INTERVIEW 
 
Pierre Kosciusko-Morizet
PDG
PriceMinister
Pierre Kosciusko-Morizet
"Nous nous lançons dans la vente de voyages et de voitures d'occasion"
Chaîne voyage, vente de voitures d'occasion, internationnalisation... Le fondateur du site de destockage nous détaille les nombreux projets de PriceMinister pour 2004 et dresse le bilan de l'année 2003.
(09/03/2004)
 
JDN. Vous avez annoncé récemment que vous alliez ouvrir une rubrique "vente de voitures". Pourquoi vous intéressez vous à ce marché ? N'est-ce pas un peu loin de votre métier ?
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Pierre Kosciusko-Morizet
PriceMinister

Pierre Kosciusko-Morizet Comme pour les produits culturels, nous pensons qu'il n'existe pas aujourd'hui d'endroit ou de site Internet efficace pour vendre ou acheter très rapidement une voiture d'occasion. Certes, il y a La Centrale, mais c'est avant tout un support papier. Ensuite, c'est un marché énorme puisqu'il dépasse en valeur celui des véhicules neufs. A l'heure actuelle, l'achat d'un véhicule représente la deuxième plus grosse part du budget des ménages français. Enfin, c'est un marché qui, comme les livres, se nourrit de la richesse de l'offre. Or nous pensons avoir une certaine légitimité dans la commerce de particuliers à particuliers. Notre métier est en quelque sorte d'être des tiers de confiance, des facilitateurs de transactions. Et notre rôle dans le secteur de la voiture d'occasion demeurera le même. De fait, nous pensons que les internautes qui nous font actuellement confiance pour de petits achats ou des produits informatiques qui représentent tout de même des paniers de 500 à 1.000 euros, peuvent nous faire confiance pour des achats plus impliquants comme une voiture, et pourquoi pas de l'immobilier.

Nous allons devoir adapter notre modèle."

N'allez-vous pas devoir modifier votre modèle ?
Si, bien sûr. Nous allons devoir nous adapter pour répondre aux besoins spécifiques liés à la vente de voitures. Les internautes vont vouloir, par exemple, se rencontrer. Nous allons donc devoir communiquer les noms et les coordonnées des différentes parties. Parallèlement, nos clients auront besoin de plus de réassurance et de garanties. Pour y répondre, nous sommes en train de travailler sur des services payants, de différentes valeurs, auxquels les internautes pourront souscrire lors de leur achat afin, par exemple, d'avoir une garantie mécanique sur leur voiture. Notre système de paiement va également bouger pour évoluer vers quelque chose d'assez original. Les internautes auront le choix, par exemple, dans leur mode de paiement. Par ailleurs, nous allons proposer des services de financement en nous appuyant sur une société dont c'est le métier.

Et votre modèle économique, va-t-il rester le même ?
Non. Effectivement, sur cette catégorie de produits, il va également évoluer. Nous n'allons plus nous appuyer sur une commission de 12,5 % hors taxe sur les ventes, mais sur un modèle mixte associant commission et revenus issus de la vente de services. Nous comptons d'ailleurs beaucoup sur cette deuxième sources de revenus.

Quand comptez-vous lancer cette nouvelle rubrique ?
Au plus tard au mois de septembre 2004. Elle proposera à la fois des offres de concessionnaires et également de particuliers.

Outre la vente de voitures, est-ce que vous comptez lancer de nouvelle catégories de produits au cours de cette année ?
Tout à fait. Nous allons d'ailleurs lancer, cette semaine, notre chaîne voyages afin de répondre aux demandes de nos clients. Dans un premier temps, il s'agit uniquement de destockage par des professionnels. Ensuite, nous ouvrirons progressivement cette rubrique aux particuliers, notamment pour les locations de villas ou d'appartements en montagne. Nous réfléchissons également beaucoup au secteur de l'immobilier.

Pour lancer cette nouvelle chaîne voyages, vous vous appuyez sur un prestataire ?
Oui. Comme nous n'avons pas de licence d'agence de voyages, nous nous sommes associés avec une société qui s'occupe déjà de plusieurs sites. Mais je ne souhaite pas vous révéler son nom. Celle-ci nous fournira l'offre de séjours qui sera constituée pour partie de packages originaux, ainsi que la plate-forme de relation clientèle. Par contre, l'ensemble du service sera brandée au nom de PriceMinister.

Notre croissance a été plus soutenue que celle annoncée par l'Acsel."

