Interviews

Philippe Oddo
Associé gérant
Groupe Oddo-Pinatton

Le groupe Oddo-Pinatton est un établissement d'investissement, né du rapprochement l'an dernier entre le Groupe Oddo et le Groupe Pinatton. De la gestion privée à la gestion institutionnelle en passant par les introductions en Bourse, le groupe compte sept offres différentes. La dernière en date est
First-offer.com
, un site pour participer aux introductions en Bourse en ligne. La première opération de ce type a été réalisée avec la société multimédia Emme. Elle a permis aux membres du site d'être servis à hauteur de 28% contre 15% pour les ceux qui étaient passés par l'offre réservés au particulier. L'occasion de faire le point avec Philippe Oddo, président d'Oddo-Pinatton, sur la stratégie du groupe sur internet.

Propos recueillis par Jérôme Batteau le 10 avril 2000 .

JDNet. Que vous inspirent les fortes incertitudes qui pèsent en ce moment sur les valeurs technologiques?
Philippe Oddo. Je pense que comme pour la hausse, les marchés manquent singulièrement de sélectivité pour la baisse. Et comme la Bourse fait rêver, il est donc normal que l'on assiste à certains excès. Mais, selon moi, l'engouement pour les technologiques n'est pas un feu de paille comme je l'entends ici ou là. Car derrière ces excès, il y a aussi une vraie révolution technologique qui va modifier fondamentalement l'économie.

Mais cela va certainement perturber vos introductions en Bourse et notamment celle que vous prévoyiez de faire via internet?
Il y a des chances. Mais je voulais d'abord signaler que nous n'allons pas non plus tout chambouler d'un coup. Nous ne faisons pas partie de ceux qui ont suivi les technologiques par opportunisme. Nous avons par exemple été introducteur de Fi System au moment où l'attrait pour ces valeurs internet était quasiment nul. On ne va donc pas se mettre à les bouder maintenant que le marché se retourne. Même si évidemment le nombre d'introductions va être freiné par cette correction. Nous en espérions 20 cette année, il y en aura peut être moins. (NDLR : l'introduction en Bourse d'Electronics Line qui devait être réalisée la semaine dernière par Oddo-Pinatton a été reportée en raison de la conjoncture actuelle.)

Mais cette correction pourrait aussi dissuader les particuliers de s'inscrire sur des sites d'introductions en ligne?
Pour les non-avertis, il est clair que ces brusques variations des cours risquent d'avoir des effets non négligeables. Mais on ne le constate pas puisque pour l'heure nous avons 10.000 inscrits dont 2.000 ont complété leurs dossiers d'inscription. Et comme nous comptons sur 150.000 membres d'ici deux ans, nous sommes légèrement en avance sur notre tableau de marche.

Quels sont les avantages des introductions en ligne?
La situation est profitable pour tout le monde. Pour le particulier, il se trouve mieux informé et peut obtenir un plus grand nombre d'actions. Pour l'entreprise, cela permet de diversifier l'actionnariat et de mieux connaître ses investisseurs. En plus avec internet, l'actionnaire a la possibilité de visualiser concrètement l'activité de l'entreprise en se rendant sur le site. On peut même imaginer qu'il devienne un jour client de cette société par ce biais-là. Enfin, et c'est très important, tous les actionnaires où qu'ils soient pourront assister aux conseils d'administrations ou aux réunions d'informations via le Web. Ce qui rendra l'information plus transparente

Ce qui veut dire qu'avant elle ne l'était pas ?
Non, on ne peut pas aller jusque là mais les barrières logistiques étaient importantes.

Une société introduite en Bourse par Oddo-Pinatton le sera t-elle forcément sur First-offer?
Oui, je le pense. A partir du moment où nous croyons à une société il n'y a pas de raison d'établir une barrière entre introduction en ligne et introduction traditionnelle.

La concurrence commence à être vive dans le secteur avec des start-up comme Europeoffering ou Net.IPO. Vous êtes l'épouvantail sur ce marché de part votre statut d'introducteur traditionnel?
Non, pas vraiment car nous ne nous considérons pas comme une entreprise établie. On est tout juste un outsider.Je souhaite d'ailleurs bonne chance à tous nos concurrents.

Net.IPO ou Epo.com sont en tout cas établis dans plusieurs pays contrairement à vous. Comptez vous aussi étendre vos activités en Europe ?
C'est une solution que nous envisageons. De toutes façons avec les fusions actuelles dans le monde des Bourse européennes, on est obligé de se préparer à l'éventualité d'un marché unique de la Bourse.On a d'ailleurs déjà un pied hors de l'Hexagone puisqu'Electronics Line, société que nous devions introduire la semaine dernière sur le Nouveau marché, est de nationalité israélienne.

Pour faire connaître First-offer, les moyens déployés n'ont pas été très importants en matière publicitaire?
Oui et non car on a quand même fait beaucoup de publicité dans les journaux financiers. Mais vous savez je ne pense pas que l'on gagnera des clients dans ce secteur à coup de milliards. Le bouche à oreille est par exemple très fort sur internet et cela peut permettre de ramener un grand nombre de clients. De plus, grâce à notre statut d'introducteur traditionnel nous avons quand même une certaine notoriété.

De grands partenariats s'établissent dans le milieu des introducteurs en ligne, comme par exemple Europe Offering avec Bourse-Direct ou Epo.com avec Zebank. Quelle stratégie va adopter First-offer?
Pour l'instant nous n'avons pas engagé d'échange dans ce sens. Mais comme nous ne sommes pas une start-up, nous avons le temps de réfléchir puisque nous disposons déjà d'une structure solide et même d'un courtier en ligne (Delahaye Finance) au sein de notre groupe. Mais c'est vrai que nous étudions des solutions pour donner plus de visibilité au site. Nous sommes donc très ouverts pour nouer des partenariats, notamment dans le secteur bancaire.

Qu'est ce que vous aimez sur internet?
Moi j'adore le e-mail, étant souvent en déplacement cela me permet d'être toujours en relation avec mes collaborateurs. Pour ce qui est des sites, je consulte souvent TF1.fr ou Cyperus.fr. Mais je trouve que le gros avantage d'internet se situe surtout au niveau des relations dans l'entreprise. C'est un outil qui permet de gagner du temps dans la recherche d'informations ou dans la communication au sein du groupe. La productivité est bien meilleure.

Et qu'est ce que vous n'aimez pas?
Je trouve que certains sites marchands ont encore beaucoup d'effort à faire au niveau du service. C'est dommage de devoir attendre deux jours un e-mail quand vous rencontrez un problème. Chez Oddo-Pinatton, nous pensons d'ailleurs que la relation-client est fondamentale. Nous allons d'ailleurs faire régulièrement des enquêtes de satisfaction pour évaluer la qualité de nos services.

Philippe Oddo,40 ans, est diplômé d'HEC (84). Après quelques stages aux Etats-unis, il rentre dans le groupe Oddo, créé par son père Bernard en 1971. Depuis 1995, il est associé-gérant du groupe.

Oddo-Pinatton en chiffres

Actionnariat

CDC: 7%
Banque San Paolo: 2,5%
Collaborateurs et famille : 63,5%

AGF : 27%

Produit bancaire 99
1,2 milliard de francs
Résultat net 99
250 millions de francs


 





 

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