INTERVIEW
 
Président
Association SMS Plus
Richard Lalande
"Titre"
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A peine lancés, les SMS Plus (messages courts surfacturés) semblent faire un carton. L'Association SMS Plus, formée par les trois opérateurs mobiles et en charge de la régulation de son développement, annonce un million de SMS Plus envoyés en trois mois. Mais ce chiffre est en-dessous de la réalité, puisqu'il ne prend pas en compte les résultats des services exploités par des grands médias dans le cadre d'événements. Richard Lalande, directeur général adjoint de Cegetel et président de l'association SMS Plus, fait le point sur l'évolution du système, après une première réunion de bilan entre opérateurs mobiles et éditeurs de services.
03 octobre 2002
 
          

JDNet. Quel premier bilan global tirez-vous du lancement des services SMS Plus ?
Richard Lalande. Tout s'est passé très vite. L'ouverture du programme a eu lieu en mai et les premiers services sont opérationnels depuis fin juillet. Nous allons passer d'une période "test and learn" à une phase plus industrielle. Les services SMS Plus ont décollé en très peu de temps puisque nous avons dépassé les 300 numéros courts à cinq chiffres réservés. Une centaine de contrats éditeurs-opérateurs mobiles ont été signés. Une cinquantaine de services sont maintenant ouverts, dont une dizaine présentés au grand public. Il reste maintenant à affiner les conditions de services, les interfaces et les ergonomies. A la fin du mois de septembre, nous avons annoncé avoir dépassé le cap du million de SMS Plus.

Le chiffre ne semble pas refléter la réalité. Selon la newsletter DBG, TF1 avance 3 millions de SMS Plus en six semaines pour "Qui veut gagner des millions". Comment expliquer cet écart ?

Les statistiques de l'association sont issues des services kiosques par SMS avec des numéros communs aux trois opérateurs. Parallèlement, des services SMS Plus sont apparus autour d'offres événementielles, mais elles n'entrent pas encore dans les statistiques de notre association. Par exemple, les votes sur numéro courts autour du Loft Story II diffusé sur M6 au printemps ont préfiguré le programme SMS Plus.

Pourquoi existe-il une différence de traitement entre les grands médias qui souhaitent acquérir des numéros SMS Plus pour accompagner leurs émissions phares et les autres éditeurs ?
Je tiens à souligner qu'il n'y a aucun traitement de faveur. Les conditions sont communes à l'ensemble des acteurs. Elles sont transparentes et peuvent être consultées à partir du site de l'association. Pour l'instant, les services événementiels sont gérés à part pour des raisons historiques et techniques : ce type de programmes peut générer des afflux soudains de SMS. Techniquement, nous devons être capables de gérer cette montée en charge. Pour des raisons de sécurité, nous avons préféré séparer les plateformes de services permanents et ceux dédiés aux programmes événementiels. Les kiosques SMS Plus de chaque opérateur s'améliorent au fur et à mesure et la capacité de nos interfaces augmente. Il est convenu que l'association intégre petit à petit ces services événementiels.

A l'origine, le système de réservation de numéro court reposait sur la règle "un éditeur = un numéro". Pour la session de septembre, vous avez décidé d'en accorder quatre. C'est désormais généralisé ?
Petit à petit, on fait sauter les gardes-fous mis en place au début car le système se stabilise et nous pouvons libéraliser un peu la procédure. A moyen terme, l'idée est de parvenir à distribuer les numéros courts au fil de l'eau et non pas au coup par coup avec un dossier clé en main comme c'est le cas actuellement. En revanche, nous exigeons des éditeurs qu'ils ouvrent leurs services SMS Plus dans un délai de trois mois après l'attribution de leurs numéros courts. L'objectif est d'éviter que des acteurs bloquent des numéros susceptibles d'intéresser un voisin.

Comment expliquez-vous que la plupart des éditeurs disposant d'un service SMS Plus ont choisi d'entrée le palier tarifaire le plus haut (0,35 euro) ?
Cette question est plutôt destinée aux éditeurs. Il y a toujours un équilibre à trouver entre le prix affiché et les marges générés. De plus, 0,35 euro représente un palier bien connu des Français, puisqu'il correspond à l'ancienne tarification en francs à la minute du Minitel et de l'Audiotel.

