Interviews
Pierre Louette

Pierre Louette
PDG
Connectworld

Récemment primée pour le contenu, la navigation et le design du site Peugeot lors du New York Festival, l'agence Connectworld, filiale d'Havas Advertising, se prépare à ouvrir deux bureaux aux Etats-Unis où l'agence a gagné deux budgets du groupe LVMH. La compétition internationale qui s'annonce ne fait pas peur à son fondateur et PDG, Pierre Louette.

Propos recueillis par Gaëlle Hassid le 19 juillet 1999 .

JDNet: Comment est organisé Connectworld? Quels sont vos liens avec le Groupe Havas et sa maison-mère, Vivendi?
Pierre Louette
: Connectworld est une agence spécialisée dans les nouveaux médias. Elle est organisée autour de deux pôles. Le premier pôle, celui de la télévision, réalise des infomercials, élabore des stratégies de partenariat et des co-productions TV-Web. Le deuxième pôle réalise du conseil stratégique et de la production de sites. Au fur et à mesure, ce pôle prend de plus de en plus d'importance. Nous sommes la seule agence dans ce domaine de Havas Advertising, qui est détenue à 30% par Vivendi.

Quel est votre positionnement?
Nous sommes une agence en communication interactive. Le site web est l'expression d'une stratégie et notre travail est de trouver des solutions de communication innovantes. On fait de moins en moins de sites corporate et davantage de sites de marques qui cherchent à développer une relation avec le public.

Qui sont vos principaux clients?
On peut les ranger en différents ensembles. Notre gros client, c'est Peugeot International. Un autre ensemble de clients est la "famille" Vivendi: Havas, Havas Advertising, Vivendi, Générale des Eaux etc. Le troisième ensemble de clients est représenté par le groupe LVMH: Dior (parfums, maquillages), Hennessy Cognac, Givenchy (parfums). On vient d'avoir le budget deux nouvelles marques LVMH d'alcools et liqueurs américains. La quatrième catégorie est très simple. Elle répertorie tous les autres: Elf Antargaz, ANPE, Minitère de la Culture, Radio France Internationale etc. Nous avons entre 30 et 35 clients. Cela représente des budgets entre 400 et 500.000 francs. Le plus gros budget était à hauteur de 2,5 millions de francs.

Quels profils optez-vous pour choisir vos clients?
Le critère principal est celui de l'envie. On a envie de travailler sur de beaux projets, sur de belles marques. La pérénnité de l'engagement est également très appréciable. On a perdu très peu de clients par rapport à ceux que l'on a gagnés. Et, puis, il y a le critère du budget. Nous ne sommes relativement pas consultés pour des petits budgets.

Sur quels projets travaillez-vous actuellement ?

Nous réalisons la refonte du site Dior et nous travaillons sur un projet de partenariat de contenu entre les sites de Elle et celui de Dior Parfum. Un projet de musique en ligne est en cours. Une équipe travaille sur la refonte du site de RFI.

Quel est votre modèle de développement ?
Notre modèle d'organisation est basé sur trois pôles de compétences: la création, le marketing-planning stratégique et la technologie et production. C'est un modèle de croissance interne. Les perspectives de croissance sont celles d'une croissance endogène liée à l'arrivée de nouveaux budgets. Nous sous-traitons aussi car nous ne pouvons pas tout produire nous même. Nous n'excluons pas, bien entendu, les perspectives de renforcement par acquisition.

Pensez-vous également à être côté en Bourse?
On s'interdit de ne penser à rien...En fait, notre financement est largement assuré par l'appartenance au premier groupe français et européen et sixième groupe mondial de communication. Havas Advertising est quand même le seul qui ait réussi à faire une OPA sur une société publicitaire anglaise, l'OPEX.

Où en est votre internationalisation?
En décrochant les budgets américains de LVMH, nous allons monter un bureau à San Francisco et nous avons une perspective à New York. Contrairement à d'autres agences qui s'allient aux américains, nous préférons nous exporter plutôt que de fusionner. Sinon, nous travaillons déjà aux Etats-Unis avec l'agence DSW. En Europe, nous avons déjà un réseau d'agences. A Londres, nous avons Real Time Studio, AMX, et Zinc. A Dusseldorf, nous travaillons avec Viviwig et avec Cyberlab aux Pays Bas.

