Consultant
depuis 1986, indépendant depuis 1993, associé au cabinet Terra
Nova Conseil, Daniel Kaplan intervient pour des entreprises françaises
ou internationales qui cherchent à comprendre et saisir les opportunités
qui émergent du développement des médias électroniques, de l'Internet,
des services à distance et du commerce électronique. Vice-président
du chapitre français de l'Internet Society, il a dirigé les quatre
éditions des "Livres Blancs" de l'Association française
de télématique,"Internet: les enjeux pour la
France". Passionné de technologie et de débats,
il a décidé de créer avec des entreprises,
les pouvoirs publics et des associations, la Fondation pour l'Internet
nouvelle génération (FING).
Un "accélérateur d'idées" dont
il nous décrit les actions et les ambitions.
Propos recueillis par Jérôme
Batteau le 24 février 2000
.
JDNet:
D'ou est venue l'idée de créer la
Fondation pour l'Internet nouvelle génération (FING)
?
Daniel Kaplan. Tout d'abord, j'ai toujours suivi
les évolutions du réseau puisque j'ai notamment
rédigé les livres blancs de l'Aftel et j'ai constaté
qu'en France, il n'y avait pas vraiment d'effort de mobilisation
pour réfléchir à l'internet du futur et participer
à son essor. Des Canadiens que j'ai rencontrés à
Autrans lors des Rencontres de l'Internet se sont d'ailleurs étonnés
de cela alors qu'ils ont déjà mis en place ce type
de fondation de leur côté. Parallèlement à
cela, tout le monde, et c'est normal, a le nez dans le guidon
dans l'Internet du présent et personne ne peut se permettre
de lever la tête pour anticiper. En clair, il n'y a donc
aucune réflexion globale pour que, dans cinq ans, les innovations
technologiques aillent de l'Europe aux Etats-Unis et non pas l'inverse
comme à l'heure actuelle.
Il faut donc absolument mettre en place une stratégie pour
faire en sorte que les Français se positionnent rapidement
dans le haut débit, les téléphones mobiles
ou la multiplication
des terminaux en réseaux.
Concrètement,
qu'est-ce qui va être mis en place ?
Tout d'abord, la FING travaillera en ligne avec des groupes constitués
autour des thèmes technologiques. Ces groupes auront une
charte, un projet et une échéance. Ensuite, nous
voulons faire émerger de nouveaux projets technologiques.
Nous proposons donc un formulaire en ligne ouvert à tous.
Une fois le projet reçu, nous le ferons examiner par notre
comité scientifique qui jugera de sa faisabilité
et de son degré d'innovation. Mais ce n'est pas nous qui
octroierons les fonds. Ce n'est pas notre rôle. En revanche,
les sociétés membres de la FING comme France Télécom
ou Vivendi pourront envisager des investissements. Quant à
la troisième mesure, elle consistera à créer
un concours de scénarii sur les technologies du futur.
Ce seront de vrais groupes de créativité en ligne
et nous jouerons le rôle d'agitateur d'idées.
Quel
est l'intérêt pour les entreprises de participer
à cette fondation? Pourquoi entrer en collaboration alors
qu'elles sont rivales?
En ce moment, Internet étant en gestation, tout le monde
est prêt à partager pour arriver rapidement à
des solutions. Dans quelques années, ce sera chacun pour
soi mais pas pour l'instant, il faut donc en profiter. Par ailleurs,
ces sociétés ont intérêt à être
très en amont de la technologie et à se poser la
question "qu'est-ce qui va tourner sur mes réseaux".
Avec nos groupes de travail, elles peuvent avoir des réponses
à leurs questions. Comme elles peuvent d'ailleurs s'investir
dans les projets les plus intéressants.
Votre
fondation est 100% française, n'est-ce pas un peu dommage
de ne pas travailler à l'échelle européenne?
Déjà, il faut savoir que les autres pays européens
ne nous ont pas attendu pour développer de tels projets.
Ensuite, nous serons un des noeuds d'un grand réseau mondial
de développement technologique. Mais, pour constituer des
alliances, il faut déjà avoir une existence propre
et un savoir-faire.
Les financements privés sont énormes actuellement
dans la recherche et le développement.
Que
pensez-vous de l'implication des Etats ?
Il est clair qu'il faut un engagement très fort des Etats
dans ce domaine. L'Etat américain qui est pourtant très
libéral est d'ailleurs allé très loin dans
son implication. En France, cela bouge pas mal et nous souhaitons
travailler davantage avec les pouvoir publics. D'ailleurs, le
ministère de l'Education nationale, de la recherche et de la technologie,
l'INRIA et l'Institut national des télécommunications font partie
de nos membres fondateurs.
Quels sont les atouts en France pour l'Internet du futur ?
Banalement,
je vous répondrai le mobile d'autant qu'on a une unicité
des standards qui permet d'avancer rapidement. Nous avons aussi
d'excellents atouts dans l'usage du contenu avec l'arrivée
du haut-débit. Les jeux, l'audiovisuel ou les fonds documentaires
sont des secteurs où nous avons une très bonne carte
à jouer.
Comptez-vous
devenir un lobby technologique auprès du gouvernement?
Ce n'est pas l'objectif. Il n'est donc pas question pour nous
de faire pression sur le gouvernement pour changer telle ou telle
loi. De même que notre rôle n'est pas d'accélérer
la démocratisation d'Internet. Les associations en charge
de ces dossiers s'en occupent déjà très bien.
Vous
parlez beaucoup de l'Internet du futur mais justement comme l'imaginez
vous?
A mon avis, la clé sera dans la compréhension de
l'individu selon le terminal utilisé. Quand une société
envoie des informations sur un mobile, la question sera de savoir
si l'utilisateur est chez lui, à son travail ou dans un
bar pour fournir les informations adéquates. Je pense qu'on
aura un boîtier à la ceinture reconnu par tous les
périphériques informatiques qui permettra d'identifier
le visiteur.
Quels
sites préférez-vous sur le Web?
J'adore individual.com,
un site d'information en anglais très personnalisé.
Avez-vous
déjà fait des achats en ligne?
Oui,
je suis un gros consommateur. J'ai à peu près acheté
tout ce qui marche sur internet comme les livres, les disques
ou des logiciels. Je viens même d'acquérir mon nouvel
ordinateur par le Web.
Fondation
pour l'internet nouvelle génération (FING)
Budget
|
4 millions de francs
|
Membres
fondateurs
|
AFTELCEE ISOC, Ministère de l'Education Nationale, de
la Recherche et de la Technologie INRIA, Institut national
des télécommunications ,Alcatel, Booz, Allen & Hamilton,
Bouygues Télécom, Bull, CanalWeb, Cyperus, eLaser, Everyday.com,
(Tele 2), France Télécom, GM Consultants Associés, Groupement
des Cartes Bancaires, IDATE, INA, La Poste, L'Echangeur,
Radio France Internationale, Vivendi
|
Membres
actifs
|
3 Suisses, Banque de Programmes et de Services (BPS), La
Citoyenne, EVS Conseil, FIA-Net, Investir Télécom, Investir,
Nexx Assurance, SmartValley, Tactis 5
|