JDNet.
Amazon a annoncé que les filiales allemande et
anglaise avaient dégagé un résultat
net opérationnel positif sur le quatrième
trimestre. Quelle est la hauteur des bénéfices
engrangés ?
Thomas Lot.
Je ne peux malheureusement pas vous en parler. Nous
ne souhaitons pas communiquer sur les chiffres européens.
Les seuls résultats que nous communiquons, et
de manière détaillée, sont les
chiffres mondiaux.
Dans ce
cas, comment se situent les différents filiales
européennes les unes par rapport aux autres ?
La stratégie internationale
d'Amazon a commencé avec le lancement des filiales
anglaise et allemande en rachetant des sociétés
sur place. Nous avons débuté par ces deux
pays parce que le marché Internet était
plus développé et parce que les marchés
du livre, de la musique et de la vidéo représentaient
des gros volumes. La France et le Japon sont venus ensuite.
Mais la logique reste la même. Nous investissons
sur des marchés avec une forte pénétration
Internet et où la taille de nos secteurs de prédilection,
en l'occurrence les produits culturels, est suffisante.
En prenant tous ces facteurs en compte, l'Angleterre
et l'Allemagne sont aujourd'hui logiquement plus avancées
que la France. Mais, nous estimons, après un
peu plus d'un an et demi d'existence dans l'hexagone,
que nous occupons la tête du segment de marché
des produits culturels.
Où
en est la filiale française ? Quant sera-t-elle
rentable?
Je vous ai répondu
de manière globale, mais je ne peux pas vous
donner de chiffres. Notre objectif est d'être
profitable, d'avoir un coût d'opération
bas, des prix bas et d'être à la pointe
en terme d'aide aux consommateurs.
Quels sont
vos axes de développement en France et en Europe
?
Actuellement, nous travaillons
activement sur la diffusion à l'étranger
de nos produits. A titre d'illustration, nous vendons
dans 220 pays à partir de tous les sites d'Amazon.
Au delà, nous allons développer le rythme
des investissements technologiques. Par exemple, nous
venons de lancer en France une nouvelle fonction, baptisée
"Amazon vous conseille", qui s'adresse à
nos 5.000 affiliés. Elle leur permet de créer
des icônes sur les produits de leur choix et de
disposer d'une sélection constament actualisée
de produits Amazon en relation avec les sujets abordés
sur le site. Ce dispositif devrait permettre d'optimiser
l'impact de notre système d'affiliation. Un vecteur
de développement, qui comme vous le savez, est
très important pour Amazon. C'est une bonne façon
d'avoir une forte présence sur le Net et de recruter
de nouveaux clients.
Pourquoi
avoir mis les investissements technologiques au coeur
de votre stratégie ?
D'abord, pour améliorer
l'expérience client. Les fondamentaux d'Amazon
sont construits autour de l'amélioration de la
circulation sur le site, de la facilité de d'achat
et de l'intervention des consommateurs. La dernière
innovation de ce type est d'ailleurs "listmania".
Elle permet à l'internaute de créer, sur
un thème précis, ses propres classements
de livres, de vidéo ou de CD .
Ensuite, ces investissements technologiques, travaillés
à l'échelle d'Amazon, nous permettent
de baisser les prix. La technologie nous permet en effet
de répartir nos coûts dans le monde entier.
Aujourd'hui, notre vocation est d'avoir les prix les
plus compétitifs car nous estimons que le prix,
fait partie de l'offre intégrante sur Internet.
La livraison gratuite à partir de 25 euros en
Europe et 99 dollars aux Etats-Unis est un de ses éléments.
Mais nous voulons également répercuter
cette baisse des prix sur les produits. En France, la
loi Lang ne nous permet pas de le faire sur toutes les
catégories d'articles. Mais nous comptons l'exploiter
au maximum.
Amazon
a connu et connaît encore en Europe, une vague
de départs parmi ses responsables. Comment interprétez-vous
ces démissions ?
La première phase de
développement d'Amazon en Europe correspond à
la création des sociétés. Pendant
cette période, qui s'est caractérisée
par un sur-investissement, nous avons mis en place de
nombreuses équipes. A partir du moment où
les choses commencent à tourner et à se
mettre en place, il y a des synergies naturelles qui
se font. Celles-ci impliquent des redistributions de
rôles et des changements dans l'organisation.
