JDNet.
Pouvez-vous nous présenter rapidement la marque
Nespresso, son histoire et son positionnement ?
Frédéric Levy.
L'idée à l'origine
de la création de Nespresso dans les années 70 était
d'offrir aux consommateurs toutes les qualités de l'espresso
des bars italiens directement à leur domicile et sur
leur lieu de travail. Lancé en 1989, le concept Nespresso
consiste aujourd'hui en un système totalement intégré
: la machine, la capsule de café exclusive et le "Club
Nespresso". Les machines sont distribuées en France
dans plus de 2 300 points de vente par nos partenaires
: Krups, Magimix, Alessi et Saeco. Quand aux capsules,
proposées en neuf variétés de café différentes, elles
sont disponibles au travers du Club Nespresso, qui est
le canal exclusif de distribution et assure également
un service personnalisé, des conseils sur les mélanges
de café et la maintenance des machines. Ce système nous
permet de contrôler le mix marketing du produit depuis
le design des machines en passant par la production
et la distribution des cafés, jusqu'à la définition
des axes de communication et des stratégies de merchandising.
Le tout s'inscrit dans une démarche que nous voulons
novatrice, à l'écoute du consommateur et de son style
de vie. Cette stratégie fait qu'aujourd'hui Nespresso
s'est imposé comme une référence sur le marché
espresso haut de gamme.
Quand
Internet est-il intervenu dans votre stratégie
et pourquoi ?
Notre premier site a été lancé
en 1996. Il s'agissait à l'époque d'un site statique
sans vente directe. Cette fonction n'a été introduite
qu'en 1998 de manière expérimentale dans huit pays pour
apporter un service supplémentaire à nos clients et
permettre à nos spécialistes cafés de consacrer davantage
de temps au conseil. Globalement, cette nouvelle fonction
a été très bien perçue même si elle ne concernait que
très peu de personnes. Les commandes en ligne, à l'époque,
étaient au nombre de 50 par jour et Internet ne représentait
que 1 % des ventes. Quatre ans plus tard, le Web représente
30 % de nos ventes. Quant au trafic sur le site, il
est de l'ordre de 2 millions de visiteurs uniques par
an. Une jolie progression sur laquelle peu de monde
avait parié à l'époque.
Quels sont
les produits les plus vendus en ligne ?
En priorité les capsules. Mais
je ne peux pas vous communiquer la valeur du panier
moyen. Sachez seulement qu'il est plus élevé que pour
les commandes passées par téléphone en raison des frais
de port gratuit et qu'un client commande entre 2 à 4
fois par an et qu'une capsule vaut 30 centimes d'euro.
Ensuite viennent les accessoires. Trois commandes Internet
sur quatre contiennent des accessoires alors que par
téléphone ce ratio est de deux sur dix. La vente des
machines est beaucoup plus rare. La dégustation du produit
étant le facteur déclencheur d'achat, nous n'avons pas
encore de solution sur Internet...
Comment
expliquez-vous l'importance des commandes d'accessoires
en ligne ?
Lors de la commande, nous faisons
du "cross-selling" très ciblé. Grâce à notre base de
données de clients sur Internet, nous sommes en mesure
de savoir quelle machine utilise l'internaute et ses
variétés de café favoris. Nous pouvons donc lui proposer
les accessoires qui correspondent à son équipement et
à ses préférences. Le CRM est une partie importante
de nos activités en ligne. Il nous permet d'adapter
notre communication en fonction des attentes et des
valeurs du consommateur. Outre l'accroissement du panier
moyen, ce système nous permet également de valoriser
nos produits en jouant sur la dimension d'expertise
et de conseil.
Cette forte
progression des ventes en ligne est-elle imputable à
des efforts de communication ?
