JDN. Dans quelle mesure, l'évolution du secteur du tourisme modifie-t-il le modèle économique du GDS Galileo ?
Erick Morazin. L'industrie du tourisme est, il est vrai, sous pression depuis quelques années. Plusieurs facteurs ont contribué à cette situation. D'abord, il y a eu le 11 septembre 2001. Mais dès le mois de mai 2001, quelques signes avant-coureurs du tassement de la croissance dans le secteur du tourisme se faisaient déjà sentir. Cette situation a, depuis, favorisé le développement de solutions novatrices basées sur Internet qui commençaient à émerger. C'est le cas des low-cost, des agences de voyages en ligne ou encore des sites BtoB des tour-opérateurs. Tous ces éléments ont contribué à changer l'environnement global du tourisme mondial et au développement de technologies de distribution qui ne passent plus par les GDS. En conséquence de quoi, la part de marché des GDS s'est rétrécie. A cette pression globale s'ajoute le fait que les compagnies aériennes, à savoir nos fournisseurs, cherchent elles aussi des solutions pour réduire leurs coûts de distribution. Autant d'éléments qui, parce qu'ils sont incompatibles avec notre modèle économique, nous contraignent aujourd'hui à totalement le renouveler.
Est-ce la même situation en France qu'aux Etats-Unis ?
Tout commence toujours aux Etats-Unis. L'explosion des ventes en ligne, la baisse des commissions aériennes sont autant de phénomènes qui ont d'abord vu le jour Outre-Atlantique, mais qui se sont finalement exportées très rapidement en Europe. On ne s'attendait pas d'ailleurs à ce que les agences de voyages en ligne se développent si vite, ni que les consommateurs soient aussi demandeurs. Sur ce point précis, 2004 représente une période charnière : la croissance du tourisme en France est, cette année, le fait des agences en ligne et non des agences traditionnelles.
Dans ce contexte, quelle est votre stratégie ?
Chacun des quatre GDS qui existent aujourd'hui a sa propre stratégie. Souvent, cette réponse est influencée par son environnement direct. En ce qui nous concerne, nous sommes une filiale du groupe américain Cendant qui est spécialisé dans l'immobilier, les services financiers et dans le tourisme via l'hôtellerie, la location de voitures, les offres de voyages. Cendant est notamment propriétaire d'Avis et de l'agence en ligne Cheaptickets.com. Pour contrebalancer l'érosion des redevances GDS, nous avons décidé de développer des contenus exclusifs et gratuits sur Galileo en nous appuyant, en premier lieu, sur les ressources du groupe Cendant. Cette stratégie nous conduit aujourd'hui à lancer Galileo HotelClub.
Qu'est-ce que Galileo HotelClub ? Cette offre est-elle déjà accessible ?
Il s'agit d'une sélection de 7.500 hôtels dans le monde fournie par les neuf franchises hôtelières du groupe Cendant, avec des tarifs nets ou commissionnés selon le choix du fournisseur. L'ensemble de cette offre est fourni par le portail Hotelclub.com, une autre filiale de Cendant. Pour l'instant, nous sommes en train de lancer ce nouveau service en France. La campagne de communication a commencé il y a deux semaines avec des annonces dans la presse professionnelle et une campagne d'e-mailing. Et les premiers retours sont plutôt satisfaisants.
Ce lancement signifie une véritable rupture dans votre modèle économique...
Absolument, c'est une rupture. Nous ne faisons plus seulement de la distribution, mais aussi de la transaction financière en achetant des stocks ou en passant des accords avec des groupes. C'est un nouveau métier pour nous, car nous commercialisons du contenu que nous possédons. Ce virage n'est toutefois possible que grâce à l'adossement de Galileo au groupe Cendant.
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Nos projets : la location de voiture et pourquoi pas l'aérien." |
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Cette diversification se limite-t-elle à l'hôtellerie ou a-t-elle vocation à s'élargir ?
Nous pourrions effectivement être amenés à investir d'autres métiers que Cendant connaît bien, comme la location de voitures ou pourquoi pas, l'aérien. Quoiqu'il en soit, ces nouveaux déploiements seront tous conduits par un objectif commun : permettre aux agences de voyages d'accéder à des produits qui ne sont plus dans leur portefeuille et ainsi, rétablir l'équilibre entre le on et le offline.
Est-ce cette même logique qui vous conduit aujourd'hui à intégrer les low-cost dans votre offre ?
Tout à fait. "Custom Fares", notre nouveau produit, procède de cette même réflexion sur la difficulté d'accès des agences de voyages à une offre telle que celle des low-cost. Ce produit permet aux agences d'afficher, sur un même écran, les disponibilités d'une vingtaine de compagnies à bas prix comme EasyJet ou Ryanair ainsi que les tarifs négociés des grandes compagnies.
Comme vous le souligniez précédemment, de plus en plus de tour-opérateurs créent leur site BtoB. Quelles est votre stratégie par rapport à cette évolution ? Que devient votre portail Openlink dédié aux agences de voyages ?
Ce n'est pas une stratégie de défense, bien au contraire. Comme les agences de voyages ont besoin d'accéder à l'offre des tour-opérateurs, Openlink garde tout son sens. Il sort même renforcé de l'intérêt croissant que les tour-opérateurs portent à Internet. Le Ceto (Ndlr : Cercle d'études des tour-opérateurs français) a lancé un portail BtoB, Ceto.to. Ce portail est destiné aux agences de voyages. Il rassemble, pour l'instant, l'intégralité des offres de vingt tour-opérateurs, mais il n'est pas une menace pour nous. Sa création a eu le mérite de définir un langage commun en matière d'exportation de données vers le prestataire. Ce qui facilite considérablement notre activité puisque le catalogue, qui est notre nouvelle interface regroupant les offres de six tour-opérateurs, est totalement compatible avec la norme du Ceto. Elle peut donc accueillir facilement les autres tour-opérateurs.
Que devient finalement votre modèle de rémunération ?
Il évolue lui aussi, forcément. Nous nous rémunérons plus seulement sur une commission, mais également sur la vente d'une prestation, donc sur une marge. Une deuxième approche consiste à proposer de nouveaux outils technologiques et à les faire payer non plus aux fournisseurs, mais aux distributeurs qui les utilisent.
Personnellement, achetez-vous vos voyages en ligne ? Sur quels sites ?
Oui, j'achète mes voyages en ligne. En revanche, les sites que je choisis sont très variables. Je vais très souvent sur des sites clients, notamment sur Go-voyages pour l'aérien. C'est le seul acteur en France qui intègre la totalité de l'offre aérienne, à savoir aussi bien les tarifs négociés et les charters. Je vais également assez souvent sur le site de Voyageurs du Monde car c'est un tour-opérateur qui propose des offres que l'on ne trouve nul par ailleurs. Enfin, je commence tout juste à me familiariser avec les packages dynamiques.
Qu'est-ce que vous préférez dans Internet ?
La possibilité de voir les prestations que l'on vous propose.
Et qu'est-ce que vous détestez le plus ?
Le spam, bien sûr, et la publicité. En gros tout ce qui est trop intrusif.
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