JDNet.
Avec seulement 3% de progression en 2001, B2L limite
la casse ?
Godefroy Jordan.
C'est sûr que ce fut une année de consolidation
et de stabilité avec une croissance très
faible. Nous avons aussi dû gérer une restructuration
initiée au début de l'année 2001
et qui a forcément mobilisé une bonne
partie de nos énergies. Cette restructuration
s'est terminée à la fin du troisième
trimestre, donc maintenant nous sommes en ordre de bataille.
Désormais, nous sommes organisés autour
de trois pôles représentant chacun à
peu près un tiers des honoraires : web consulting,
web production et web animation.
Qu'entendez-vous
par restructuration ?
Le
point majeur a été la simplification des
entités car avec le développement du marché,
nous nous étions diversifiés dans beaucoup
de métiers avec à chaque fois des micro-équipes
par spécialité d'offres. Nous avions quelque
chose comme huit ou neuf départements, l'idée
était donc de simplifier pour rendre les choses
plus claires pour le client. Il a aussi fallu tenir
compte du fait qu'il y a eu un rééquilibrage
des activités en matière de services,
c'est-à-dire que nous avons été
moins actifs dans la publicité sur Internet et
dans la production de sites mais plus actifs dans l'accompagnement
marketing des clients et le consulting. L'animation
de site a également été une activité
en hausse chez B2L. Enfin, il ne faut pas non plus écarter
le fait qu'il y a eu des départs et des licenciements
au cours de cette restructuration. Nous avions culminé
à plus de 200 personnes en 2000 et aujourd'hui,
nous sommes un petit peu moins de 150.
Que
devient la fusion entre B2L et la SSII Cyber Network
engagée en 2000 ?
Il
n'y a finalement pas eu de fusion opérationnelle
avec Cyber Network parce que la spécificité
de leur marché, c'est-à-dire d'avantage
l'intégration, réseaux télécom
et sécurité, est une approche industrielle
totalement différente de la mise en oeuvre d'applications
interactives. Entre Cyber Network et B2L, il y avait
à la fois des différences culturelles
et des différences commerciales puisque nous
faisons plutôt du conseil avant-vente, en amont,
alors que Cyber Network est beaucoup plus sur de l'assemblage
de solutions packagées. Il y avait aussi des
différences sur les montants moyens par projets,
qui sont beaucoup plus importants que les nôtres,
et puis il y avait aussi des différences sur
la conduite des projets. Au finale, il était
assez difficile de faire une intégration en une
société unique.
Concernant
votre nouvelle organisation
en trois pôles, cela signifie que vous voulez
toujours proposer une chaîne de valeur complête
à vos clients ?
Effectivement,
nous continuons à être des gens qui conseillent
et mettent en oeuvre les choses qu'ils ont conseillées.
Mais nous pensons qu'aujourd'hui, les clients ne veulent
pas une chaîne de valeur morcelée avec
des gens qui disent ce qu'il faut faire, d'autres qui
disent comment et encore d'autres qui le font. Ils préfèrent
s'adresser à un type d'interlocuteur unique.
D'ailleurs, selon moi, parmi les agences web, celles
qui comme nous ont gardé un positionnement généraliste
(Fullsix, par exemple) sont celles qui s'en sortent
le mieux et ont gardé une stabilité relative.
En revanche, celles qui sont allées sur le marketing
pur et ont quitté la production se sont retrouvées
sur un marché beaucoup plus petit que prévu
et celles qui se sont spécialisées sur
la technologie ont vu le retour des grosses SSII. Mais,
même si nous avons une chaîne de valeur
assez large, nous ne sommes pas sur des projets qui
touchent au fonctionnement de l'entreprise. Là,
nous faisons appel à des SSII et des intégrateurs.
Alors
sur quels types de projets intervenez-vous ?
Notre
coeur de métier reste la partie "concept"
: pour quoi faire, quelles fonctionnalités et
avec quel plan d'action. Les sites que nous réalisons
sont essentiellement des sites pilotées par les
directions marketing et commerciale et dont la fonction
principale est l'avant-vente sur des produits complexes,
coûteux ou socialement impliquant en terme d'image.
Ce sont des biens d'équipement (Peugeot) mais
aussi des produits de luxe, de l'électronique
grand public, des services financiers, des télécoms...
Tout ce qui fait que l'individu va aller passer du temps
sur Internet pour préparer son achat.
Et
comment avez-vous évolué sur le plan de
la rémunération de vos prestations ?
Les
projets sont stables et fluctuent entre 100 et 200.000
euros. Pour ce qui est de la forme de la rémunération,
un tiers de nos prestations reste vendu au projet. Les
deux-tiers restant se répartissent pour moitié
entre de la rémunération mensuelle et
pour moitié sur des contrats cadres à
l'intérieur desquels nous fonctionnons projet
par projet. Au final, entre 60 et 70% de nos revenus
sont issus d'une rémunération forfaitaire,
ce qui nous assure une certaine visibilité.
Comment
a évolué votre portefeuille clients en
2001 ?