Au dela de ces nouveau déploiements, quel bilan faites-vous de l'activité de PriceMinister en ligne en 2003 ?
Globalement, notre croissance a été beaucoup plus soutenue en 2003 que celle annoncée par l'Acsel pour l'ensemble du e-commerce français. En effet, nous avons multiplié par trois notre chiffre d'affaires entre 2002 et 2003, soit environ 200 % de croissance, alors que l'Acsel a annoncé une augmentation de 60 % du commerce en ligne au cours de cette même période. Parallèllement, tous nos autres indicateurs sont à la hausse. Le site référence désormais 3,7 millions de produits et nous totalisions, fin 2003, 1,1 million de membres, contre 614.000 en 2002. Ce chiffre continue d'ailleurs de croître très régulièrement puisque, fin février, nous comptions 1,2 million de membres. Quant à notre panier moyen, il atteint désormais 30 euros alors qu'au début de l'année 2002 il était plutôt de l'ordre de 25 euros.

Le nombre de vos membres augmente régulièrement. Mais que représente la part des nouveaux acheteurs dans votre chiffre d'affaires et quel est le taux de réachat ?
Notre taux de recrutement reste très fort. Globalement, je pense qu'environ 25 % de notre chiffre d'affaires mensuel provient aujourd'hui de nouveaux clients. Quant au taux de réachat, c'est une notion délicate à manipuler. Je peux simplement vous dire que selon une enquête que nous avons menée auprès de nos clients, 88 % d'entre eux déclarent avoir l'intention d'acheter à nouveau prochainement. Ce qui ne nous donne aucune indication sur la fréquence réelle de ce réachat.

Vous avez lancé une gamme de produits neufs en octobre dernier. Quel premier bilan pouvez-vous faire de cette activité ?
Pour le moment, ce bilan est plutôt positif. Les ventes sur cette catégorie de produits ont très fortement progressé pendant la période de Noël. En janvier, elles se sont toutefois un peu tassées, mais elles restent importantes. Actuellement, les produits neufs représentent 30 % de notre offre et nous comptons 2.000 entreprises inscrites, parmi lesquelles figurent aussi bien des particuliers que des soldeurs ou des grossistes.

Justement, malgré cette ouverture, le commerce entre particuliers reste-t-il dominant sur le site ?
Oui, tout à fait. D'ailleurs, les produits mis en vente par les particuliers tournent beaucoup plus vite que ceux mis en vente par des entreprises, car les particuliers n'hésitent pas à casser les prix.

Et vos projets internationaux ? Où en êtes vous ?
Disons que c'est l'actualité chaude de 2004. 2003 a été entièrement dévolue à la croissance interne en France. Nous réfléchissons à présent à nous déployer en Europe, essentiellement en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Espagne et en Italie.

Pour financer tous ces projets, projetez-vous de faire une augmentation de capital ou de vous introduire en bourse ?
Nous sommes ouverts à beaucoup de choses. Mais, nous privilégions le financement en interne. En effet, en dehors du déploiement à l'international, nos projets sont essentiellement gourmands en matière grise et en temps. Ce ne sont pas forcément de gros budgets techniques.

Nous allons multiplier par 2,5 notre chiffre d'affaires en 2004."

Quels sont vos objectifs financiers pour 2004 et quels seront vos principaux leviers de croissance ?
Je pense que nous allons multiplier par 2,5 notre chiffre d'affaires en 2004. Et pour ce faire, nous allons jouer sur deux principaux leviers. Afin d'augmenter le nombre de nos clients et le nombre de nos produits, nous allons multiplier par deux nos efforts marketing. C'est ce que nous avons déjà commencé à faire avec notre jeux "un an de salaire". Rien que sur le premier jour, nous avons recensé 50.000 inscrits. Parallèlement, nous allons également augmenter le nombre de catégories de produits, l'objectif étant à terme, d'augmenter notre panier moyen.

Qu'est-ce que vous aimez le plus sur Internet ?
La liberté d'entreprendre. C'est fabuleux d'être dans une société où l'on peut investir régulièrement de nouveaux marchés. Peu de secteurs permettent aujourd'hui autant de réactivité et de liberté.

Qu'est-ce que vous détestez le plus sur Internet ?
Le fait que tout cela se passe sur un écran. On passe trop de temps devant un écran de nos jours.

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Pierre Kosciusko-Morizet
PriceMinister

Quels sont vos sites préférés ?
En règle générale, je ne suis pas un gros consommateur d'Internet. En revanche, j'ai passé beaucoup de temps sur un site très spécifique ces derniers temps. Il s'appelle chezgligli.com. C'est un site qui permet de préparer l'épreuve théorique du brevet de pilotage d'avion.

 
 
Propos recueillis par Anne-Laure BERANGER, JDN

PARCOURS
 
 
Pierre Kosciusko-Morizet, 27 ans, est diplômé d'HEC, et a effectué sa dernière année, en 1998-1999, en majeure HEC Entrepreneurs. Année pendant laquelle, il a créé sa première société : Visualis SA

2000 Pierre Kosciusko-Morizet quitte la France pour les Etats-Unis où il intègre Capital One et dirige un équipe de 60 analystes spécialisés dans le crédit à la consommation. En juillet 2000, il rentre en France et fonde PriceMinister.

   
 
 
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