les fleurs, j'utilise beaucoup le service Aquarelle.com. En tant que féru d'oenologie, je me rend souvent sur le site Millesima qui me permet d'acheter des bons vins à bon prix.

Quel est le service multimédia mobile que vous consultez le plus ?
Je dispose d'un Panasonic GD 87. J'ai choisi SFR comme opérateur mais ce n'est pas étonnant. Je me rends souvent sur son portail multimédia mobile Vizzavi pour consulter de l'information en ligne ou télécharger des sonneries orginales. J'utilise également la fonction appareil numérique de mon Panasonic. mais je n'ai pas encore testé l'interopérabilité MMS entre opérateurs mobiles.

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Etes-vous un grand consommateur de SMS ?
Oui. Par exemple, je reçois des alertes SMS sur l'état de la qualité du réseau Cegetel. C'est une application professionnelle SMS propre à Cegetel. A titre personnel, j'envoie une dizaine de SMS par mois.

Les comptes de résultat de Cegetel (filiale fixe du Groupe Cegetel) en 2002
Chiffre d'affaires
906 millions d'euros (+20% par rapport à 2001)
Pertes opérationnelles
115 millions d'euros (contre 181 millions d'euros l'année précédente)
Pertes Ebitda
27 millions d'euros (contre 99 millions d'euros l'année précédente).

 
Propos recueillis par Philippe Guerrier

PARCOURS
 
Olivier Huart, 39 ans, est titulaire de deux diplômes d'ingénieur (Polytechnique, Telecom Paris) et d'un MBA (INSEAD). Il a débuté sa carrière chez France Telecom où, au sein des activités internationales de l'opérateur public, il a exercé diverses responsabilités managériales dans les domaines du marketing et du "business development". En 1995, il a rejoint SFR afin d'organiser, dans la perspective de l'ouverture du secteur à la concurrence, la politique réglementaire et les relations avec les instances publiques. En septembre 1996, il a été nommé Directeur de la réglementation et des relations extérieures de Cegetel, la filiale "télécommunications" du groupe Vivendi Universal. En avril 2000, il est nommé Directeur général du 7 de Cegetel (activité téléphonie longue distance), puis en outre Directeur général de Cegetel Entreprises en septembre de la même année. La fusion de ces deux entreprises donne naissance à la Branche Fixe de Cegetel début 2001.

   
 
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