Le
plus célèbre des moteurs de recherche lance une
version française qui devrait ouvrir officiellement au
grand public le 15 février prochain. Son ambition est clairement
de devenir le carrefour des internautes. Du coup, il attaque frontalement
les deux portails leaders en france, Yahoo et Voila. AltaVista
avance le "petit plus" pour se distinguer: l'accès
Internet gratuit, que le moteur de recherche propose déjà
aux Etats-Unis.
Propos recueillis par Philippe Guerrier le 26 janvier 2000
.
JDNet:
Pour quelles raisons AltaVista débarque en France ?
Pierre Paperon : L'arrivée
d'AltaVista en France fait partie d'un plan de délocalisation
initié début 99, qui est en cours de réalisation.
Il concerne l'Asie et l'Europe.
La
version française sur Altavista.com ne suffit pas?
Il existe une possibilité en fait de recherche en langue
française. On peut avoir l'impression d'avoir accès
au moteur de recherche. En fait, il s'agit d'une indexation faîte
depuis les Etats-Unis et de manière assez large. La liste
des pages web et des sites n'est pas exhaustive par rapport à
ce qui est fait en France. Notre objectif en nous implantant dans
différents pays est de couvrir 95% des pages web s'y référant.
En France, nous devrions couvrir une dizaine de millions de pages
sur les onze millions qui existent.
Direz-vous
que êtes le plus grand indexateur en France?
En France, oui. Dans le monde francophone, il faut
voir. Voila revendique 5 millions de pages indexées avec
une vitesse de rafraîchissement d'environ un million par
jour.
Que
va devenir la version francisée sur altavista.com ?
Elle va rester. Il y a une assez bonne complémentarité
entre les deux. Clairement, les exclusivités seront pour
AltaVista France. Il y a des personnes qui ont leurs habitudes
sur la version internationale. Altavista.com représente
en Allemagne 30-35 millions de pages vues. Avec l'arrivée
de la version allemande, les personnes qui s'orientaient généralement
vers le .com ont conservé leurs habitudes mais la croissance
s'est arrêtée. En revanche,
une nouvelle pente de croissance a été observée
sur le .de. Il y a toutes les raisons de croire que ce sera le
même phénomène en France.
En
résumé, comment définiriez-vous la stratégie
d'AltaVista ?
Nous
recherchons un positionnement de portail généraliste
qui permet aux internautes d'avoir tout sous la main: moteur de
recherche et contenu, destinés aux particuliers et aux
professionnels. C'est un lieu de connaissance, de culture et d'apprentissage.
C'est un positionnement plus glamour, plus futé, plus utile
et assez "haut de gamme" avec une très grande
qualité d'interface. Sur ce dernier point, On va retrouver
cet aspect sur la version française, selon les voeux de
Rod Schrock, le PDG d'AltaVista.
Quels services allez-vous proposer aux internautes français?
Nous allons associer la partie moteur de recherche
à du contenu. Nous allons faire appel à des fournisseurs
locaux de contenu. AltaVista France, dès son lancement,
aura une trentaine d'accords dans ce sens. Pour les news, nous
avons un accord avec l'AFP et Libération. Pour les informations
plus régionales, nous allons collaborer avec WebCity et
ParisAvenue. Il y aura des infos trafic et météo,
un annuaire, etc.
En dehors du contenu, proposerez-vous
d'autres services plus spécifiques ?
Nous allons mettre en place un service d'email gratuit
mais aussi un accès Internet gratuit, qui constitue un
point-clé de notre stratégie. Nous travaillons en
partenariat avec Internet Telecom qui joue le rôle d'agrégateur
de services et notamment d'interface avec les opérateurs
téléphoniques. Internet Telecom nous accompagne
également dans notre développement européen.
Nous sommes déjà présents en Allemagne, au
Royaume-Uni et en Suède. Nous souhaitons atteindre l'Italie,
l'Espagne, les Pays-Bas, la Suisse, etc.
Aux
Etats-Unis, vous avez 1, 3 million d'utilisateurs de votre service
d'accès Internet gratuit depuis son lancement en septembre
99. Vous en escomptez combien pour la France ?
Notre objectif est d'arriver à fin 2000 entre
300 et 400.000 abonnés. Il y a vraiment une volonté
stratégique autour de ce service. Il permettra de proposer
aux internautes une qualité de bande passante qu'ils n'ont
peut-être pas ailleurs. Par exemple, lorsque nous allons
proposer du streaming vidéo avec CanalWeb, nous pourrons
définir une qualité optimale.
Quel
est le programme en matière de
e-commerce?
Nous
travaillons sur deux axes de développement: en février,
nous devrions lancer "Altavista Commerce" qui va répertorier
des sites marchands dans le domaine informatique, des voyages,
des CD-Roms, des livres et certainement des vins et de la gastronomie.
Dans le courant de l'année, nous allons lancer un service
qui existe déjà aux Etats-Unis, AltavistaShopping.com,
qui est un moteur de comparaison des produits.