Oui, en partie. Nous avons décidé
de faire apparaître de manière très lisible, l'adresse
du site sur nos publicités télévisées. Cette stratégie
a eu pour effet de multiplier le trafic sur le site
par quatre ou cinq. Nous utilisons également régulièrement
l'e-mail marketing pour communiquer avec nos membres
internautes et mettre en avant soit une nouvelle machine,
soit un nouveau cru de café. D'ailleurs l'e-mailing
nous sert de plus en plus à gérer cette relation client.
Actuellement, nous recevons plus de 10 000 e-mails par
mois, tous pays confondus. Mais le trafic sur le site
et la croissance des commandes est aussi le résultat
du bouche à oreille et des frais de port qui sont gratuits
pour un montant minimum de commandes. Le coût de cette
mesure, même si nous opérons par La Poste en France,
reste relativement élevé, mais elle a très fortement
contribué au lancement du site.
Internet
s'intègre donc aujourd'hui complètement
dans votre stratégie de communication et votre
politique de marketing relationnel ?
Sans aucun doute. Au début,
nous avons été très prudents sur ce thème car nous voulions
conserver un contact direct avec nos clients internautes.
Et quoi de mieux que le téléphone pour cela. Par la
suite, nous avons compris qu'Internet pouvait également
nourrir cette relation sans nuire à la marque. D'où
la modification du contenu du site pour apporter à nos
clients internautes un maximum d'informations sur le
café, les accessoires, les machines et véhiculer les
valeurs et l'identité de la marque. Dans cette optique,
nous développons régulièrement des mini-sites dont nous
signalons l'existence à nos centaines de milliers de
membres internautes par e-mails. Nous avons en général
de très bons retours sur ce genre d'opérations. Le taux
d'ouverture est de 70 % et le taux de clic, supérieur
à 40 %. Mais Internet reste un outil complémentaire
de nos autres moyen de communication. Parallèlement
aux e-mails, nous envoyons toujours un mailing papier
et faisons la promotion du mini-site dans nos boutiques.
Pouvez-vous
nous donner un exemple de mini-site ?
Le dernier en date est nespresso.com/mysore.
Celui-ci a pour objectif de présenter un nouveau cru
de café jusqu'à épuisement des stocks. Sa vente est
donc limitée dans le temps. En fait, ce mini site relaie
une exposition photos et un livre que nous avons réalisé
sur le thème du café, originaire d'Inde. Chaque semaine,
les internautes peuvent découvrir une nouvelle galerie
de photos thématique et découvrir nos fonds d'écran,
nos e-cartes et bien sûr, ils peuvent commander. Ces
opérations stimulent les ventes, mais renforcent aussi
notre image haut de gamme, créent du trafic et fournissent
un service supplémentaire.
La communication
de marque de Nespresso est-elle la réplique de
celle qui passe par d'autres médias ?
Pas vraiment. Elle la prolonge.
Les internautes attendent autre chose du Web et nous
avons d'autres outils à notre disposition. Dans le cas
de Mysore, l'ambiance est aussi apportée par la musique.
Sur un autre mini-site dont la vocation était de présenter
une nouvelle machine (nespresso.com/cm),
son design et ses fonctionnalités, nous l'avons mise
en scène et l'internaute disposait d'outils interactifs
pour comprendre son fonctionnement. Ce site existe toujours
et depuis février il a accueilli plus de 450 000 visiteurs
uniques en provenance de huit pays.
La cible
du site est donc constituée prioritairement de
vos clients ?
Oui. Ils ont en moyenne 35 ans,
une situation professionnelle confortable et sont ce
que l'on appelle des épicuriens. Le prix d'entrée
de nos machines se situe à 250 euros, ce qui est sélectif.
Mais aujourd'hui, nous essayons également d'utiliser
Internet pour cibler les prospects. Nous sommes d'ailleurs
en train de plancher sur une nouvelle version avec MRM
dont l'objectif sera de faire découvrir l'univers des
produits et de la marque. Nous allons également refondre
le club.
Quel est
votre budget Internet ?
Il dépasse le demi million
d'euros. Ce budget est relativement stable d'année en
année. Il comprend le développement des commandes, la
maintenance et la création de nouveaux site.
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