INTERVIEW
 
Vice-président Europe
Amazon
Thomas Lot
"Titre"
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En ce début d'année 2002, l'actualité d'Amazon apparaît pour le moins mouvementée. Alors que le cyber-libraire annonçait, fin janvier, pour la première fois de son histoire, un bénéfice net pro forma de 5 millions de dollars au quatrième trimestre 2001 et une forte progression du chiffre d'affaires des filiales étrangères (+81%, avec 262 millions de dollars et 29% des ventes), les démissions aux postes-clés se succèdent. En janvier, Georges Aoun a quitté la direction d'Amazon France et Philippe Humm, vice-président Europe et directeur d'Amazon Allemagne, a annoncé son départ. Plus récemment, Tom Allchurch, directeur marketing Europe et Warren Jenson, directeur financier d'Amazon.com Inc ont décidé de quitter la société. Malgré ces mouvements, Amazon maintient ses objectifs 2002, à savoir un profit opérationnel sur l'année entière. Thomas Lot, nouveau vice-président Europe d'Amazon et président de la filiale française, revient sur ces changements et sur la stratégie européenne du groupe. Il demeure toutefois très avare de chiffres...
11 mars 2002
 
          

JDNet. Amazon a annoncé que les filiales allemande et anglaise avaient dégagé un résultat net opérationnel positif sur le quatrième trimestre. Quelle est la hauteur des bénéfices engrangés ?
Thomas Lot. Je ne peux malheureusement pas vous en parler. Nous ne souhaitons pas communiquer sur les chiffres européens. Les seuls résultats que nous communiquons, et de manière détaillée, sont les chiffres mondiaux.

Dans ce cas, comment se situent les différents filiales européennes les unes par rapport aux autres ?
La stratégie internationale d'Amazon a commencé avec le lancement des filiales anglaise et allemande en rachetant des sociétés sur place. Nous avons débuté par ces deux pays parce que le marché Internet était plus développé et parce que les marchés du livre, de la musique et de la vidéo représentaient des gros volumes. La France et le Japon sont venus ensuite. Mais la logique reste la même. Nous investissons sur des marchés avec une forte pénétration Internet et où la taille de nos secteurs de prédilection, en l'occurrence les produits culturels, est suffisante. En prenant tous ces facteurs en compte, l'Angleterre et l'Allemagne sont aujourd'hui logiquement plus avancées que la France. Mais, nous estimons, après un peu plus d'un an et demi d'existence dans l'hexagone, que nous occupons la tête du segment de marché des produits culturels.

Où en est la filiale française ? Quant sera-t-elle rentable?
Je vous ai répondu de manière globale, mais je ne peux pas vous donner de chiffres. Notre objectif est d'être profitable, d'avoir un coût d'opération bas, des prix bas et d'être à la pointe en terme d'aide aux consommateurs.

Quels sont vos axes de développement en France et en Europe ?
Actuellement, nous travaillons activement sur la diffusion à l'étranger de nos produits. A titre d'illustration, nous vendons dans 220 pays à partir de tous les sites d'Amazon. Au delà, nous allons développer le rythme des investissements technologiques. Par exemple, nous venons de lancer en France une nouvelle fonction, baptisée "Amazon vous conseille", qui s'adresse à nos 5.000 affiliés. Elle leur permet de créer des icônes sur les produits de leur choix et de disposer d'une sélection constament actualisée de produits Amazon en relation avec les sujets abordés sur le site. Ce dispositif devrait permettre d'optimiser l'impact de notre système d'affiliation. Un vecteur de développement, qui comme vous le savez, est très important pour Amazon. C'est une bonne façon d'avoir une forte présence sur le Net et de recruter de nouveaux clients.

Pourquoi avoir mis les investissements technologiques au coeur de votre stratégie ?
D'abord, pour améliorer l'expérience client. Les fondamentaux d'Amazon sont construits autour de l'amélioration de la circulation sur le site, de la facilité de d'achat et de l'intervention des consommateurs. La dernière innovation de ce type est d'ailleurs "listmania". Elle permet à l'internaute de créer, sur un thème précis, ses propres classements de livres, de vidéo ou de CD . Ensuite, ces investissements technologiques, travaillés à l'échelle d'Amazon, nous permettent de baisser les prix. La technologie nous permet en effet de répartir nos coûts dans le monde entier. Aujourd'hui, notre vocation est d'avoir les prix les plus compétitifs car nous estimons que le prix, fait partie de l'offre intégrante sur Internet. La livraison gratuite à partir de 25 euros en Europe et 99 dollars aux Etats-Unis est un de ses éléments. Mais nous voulons également répercuter cette baisse des prix sur les produits. En France, la loi Lang ne nous permet pas de le faire sur toutes les catégories d'articles. Mais nous comptons l'exploiter au maximum.

