JDNet.
Depuis quand êtes-vous entré en contact avec
Spray ?
Jens Uwe Intat.
A la suite de notre introduction
en Bourse, nous avons regardé quelles acquisitions
nous pouvions effectuer. Nous avons regardé du côté
de la Suède et plus globalement dans la zone scandinave.
Nous avons entamé les discussions avec les dirigeants
de Spray il y a trois mois.
Avez-vous
tenté d'approcher d'autres acteurs que vous trouviez
importants ?
Spray
a été notre premier choix pour la Scandinavie
mais leur approche pan-européenne nous a beaucoup plu.
Nous avons beaucoup de points communs : nous nous concentrons
sur une approche média, notion plus globale que celle
d'ISP. Et nous estimons que nos cultures d'entreprises se
marient très bien. Nous comptons également acquérir
d'autres structures en Europe mais je ne peux naturellement
faire aucun commentaire à ce sujet aujourd'hui.
Comment
définiriez-vous ce nouvel ensemble ?
En
terme concis, nous sommes un média leader
("a leading media company").
Spray n'a
t-il pas subi des pressions de la part de ses investisseurs
(la famille Wallenberg) pour trouver une solution rapide de
développement ?
Spray considère son rapprochement avec Lycos comme
une consolidation. J'estime que ses investisseurs n'ont pas
forcé le mouvement. Je trouve que la famille Wallenberg
a injecté des fonds pour accompagner la croissance
de Spray et qu'elle a été un soutien plus que
financier dans le cadre du rapprochement Lycos-Spray.
Quelle est la prochaine étape pour Lycos et Spray ?
Nous
devons étudier comment positionner notre marque à
travers l'Europe et définir les groupes cibles d'internautes
que nous voulons toucher. Nous allons répartir les
différents services et le contenu éditorial
et produire des synergies. Peut-être via une plate-forme
commune. Nous devons scruter les branches dans certains pays
et savoir comment combiner nos moyens. Cela devrait prendre
quelques mois.
Allez-vous
mettre en place une structure de management commune ?
Pour
l'instant, nous ne touchons à rien. Nous avons déjà
une approche de décentralisation. Mais nous voulons
mesurer l'expertise de contenu et la force de vente de Spray.
Nous nous dirigeons vers deux marques phares - Lycos et Spray
- et une équipe commune de management.
Vous pensez
qu'il est possible de mélanger la touche de management
à la suédoise avec celle de développée
par Lycos ?
Absolument. Il y a
beaucoup de points communs entre les deux types de management,
notamment la décentralisation des activités.
Vous mettez l'accent sur les conditions de travails décontractées
que l'on trouve chez Spray. Je vous assure que ce sont les
mêmes chez Lycos.
Avez-vous
l'intention d'étendre votre champ géographique
d'activité ?
En
Europe, les marchés-clés en terme de marketing
sont la Scandinavie, le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne.
Nous pourrons peut-être établir des partenariats
pour toucher d'autres pays.
A long terme,
vous n'imaginez pas une fusion totale des activités
de Spray et Lycos ?
A
long terme, Spray et Lycos seront une même compagnie.
Mais Spray continuera à
exister comme une marque.
Comment
comptez-vous arriver à la rentabilité ?
Nous conservons la même
logique que nous avions avant l'acquisition de Spray. Sauf
que nous nous adaptons à un nombre plus grands d'utilisateurs,
ce qui nous permet d'atteindre plus rapidement une masse critique,
comme aux Etats-Unis. Nous allons maintenir nos dépenses
marketing et mettre l'accent sur le programme de "cross
merchant product recommendation service" comme Yahoo
[NDLR, aux Etats-Unis, c'est un programme de commerce électronique
qui permet de recenser l'ensemble des produits catalogues
d'un ensemble de e-marchands regroupés dans une galerie
marchande. Ce système permet de sélectionner
directement le produit et/ou la marque que l'on souhaite acquérir].
Nous parviendrons à la rentabilité en augmentant
nos marges. Au cours de l'année 1999-2000, Lycos (Europe
et USA) a réalisé un chiffre d'affaires de 100
millions de dollars autour du
e-commerce.
Par quels types d'acquisition seriez-vous intéressés
?
Je peux vous donner quelques éléments : nous
ne croyons pas au "business model" autour des ISP
et des télécoms, mais plutôt au modèle
du financement par la publicité. Nous nous rapprochons
sur ce point de Yahoo ou AOL.
Selon vous, quels sont vos principaux concurrents en Europe
?
Altavista
est un concurrent mais seulement pour l'aspect recherche.
Yahoo est naturellement un des nos concurrents les plus directs.
Pour
la France, le rapprochement Spray-Lycos change quoi ?
[réponse commune de Marie-Christine Levet, PDG de
Lycos France, et de Thomas Fellbom, PDG de Spray France].
Lycos France a une plus grande base de clients en France que
Spray. Nous allons en faire profiter à Spray France.
Au niveau des partenariats, il faut que l'on réfléchisse
sur les répercussions. Mais il est clair que Spray
et Lycos pourront établir des partenariats différents.
SprayDate (service de rencontres) par exemple aura ses propres
partenaires. Lycos a également une avance sur Spray
au niveau de la régie. Spray France vient juste de
placer ce service en interne. Il y aura naturellement des
synergies dans le domaine de la publicité.
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