Quelle est la prochaine étape dans l'évolution de la grille tarifaire ?
Les éditeurs souhaitent rapidement la mise en place de nouveaux paliers plus hauts. Notre souci est de ne pas casser la dynamique actuelle. Certains acteurs nous demandent la mise en place de paliers supérieurs pour des services de musique qui ne sont pas encore apparus sur le marché. Cela peut poser des problèmes de définition de services et d'éthique et nous devons y être attentifs compte tenu de notre rôle de gardien. D'ici la fin de l'année, nous devrions annoncer de nouveaux paliers, qui seront appliqués en début d'année prochaine.

Au sein de l'association, les opérateurs mobiles sont à la fois arbitres et parties prenantes. Estimez-vous qu'une autorité de régulation "neutre" devrait prendre la relève, comme le fait l'ART dans le monde des télécoms ?
Non. La meilleure méthode est l'auto-régulation dans un cadre juridique actuel français qui est très complet. Il n'est pas nécessaire de créer de nouvels instances : nous avons présenté nos activités à l'ensemble des organismes de régulations (ART, Conseil de la concurrence, DGCCRF, etc), et le Conseil supérieur de la télématique (CST) veille à un certain nombre de règles déontologiques. La semaine dernière, à l'occasion d'une présentation du dispositif devant le CST, les organisations familiales et de défenses des consommateurs ont pu intervenir à ce sujet. On attend les suggestions.

Vous êtes directeur général adjoint de Cegetel, et donc représentant de SFR. En tant qu'opérateur, êtes-vous satisfait du mode de répartition des revenus générés par SMS Plus ?
Il a naturellement fait l'objet de négociations commerciales pour trouver un consensus. Je vous rappelle toutefois que les opérateurs ont aussi des frais : gestion clients, facturation, recouvrement, prise en compte du prix du SMS de retour.

Dans quelle mesure les services SMS Plus boostent-ils le trafic global SMS de SFR ?
A la fin de l'année, il est clair que le trafic SMS Plus pour chaque opérateur sera chiffré en millions. Mais cela restera encore petit par rapport au milliard de SMS que l'on escompte. Le trafic SMS Plus restera minoritaire mais à valeur ajoutée. Partons sur le scénario qu'un service honorable fasse 200.000 à 500.000 SMS par mois. Si 100 ou 200 services marchent bien, on dépasse la barre des 100 millions de SMS Plus par mois en vitesse de croisière. Très raisonnablement, je pense qu'on arrivera au milliard de SMS Plus envoyés par an.

SFR compte-il réserver des numéros courts SMS Plus afin de les exploiter pour son propre compte ?
Nous proposons déjà ce type de services à nos abonnés mais les numéros sont à quatre chiffres et ils n'ont rien à voir avec les SMS Plus. Chaque opérateur exploite ce type de services. Quel serait l'intérêt à remplacer des éditeurs spécialisés par nos propres services ?

Le spam SMS fait beaucoup de bruit. Comment SFR compte-t-il s'en prémunir ?
Nous ferons notre possible pour l'éviter car, en terme d'image de marque et de relations client, le spam nous coûte plus qu'il nous rapporte. Pour les activités SMS Plus, le Conseil supérieur de la télématique oblige les opérateurs à utiliser un système de numéros "alias" [NDLR : qui permet de cacher les numéros de portables des abonnés dans la chaîne de diffusion SMS].

Personnellement, êtes-vous un consommateur de SMS?
J'en reçois quelques-uns mais j'ai dépassé l'âge d'un "teen ager"! Je consulte beaucoup ma boîte vocale. J'essaie de me comporter comme un utilisateur grand public lambda et non comme un "early adopter". J'ai besoin de trouver des services et des fonctionnalités SMS pratiques.

Quel est votre service SMS favori ?
Les cours de Bourse. Par les temps qui courent... Je teste également le trafic route et la météo en MMS, histoire de me tourner vers l'avenir.

 
Propos recueillis par Philippe Guerrier

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