Quelle est votre marge brute ?
13 millions de francs en 1997, 24 millions de francs en 1998. Nous allons continuer notre croissance pour atteindre en 1999 une marge de plus de 30 millions de francs. Et, je tiens à dire que ces chiffres sont vrais.

Quelles sociétés considérez-vous comme concurrentes?
Cythere et le Studio Grolier.

Comment concevez-vous l'arrivée des sociétés de Net américaines sur le marché français ?
C'est très stimulant. Je suis convaincu que les Français sont aussi compétents que les Américains et que Connectworld n'a pas grand chose à leur envier en terme de méthodes. Nous avons énormément travaillé sur la méthode. Nous avons notre propre guide de méthodologie, inspirés de mes visites aux Etats-Unis. La méthodologie est un facteur capital. Nous en sommes à la quatrième version. On a une méthode, une bonne créativité, une bonne équipe marketing et des bureaux aux Etats-Unis. Pour conclure à ce propos, les agences de publicité américaines sont arrivées depuis longtemps avec leur réseaux. Elles ne sont pas les leaders dans cette branche. Nous sommes dans les trois premiers d'après "CBNews" et "Stratégies". Je suis convaincu qu'il y a de la place pour les leaders nationaux.

Le site de Peugeot a été primé au New York Festival. Quelles ont été vos réactions?
Nous avons été primés pour le contenu, le design et la navigation. Nous étions les premiers surpris. Parfois, on s'inscrit avec l'impression que l'on a toutes nos chances de gagner et on n'a pas le prix. Je suis toujours surpris. Cela m'est compliqué d'en parler. Néanmoins, cela montre que c'est possible et nous sommes très contents. C'est bien d'être reconnu sur le marché américain.

Qui étaient vos concurrents?
Je ne sais pas trop. Le fait de se présenter à une compétition était plus important que de savoir qui étaient les concurrents. On aimait le site et on voulait le présenter. Mais, j'avoue que les prix restent pour moi un vrai mystère.

Quel est votre site d'information favori?

J'aime beaucoup le site du Wall Street Journal. Je regarde aussi le site de News et celui de Advertising Age.

Quel est votre site favori en dehors de vos activités professionnelles?
Les sites à design comme celui de Webtrips. C'est une créativité explosive qui nécessite flash. C'est très insolent, très spectaculaire.

Achetez-vous des produits sur le Net ?
Je suis passionné par l'histoire militaire. J'achète régulièrement sur Amazon des livres sur ce sujet.

Qu'aimez-vous sur le Net?
Les gens qui font de la recherche créative. Il y a tellement de sites à découvrir. Contrairement à certaines personnes, cela ne me dérange pas d'attendre un petit peu pour télécharger des éléments sur le Net. Ce qui compte, c'est d'être surpris par l'animation. J'ai plaisir à chercher une information. On trouve tout sur Internet, contrairement à ce que l'on entends parfois.

Que détestez-vous sur Internet?
Le caractère illimité et inépuisable de l'inifinité que représente le Net. Ne pas pouvoir tout voir à cause d'un manque de temps ou autre est une source de grande frustation.

Pierre Louette est diplômé de l'Institut des Etudes Politiques et de l'ENA. Il a travaillé à la Cour des Comptes pendant quatre ans. De 1993 à 95, il a été conseiller auprès du Premier ministre Edouard Balladur et chargé du secteur de la communication (lancement du programme des autoroutes de l'information). De 1995 à 96, il a été secrétaire général de France Télévision. En 1996, il est nommé directeur des activités multimédia chez Havas Advertising. Il co-fonde avec Jérôme Wallut Connectworld, en 1997.






Dossiers

Marketing viral

Comment transformer l'internaute en vecteur de promotion ? Dossier

Ergonomie

Meilleures pratiques et analyses de sites. Dossier

Annuaires

Sociétés high-tech

Plus de 10 000 entreprises de l'Internet et des NTIC. Dossier

Prestataires

Plus de 5 500 prestataires dans les NTIC. Dossier

Tous les annuaires