INTERVIEW
 
Directeur général
Auchan Interactive
Claude Palmieri
"Titre"
Après Telemarket (Galeries Lafayette), Houra (Cora),
C-mescourses (Casino) et Ooshop (Carrefour), le "cybermarché" Auchan Direct va débuter réellement ses activités à la fin de l'année. Le groupe de distribution a chargé sa structure dédiée aux nouvelles technologies, Auchan Interactive, de la coordination des projets Internet. Elle est présidée par Arnaud Mulliez, fils du président-fondateur d'Auchan, Gérard Mulliez.
Auchan Direct va d'abord se concentrer sur la vente en ligne de produits de consommation courante (épicerie salée ou sucrée, produits frais, surgelés, piles, produits d'entretiens), soit 4.500 références. D'autres sites marchands rattachés à l'enseigne vont apparaître en proposant des produits complémentaires (livres, multimédia, beauté, santé, cave) ainsi que des services (assurance, prodits financiers, voyages, billeterie, etc.).
En France, Auchan Direct sera opérationnel dans un premier temps dans la banlieue sud-parisienne et dans le Puy-de-Dôme. Le groupe de distribution lancera parallèlement le même type d'activité en Espagne, où une expérimentation avait débuté en janvier 2000 autour de ce concept (www.Alcampo.es).
Pour le début des activités, Auchan Interactive s'est associé à AOL France qui sera son partenaire exclusif en service d'accès Internet. Claude Palmieri, le directeur général de la structure, détaille les projets interactifs du groupe.
07 septembre 2000
 
          
JDNet. Comment avez-vous abordé le thème du comerce électronique pour le compte d'un géant de la grande distribution comme Auchan ?
Claude Palmieti. Nous avons procédé à différentes expérimentations de solutions de modèles logistiques, de centres de préparation, on a testé des approches verticales sur les catégories de produits puis sur un référencement plus large. Nous avons abordé au niveau international différentes approches pour voir ce qu'il fallait faire ou non pour le "business model". Voilà pourquoi nous avons choisi de nous déconnecter de nos magasins.

Vous avez retenu l'option "cybermarché". Vous ne trouvez pas que la concurrence est déjà rude sur ce terrain ?

Non. Il n' y a pas de concurrence aujourd'hui. Il existe un potentiel de marché important. L'environnement n'est pas encore très compétitif. Nous n'avons pas atteint en France ce que fait Tesco en Grande-Bretagne en matière de commerce électronique. Il y a plusieurs prétendants mais nous en sommes au tout début de la course. Telemarket a dix ans d'avance mais ce n'est pas un avantage. Peopod a commencé il y a cinq ans mais il n'y est pas arrivé. Webvan n'a pas trouvé son modèle de rentabilité. Si l'objectif est de montrer un modèle économique sans notion de rentabilité, tout le monde peut le faire.

Avez-vous été tenté de prendre un nom tendance "nouvelle économie", comme Ooshop pour Promodes/Carrefour ?
Nous avons naturellement une stratégie de marque. Le nom du groupe est toujours signalé. Il s'agit souvent d'une stratégie de transition. Au départ, on se démarque un peu du groupe, car on ne sait pas si on va développer le même type d'activité, mais après, on se rattache à la marque ombrelle. C'est évident.

Vous allez distribuer en ligne dans un premier temps des produits de consommation courante. N'est-ce pas le type de produits le plus difficile à gérer ?
Effectivement, mais nous répondons à la demande de nos clients. Nous mettons en place des circuits logistiques internes spécifiques. Au niveau terminal, nous avons des équipements propres pour la température qui respectent la chaîne du froid, des soins pour la préparation qui respectent ces contraintes et des filières d'approvisionnement, qui sont d'ailleurs reliées à notre chaîne de supermarché. Nous capitalisons bien évidemment sur le savoir-faire interne du groupe pour déboucher sur du "click and mortar". Nous avons mis en place de nouveaux centres de préparation spécifiques à ces activités (deux actuellement en France). A terme, il y en aura beaucoup plus. Les sites seront alimentés en amont par des entrepôts existants.