Il
est indéniable que le marché a été
et est toujours très âpre au niveau de
la concurrence sur les nouveaux budgets. Nous avons
cependant la chance de faire partie des agences dont
le flux de demandes reste assez important, de l'ordre
de trois à cinq par mois dans notre cas. D'une
manière générale, nous restons
donc assez sereins d'autant plus qu'en six ans d'expérience,
nous avons su fidéliser nos clients. Le meilleur
exemple est Peugeot qui a été notre premier
client facturé et qui est toujours présent
chez nous. En 2001, nous avons aussi su gagner de nouveaux
clients : Michelin, la Mairie de Paris, La Poste, Cisco...
La
concurrence est toujours aussi rude ?
Cela
va même en empirant ! La catégorie des
acteurs de taille importante, c'est-à-dire plus
de 50 personnes, s'est accrue en 2001 parce que la consolidation
qui a eu lieu l'année dernière s'est faite
au niveau des petits et moyens acteurs. Cela veut dire
qu'il y a maintenant plus de gros acteurs. Il n'y a
pas eu de concentration, en revanche. Et sur les projets
de 100 à 200.000 euros, les projets sur lesquels
B2L se positionne, il y a autant, si ce n'est plus,
de concurrence qu'il n'y en avait il y a un an ou deux.
Les clients jouent sur cette concurrence pour tirer
les prix à la baisse. Nous nous retrouvons finalement
sur des processus de sélection qui durent parfois
deux à trois mois avec un investissement en temps
très important pour finalement aboutir à
des différences très ténues entre
les propositions des acteurs.
Mais
cette situation ne va pas pouvoir durer éternellement...
Il
suffit de regarder les marchés anglais et allemand
pour comprendre que nous n'avons pas encore eu en France
de véritable phase de concentration du marché.
En Allemagne par exemple, en septembre-octobre 2001,
les numéro 1 et 4 du secteur ont fait faillite.
Je ne sais pas si c'est parce que le marché français
est en retard ou alors parce qu'il y a un atavisme français
à toujours reporter les mauvaises nouvelles,
mais je m'interroge sur la pérennité de
l'ensemble des acteurs français sur un marché
dont la croissance est ralentie et où il y a
énormément de prestataires. Il faut d'autant
plus se poser des questions que seulement 10% des prestataires
sont adossés à des groupes. Il est légitime
de se poser des questions quant aux 90% restant qui
sont indépendants et doivent affronter cette
période difficile sans bénéficier
d'appuis financiers et sans pouvoir envisager de fusions/acquisitions,
dans la mesure où chaque acteur a une culture
d'entreprise forte et différenciée.
Comment
envisagez-vous l'année 2002 dans ce contexte ?
Le
marché garde une dynamique de croissance mais
il reste entravé par la concurrence qui règne.
Cela dit, avec notre restructuration, B2L est maintenant
organisé pour résister. Nous sommes prêts
à supporter une période de non-croissance
tout en étant rentable. Je pense qu'en 2002,
il y aura un élément déclencheur
qui fera que le marché repartira. Selon moi,
cet élément sera la passage du nombre
d'internautes à 33-35% de la population française.
Le marché aura alors une autre perception d'Internet
comme un média incontournable. Il faut en fait
attendre le même déclic qui a eu lieu pour
les téléphones mobiles et espérer
ensuite que l'histoire sera aussi belle.
Et
plus précisément pour B2L ?
La
demande est toujours là mais nous attendons aussi
un signal fort de la part de notre groupe. BBDO n'a
pas encore d'acteur interactif aux Etats-Unis. Il serait
pourtant intéressant que nous entrions sur ce
marché, que ce soit par un partenariat ou une
acquisition. Cela montrerait clairement que BBDO croit
fortement au développement de l'Internet et donc
à la création d'un réseau d'agences
interactives portant le même nom. Aujourd'hui,
nous sommes premiers au Portugal et dans les six premiers
en Allemagne mais personne ne le sait parce que nous
avons tous des appellations différentes. Il serait
bon restructurer un peu tout cela...
Personnellement,
qu'aimez-vous sur Internet ?
Ce
qui me fascine, c'est qu'il n'y a pas un produit qui
soit inacessible. Il suffit d'un bon moteur de recherche
pour tout trouver. Par exemple, je passe beaucoup de
temps à acheter en ligne, que ce soit pour les
courses, la musique ou des gagdets pour mes enfants
et il m'arrive souvent de trouver des objets inconnus
en France sur des sites étrangers. Evidemment,
avant d'acheter, je prends soin de vérifier la
fiabilité du site.
Qu'est-ce
que vous n'aimez pas sur le web ?
La
lenteur principalement. Je deviens de plus en plus attentif
à cet aspect. Et puis je n'aime pas non plus
les gros systèmes marketing de certains sites,
notamment américains. Ce sont des sites où
pour avoir accès à la moindre information,
il faut d'abord remplir un long formulaire.
Quels
sont vos sites préférés ?
Google
évidemment, et puis Citadin.org
pour éviter les embouteillages et calculer son
itinéraire.
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