INTERVIEW
 
Président
X-PM Transition Partners
Patrick Laredo
"Les projets en entreprise nécessitent de plus en plus souvent un management renforcé"
Lancée fin 2001, X-PM Transition Partners est une structure atypique. Doté d'une équipé de sept associés, X-PM propose aux entreprises, principalement des grands comptes, de leur fournir en intérim des managers de transition chevronnés afin de piloter des chantiers urgents et sensibles. Restructuration, réorientation des activités, projet métier, fusion... Pour ces étapes cruciales dans la vie d'une entreprise, X-PM propose les services de managers opérationnels externes capables d'exercer une force de frappe sur une période très courte. Patrick Laredo, ancien président de KPMG Peat Marwick, est le créateur de X-PM Transition Partners. Un poste d'observation idéal pour comprendre la réalité économique et managériale du monde des entreprises.
04 mars 2003
 
          
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JDNet. Comment est né le concept de "management de transition" ?
Patrick Laredo. Le concept est devenu évident sur la base de deux constats. Premièrement, les entreprises ont de plus en plus de projets à conduire, dans des domaines très divers et très pointus. Or ces projets nécessitent un management renforcé. Deuxièmement, du fait de la restructuration, des personnes disposant d'une grande expertise et de qualités opérationnelles sont aujourd'hui disponibles sur le marché. Il y avait donc un rapprochement évident entre ces deux situations.

Sur quels types de dossiers intervenez-vous ?

Schématiquement, le management de transition intervient dans trois domaines. Il y a d'abord les besoins de transition liés aux postes ou aux fonctions. Il s'agit, par exemple, de fournir à une entreprise, suite à un départ, un directeur financier en attendant qu'elle recrute son successeur. Ensuite, il y a les besoins de transition liés à la restructuration. Lorsqu'une entreprise ferme une activité, opère une acquisition ou une fusion, nous lui proposons une équipe managériale de confiance. Enfin, il y a les besoins liés aux projets majeurs, qui s'avèrent être des tournants stratégiques comme, par exemple, l'externalisation de support informatique. En moyenne, ces différentes missions de transition durent entre six et dix-huit mois.

Qu'est-ce qui vous sépare de l'activité de consulting classique ?
Nous avons une réponse opérationnelle à un problème donné, pas une réponse méthodologique. Contrairement aux consultants, les managers que nous apportons ont des responsabilités opérationnelles et disposent, parfois, d'un mandat social. Dans notre approche, le consulting intervient uniquement dans un deuxième temps.

Pourquoi des entreprises utilisent-elles vos services d'intérim plutôt que de recruter en direct un manager expérimenté ?
Nous sommes dans une logique de mission : une fois le projet mené à terme, le poste disparaît. L'entreprise ne doit donc pas assumer de frais fixes dans le temps. En outre, les managers que nous proposons disposent d'une expertise sur-calibrée pour la mission afin d'agir rapidement et de vaincre toutes les inerties. Il y a une véritable logique de commando.

Cette logique de "management de transition" ne trouve-t-elle pas sa signification uniquement dans une période de contraction économique ?
Une partie de nos missions concernent, il est vrai, des plans de restructuration. Mais nous ne sommes pas pour autant des pompiers du management. Beaucoup de missions couvrent des plans de développement. Dans une période d'expansion économique, le management de transition trouve également tout son sens.

Vous arrive-t-il de mener des missions pour des investisseurs présents dans le capital d'une entreprise ?
Tout à fait : dans ce cas, nous intervenons à la demande d'un fonds d'investissement qui souhaite valoriser sa participation. Nous intervenons par exemple dans une logique de restructuration afin de rendre plus sexy une entreprise qu'un investisseur souhaite céder.

X-PM intervient régulièrement pour des entreprises amenées à gérer de vastes chantiers informatiques. Quel est l'état de l'art de l'informatique en entreprise ?
Nous payons le contrecoup des excès de ces dernières années. Les entreprises ont parfois déployé de vastes solutions qui ont coûté très cher et dont les bénéfices apparaissent, au final, loin d'être réels. Aujourd'hui, il y a un retour au pragmatisme, avec la volonté de contrôler le retour sur investissements. Les objectifs prennent enfin le pas sur la technologie. Et dans cette optique, Internet offre un énorme potentiel en permettant d'unifier les différents environnements.