La deuxième chose, c'est qu'Amazon a embauché
beaucoup de gens jeunes qui ont envie de faire autre
chose et que nous avons promus. Enfin, comme des synergies
aux niveaux mondial et européen se mettent en
place, certains rôles ont besoin d'être
redistribués ou réorganisés de
manière différente. Aujourd'hui, en France,
notre équipe de management est complète,
à l'exception d'une personne pour laquelle nous
avons engagé des démarches de recrutement.
Quant à Philippe Humm, il a été
remplacé en Allemagne par l'ancien directeur
financier, Ralph Kleber, et par moi pour le pôle
européen.
Qu'en est-il
du remplacement de Tom Allchurch, le directeur marketing
Europe d'Amazon ?
En fait, nous nous sommes aperçus
que le rôle marketing européen n'était
pas forcément indispensable à l'heure
actuelle. Aujourd'hui, de par mon expérience,
c'est moi qui prend en charge cette fonction.
Vous ne
cherchez donc pas non plus de patron pour la France
?
Non plus, parce que nous pensons
qu'il y a de fortes synergies entre les équipes
et que nous savons très bien travailler en réseau.
C'est d'ailleurs le propre de notre fonctionnement aujourd'hui.
Nous travaillons davantage en réseau maintenant
qu'il y a un ou deux ans. Les sites allemands, anglais
et français se ressemblent d'ailleurs de plus
en plus.
Est-ce
que cela signifie que le pôle européen
renforce ses attributions et change de rôle ?
Oui, cela va évoluer.
Maintenant, les changements vont dépendre des
technologies et des opportunités. Nous allons
opérer dans ce domaine de manière très
pragmatique et choisir ce qui est le plus efficace.
Il y a des activités pour lesquelles on s'aperçoit
qu'on a intérêt à avoir un pôle
de compétences international, voire mondial,
car cela nous procure plus d'efficacité. En revanche,
il existe d'autres métiers qui nécessitent
un ancrage local. Le poids de la littérature
française dans le livre implique une très
bonne connaissance du marché français.
Par contre, les décisions concernant l'organisation
des sites et leur structure peut se faire au niveau
mondial et européen. Maintenant, après
trente jours, il m'est difficile de donner une liste
de ce que nous allons faire. Mais c'est une dynamique
que Diego Piacentini [NDLR : vice-président en charge
de l'international] a initiée depuis deux
ans.
Dans ce
cadre, quelle est la marge d'autonomie d'Amazon Europe
et d'Amazon France par rapport aux Etats-Unis ?
Nous sommes sur des activités
mondiales. Il est donc indispensable que certaines choses,
comme les sites, soient centralisées au niveau
mondial. En revanche, d'autres ont besoin de décentralisation.
En fait, nous ne nous posons pas la question en terme
d'autonomie ou d'autoritarisme. Nous travaillons en
équipe et nous nous réunissons soit à
Seatle, soit en Europe, soit dans chacun des pays. Notre
vrai problème, c'est Amazon au niveau mondial.
Quels sont
les projets au niveau européen ?
Je ne peux pas vous en parler.
C'est un peu prématuré.
Quels vont
être les outils utilisés par Amazon pour
atteindre ses objectifs de rentabilité pour 2002
?
Nous allons d'abord
continuer d'investir dans les technologies. Ensuite,
nous allons travailler sur la baisse de nos coûts,
pour être efficaces et réduire les prix.
Le moteur d'Amazon, c'est clairement le prix.
Qu'est
ce que vous entendez par réduction des coûts
?
Une meilleure
efficacité en interne, une meilleure gestion
des stocks, une circulation plus aisée sur le
site ... Quand le site est compliqué, les internautes
appellent.
Qu'est
ce qui vous attire le plus dans Internet ?
Son côté rapide.
On peut avec peu de choses contacter beaucoup de personnes.
Qu'est
ce qui vous énerve le plus dans Internet ?
Quant cela ne marche pas et
que c'est compliqué.
Quels sont
vos sites préférés ?
Il y en a deux ou trois que
j'aime beaucoup. Le Wall street Journal, 18heures.com,
le site du Monde et celui des Echos. Ensuite, je suis
un surfeur sur le reste. Je trouve également
que le site des Pages jaunes est très bien fait.
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