Allez-vous calquer les prix des produits en ligne sur ceux affichés en magasins ?
La politique de prix sera automone. Nous allons lancer une politique commerciale dédiée, qui reflète en particulier la structure de coût. Globalement, l'objectif est d'avoir les prix en hyper et en super plus le prix de livraison.

Comment comptez-vous développer la zone de couverture ?
Nous allons commencer par les grands centres urbains début 2001. Car fondamentalement, il est plus facile de trouver des infrastructures logistiques et de recruter les compétences dans cet environnement. Puis, nous couvrirons les zones plus rurales. Ce que nous avons mis en place à Clermont-Ferrand est une expérimentation logistique semi-rurale. L'autre modèle est celui que nous avons installé à Chilly-Mazarin (sud de Paris), dédié à un modèle de distribution vraiment urbain.

Quel est l'avantage de la solution de commerce électronique Le Shop que vous avez adoptée ?

Le Shop est basé sur Broadvision, un standard mondial du marché. Au-delà, Le Shop a l'avantage d'avoir exploité une activité e-commerce en alimentaire depuis plus de deux ans. Un ensemble de fonctions et de modules marketing a été développé autour de Broadvision. Nous trouvons qu'ils sont tout à fait adaptés à nos besoins. Par rapport aux besoins globaux, Le Shop n'est qu'une partie des solutions centrées sur le front office. Après, d'autres outils ont été implémentés, pour la logistique par exemple.

En septembre 1999, Auchan et la banque Accord ont lancé le site WebAccord.com pour fidéliser ces clients. Que devient ce service à l'heure d'Auchan Direct ?
En ce qui concerne l'accès Internet de WebAccord monté initialement avec Belgacom France, les clients sont basculés sur AOL (partenaire FAI exclusif d'Auchan). Outre le service institionnel de banque Accord, nous allons monter un service financier en mettant en avant les produits de la banque.

Auchan Interactive va bénéficier de "quelques milliards de francs d'investissements sur cinq ans" . Comptez-vous utiliser une partie du montant pour une grande campagne de communication ?
Non, dans la mesure où nous sommes dans un métier de déploiement géographique. Nous ne sommes pas Houra. Autrement dit, on n'a pas de couverture nationale en vantant un entrepôt national. En revanche, tout comme Ooshop ou Casino, nous avons une stratégie d'ouverture locale. N'ayant pas le besoin de s'introduire en Bourse ou d'avoir une certaine visibilité, nous ne voyons pas l'intérêt de lancer une grande campagne de publicité nationale. Nous allons viser les clients locaux, donc avec des campagnes locales.

En terme de chiffre d'affaires, à quelle échéance comptez-vous atteindre 4 à 5% d'e-commerce sur le chiffre d'affaires global d'Auchan ?
Toutes les études de Forrester Research et autres indiquent que ce résultat pourrait être obtenu en 2005. Comme je le dis en plaisantant, mon seul problème est que je ne sais pas si c'est 10% en 2005 ou 5% en 2010. La marge d'erreur est encore large. Tout ce que je sais, c'est que la demande est actuellement supérieure à 5% du marché.

On dit souvent que les sites de "group buying" ne parviendront jamais à atteindre des remises obtenues par des centrales d'hypermarchés. Qu'en pensez-vous ?
De mon côté, j'appelle ça le "co-shopping", du type Clust ou autre. Nous avons eu des opportunités pour racheter des sites de ce type mais nous considérons que c'est une activité qui n'est pas compétitive.
 
Propos recueillis par Philippe Guerrier

PARCOURS
 
Claude Palmieri a rejoint la direction générale du groupe Auchan en 1997 pour prendre en charge les fonctions "prospective, organisation, système d'information, logistique". Centralien, il était précédemment associé d'Andersen Consulting où il avait en charge la responsabilité des activités "grande consommation et de distribution".

   
 
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