Toutes
les versions d'Altavista disposent des mêmes fonctionnalités
?
Une grande liberté est laissée aux versions
locales. AltaVista est une technologie, un moteur
de recherche. C'est une certaine approche de l'Internet. Par exemple,
dans d'autres pays, nous avons signé des partenariats qui
n'ont pas d'équivalent: en France, nous signons un accord
avec "Réponse à Tout" pour construire
des pages co-brandées. Les internautes pourront poser des
questions auxquelles une équipe sera chargée de
répondre de manière hebdomadaire, sur les 35 heures
par exemple.
Qui
a initié ce mouvement d'internationalisation ?
C'est Compaq. Rappelons un peu l'historique: en 1994, AltaVista
est créé un peu comme un département au sein
de Digital Equipment. La société est rachetée
par Compaq en juin 1998. La première filiale européenne
apparaît en avril 99 en Allemagne. Compaq est d'abord propriétaire
d'Altavista puis décide de filialiser Altavista en janvier-février
99. En juillet dernier, Compaq a cédé AltaVista
à CMGI (qui détient 83% d'AltaVista) mais garde
7% du capital. Parallèlement, Compaq a 17% dans CMGI.
Il
paraît qu'AltaVista marche beaucoup moins bien avec la nouvelle
version ?
Dans toutes les rumeurs, il y a quelques raisons à
l'origine. On peut tuer la rumeur en expliquant ce qui s'est passé.
Le point à l'origine: en octobre, nous avons adopté
un nouvel index qui a couvert plus de pages qu'avant. Plusieurs
dizaines de milliers de liens à l'échelle des Etats-Unis
n'ont pas été couverts. Ces sites en dehors du nouvel
index ont tapé du pied. Soyons clair: c'est vraiment marginal
par rapport à la puissance du nouvel index. Et puis, les
concurrents ont peut-être cherché à discréditer
le nouvel outil.
Quel
sont vos objectifs en terme d'audience en France?
Nous souhaiterions atteindre un objectif de 200 millions
de pages vues par mois. Le plus rapidement possible.
Quel
type de campagne allez-vous privilégier ?
La campagne devrait débuter en avril à
la télé, ciné, radio et presse et peut-être
du online. Il y aura clairement un mixte des points que l'on souhaite
promouvoir: moteur, portail et "free Internet".
Quel
est le budget publicité ?
En décembre dernier, Rod Schrock
avait avancé un budget promotion Europe de 40 à
50 millions de dollars. Quelle est la part pour la France ?
Il
est encore trop tôt pour en parler.
Quel
est le chiffre d'affaires que vous attendez pour le premier exercice
en France ?
Ces données sont confidentielles dans le sens
où AltaVista a déposé un dossier à
la SEC
(NDLR, Security Exchange Commission, l'équivalement de
la COB aux Etats-Unis) en décembre dernier pour une éventuelle
introduction en Bourse cette année.
Quelle
est la situation financière d'AltaVista ?
Quand
on parle d'un développement international, ça coûte
de l'argent. Une quinzaine de personnes travaillent sur la zone
Europe actuellement.
C'est une activité en phase d'investissement très
fort avec opportunité de revenus par la suite d'un point
de vue publicité, e-commerce et la partie "Meta Solutions",
c'est-à-dire vendre des produits clés en mains aux
entreprises pour qu'elles puissent mettre en place leurs propres
portails. Des contrats français sont en cours de finalisation
dans ce domaine.
Quel
est votre site d'informations favori, ?
Je passe beaucoup sur le site des Echos, avec sa fonction
d'alerte par mail.
Quel
est votre site favori en dehors de vos activités professionnelles
?
Mon angle d'attaque sur Internet est davantage la recherche
par sujet. Pour cela, AltaVista est naturellement une aide précieuse.
Achetez-vous des produits en ligne ?
J'utilise régulièrement le site JPG pour
les fournitures de bureau. Je le trouve très professionnel.
Qu'aimez-vous
sur Internet ?
Je considère Internet comme la plus grande bibliothèque
Je suis émerveillé.
Que
détestez-vous ?
Le spamming et le fait de ne pas pouvoir se désabonner
à des listes de diffusion lorsqu'on le désire.
Pierre
Paperon, 39 ans, est diplômé des Arts et Métiers
et de l'Institut Supérieur des Affaires. Il a travaillé
pour McKinsey Paris entre 1991 et 1997, puis a créé
Operandi, société de conseil en communication.
AltaVista
en France :
Lancement
officiel
|
mi-février
2000
|
Accord
commerciaux
|
AFP,
WebCity, ParisAvenue, Libération, Internet Telecom,
etc...
|
Objectif
en terme d'audience
|
200
millions de pages vues par mois
|
Objectif
nombre d'abonnés pour le service d'Internet gratuit
|
Plus
de 300.000 abonnés d'ici fin 2000
|