JDN.
Vous avez annoncé récemment que vous alliez
ouvrir une rubrique "vente de voitures". Pourquoi
vous intéressez vous à ce marché
? N'est-ce pas un peu loin de votre métier ?
Pierre Kosciusko-Morizet Comme pour les produits
culturels, nous pensons qu'il n'existe pas aujourd'hui
d'endroit ou de site Internet efficace pour vendre ou
acheter très rapidement une voiture d'occasion.
Certes, il y a La Centrale, mais c'est avant tout un support papier.
Ensuite, c'est un marché énorme puisqu'il
dépasse en valeur celui des véhicules
neufs. A l'heure actuelle, l'achat d'un véhicule
représente la deuxième plus grosse part
du budget des ménages français. Enfin,
c'est un marché qui, comme les livres, se nourrit
de la richesse de l'offre. Or nous pensons avoir une
certaine légitimité dans la commerce de
particuliers à particuliers. Notre métier
est en quelque sorte d'être des tiers de confiance,
des facilitateurs de transactions. Et notre rôle
dans le secteur de la voiture d'occasion demeurera
le même. De fait, nous pensons que les internautes
qui nous font actuellement confiance pour de petits
achats ou des produits informatiques qui représentent
tout de même des paniers de 500 à 1.000
euros, peuvent nous faire confiance pour des achats
plus impliquants comme une voiture, et pourquoi pas
de l'immobilier.
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Nous
allons devoir adapter notre modèle." |
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N'allez-vous pas devoir
modifier votre modèle ?
Si, bien sûr. Nous allons devoir nous adapter pour répondre aux besoins spécifiques
liés à la vente de voitures. Les internautes
vont vouloir, par exemple, se rencontrer. Nous allons
donc devoir communiquer les noms et les coordonnées
des différentes parties. Parallèlement,
nos clients auront besoin de plus de réassurance
et de garanties. Pour y répondre, nous sommes
en train de travailler sur des services payants, de
différentes valeurs, auxquels les internautes
pourront souscrire lors de leur achat afin, par exemple,
d'avoir une garantie mécanique sur leur voiture.
Notre système de paiement va également
bouger pour évoluer vers quelque chose d'assez
original. Les internautes auront le choix, par exemple,
dans leur mode de paiement. Par ailleurs, nous allons
proposer des services de financement en nous appuyant
sur une société dont c'est le métier.
Et votre modèle économique,
va-t-il rester le même ?
Non. Effectivement, sur cette catégorie
de produits, il va également évoluer.
Nous n'allons plus nous appuyer sur une commission de
12,5 % hors taxe sur les ventes, mais sur un modèle
mixte associant commission et revenus issus de la vente
de services. Nous comptons d'ailleurs beaucoup sur cette
deuxième sources de revenus.
Quand comptez-vous lancer
cette nouvelle rubrique ?
Au plus tard au mois de septembre 2004.
Elle proposera à la fois des offres de concessionnaires
et également de particuliers.
Outre la vente de voitures,
est-ce que vous comptez lancer de nouvelle catégories
de produits au cours de cette année ?
Tout à fait. Nous allons d'ailleurs
lancer, cette semaine, notre chaîne voyages afin
de répondre aux demandes de nos clients. Dans
un premier temps, il s'agit uniquement de destockage
par des professionnels. Ensuite, nous ouvrirons progressivement
cette rubrique aux particuliers, notamment pour les
locations de villas ou d'appartements en montagne. Nous
réfléchissons également beaucoup
au secteur de l'immobilier.
Pour lancer cette nouvelle
chaîne voyages, vous vous appuyez sur un prestataire
?
Oui. Comme nous n'avons pas de licence
d'agence de voyages, nous nous sommes associés
avec une société qui s'occupe déjà
de plusieurs sites. Mais je ne souhaite pas vous révéler
son nom. Celle-ci nous fournira l'offre de séjours
qui sera constituée pour partie de packages originaux,
ainsi que la plate-forme de relation clientèle.
Par contre, l'ensemble du service sera brandée
au nom de PriceMinister.
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Notre
croissance a été plus soutenue
que celle annoncée par l'Acsel." |
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Au dela de ces nouveau déploiements,
quel bilan faites-vous de l'activité de PriceMinister
en ligne en 2003 ?
Globalement, notre croissance a été
beaucoup plus soutenue en 2003 que celle annoncée
par l'Acsel pour l'ensemble du e-commerce français.