Comment expliquez-vous les excès informatiques des entreprises de ces dernières années ?
Par nature, l'informatique développe une approche systémique : tout doit marcher à 100 %, sinon il y a un bug. Or si cette logique s'impose dans la stratégie globale de l'entreprise, le management perd très vite de son efficacité. Car la bonne équipe de management ne doit pas chercher à s'assurer que tout fonctionne à 100 %. Selon le principe de Pareto, elle doit au contraire chercher les 20 % de l'activité qui génèrent 80 % des revenus. Dès lors, l'équipe de management se focalise sur ces 20 % et délègue sur le reste. La culture informatique, quand elle s'impose dans l'entreprise, est aux antipodes de cette approche managériale.

Comment ferrez-vous les managers de transition que vous proposez aux entreprises ?
Les associés de X-PM viennent de la plupart des grands secteurs économiques. Cela nous a permis de constituer un vivier de ressources pour répondre à la plupart des castings que nous menons. Ce vivier s'enrichit au fur et à mesure par un système de parrainage qui nous garantit la qualité des managers que nous proposons aux entreprises. Ces managers ont parfaitement intégré leur double objectif : réussir ce pour quoi ils ont été appelés et assurer la relève une fois la mission terminée.

Les managers issus de start-ups, fort adulés ces dernières années, ont-ils leur place dans ce vivier ?
Nous cherchons avant tout l'expertise managériale et les compétences. A ce titre les managers de start-ups ont des qualités très recherchées. Dans certains domaines, comme dans l'informatique, êtres jeunes et compétents est un atout indéniable. Mais il est vrai, aussi, que dans d'autres secteurs les cheveux gris ont de l'importance.

Le développement durable ou encore la logique de gouvernance sont des notions dans l'air du temps pour les entreprises. Travaillez-vous sur des projets de la sorte ?
En matière de gouvernance, nous avons réalisé plusieurs missions en apportant notamment des managers capables de coacher l'équipe en place. Pour le développement durable, nous attendons. Nous n'avons pas encore eu de mission dans ce sens mais nous pourrons y répondre dès que le demande se fera sentir.

Depuis le retournement des marchés financiers et l'affaire Enron, les certaines entreprises doivent affronter un autre réalité : le risque économique doublé du risque médiatique. Etes-vous intervenu sur des dossiers de ce type ?
Pas encore : pour arriver à s'imposer comme un support dans une logique de crise, il nous faut être davantage connus sur la place. Mais d'ici cinq ans j'ai bon espoir que nous interviendrons sur des missions de crise et que nous serons capables d'apporter à un grand compte une solution équivalente à l'arrivée de Jean-René Fourtou à la tête de Vivendi Universal.

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Quelle est, selon vous, la définition d'un bon manager ?
Un bon manager suit un cap, sait où il va et ne lâche pas son objectif. Pour y arriver, il doit surtout savoir valoriser son équipe afin d'en obtenir le meilleur.

Quels sont les grands patrons que vous impressionnent le plus dans leurs capacités managériales ?
Des personnes comme Noël Forgeard, la patron d'Airbus, ou comme Jean-Marie Descarpentries, l'ancien PDG de CarnaudMetalBox et de Bull.

 
Propos recueillis par Ludovic Desautez

PARCOURS
 
Patrick Laredo, 55 ans, a démarré sa carrière en 1971 comme ingénieur Principal chez Sema-Metra. Il a intégré Philips en 1975 comme chef de projet Organisation et Informatique. En 1977, il entre chez Peat Marwick Mitchell / KPMG Peat Marwick où il sera successivement consultant, manager, partner (1984) et dont il prendra la présidence en 1994. Jusqu'en 1998, il assurera la conduite de nombreuses missions d'amélioration des performances et la mise en oeuvre des systèmes de gestion dans l'industrie et les services. De 1999 à 2001, il est Senior Vice Président de CSC Computer Sciences et facilitera l'intégration de Peat Marwick dans CSC. En octobre 2001, il crée X-PM Transition Partners.

   
 
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