INTERVIEW 
 
Bruno Janet
Directeur des relations avec les collectivités locales
France Télécom
Bruno Janet
"La fracture numérique ne sera bientôt plus qu'un mauvais souvenir"
France Télécom s'est engagé à couvrir en ADSL 90 % de la population d'ici la fin de l'année. Bruno Janet, directeur des relations avec les collectivités locales, dresse un premier bilan à un mois de l'échéance.
(30/11/2004)
 
En janvier dernier, six mois avant le vote de la Loi pour la confiance dans l'économie numérique (LEN), France Télécom lançait un programme de sensibilisation au haut débit tourné vers les collectivités locales, baptisé "Initiatives Départements Innovants". Une manière pour l'opérateur historique de reprendre la main sur la gestion des infrastructures télécoms dans des régions encore non desservies par l'ADSL. France Télécom s'est ainsi engagé à couvrir 90 % de la population française en accès haut débit d'ici la fin 2004. A un mois de l'échéance, Bruno Janet, directeur des relations avec les collectivités locales de France Télécom, établit le premier bilan de ce programme et revient sur ses modalités d'application.

JDN.
Où en est le déploiement du haut débit par France Télécom sur le territoire français ?

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Bruno Janet. L'objectif de France Télécom dans le cadre de l'initiative "Départements innovants" était de couvrir 90 % de la population d'ici la fin de l'année, soit 21.600 communes. C'est chose faite aujourd'hui. En 2005, nous couvrirons 96 % de la population française et en 2006, 98 %. En ce qui concerne les réseaux, la fracture numérique ne sera bientôt plus qu'un mauvais souvenir.

Quelles technologies promeut France Télécom dans le cadre de l'aménagement numérique du territoire ?

Pour les 2 % restants non encore accessibles par l'ADSL, France Télécom offre des technologies alternatives, comme le pack Wi-Fi, lancé le 16 novembre dernier. Il s'agit d'une solution clé en main qui permet aux communes de bénéficier d'une couverture haut débit par satellite et Wi-Fi. Concernant l'ADSL, nous offrons pour le grand public un débit de 2 Mbits/s, qui pourra aller jusqu'à 18 Mbits/s dès le début de l'année prochaine, grâce au déploiement de nouvelles technologies ADSL, comme l'ADSL2+.

Près de douze mois après son lancement, quel premier bilan pouvez-vous établir de la démarche "Départements innovants" ?
Des chartes "Départements innovants" ont été signées avec 70 départements depuis le début de l'année. Ces initiatives de France Télécom ont déjà porté leurs fruits. Le plan a permis que la France soit désormais au premier rang des pays européens en nombre d'abonnés ADSL. Un résultat qui bénéficie aussi à tous nos concurrents puisque, à fin 2004, la France comptera 6 millions d'abonnés haut débit.

Comment se passe la collaboration entre France Télécom et les départements ?
Les chartes s'inscrivent dans le cadre législatif concurrentiel en vigueur. Le texte de la charte a été relu et approuvé par l'ART et par le Conseil de la concurrence. Dans ce cadre, France Télécom prend un engagement sur un, deux ou trois ans pour équiper la population. Il y a un dialogue entre France Télécom et les Conseils généraux, en toute transparence. Un comité de pilotage est mis en place, composé de représentants de France Télécom et d'élus locaux. Tous les comptes rendus de ce comité sont publics, accessibles en ligne sur le site de France Télécom et sur ceux des Conseils généraux. Cet esprit d'ouverture de France Télécom a été souligné lors du salon des maires, où nombre d'élus locaux ont reconnu l'énorme changement d'attitude de France Télécom.

Le réseau déployé par France Télécom bénéficie à la concurrence."

Comment est financé ce programme d'extension du taux de couverture ?
Le plan haut débit pour tous est financé à 100 % par le groupe, sans aucune subvention. Au total, nous réinvestirons plus de 1,3 milliard d'euros sur trois ans. Les départements n'ont donc aucun investissement à faire, le déploiement du réseau est entièrement financé par France Télécom.

Comment est élaboré le budget de financement du réseau pour un département ?
France Télécom propose un plan de déploiement du réseau en fonction de son équation économique : budget et délais. Si un département veut aller plus vite, il peut bien sûr le faire avec ses propres moyens.

Ce programme permet-il à France Télécom d'asseoir une position dominante en tant qu'opérateur ?
Pas du tout. Le travail de France Télécom bénéficie à l'ensemble des collectivités, des consommateurs, mais également des autres opérateurs. Ces réseaux bénéficient à la concurrence qui peut les utiliser pour déployer ses offres. De fait, lorsque le réseau ADSL est installé dans une commune, nous devons attendre 105 jours avant de pouvoir faire une offre commerciale, un délai pendant lequel nos concurrents peuvent déployer leurs offres. C'est une obligation de l'Autorité de régulation des télécommunications. Rappelons que sur les 6 millions d'abonnés ADSL, 40 % sont des clients de France Télécom et 60 % des clients des opérateurs concurrents.

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Ce plan de déploiement comprend-il un volet entreprises ?
Côté entreprises, nous avons considéré qu'il y avait également une nécessité d'aller plus vite en termes d'accès haut débit et très haut débit. Ce sont 2.000 ZAE [zones d'activités prioritaires, ndlr], soit 120.000 entreprises, qui sont concernées par ce plan qui leur permettra d'accéder à des débits allant jusqu'à 100 Mbits/s. Ce plan ZAE, qui comprend un important programme d'opticalisation du réseau, a pour objectif d'être terminé à la mi-2006. Un travail important de sélection et de priorisation de ces zones est actuellement mené par nos directions régionales, en lien avec les acteurs locaux, élus et CCI. Pour les petites entreprises éloignées, situées dans des zones rurales, France Télécom a pris l'engagement de leur proposer du 2 Mbits/s en symétrique. Grâce à cette opticalisation, et dès que l'ART nous en donnera l'autorisation, nous baisserons de manière significative les tarifs à destination des entreprises.

 
 
Propos recueillis par Emilie LEVEQUE, JDN

PARCOURS
 
 
Bruno Janet, 47 ans, est titulaire d'une maîtrise en droit et d'un master de l'Ecole supérieure de commerce de Paris (ESCP). Il est également ingénieur de l'Institut national des télécommunications (INT).
1980 : il rejoint le groupe France Télécom au sein du service de presse, dont il prend la direction. Par la suite, il devient directeur de l'information et porte-parole de l'opérateur historique.
2004 : en mai, il est nommé directeur des relations avec les collectivités locales de France Télécom.

   
 
 
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