INTERVIEW
 
Associé
Deloitte & Touche
Eric Morgain
"Ce qui nous intéresse, c'est la croissance rentable"
Les inscriptions pour la troisième édition du Technology Fast 50 France, le classement des entreprises technologiques à forte croissante, seront closes le 12 septembre prochain. Pour participer à cet événement, organisé par Deloitte & Touche et dont Le Journal du Net est l'iun des partenaires, les entreprises ont encore la possibilité de s'inscrire en ligne sur le site dédié. L'édition 2003 du Technology Fast 50 France comprendra trois palmarès régionaux (Grand Ouest, Rhône-Alpes et Sud) et un classement national, présenté le 8 décembre prochain au Palais Brongniart. Retour sur la nature de ce classement et les leçons à en tirer avec Eric Morgain, associé du cabinet d'audit et de conseil.
12 septembre 2003
 
          
En savoir plus
Le site
Fast50france.com

JDN. A quoi sert un prix de plus ?
Eric Morgain. Ce n'est pas un prix de plus. D'abord, il est unique dans le domaine des sociétés technologiques, car il concerne vraiment les sociétés productrices de technologies, pas les utilisatrices. Par ailleurs, c'est le seul palmarès international.

Qu'est-ce qui caractérise à vos yeux une entreprise technologique?
Ce sont les entreprises qui apportent une innovation dans le domaine technologique, qui ont un fort taux d'investissement en recherche & développement et qui déposent des brevets. Nous visons les producteurs de technologie, pas les distributeurs. Pour nous, il est évident que depuis toujours les technologies sont à la source du développement. Dans ce cadre, nous allons assez loin : cela recouvre effectivement les NTIC, mais aussi toutes les technologies de l'ingénieur (mécanique, optique, chimie…).

Considérez-vous qu'une forte croissance est le signe d'une bonne santé ?
Le palmarès est fondé sur un critère unique au départ : la croissance du chiffre d'affaires sur une période de cinq ans (1998-2002 pour cette édition). On observe que les entreprises qui ont cinq ans et plus sont saines à travers leur capacité de résistance aux aléas du marché. C'est notre troisième édition et très peu d'entreprises du Fast 50 ont échoué. Cette année, 80% des entreprises déjà inscrites sont rentables sur l'année 2002. Or; ce qui nous intéresse c'est la croissance rentable. Nous avons aussi un prix spécifique sur la création d'emploi, parce qu'elle nous semble être une question essentielle. Enfin, nous avons créé un prix spécial pour les sociétés qui faisaient plus de 15 millions d'euros de chiffre d'affaires en 1998, parce que certaines de ces sociétés ont des fortes croissances, mais à des taux pas forcément aussi élevés que des sociétés qui font 10 millions d'euros.

Quelles évolutions marquantes avez-vous relevées parmi ces entreprises?
Nous sommes très agréablement surpris par la sélection de cette année. Nous pensions que l'année 2002 n'allait pas être bonne. Or on se rend compte que parmi les entreprises déjà inscrites (250 pour l'instant), certaines ont fait en 2002 des performances incroyables. Par ailleurs, dans les cinquante premières de l'année dernière, 80% se sont réinscrites et beaucoup figurent à nouveau dans les 50 premières à ce stade.

