JDN.
Quel bilan faites-vous de l'année 2005 ? Avez-vous
rencontré des difficultés, comme certains,
sur le second semestre ?
Alain de Mendonca. Non, nous avons enregistré
une très forte croissance en 2005. Notre chiffre
d'affaires est ressorti à 230 millions d'euros,
soit 64 % de hausse par rapport à 2004. Ce
qui est relativement bon pour le secteur. Résultat,
avec un chiffre d'affaires global de 450 millions d'euros,
le groupe Opodo-Karavel-Promovacances est aujourd'hui
en France l'un des acteurs majeurs du voyage en ligne.
Comment expliquez-vous votre
dynamisme ?
Tout d'abord, c'est un secteur qui reste très jeune
et qui conserve, de fait, d'importantes marges de progression.
Ensuite, notre équipe est relativement stable,
ce qui nous permet de capitaliser sur cinq ans d'expérience.
Nous veillons également à avoir une politique
dynamique d'innovation. En 2006, nous avons ouvert un
centre d'appels à Vichy, employant 80 personnes,
afin de traiter les appels compliqués, les appels
simples étant traités au Maroc. Nous avons
également engagé, en collaboration avec
Sopra, un vaste chantier pour changer notre plate-forme
technique afin d'acquérir un outil plus robuste
et plus fiable et de développer des outils de CRM
et de segmentation client. Enfin, nous avons maintenu
notre pression publicitaire on et offline, afin de continuer
à asseoir la notoriété de la marque
Promovacances.
Justement aujourd'hui, quelle
est la politique de marque du groupe Karavel-Promovacances ?
Que devient la marque Karavel ? Continuez-vous
à investir dessus ?
Aujourd'hui, Promovacances est notre marque phare. Karavel
ne représente plus désormais que 2 à
3 % de notre chiffre d'affaires. C'est une très
belle marque, avec un fort potentiel, et elle continue
de vivre sa vie. Mais pour l'instant nos investissements
vont massivement sur Promovacances.
Avez-vous augmenté
vos dépenses publicitaires en 2005 ?
Non, nous n'avons pas tellement investit plus. Nous
sommes seulement plus efficaces. Au bout de cinq ans,
nous savons ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne
pas. Actuellement, par exemple, ce sont les liens sponsorisés
et la présence sur Kelkoo qui ont le meilleur
rendement. Par contre, nous ne communiquons pas le montant
de nos investissements publicitaires.
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L'activité
de TO représente 30 % de nos revenus." |
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Lorsque vous avez repris
Promovacances en octobre 2002, la société
générait une part importante de son activité
en tant que Tour Opérateur. Que représente
désormais ce segment dans votre chiffre d'affaires ?
Cela représente environ 30 % de nos revenus.
C'est une activité qui pour nous est très
importante car elle nous permet d'offrir des produits
différents des autres voyagistes en ligne. Par
ailleurs, créer nos propres séjours nous
permet de maîtriser la qualité des produits
que nous proposons et nous apporte davantage de crédibilité
par rapport à nos fournisseurs. Ils savent que
nous connaissons leur métier.
Combien de personnes travaillent
désormais pour le groupe Karavel-Promovacances ?
Comment gérez-vous la croissance de vos ressources
humaines ?
Nous sommes passés aujourd'hui à une phase
d'industrialisation de notre activité. Nous employons
actuellement 420 personnes, soit quasiment 100 de plus
qu'il y a un an. Tout va très vite et il faut
sans cesse s'adapter, tant au niveau des locaux que
du management. Finalement, l'hyper croissance est tout
aussi difficile à gérer que la déconfiture.
Un an après votre
acquisition par Opodo, quel bilan faites-vous de votre
intégration ?
Je pense que globalement, le rachat en février
2005 de Karavel par Opodo est une réussite. Et
ce d'autant plus que les précédentes opérations
de ce type dans le secteur n'ont pas été
particulièrement heureuse. Pensez à la
marque Travelprice qui a quasiment disparu à
l'intérieur du groupe Lastminute. Plus récemment,
l'acquisition d'eBookers ne semble pas être non
plus une réussite. Par rapport à ces exemples,
le groupe Karavel-Promovacances s'en sort plutôt
bien. Malgré notre rachat, notre croissance reste
très soutenue.
Selon vous, pourquoi ?
Notre activité est totalement complémentaire
à celle d'Opodo. Il reste le spécialiste
des vols secs et nous, nous restons des spécialistes
des séjours. Au delà, nous sommes restés
deux entités indépendantes sur lesquelles
s'appuie deux marques fortes qui travaillent sur leurs
synergies. Nous sommes le fournisseur exclusif d'Opodo
en matière de séjours. Enfin, nous restons
très entrepreneurs et nous continuons à
favoriser l'innovation.
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L'intégration
avec Opodo est une réussite " |
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Est-ce que finalement, cette
intégration s'est d'autant mieux passée
que la stratégie d'Amadeus, qui est la maison
mère d'Opodo, est peut-être moins bien
définie en matière de e-commerce et de
e-tourisme que celle de Sabre ou de Cendant ?
L'objectif d'Amadeus est aujourd'hui clairement de contrôler
la distribution électronique pour résister
à la concurrence des américains. En revanche,
il est vrai que sa stratégie est peut-être
moins coulée dans le marbre que celle d'autres
grands acteurs anglo-saxon. Mais au final, elle s'avère
plutôt efficace.
Quels sont vos projets pour
l'année 2006 ?
Tout d'abord, nous venons de lancer une offre de réservation
sur mobile (lire l'article
du JDN du 11/01/06) qui pour nous est surtout un
test pour capitaliser de l'expérience. Nous venons
également d'ouvrir notre troisième boutique
en dur en l'espace d'un an. Enfin, au delà, nous
continuerons de développer notre expertise en
matière de packages.
Quelle est la part des ventes
que vous réalisez en boutique ?
Pour l'instant c'est assez faible, puisque cela représente
1 % de notre chiffre d'affaires.
Et le package dynamique ?
Les américains nous font croire que cela marche.
Mais en France, force est de constater que c'est essentiellement
un produit week-end. Car sur un séjour d'une
semaine, voire de plusieurs semaines, il est difficile
de pouvoir tirer autant les prix que sur un séjour
classique. Au final chez nous, le package dynamique
ne représente que 3 à 4 % de notre
chiffre d'affaires.
Selon vous, quel sera le
visage de 2006 en matière d'e-tourisme ?
Ce sera une année difficile. Le cours du pétrole
va continuer à augmenter, l'instabilité
géopolitique ne va pas se réduire, les
risques de grippe aviaires restent élevés
et le moral des français n'est pas très
haut. Résultat, en ce qui nous concerne, nous
tablons sur une croissance de 40 %.
Que privilégierez
vous ? La croissance à tout prix ou bien
sécurisez vos fondamentaux ?
Dans une période instable, il existe deux alternatives.
Soit une attitude de repli, soit une stratégie
guerrière. En ce qui nous concerne, je ne pense
pas que nous opterons pour une stratégie guerrière.
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