Amazon a connu et connaît encore en Europe, une vague de départs parmi ses responsables. Comment interprétez-vous ces démissions ?
La première phase de développement d'Amazon en Europe correspond à la création des sociétés. Pendant cette période, qui s'est caractérisée par un sur-investissement, nous avons mis en place de nombreuses équipes. A partir du moment où les choses commencent à tourner et à se mettre en place, il y a des synergies naturelles qui se font. Celles-ci impliquent des redistributions de rôles et des changements dans l'organisation. La deuxième chose, c'est qu'Amazon a embauché beaucoup de gens jeunes qui ont envie de faire autre chose et que nous avons promus. Enfin, comme des synergies aux niveaux mondial et européen se mettent en place, certains rôles ont besoin d'être redistribués ou réorganisés de manière différente. Aujourd'hui, en France, notre équipe de management est complète, à l'exception d'une personne pour laquelle nous avons engagé des démarches de recrutement. Quant à Philippe Humm, il a été remplacé en Allemagne par l'ancien directeur financier, Ralph Kleber, et par moi pour le pôle européen.

Qu'en est-il du remplacement de Tom Allchurch, le directeur marketing Europe d'Amazon ?
En fait, nous nous sommes aperçus que le rôle marketing européen n'était pas forcément indispensable à l'heure actuelle. Aujourd'hui, de par mon expérience, c'est moi qui prend en charge cette fonction.

Vous ne cherchez donc pas non plus de patron pour la France ?
Non plus, parce que nous pensons qu'il y a de fortes synergies entre les équipes et que nous savons très bien travailler en réseau. C'est d'ailleurs le propre de notre fonctionnement aujourd'hui. Nous travaillons davantage en réseau maintenant qu'il y a un ou deux ans. Les sites allemands, anglais et français se ressemblent d'ailleurs de plus en plus.

Est-ce que cela signifie que le pôle européen renforce ses attributions et change de rôle ?
Oui, cela va évoluer. Maintenant, les changements vont dépendre des technologies et des opportunités. Nous allons opérer dans ce domaine de manière très pragmatique et choisir ce qui est le plus efficace. Il y a des activités pour lesquelles on s'aperçoit qu'on a intérêt à avoir un pôle de compétences international, voire mondial, car cela nous procure plus d'efficacité. En revanche, il existe d'autres métiers qui nécessitent un ancrage local. Le poids de la littérature française dans le livre implique une très bonne connaissance du marché français. Par contre, les décisions concernant l'organisation des sites et leur structure peut se faire au niveau mondial et européen. Maintenant, après trente jours, il m'est difficile de donner une liste de ce que nous allons faire. Mais c'est une dynamique que Diego Piacentini [NDLR : vice-président en charge de l'international] a initiée depuis deux ans.

Dans ce cadre, quelle est la marge d'autonomie d'Amazon Europe et d'Amazon France par rapport aux Etats-Unis ?
Nous sommes sur des activités mondiales. Il est donc indispensable que certaines choses, comme les sites, soient centralisées au niveau mondial. En revanche, d'autres ont besoin de décentralisation. En fait, nous ne nous posons pas la question en terme d'autonomie ou d'autoritarisme. Nous travaillons en équipe et nous nous réunissons soit à Seatle, soit en Europe, soit dans chacun des pays. Notre vrai problème, c'est Amazon au niveau mondial.

Quels sont les projets au niveau européen ?
Je ne peux pas vous en parler. C'est un peu prématuré.

Quels vont être les outils utilisés par Amazon pour atteindre ses objectifs de rentabilité pour 2002 ?
Nous allons d'abord continuer d'investir dans les technologies. Ensuite, nous allons travailler sur la baisse de nos coûts, pour être efficaces et réduire les prix. Le moteur d'Amazon, c'est clairement le prix.

Qu'est ce que vous entendez par réduction des coûts ?
Une meilleure efficacité en interne, une meilleure gestion des stocks, une circulation plus aisée sur le site ... Quand le site est compliqué, les internautes appellent.

Qu'est ce qui vous attire le plus dans Internet ?
Son côté rapide. On peut avec peu de choses contacter beaucoup de personnes.

Qu'est ce qui vous énerve le plus dans Internet ?
Quant cela ne marche pas et que c'est compliqué.

Quels sont vos sites préférés ?
Il y en a deux ou trois que j'aime beaucoup. Le Wall street Journal, 18heures.com, le site du Monde et celui des Echos. Ensuite, je suis un surfeur sur le reste. Je trouve également que le site des Pages jaunes est très bien fait.

 
Propos recueillis par Anne-Laure Béranger

PARCOURS
 
Après un diplôme d'ingénieur à l'école Centrale de Paris et un Master de science au MIT (Massachusets Institute of Technology), Thomas Lot rejoint Texas Intrument où il occupe successivement les postes d'ingénieur commercial, et de chef de produit. En 1991, il intègre Compaq France en tant que directeur marketing avant de devenir directeur entreprise. En 1997, passe chez Apple France où il occupe successivement les postes de directeur général France Pays de l'Est- Afrique - Moyen Orient et de directeur Europe - Division Grand Public. En 2001, il rejoint la Net économie en devenant le PDG de ChateauOnline, poste qu'il abandonne pour rejoindre Amazon début 2002.

   
 
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