En quoi les entreprises françaises se caractérisent-elles ?
La différence importante, et elle est symptomatique, concerne les taux de croissance. Les deux dernières années, ils étaient infiniment plus importants en Angleterre et aux Etats-Unis qu'en France. Aux Etats-Unis, cela s'explique par la taille du marché, ce qui n'est pas le cas en Angleterre, où l'on voyait des taux parfois dix fois supérieurs aux nôtres. D'un autre coté, lorsque l'on consolide les classements au niveau européen, la France est le deuxième pourvoyeur de candidats classés. Sur les 500 premières sociétés européennes, une centaine sont françaises, même si elles font un peu le "ventre" du palmarès.
Par ailleurs, on constate une redistribution des cartes en termes de secteur d'activité. Sur les premières éditions, le secteur logiciels réalisait les meilleures performances. Cette année, il correspond à un tiers des dossiers déjà reçus, mais on observe un retour en force des télécoms, qui représentent la plupart des meilleurs dossiers. Tout le monde les avait enterrées, et notamment les services à valeur ajoutée pour la téléphonie mobile. Pourtant, on voit que dans l'ombre, des gens ont fait un bout de chemin assez spectaculaire et ont notamment trouvé un levier assez fort en matière de développement international. C'est ce qui manque aux entreprises de logiciels plus classiques pour passer de bons taux de croissance à des taux exceptionnels.
Enfin, on observe une percée des entreprises liées à l'environnement (énergies renouvelables, traitement des déchets, mesure de la qualité de l'eau ou de l'air). Elles sont sur des marchés de niche qui leur permettent des taux de croissance intéressants et surtout des taux de marge nette de l'ordre de 15 à 20%. Et la plupart de ces sociétés sont en province et sont de vraies locomotives du développement économique local.

Pour revenir à la high-tech, comment jugez-vous la situation en France aujourd'hui ? Quel est votre diagnostic sur une éventuelle reprise ou un éventuel frémissement ?
Nous n'avons pas d'indicateurs précis, mais il semble qu'il y ait effectivement un frémissement. On le voit à travers le nombre de contacts ou d'entreprises qui nous appellent, notamment dans le domaine de la croissance via des fusions-acquisitions. Mais nous sommes de façon générale très prudents chez Deloitte, et pour l'instant, ce n'est pas vraiment un boom.

Comment Deloitte a-t-il traversé la période difficile qu'a connue le marché de l'audit et du conseil ?
Nos performances sur l'année 2002-2003 (comptes clôturés au 31 mai) ont été satisfaisantes. Dans le domaine de l'audit, l'année dernière a été marquée par des gains de très grands mandats, le commissariat aux comptes de France Telecom par exemple.

Qui sont vos grands clients en France ?
Dans les TMT, France Telecom, Alcatel, Sagem, Prosodie, Business Objects. Dans les médias, nous avons Le Monde, NRJ. Et puis Air France, Carrefour, Alstom, Renault, Suez, Société Générale, Club Med…

Et quelles sont leurs préoccupations aujourd'hui ?
Il y a certainement eu un effet Enron dans le monde financier et une préoccupation des sociétés cotées en général en termes de transparence, de sécurité de l'information financière, etc. Chez les entreprises de taille moyenne, on sent un besoin important de recherche de productivité et une nouvelle problématique va arriver dans les entreprises patrimoniales, la phase de succession et de changement de management. Par ailleurs, en raison de la globalisation, les entreprises moyennes commencent à prendre la mesure de la concurrence des pays émergents, des délocalisation. Elles nous demandent de travailler sur la transformation et l'augmentation de leur valeur ajoutée en termes de services, d'innovation...

Qu'avez-vous l'impression d'apporter à vos clients?
Dans le domaine de la sécurité financière, nous apportons vraiment tous les éléments indispensables pour une information financière et un gouvernement d'entreprise au meilleur niveau du marché. Dans le conseil, nous apportons des solutions très opérationnelles et concrètes sur l'augmentation de la performance, la diminution des coûts, l'analyse des process, avec par exemple des outils d'aide à l'accélération de la sortie des produits, une problématique fondamentale aujourd'hui pour toutes les entreprises qui innovent. Conformément à la Loi sur la sécurité financière, nous séparons nos activités de conseil et d'audit [NDLR : il est désormais impossible à une même société d'exercer les deux types d'activités pour un même client].

 
Propos recueillis par François Bourboulon

PARCOURS
 
Eric Morgain est associé chez Deloitte & Touche, responsable du développement auprès des entreprises moyennes et de croissance. Après dix ans d'expérience dans l'industrie à différents postes de responsabilité commerciale et marketing, et ans ans dans le conseil, il a rejoint Deloitte & Touche en tant qu'associé. Eric Morgain a été chargé de cours à Paris Dauphine pendant près de dix ans.

   
 
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