En effet, nous avons multiplié par trois notre
chiffre d'affaires entre 2002 et 2003, soit environ
200 % de croissance, alors que l'Acsel a annoncé
une augmentation de 60 % du commerce en ligne au cours
de cette même période. Parallèllement,
tous nos autres indicateurs sont à la hausse.
Le site référence désormais 3,7
millions de produits et nous totalisions, fin 2003,
1,1 million de membres, contre 614.000 en 2002. Ce chiffre
continue d'ailleurs de croître très régulièrement
puisque, fin février, nous comptions 1,2 million
de membres. Quant à notre panier moyen, il atteint
désormais 30 euros alors qu'au début de
l'année 2002 il était plutôt de
l'ordre de 25 euros.
Le nombre de vos membres
augmente régulièrement. Mais que représente
la part des nouveaux acheteurs dans votre chiffre d'affaires
et quel est le taux de réachat ?
Notre taux de recrutement reste très
fort. Globalement, je pense qu'environ 25 % de
notre chiffre d'affaires mensuel provient aujourd'hui
de nouveaux clients. Quant au taux de réachat,
c'est une notion délicate à manipuler.
Je peux simplement vous dire que selon une enquête
que nous avons menée auprès de nos clients,
88 % d'entre eux déclarent avoir l'intention
d'acheter à nouveau prochainement. Ce qui ne
nous donne aucune indication sur la fréquence
réelle de ce réachat.
Vous avez lancé
une gamme de produits neufs en octobre dernier. Quel
premier bilan pouvez-vous faire de cette activité ?
Pour le moment, ce bilan est plutôt
positif. Les ventes sur cette catégorie de produits
ont très fortement progressé pendant la
période de Noël. En janvier, elles se sont
toutefois un peu tassées, mais elles restent
importantes. Actuellement, les produits neufs représentent
30 % de notre offre et nous comptons 2.000 entreprises
inscrites, parmi lesquelles figurent aussi bien des particuliers
que des soldeurs ou des grossistes.
Justement, malgré
cette ouverture, le commerce entre particuliers reste-t-il
dominant sur le site ?
Oui, tout à fait. D'ailleurs,
les produits mis en vente par les particuliers tournent
beaucoup plus vite que ceux mis en vente par des entreprises,
car les particuliers n'hésitent pas à
casser les prix.
Et vos projets internationaux ? Où en êtes vous ?
Disons que c'est l'actualité chaude
de 2004. 2003 a été entièrement
dévolue à la croissance interne en France.
Nous réfléchissons à présent
à nous déployer en Europe, essentiellement
en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Espagne et en Italie.
Pour financer tous ces projets,
projetez-vous de faire une augmentation de capital ou
de vous introduire en bourse ?
Nous sommes ouverts à beaucoup
de choses. Mais, nous privilégions le financement
en interne. En effet, en dehors du déploiement
à l'international, nos projets sont essentiellement
gourmands en matière grise et en temps. Ce ne
sont pas forcément de gros budgets techniques.
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Nous
allons multiplier par 2,5 notre chiffre d'affaires
en 2004." |
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Quels sont vos objectifs
financiers pour 2004 et quels seront vos principaux leviers de
croissance ?
Je pense que nous allons multiplier par
2,5 notre chiffre d'affaires en 2004. Et pour ce faire,
nous allons jouer sur deux principaux leviers. Afin
d'augmenter le nombre de nos clients et le nombre de
nos produits, nous allons multiplier par deux nos efforts
marketing. C'est ce que nous avons déjà
commencé à faire avec notre jeux "un
an de salaire". Rien que sur le premier jour, nous
avons recensé 50.000 inscrits. Parallèlement,
nous allons également augmenter le nombre de
catégories de produits, l'objectif étant
à terme, d'augmenter notre panier moyen.
Qu'est-ce que vous aimez
le plus sur Internet ?
La liberté d'entreprendre. C'est
fabuleux d'être dans une société
où l'on peut investir régulièrement
de nouveaux marchés. Peu de secteurs permettent
aujourd'hui autant de réactivité et de
liberté.
Qu'est-ce que vous détestez
le plus sur Internet ?
Le fait que tout cela se passe sur un
écran. On passe trop de temps devant un écran
de nos jours.
Quels sont vos sites préférés
?
En règle générale,
je ne suis pas un gros consommateur d'Internet. En revanche,
j'ai passé beaucoup de temps sur un site très
spécifique ces derniers temps. Il s'appelle chezgligli.com.
C'est un site qui permet de préparer l'épreuve
théorique du brevet de pilotage d'avion.
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