INTERVIEW
 
Directeur financier
Lycos Europe
Jens Uwe Intat
"Titre"
Lycos Europe a changé de visage. Son introduction au Neuer Markt en mars dernier lui permet de financer sa croissance externe. La première grande acquisition a été le réseau pan-européen Spray (cf article JDNet du 21/09/00). Lycos Europe revendique désormais 19 millions de visiteurs uniques sur le continent. Cette semaine, Lycos Europe a annoncé un renforcement de son partenariat avec le groupe allemand Bertelsmann (qui détient 31% de ce réseau de portails). Il a signé avec le grand groupe de communication un accord qui doit lui permettre de profiter de nouveaux contenus. 26 septembre 2000
 
          

JDNet. Depuis quand êtes-vous entré en contact avec Spray ?
Jens Uwe Intat. A la suite de notre introduction en Bourse, nous avons regardé quelles acquisitions nous pouvions effectuer. Nous avons regardé du côté de la Suède et plus globalement dans la zone scandinave. Nous avons entamé les discussions avec les dirigeants de Spray il y a trois mois.

Avez-vous tenté d'approcher d'autres acteurs que vous trouviez importants ?

Spray a été notre premier choix pour la Scandinavie mais leur approche pan-européenne nous a beaucoup plu. Nous avons beaucoup de points communs : nous nous concentrons sur une approche média, notion plus globale que celle d'ISP. Et nous estimons que nos cultures d'entreprises se marient très bien. Nous comptons également acquérir d'autres structures en Europe mais je ne peux naturellement faire aucun commentaire à ce sujet aujourd'hui.

Comment définiriez-vous ce nouvel ensemble ?
En terme concis, nous sommes un média leader
("a leading media company").

Spray n'a t-il pas subi des pressions de la part de ses investisseurs (la famille Wallenberg) pour trouver une solution rapide de développement ?
Spray considère son rapprochement avec Lycos comme une consolidation. J'estime que ses investisseurs n'ont pas forcé le mouvement. Je trouve que la famille Wallenberg a injecté des fonds pour accompagner la croissance de Spray et qu'elle a été un soutien plus que financier dans le cadre du rapprochement Lycos-Spray.

Quelle est la prochaine étape pour Lycos et Spray ?

Nous devons étudier comment positionner notre marque à travers l'Europe et définir les groupes cibles d'internautes que nous voulons toucher. Nous allons répartir les différents services et le contenu éditorial et produire des synergies. Peut-être via une plate-forme commune. Nous devons scruter les branches dans certains pays et savoir comment combiner nos moyens. Cela devrait prendre quelques mois.

Allez-vous mettre en place une structure de management commune ?
Pour l'instant, nous ne touchons à rien. Nous avons déjà une approche de décentralisation. Mais nous voulons mesurer l'expertise de contenu et la force de vente de Spray. Nous nous dirigeons vers deux marques phares - Lycos et Spray - et une équipe commune de management.

Vous pensez qu'il est possible de mélanger la touche de management à la suédoise avec celle de développée par Lycos ?
Absolument. Il y a beaucoup de points communs entre les deux types de management, notamment la décentralisation des activités. Vous mettez l'accent sur les conditions de travails décontractées que l'on trouve chez Spray. Je vous assure que ce sont les mêmes chez Lycos.

Avez-vous l'intention d'étendre votre champ géographique d'activité ?
En Europe, les marchés-clés en terme de marketing sont la Scandinavie, le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne. Nous pourrons peut-être établir des partenariats pour toucher d'autres pays.

A long terme, vous n'imaginez pas une fusion totale des activités de Spray et Lycos ?
A long terme, Spray et Lycos seront une même compagnie. Mais Spray continuera à exister comme une marque.

Comment comptez-vous arriver à la rentabilité ?
Nous conservons la même logique que nous avions avant l'acquisition de Spray. Sauf que nous nous adaptons à un nombre plus grands d'utilisateurs, ce qui nous permet d'atteindre plus rapidement une masse critique, comme aux Etats-Unis. Nous allons maintenir nos dépenses marketing et mettre l'accent sur le programme de "cross merchant product recommendation service" comme Yahoo [NDLR, aux Etats-Unis, c'est un programme de commerce électronique qui permet de recenser l'ensemble des produits catalogues d'un ensemble de e-marchands regroupés dans une galerie marchande. Ce système permet de sélectionner directement le produit et/ou la marque que l'on souhaite acquérir]. Nous parviendrons à la rentabilité en augmentant nos marges. Au cours de l'année 1999-2000, Lycos (Europe et USA) a réalisé un chiffre d'affaires de 100 millions de dollars autour du
e-commerce.

Par quels types d'acquisition seriez-vous intéressés ?

Je peux vous donner quelques éléments : nous ne croyons pas au "business model" autour des ISP et des télécoms, mais plutôt au modèle du financement par la publicité. Nous nous rapprochons sur ce point de Yahoo ou AOL.

Selon vous, quels sont vos principaux concurrents en Europe ?

Altavista est un concurrent mais seulement pour l'aspect recherche. Yahoo est naturellement un des nos concurrents les plus directs.

Pour la France, le rapprochement Spray-Lycos change quoi ? [réponse commune de Marie-Christine Levet, PDG de Lycos France, et de Thomas Fellbom, PDG de Spray France]. Lycos France a une plus grande base de clients en France que Spray. Nous allons en faire profiter à Spray France. Au niveau des partenariats, il faut que l'on réfléchisse sur les répercussions. Mais il est clair que Spray et Lycos pourront établir des partenariats différents. SprayDate (service de rencontres) par exemple aura ses propres partenaires. Lycos a également une avance sur Spray au niveau de la régie. Spray France vient juste de placer ce service en interne. Il y aura naturellement des synergies dans le domaine de la publicité.

 
Propos recueillis par Philippe Guerrier

PARCOURS
 
Jens Uwe Intat, diplômé d'un DEA ingénierie d'affaires à l'université de Karlsruhe et d'un doctorat à l'université de Saitn-Gallen en Suisse, a travaillé pour Procter & Gamble et McKinsey, à la fois en Allemagne et aux Etats-Unis. Dr. Intat a rejoint le groupe Bertelsmann en 1998, où il a collaboré avec le département central de développement économique avant de se concentrer sur la partie multimédia. Depuis septembre 99, il est "Chief Operation Officer" et "Chief financial Officer" de Lycos Europe, en charge des pays européens non germanophones.

   
 
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